Joël de Rosnay

Je propose une nouvelle approche pour construire ensemble l’avenir et sur-vivre à la complexité du monde et à son accélération. C’est la société fluide. En tant que prospectiviste, mais aussi surfeur de l'océan et d’Internet, j'ai choisi le surf comme fil rouge de ce livre. Ne dit-on pas surfer sur internet, sur les sondages, sur l’opinion publique, sur les valeurs ? Le surfeur ne crée pas la vague, par nature aléatoire et chaotique, il utilise sa force, sa puissance pour le plaisir, le défi vis-à-vis de lui-même. Surfer la vie c’est savoir profiter et jouir de l'instant, être à l'écoute de son environnement, de ses réseaux, évaluer en temps réel les résultats de son action et s’adapter à l’imprévu. Je souhaite fournir à chacun des clés pour surfer harmonieusement sa vie.

La fontaine de Jouvence, Oscar Wilde, Faust... Ce mythe là est aussi vieux que l'humanité. La grande différence, c'est que ce qu’on appelait « vieux » a de moins en moins les caractéristiques de la vieillesse. Celle-ci a changé physiquement et mentalement. Ce dont nous rêvons tous aujourd'hui, c'est non pas de rester jeune mais de vieillir bien et de rester en forme longtemps.

Pour comprendre la vie, il faut pénétrer le coeur de la vie. La cellule est mystérieusement planète dans l'univers de l'infiniment petit...

"Avec le temps, l'impossible devient possible, le possible probable et le probable virtuellement certain."
G. Wald

Il ne dépend désormais que de nous de saisir cette opportunité et de participer – par des actions quotidiennes comme la nutrition, le sport, la gestion du stress, le plaisir d'entreprendre ou de créer, l'harmonie des réseaux familiaux ou professionnels – à la modulation de l'expression de nos gènes, pour une meilleure santé et le ralentissement du vieillissement.

Certes développer une stratégie visant à améliorer les fonctions vitales peut paraître nécessaire , voire souhaitable,mais l'idéologie qui se profile derrière le tranhumanisme ne semble pas compatible avec l'égalité devant la vieillesse ou la mort. Elle témoigne d'une vision teintée d'invidiualisme et d'élitisme , alors que le rapport à la vie et à la mort devrait rester une queqtion collective et globale.

Il est donc nécessaire de savoir hiérarchiser les informations, de savoir les classer, les retrouver pour mieux les intégrer et les utiliser dans sa vie pratique.

Oui, l’humanité va, dans les prochaines décennies, progresser comme elle ne l’a jamais fait. Dans tous les domaines, elle va effectuer des sauts qualitatifs et pas seulement quantitatifs, qui la doteront de pouvoirs que nous avons peine à imaginer. Dont, surtout, nous ignorons le mode d’emploi.
L’humanité a connu une telle rupture avec l’apparition de l’arme nucléaire. Pour la première fois, elle se donnait les moyens d’un suicide collectif. Les physiciens à l’origine de cette découverte comprirent qu’il fallait tout de suite créer un ordre mondial pour contrôler cette arme. Un demi-siècle plus tard, on sait ce qu’il en est.

Sans verser dans la théorie du complot, on doit reconnaître que, par nature, ces types de monopoles servent en priorité leurs propres intérêts. Ces manoeuvres incessantes visant à capter la plus grande part de la richesse représentent une forme de codage indirect des fonctions globales du réseau. GAFAMA (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Alibaba) et NATU (Netflix, Airbnb,Tesla, Uber), les nouveaux maîtres du réseau mondial, exercent un contrôle invisible, mais bien réel et de plus en plus oppressant et inquiétant, sur les actions de la vie quotidienne, privée ou professionnelle, des internautes. L'influence de ces entreprises sur Internet paraît illimitée. Ce sont des organisations qui n'hésitent plus à concurrencer et même à contredire la politique des nations.

Les hormones du plaisir produites par l'organisme sont bien connues des scientifiques. On en dénombre quatre : les endorphines, la dopamine, la sérotonine et l'ocytocine. Elles agissent en synergie, influencent la sécrétion d'autres hormones et ralentissent la production de cortisol ou d'adrénaline liés au stress.
Sécrétées en réaction à des situations particulières, ces hormones permettent l'activation d'émotions 'positives'. Il est même possible d'en stimuler au quotidien la production en adoptant certains comportements ou attitudes.

