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Critiques de John Kenneth Galbraith (11)
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L'art d'ignorer les pauvres suivi de Econom..

Que leur humour soit doux ou noir, Galbraith et Swift séduiront les lecteurs au-delà du cercle des partisans de Jean-Louis Mélenchon (Parti de gauche) et de Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste).
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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L'art d'ignorer les pauvres suivi de Econom..

Les éditions du Monde Diplomatique présentent à leurs lecteurs une compilation légère sur le thème du chômage. La préface de Serge Halimi (l’auteur des Nouveaux chiens de garde) nous dit déjà presque tout sur le sujet. Il renouvelle le point de vue sur le chômage en accord avec le principe de dénonciation de la collusion des média et des hommes de pouvoir et nous montre comment ces derniers essaient de diviser les travailleurs de l’intérieur afin de faire croire que le chômage est responsable des problèmes économiques actuels.





John Kenneth Galbraith avait dénoncé ce stratagème dès 1985 dans son article intitulé « L’art d’ignorer les pauvres ». Son discours suivait alors de peu l’établissement d’un workfare state à la fin des années 70, après la mort de Keynes, pour éliminer la politique du welfare state qu’on accusait d’avoir tissé un réseau d’institutions trop protectrices pour le salariat, les chômeurs et les pauvres, ce qui aurait provoqué les maux des économies occidentales à la fin des Trente Glorieuses. Après une rapide historiographie de la pensée du workfare, il résume ironiquement la logique absurde que revendiquent ses partisans :





« Les aides publiques opèrent un transfert de revenu des actifs ver les oisifs et autres bons à rien, et, de ce fait, découragent les efforts de ces actifs et encouragent le désœuvrement des paresseux. […] Donc, en prenant l’argent des pauvres et en le donnant aux riches, nous stimulons l’effort et, partant, l’économie. »





Laurent Cordonnier prolonge la réflexion sur le workfare state dans un article publié en 2006 et intitulé « Economistes en guerre contre les chômeurs ». John Kenneth Galbraith ayant démontré l’absurdité logique du workfare state, Laurent Cordonnier se propose de dénoncer les intérêts de ceux qui la promeuvent.





La compilation s’achève enfin avec un petit extrait des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift au nom bien choisi « Du bon usage du cannibalisme » -version à peine adoucie des théories de David Ricardo ou de Malthus selon lesquels les pauvres devaient s’en prendre à leur chaud-lapinisme pour expliquer leur situation économique. Ce texte grinçant est judicieusement placé en fin de corpus, si bien qu’on le trouve à peine plus immoral que les procédés dénoncés dans les chapitres précédents.





Ne manquerait peut-être à ce livre qu’une modeste liste de suggestions pour approfondir la réflexion –quand même bien légère.
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L'art d'ignorer les pauvres suivi de Econom..

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L'art d'ignorer les pauvres suivi de Econom..

Trois textes parus dans le Monde diplomatique, précédés d'une préface de Serge Halimi, présentent les stratégies intellectuelles, en reprenant la phrase de John Kenneth Galbraith qui écrit, en introduction de son article "L'art d'ignorer les pauvres" paru en GB en 1985 et repris dans le Monde diplomatique en 2005: "De tout temps des penseurs ont chercher à justifier la misère". Que ce soit Plutarque, dans l'Antiquité grecque, la Bible, qui prédit aux pauvres la rédemption , les économiste Smith, Bentham, Ricardo, Malthus, Spencer, à l'aube de la révolution industrielle, bâtisseurs de "l'utilitarisme, du "darwinisme social", tous ont élaboré des théories selon lesquelles, il est économiquement dommageable d'aider les pauvres et sont partisans de la politique de l'offre et non de la demande comme l'a prôné Keynes qui, à l'opposé, est l'initiateur de l'état-providence.. Les raisons? aider les pauvres a un effet négatif sur l'incitation à travailler. D'où, comme l'énonce Halimi, dans sa préface et Laurent Cordonnier dans son article " Economistes en guerre contre le chômage" paru dans le MD en 2006, la recherche incessante depuis la fin des Trente Glorieuse, de stratégies favorisant le retour au travail des chômeurs qui passent essentiellement par deux manières d'agir: d'une part, en rendant la perspective d'un emploi viable et attirante; mais cela signifie une augmentation des salaires et/ou une amélioration des conditions de travail, ce que rechignent à mettre en place les tenants du néo-libéralisme économique prôné par l'école de Chicago avec, entre autre, Friedman et Hayek; d'autre part par un durcissement des règles donnant droit aux allocations de chômage et autres revenus de transfert, de façon à obliger les chômeurs à accepter des emplois précaires et mal rémunérés, politiques qui a la faveur des dirigeants politiques et économiques. Le dernier article de ce petit ouvrage est un extrait des voyages de Gulliver, dans lequel, le satiriste Jonathan Swift, pourfende avec cruauté la politique économique de la GB de son époque. Un excellent petit ouvrage pour comprendre pourquoi les pauvres sont regardés comme des paresseux assistés au détriment des travailleurs.
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L'art d'ignorer les pauvres suivi de Econom..

