John Berger and Susan Sontag speak about story telling and about the ethic of photography.
Étrange comme en temps de guerre la musique est une des rares choses qui semble indestructible.
Lorsque nous sommes impressionnés et bouleversés par une histoire, celle-ci engendre quelque chose qui devient, ou peut devenir, une part essentielle de nous-mêmes, et cette part, qu’elle soit petite ou grande, est, en quelque sorte, le descendant de l’histoire ou sa progéniture. (..)
Dépourvues des complications et conflits inhérents aux liens familiaux, ces histoires qui nous façonnent sont nos ancêtres fortuits.
Être désiré emmène sans doute au plus près d’un sentiment d’immortalité.
Les danseurs connaissent leur corps d’une façon si aigüe qu’ils peuvent être en lui, devant lui ou au-delà de lui. Et cela dans l’alternance, en changeant parfois à chaque seconde, parfois à chaque minute.
Cette dualité est ce qui leur permet, quand ils sont sur scène, de se fondre en une seule entité. Ils s’appuient, se soulèvent, se portent, roulent, se séparent, se joignent, s’arc-boutent de sorte que deux ou trois corps deviennent un seul abri, comme une cellule vivante abrite ses molécules et agents, ou une forêt ses animaux.
Cette même dualité explique pourquoi ils sont si fascinés par la chute et l‘envol, pourquoi le sol les défie tout autant que l’air.
11 août 1953
...Si vous voulez un tableau d'elle, il faut le peindre vous-même. D'ailleurs, si tous les hommes peignaient leurs femmes, il y aurait davantage de belles femmes. C'est certain.
_ Si je le commençais, vous me le retoucheriez ?
Alors là, Janos a éclaté de rire et a continué à rire, ses tempes rosissant sous les touffes de cheveux.
_ Ecoutez. Peignez-la vous -même. Ou bien sortez-vous cette idée de la tête... ( p. 96 )
7 septembre 1954
Quelque part dans le bleu-noir d'un ciel de nuit, il y a un rouge vaincu, un vert vaincu, même un jaune vaincu. Nous devons créer cette vibration non pas séparément dans chaque couleur que nous appliquons, mais à travers le rapport entre les couleurs que nous utilisons sur chaque toile. En terme de couleur nous devons transformer la profondeur en largeur. (p. 145)
La vie sera toujours assez dure pour que ne s'éteigne pas chez les hommes le désir de quelque chose de meilleur.
Maxime Gorki
Lorsque je dessine, je me sens un peu plus proche de la manière dont les oiseaux trouvent leur chemin quand ils volent, ou des lièvres en quête d’un abri s’ils sont poursuivis, ou des poissons qui savent où frayer, ou des arbres qui trouvent leur voie vers la lumière, ou des abeilles qui construisent leurs alvéoles.
J’ai conscience d’une compagnie silencieuse, lointaine. Presque aussi lointaine que les étoiles. Mais compagnie cependant. Non parce que nous sommes dans le même univers, mais parce que nous sommes impliqués – chacun à notre façon – dans une quête comparable. Dessiner est une forme d’exploration. Et la première impulsion générique pour dessiner découle du besoin humain de chercher, relier des points, positionner des choses et se positionner.
[Le Palais idéal du facteur Cheval ]
Cet ouvrage-ci est nu et sans tradition parce que c’est l’œuvre d’un paysan « fou qui a travaillé seul » (p. 90)
21 novembre 1952
C'est ma culpabilité que j'avoue. J'ai fait de moi doublement un émigré. Je ne suis pas rentré dans notre pays. Et j'ai choisi de consacrer ma vie à ma peinture plutôt qu'aux objectifs immédiats. Ainsi je suis un spectateur qui regarde ce à quoi il aurait pu participer. Ainsi je questionne sans fin. Ainsi je risque de réduire dans mon esprit le monde à mes propres dimensions pour découvrir une petite vérité qui est restée ignorée des autres. (p. 82)