Citations de John Muir (107)
Et dans la forêt je pars, pour perdre mon esprit et retrouver mon âme.
Pendant des siècles, Dieu s'est occupé des arbres, mais il ne peut les sauver des imbéciles. Seul l'Oncle Sam le peut.
La vie ne semble ni longue, ni courte, et nous ne songeons pas plus à gagner du temps ou à nous dépêcher que les arbres et les étoiles. Voilà la véritable liberté, voilà une excellente et pratique sorte d'immortalité.
Le vent nocturne raconte les merveilles des hautes montagnes, leurs fontaines et leurs jardins enneigés, leurs forêts et leurs bosquets ; leur topographie elle-même est inscrite dans ses accents.
Le feu a duré encore une heure ou deux, réduit à l'état de braises et de flammèches vacillantes ; les étoiles brillaient plus intensément ; ici et là, les ratons laveurs, les coyotes et les chouettes rompaient le silence, tandis que les criquets et les rainettes faisaient entendre une musique allègre et continue, si harmonieuse, si épanouie qu'elle semblait faire partie intègrante de la nuit.
Chaque journée s’ouvre et se ferme comme une fleur, sans bruit et sans effort. Une paix divine nimbe tout ce majestueux paysage.
Baigner dans une pareille beauté, étudier les expressions qui varient sans cesse sur le visage des montagnes, contempler les étoiles, qui possèdent ici un éclat dont l’habitant des plaines ne peut même pas rêver, surveiller le cycle des saisons, écouter les chansons des eaux, du vent et des oiseaux, tout cela me serait un infini plaisir.
Que la Nature est férocement, dévotement sauvage, au milieu de sa tendresse éprise de beauté.
Ce petit oiseau est une fleur encore plus ravissante que les bulles d’écume dans les remous des bassins.
Les touristes que nous avons vus voyageaient en groupes, qui pouvaient aller de trois ou quatre personnes, à quinze ou vingt, chevauchant des mules ou des petits chevaux mustangs. Etrange spectacle que celui qu’ils offraient, serpentant ainsi en file indienne à travers les forêts solennelles, dans leurs costumes criards, au grand effroi des créatures sauvages, et l’on a presque l’impression qu’ils dérangent les grands pins eux-mêmes et les font gémir d’horreur.
Encore une de ces magnifiques journées de la Sierra, au cours desquelles on a l’impression de se dissoudre et d’être absorbé, puis envoyé tout palpitant on ne sait trop où. La vie ne semble ni longue ni courte, et nous ne songeons pas plus à gagner du temps ou à nous dépêcher que les arbres et les étoiles. Voilà la véritable liberté.
On pourrait croire que les nuages eux-mêmes sont des plantes, qui jaillissent dans les champs célestes à l’appel du soleil, et poussent, pleins de beauté, jusqu’à atteindre leur pleine maturité, éparpillant la pluie et la grêle comme autant de baies et de graines, avant de se faner et de mourir.
Le vent nocturne raconte les merveilles des hautes montagnes, leurs fontaines et leurs jardins enneigés, leurs forêts et leurs bosquets ; leur topographie elle-même est inscrite dans ses accents. Et les étoiles, éternels lys des cieux, qu’elles sont donc brillantes, à présent que nous sommes élevés au-dessus de la poussière des basses terres.
Lorsque nous étions encore autour du feu de camp de la baie de Sum Dum, l'un des chercheurs d'or, surpris d'entendre monsieur Young se plaindre de nos difficultés à fournir de la viande à nos Indiens, avait demandé à Toyatte pourquoi ils ne tuaient pas un bon tas de canards pour le pasteur.
– Parce que l'ami des canards nous en empêche, avait rétorqué Toyatte. Chaque fois que nous nous apprêtons à tirer, monsieur Muir fait tanguer le canoë.
Le trait le plus frappant de ce peuple [autochtone] était sans doute sa dignité sereine face à des événements qui nous sembleraient bizarres et embarrassants. Même les jeunes enfants se comportaient avec une dignité naturelle, s'approchaient des Blancs quand on les appelait, et contrôlaient leur étonnement en entendant des prières et des hymnes étranges. Ce soir-là une vieille femme s'endormit pendant la réunion en ronflant, et, bien que jeunes et vieux fussent secoués par des rires contenus, ils déployèrent beaucoup d'application à ne pas le montrer. C'est pour moi un constant sujet d'émerveillement que cette capacité de peuples prétendus «sauvages » à faire en sorte que vous vous sentiez chez eux comme en famille.
Mais que fait donc ce type ? s'inquiétaient-ils. Il passe l'essentiel de son temps parmi les souches et les mauvaises herbes. L'autre jour, je l'ai vu à quatre pattes en train d'examiner une souche comme s'il espérait y trouver de l'or. Il ne serait pas un peu dérangé ?
30 août. Une autre journée comme celle d'hier. Quelques nuages immobiles, n'ayant apparemment rien d'autre à faire que d'être beaux.
J’ai entendu dire que des pionniers du Texas avaient subsisté sans pain, ni aucun produit à base de céréales, pendant des mois et n’en avaient pas souffert le moins du monde ; ils avaient remplacé le pain par les blancs de dindes sauvages. De ce genre de chose, on en avait à foison, au bon vieux temps où l’on ne faisait pas si grand cas de la vie, bien qu’elle fût considérée comme plus menacée.
(...) Voilà les marques qu’a imprimées l’homme blanc en l’espace de quelques années enfiévrées, sans parler des usines, des champs, des villages éparpillés sur des centaines de kilomètres le long des flancs de la cordillère. Il faudra bien longtemps pour que ces traces s’effacent, même si la Nature fait tout ce qu’elle peut, replantant, jardinant, balayant les anciens barrages et canaux d’amenée, arasant les tas de graviers et de pierres, s’efforçant patiemment de cicatriser toutes ses plaies à vif.
Que le temps est donc beau ! Je ne puis rien concevoir de plus paradisiaque. Le vent souffle avec une extrême douceur. D’ailleurs, on hésite à baptiser du nom de vent des courants d’air aussi paisibles. On a l’impression qu’ils sont l’haleine même de la Nature, chuchotant leur message de paix à tout ce qui vit.