"  les riches seraient plus entreprenants s'ils payaient moins d'impôts ; les pauvres seraient plus travailleurs s'ils recevaient moins de subsides » ...parole libérale ( qui ne libère que ceux qui la défende) , parole de l'école de Chicago, parole de Républicain texan, parole de l'OCDE, parole doctrinale et ne reposant sur rien. De Benjamin Franklin, à Pinault ( propriétaire du Point), à Dassault ( propriétaire du Figaro), le pauvre est pauvre parce qu'il n'est qu'un vaut rien, à traduire par : un coûte rien et à faire travailler beaucoup.

Et tous les partisans de cette doctrine placent leur morale là où il place leurs intérêts. Car il est bien connu qu'il faut mieux fiscaliser les indemnités journalières versées aux victimes d'accident du travail que se soucier de l'évasion fiscale de nos grandes entreprises. Parce que le pauvre si il doit surtout toujours ignorer combien il rapporte il doit bien comprendre et très tôt qu'il a un coût.

Toi qui passe les portes de l'usine, baisse ton regard en baissant la tête !

De Malthus, à Spencer, de John D. Rockfeller à Coolidge de Hoover à Milton Friedman,éleveur de Chicago boys : La main-d’œuvre est une masse, le chômage le garant de son obéissance. La masse salariale est une charge, la liberté que pourrait engendrée une augmentation des revenus salariés est un danger. Il faut maintenir un taux d’obéissance et de passivité à la hauteur du taux de rentabilité des activités économiques. Le profit n'est pas destiné à celui qui le produira mais à celui qui détiendra les outils de sa production. Il faut donc inciter les masses au travail sans pour autant que cela leur permette de s'élever, de sortir de la masse.

Alors on maintient les salaires bas, on incite au travail sans pour autant le valoriser, on scalpe les assurance chômage. La machine a besoin de bras. Il faut embaucher. Il faut alimenter la chaudière. Quite à crever de faim que ce soit à la tâche et pas sur une barricade. L'armée de réserve du Capital tel était le nom que Marx donnait aux chômeurs. Mais les chicago boys de s'écrier : » comment ! Mais les allocations de chômage créent le chômage ! Allons réfléchissez, le pauvre est un fainéant de naissance » ! Voici donc la doctrine du workfare. Et on s'étonne de voir l'économie mondiale vaciller… « Institution imaginaire d'une altérité radicale et fautive des déchus ». Voilà pénible vérité. «  ce n'est pas le fait d'étudier qui crée des emplois qualifiés, de même ce n'est pas le fait de partir à la cueillette ds champignons qui fait pousser les champignons, ce n'est pas le fait de chercher un emploi qui crée de l'emploi. Voilà le côté pleine face de la vérité.

Quite à te faire crever que le système te face crever de honte, allons mon pauvre un peu de dignité!

«  La bonne foi pourrait même conduire à admettre , lorsque l'emploi fait défaut, et face à l'amoralisme des prélats de la corvée, que la rationalité économique la mieux pensée commande de proclamer l'institution du chômage volontaire. En effet lorsque la pénurie s'installe, mieux vaut frustrer ceux qui en ont le moins besoin du « bien » tant désiré. Nous avons remis les clés de la maison depuis deux siècles à l'économie d'entreprise privée, pour le meilleur et pour le pire. Quand survient le pire la raison libérale au sens vrai du terme commanderait d'adoucir au maximum la peine de la collectivité, de laisser les individus choisir qui doit être au chômage et qui doit occuper un emploi. Depuis longtemps, les peuples savent que c'est avec le produit de leurs impôts qu'on les envoie faire la guerre.La nouveauté radicale est qu'en finançant l'OCDE ils lèvent des armées contre eux mêmes. »

Il est sujet de devenir de nos multitudes. « D'ici à 2025, 2 milliards d'être humains vont venir grossir la population mondiale. La quasi totalité d'entre eux naîtront dans les pays pauvres du Sud et Car ces connaîtront une enfance misérable avec de graves carences en matière d'alimentation, d'eau potable, de logement, d 'éducation et de santé. » Quelles seront nos réponses ? Nos solutions ? Car n'en doutons pas les réponses seront à notre charge pas à la charge de ceux qui n'auront pas cessé d'aggraver, d’amplifier la catastrophe. Ils continueront d'entretenir l'art d'ignorer les pauvres, derrière les murs qu'ils auront pris bien soin d'ériger.

Galbraith ? au combien d'actualité ! Le texte de Laurent Cordonnier et le pamphlet de Swift ne le sont pas moins.

Donc lecture à partager entre tous comme on doit se doit de partager son travail comme son pain.

Et puis lecture à expliquer à celle et ceux qui demain décideront de porter atteinte au Code du travail. Ignorer les pauvres est peut être un Art, sous réserve qu'un crime puisse relever d'un art..

Alors quitte à crever sans dollars sans euros ni kopeck , autant crever avec un livre en poche et les mots de Galbraith en tête !

Astrid Shriqui Garain



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L'art d'ignorer les pauvres suivi de Econom..

Un petit livre édité par le Monde diplomatique (éditions Les Liens qui libèrent) avec une préface de Serge Halimi introduisant ces textes qui montrent avec quel cynisme tranquille et quels raisonnements absurdes les propriétaires fonciers irlandais, les économistes de l'école de Chicago ou de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) justifient l'ignorance, ou pire, du sort fait aux pauvres.

Livret qui reprend d'abord un article, paru en novembre 1985 dans Harper's Magazine, repris en octobre 2005 dans le Monde diplomatique, de Galbraith L'Art d'ignorer les pauvres (le titre est retenu pour chapeauter l'ensemble) qui fait la généalogie de ceux qui ont installée l'idée qu'il ne fallait pas avoir mauvaise conscience devant la pauvreté... depuis la récompense dans un monde futur promise par la Bible, en passant par l'utilitarisme (si on crée de la richesse, cela justifie le sort de ceux laissés à l'écart), par Ricardo et Malthus (ils sont responsables parce qu'ils font trop d'enfants), le darwinisme social, et puis, pour être moins cruel, par Coolidge et Hoover : l'aide publique aux pauvres entrave l'économie... Article qui énumère les quatre façons actuelles de ne pas se sentir concernés.

Suivi par un article de Laurent Cordonnier, rebondissant à la suite de Galbraith, dans le Monde diplomatique de décembre 2006 : Économistes en guerre contre les chômeurs" qui détaille l'application qui est faite de cette justification du mauvais sort fait aux pauvres et plus précisément aux chômeurs, en mettant en avant paresse, risque de plaisir dans l'assistanat (cet horrible mot qui ne s'applique qu'à eux, et aux aides diverses, jamais aux mesures de" "soutien" à l'économie), en reprenant un florilège de citations de l'OCDE et de leurs traductions dans les journaux économiques d'où elles ruissellent dans les médias de grande diffusion, les premières se caractérisant par la franchise qui disparaît ensuite progressivement - une lecture qui devrait faire l'objet d'une plus grande publicité pour que se dissipent les raisonnements qui nous sont doctement assénés pour affaiblir l'école, la protection sociale en général etc... et ne surtout jamais envisager de revenir sur les baisses d'impôt, mais, à la rigueur, de recourir aux taxes... pour que nous ne perdions pas de temps en luttes sur des détails, en petites victoires qui sont toujours des reculades vers ce qui a été décidé à Lisbonne et dans autres réunions. et, ce que devraient savoir ceux qui se laissent aller à croire qu'ils sont différents de ces assistés : "Les réformes structurelles, qui commencent par générer des coûts avant de produire des avantages, peuvent se heurter à une opposition politique moindre si le poids du changement politique est supporté dans un premier temps par les chômeurs. En effet, ces derniers sont moins susceptibles que les employeurs ou les salariés en place de constituer une majorité politique capable de bloquer la réforme, dans la mesure où ils sont moins nombreux et souvent moins organisés."

Livret qui se clôt, renforçant l'ironie qui assaisonne ces articles par "Du bon usage du cannibalisme" de Jonathan Swift et son humour coléreux.
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La crise économique de 1929. Anatomie d'une c..

L’année 1929 comme si vous y étiez. Mais, au fait, n’y sommes-nous pas un peu ?
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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La paix indésirable ? Rapport sur l'utilité des..

Une prétendue satire qui a échappé à ses auteurs pour devenir un pseudo-classique des théories du complot et des altermondialistes...



Edité pour la première fois en français en 1967 et réédité en 1968, 1984, 1989, 1993, 2013 et 2014, cet ouvrage est présenté comme un "rapport secret" commandé par le Gouvernement américain en 1962 pour établir un programme aboutissant à une paix durable et mondiale. Les quinze prétendus "experts" qui se sont réunis pendant 2 ans 1/2 pour travailler sur le sujet seraient arrivés à la conclusion que la Paix n'était pas désirable et que la Guerre valait bien mieux pour l'économie. Le rapport, destiné à rester secret, est parvenu dans les mains d'un éditeur par le biais d'un "ami d'un ami", afin que soit révélé au monde les conclusions de ce rapport, parce que "le public a le droit de savoir". Faut-il préciser que le quart du bouquin est consacré à l'analyse de sa crédibilité et à l'insistance sur le fait qu'il existe vraiment?



Le fait même que l'éditeur et le préfacier insistent autant sur l'authenticité de ce "document" a de quoi semer le doute et la suspicion avant même d'en avoir entamé la lecture... Les critiques se sont d'ailleurs élevées dès sa publication aux Etats-Unis en 1965, mettant largement en doute la crédibilité du document et de son historique. En 1972, finalement, l'éditeur Léonard Lewin a admis avoir rédigé lui-même cet ouvrage comme une satire des véritables rapports de l'époque, émanant entre autres de Think Tanks comme la Rand Corporation, qui se sont notamment illustrés comme architectes de la Guerre en Irak de 2003 et de la transition "démocratique" qui a suivi. .



Lewin a donc admis avoir totalement fabriqué ce pseudo-document au terme d'un imbroglio juridique sur les droits d'auteur et d'édition. Pourtant, aucune des éditions françaises ne mentionne ce fait. Tout juste est-il fait mention de Lewin comme "auteur" sur la jaquette, sans aucune analyse critique ni même aucun commentaire de la part des éditeurs francophones. J'y vois une volonté de malhonnêteté évidente, puisque cet ouvrage est perçu en France et au Québec comme une étude gouvernementale réelle, et se retrouve même cité dans des articles très sérieux du Monde Diplomatique ou dans des articles d'universitaires comme Louis Gill (économiste et professeur émérite à l'UQAM). C'est tout bonnement AHURISSANT de voir des éditeurs, des journalistes et des universitaires porter crédit à cet ouvrage alors que les anglophones savent depuis 1972 (MILLE NEUF CENT SOIXANTE DOUZE!!!) qu'il s'agit d'une supercherie. Il n'y a guère plus que les complotistes les plus acharnés qui croient encore que cet ouvrage est réel...



Parlons un peu de son contenu... J'ai lu un peu partout que cet ouvrage mettait en avant que la Guerre, c'était génial, et la Paix, totalement inutile et non-souhaitable. Absolument pas. L'ouvrage n'est conçu que dans un seul et unique but, révélé dans les recommandations finales: aboutir à la création d'un Conseil chargé de travailler indéfiniment d'une part sur la question des moyens d'établir la paix globale, et d'autre part, d'étudier le rôle que joue la guerre dans l'économie nationale américaine. Autrement dit, un organisme gouvernemental sensé travailler sans limite de temps ni de budget précisément sur la question à laquelle ce groupe de réflexion était sensé répondre! Il s'agit, pour être clair, de moquer les rapports très courants à l'époque, aboutissant à ce genre de conclusions absurdes, et dont l'unique effet était de gaspiller de l'argent public en subventionnant des groupes privés n'ayant aucune autre fonction que de réfléchir à la meilleure façon de gaspiller l'argent public par le biais des groupes privés.



Le sujet lui-même n'a aucune importance, et il suffit de lire ce galimatias pour comprendre que cet ouvrage n'a strictement aucune valeur intellectuelle, n'importe qui, avec un minimum de culture et de réflexion, pouvant en produire à la chaine.



Le contenu des analyses est d'ailleurs là pour bien montrer l'absurdité du propos qui est tenu tout au long de la pseudo-étude, à savoir que la Guerre a un intérêt pour la société en tant que facteur de stabilité. Chacun des points abordés est une contradiction de ce qui a précédé, ou consiste en un argument d'autorité largué comme une chiure de pigeon sur l'épaule du lecteur. Aucune chiffre, aucune statistique, aucun graphique, aucun renvoi réellement précis à d'autres travaux ne vient étayer cet ouvrage. La préface (de 1968, en tout cas) parle d'environ 600 annexes illustrant le propos et jointes au rapport original, annexes dont on ne verra évidemment jamais la couleur. Pire, RIEN dans le corps du texte ne permet de croire que ces annexes ont un jour existé, aucun renvoi, aucune formulation, aucune locution ne fait mine d'y faire allusion. Alors même que des économistes, des physiciens, des mathématiciens, des juristes, des sociologues... sont sensés avoir fait partie des "experts" ayant participé aux travaux, aucun mot du vocabulaire classique de ces disciplines ne se retrouve dans le texte, ce qui est totalement ahurissant si on prête le moindre crédit à ce gloubi-boulga sans valeur scientifique.



Les affirmations "les plus logiques et détachées des poids que sont la morale et autres" (rien que là, le lecteur devrait comprendre l'absurdité du propos) mentionnent des faits tels que "sur le plan génétique, la Guerre a un effet négatif car seuls les forts y participent et y meurent, les plus faibles survivant à l'arrière" (sérieusement? Ce n'est pas comme si, à l'époque, TOUTES les armées occidentales reposaient sur une conscription obligatoire, les "appelés", dont l'envoi au front était totalement aléatoire et en aucun cas déterminé par l'efficacité des recrues, sinon tout le monde aurait fait exprès de se planter pendant les évaluations!), ou encore "si la paix était instaurée, il faudrait imaginer un système permettant de rétablir l'esclavage pour faire taire les dissidents, agitateurs et opposants politiques" (exactement ce qu'ont fait les nazis et les soviétiques, c'est à dire les deux plus grands ennemis des Etats-Unis au 20e siècle...).



Citons également l'incroyable conclusion selon laquelle "la fonction régulatrice [des populations] des guerres disparaissant totalement dans un monde en paix, il faudra recourir à des mesures eugéniques et à l'insémination artificielle généralisée pour contrôler les naissances", comme si la Guerre était un régulateur de populations, au même titre que les famines (engendrées par la surpopulation)! Au cours du 20e siècle, et à l'exception des deux conflits mondiaux et des guerres civiles, TOUS les conflits ont été menés avec le souci de réduire au maximum l'impact sur les populations civiles, et de facto, l'impact de l'armement n'a cessé de se réduire grâce à l'interdiction d'armements incendiaires, chimiques, bactériologiques et plus généralement, tous les armements dits "non-discriminants", comme par exemple les mines antipersonnel ou les bombes à sous-munitions.



L'introduction de règles de droit permettant l'inculpation de dirigeants et de militaires pour crimes de guerres ou crimes contre l'Humanité a également considérablement réduit la propension à la destruction aveugle... Bref, oser affirmer, même en 1962, que la Guerre régule les populations est une connerie monumentale qu'aucun "expert" un tant soit peu sérieux irait écrire dans un rapport, même dans le rapport le plus secret du monde.



Parlons, enfin, de la conception que présentent les auteurs des budgets militaires, sensé agir comme un moyen de destruction nécessaire d'une partie des richesses créées à des fins de stabilisation du progrès économique (oui, rien que ça). Le prétendu rapport présente les budgets militaires comme totalement exempts de toutes les lois du marché, en particulier de l'offre et de la demande. Ah, vraiment? Pourquoi, en ce cas, les gouvernements occidentaux en général, et américains en particulier, doivent-ils recourir à un système dit de l'appel d'offres en vue de l'attribution d'un marché, afin que les offres présentées soient concurrentielles? Et si cet ouvrage avait réellement guidé les politiques américaines depuis sa publication, pourquoi le mouvement de privatisation (dit "externalisation" pour ne pas trop choquer) s'est accéléré depuis trente ans, pour en venir à des contrats de sécurité à des entités comme Blackwater, aka Xe, aka Academi ? Les budgets militaires sont régulés par l'économie et les lois du marché (ou ce qui en tenait lieu) depuis quoi... mille ans? Incohérence absolue pour de prétendus experts qui n'ont visiblement jamais ouvert un ouvrage de stratégie ou d'histoire militaire... un comble pour des gens qui prétendent son intérêt social et politique!



Cet ouvrage n'est qu'un ramassis d'idées glanées soit dans l'histoire immédiate à l'issue de la seconde guerre mondiale, soit dans la culture populaire et en particulier la Science Fiction. Les seuls ouvrages et auteurs cités dans le corps du texte sont d'ailleurs Orwell, Wells et Huxley!



Les "solutions" présentées par le rapport sont TOUTES issues des ouvrages de ces auteurs de SF. Exemples:

- La menace extra-terrestre permettant de fédérer les nations humaines, et donc de créer une paix entre elles, est bien évidement issu de La Guerre des Mondes de Herbert G. Wells.

- L'équilibre des armements entrainant une stabilité entre belligérants est issu de l'ouvrage de George Orwell, 1984, où les grandes puissances ne se livrent pas à une guerre totale en permanence, mais alternent les conflits entre les uns et les autres afin de préserver un équilibre entre eux.

- Les politiques de contrôle des populations (en cas de disparition de l'effet stabilisateur des guerres) par l'instauration d'un contrôle strict des naissances par l'emploi de techniques de fertilisation artificielle et l'instauration d'un esclavage imperceptible est issu du Meilleur des Mondes, dystopie célébrissime d'Aldous Huxley.

Je pourrais multiplier les exemples, mais est-ce réellement nécessaire?



La Paix Indésirable était une satire des rapports gouvernementaux (les vrais!) des années 1960, rendus par la Rand Corporation, la Hudson Institute et d'autres. Il a été rédigé en pleine guerre du Vietnam, dont les événements à eux seuls contredisent absolument TOUS les points abordés par ses prétendus rédacteurs. L'auteur a visiblement largement raté son coup, puisque non seulement son ouvrage n'a pas généré de changement par rapport à la politique américaine de consultation d'institutions privées, mais en plus, DES GENS Y CROIENT VRAIMENT ou en tout cas y prêtent crédit sans même l'avoir lu.



La tragédie, c'est que cet ouvrage légitime et justifie aujourd'hui une haine non seulement des Etats Unis, mais de l'Occident tout entier, tout comme le faux créé de toutes pièces par l'Okhrana (services secrets tsaristes), intitulé "les Protocoles des Sages de Sion", avait justifié en son temps l'antisémitisme et les pogroms meurtriers. Il fait partie des références utilisées par les altermondialistes anti-occidentaux (en particulier, ceux d'Amérique du Sud et leurs admirateurs d'ici et d'ailleurs), les complotistes de tous bords (je salue Meyssan, Soral, Dieudonné et leurs copains... avec un gros doigt d'honneur) et commence même à alimenter les propagandes islamistes intégristes dénonçant l'Occident comme une création de Satan pour tuer les "musulmans" (comprendre: les intégristes qui veulent toujours plus de sang et de guerres, pas les musulmans qui ne demandent rien à personne et vivent leur religion en paix).



Ces dérives ne sont permises que par le comportement des éditeurs francophones qui ne sont pas foutus de rééditer cet ouvrage avec une introduction qui explique qu'il s'agit d'une satire et non d'un ouvrage réel. Je veux bien croire que l'édition française est en crise, mais je peine à croire qu'elle est en crise depuis 30 ans et n'est pas capable de payer un auteur pour rédiger une brève introduction. Un ouvrage appartenant au complot, c'est tellement plus vendeur...



Je ne peux pas mettre 0/5, ni sanctionner Calmann-Lévy (un nom juif, est-ce une preuve du complot?) pour cette absence de travail d'éditeur qui alimente les délires de groupes haineux, mais franchement, j'espère qu'après une critique comme celle que je viens de faire, on commencera à arrêter de prêter crédit à cette FARCE LITTÉRAIRE.
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Le triomphe

Ce féroce roman d'un célèbre économiste ayant lui-même occupé plusieurs postes importants, est une satire impitoyable de la diplomatie américaine où ceux qui ont une idée exacte des événements sont étouffés par des pontifes itinérants envoyés par des journaux ayant la hantise du communisme, où la hantise d'une erreur de jugement paralyse la pensée et l'action, et où les gens sont admirés dans la mesure où ils sont intraitables.
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Monsieur le professeur

Un jeune professeur d'économie (l'auteur est un économiste de renom), de l'université de Harvard découvre le "principe d'euphorie", sorte d'occultation de la raison intervenant à un certain moment dans toute spéculation boursière. L'application de sa théorie lui permet de faire rapidement fortune, mais il a l'imprudence d'utiliser sa découverte dans le domaine politique et dresse ainsi tout l'"establishment" contre lui.

Roman journalistique d'une technique narrative des plus plates, ce type d'ouvrage n'aura du succès qu'auprès d'un public fasciné par certains domaines accessibles aux seuls initiés, en l'occurrence la spéculation boursière.
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Théorie de la pauvreté de masse

Proche du parti démocrate américain, John Kenneth Galbraith est un grand économiste du 20ème siècle. Se situant parmi les keynésiens de gauche, il critique, notamment, le rôle autorégulateur du marché et s’oppose, en cela, à Milton Friedman.

Il fut d’ailleurs le conseiller économique de différents présidents des États-Unis, de Franklin Roosevelt à John Fitzgerald Kennedy mais aussi ambassadeur en Inde, ce qui lui a permis de s'intéresser aux Conditions du développement économique.

C’est en 1980, qu’il écrit l’essai intitulé « Théorie de la pauvreté de masse » qui concerne des sociétés essentiellement rurales où la pauvreté est un fléau touchant une majorité de personnes. Il évoque les difficultés de changement en raison de conditions culturelles qui entretiennent une force d’inertie. La solution individuelle consistant à émigrer est présentée comme une façon de ne pas s’accommoder à la pauvreté et de ce point de vue, des propos percutants permettent à l'auteur de proposer plus d’ouverture de la part des pays industrialisés.

J’ai trouvé que, même si le système explicatif est limité à la pauvreté « de masse » John Kenneth Galbraith présente toutefois des pistes de réflexions à ne pas négliger.

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