Les "bonnes pratiques" (mode d'alimentation varié, pratiquer un exercice modéré et régulier...) ne régleront pas tous nos maux mais elles contribueront à en diminuer le nombre ou les effets de manière significative.

Des études montrent que des enfants élevés dans un environnement rural et exposés à des animaux, à de la poussière ou à des moisissures sont nettement moins sujets aux allergies, en particulier à l'asthme, que les enfants vivant dans des environnements urbains, dont l'hygiène, imposée par les habitudes sociales et leurs parents, est généralement plus stricte.

Il existe désormais une science qui étudie la relation entre l'alimentation et les gènes, qu'il s'agisse des nôtres ou de ceux de nos bons microbes : la nutrigénomique. Cette nouvelle discipline, mariage de la génomique et des sciences de la nutrition, a permis de confirmer les impacts de l'alimentation sur la prévention et le traitement des maladies.
Complémentaire de la pharmacogénomique (l'étude des effets des médicaments sur le génome), cette jeune discipline devrait également permettre de mettre au point des traitements adaptés qui prendront en compte les spécificités génétiques et biologiques de l'individu autant que son mode de vie et son environnement.

... un mode d'emploi simple pour une bonne pratique de l'épigénétique. Le secret tient en 5 mots clés : nutrition, exercice, anti-stress, plaisir, harmonie.
Une nutrition équilibrée, de l'exercice physique, une réduction du stress, la recherche du plaisir et l'harmonie du réseau humain, social et familial : voici les 5 clés interdépendantes de la longévité et de l'équilibre physique et mental dont les effets cumulatifs sont déterminants pour notre santé.
Elles favorisent la production d'un certain nombre de biomolécules qui, pénétrant dans le noyau des cellules, vont influencer l'expression des gènes, notamment en modifiant les histones (ces protéines essentielles à la structure des chromosomes).

... avec l'épigénétique, nous pouvons réorienter des processus "psychosomatiques" négatifs dans une direction bénéfique pour notre santé et notre équilibre mental.

Des travaux révèlent que les végétaux peuvent modifier leur physiologie ou leur métabolisme en réaction à des événements produits par leur environnement. Par exemple, face à des agressions répétées d'herbivores dévorant leurs feuilles ou leurs branches basses, les arbres (notamment l'acacia) émettent des signaux d'alerte qui circulent entre eux . "Prévenus", les arbres vont alors déclencher une fonction qui réveillera certains de leurs gènes pour produire des toxines qui repousseront les prédateurs. En d'autres termes, les impulsions émanant de l'environnement provoquent la production de molécules qui vont réguler l'expression de certains gènes, c'est-à-dire les inhiber ou les activer.
Délicieuses quelques heures plus tôt, les feuilles d'acacia vont rendre malades, voire empoisonner, les antilopes ou les girafes qui les agressent.

Nous savons désormais que les parents ne transmettent pas seulement leurs gènes à leurs enfants. On a observé, par exemple, que le comportement de la femme enceinte influençait le développement cellulaire de son enfant dès le stade embryonnaire. Ce que nous faisons et ce que nous vivons n'est donc pas sans conséquences sur l'expression de nos gènes. Nos modes de vie, mais aussi les événements marquants de l'existence (traumatismes divers, guerre, famine, ou au contraire, abondance, insouciance...) vont avoir des répercussions sur notre santé et nos comportements.

Dans les cellules existent également des systèmes de surveillance de l'intégrité des gènes afin d'éviter des mutations susceptibles d'évoluer vers un cancer.
Lorsque de tels dégâts se produisent, des systèmes de réparation de l'ADN interviennent. Par exemple, le gène suppresseur de tumeurs appelé p53 joue un rôle déterminant dans la signalisation des dommages de l'ADN, leur réparation ou l'élimination des cellules dont l'ADN a été modifié par mutations. Lorsque les dommages subis par cet ADN sont trop importants, le gène p53 provoque la mort de la cellule par un mécanisme de suicide cellulaire appelé apoptose. Les modifications épigénétiques intervenant sur des gènes suppresseurs de tumeurs dérégulent leur fonctionnement et peuvent donc conduire à l'apparition de processus de cancérisation. Cette piste est explorée actuellement par de nombreux laboratoires dans le monde.

Les êtres vivants disposent ainsi d'un réel potentiel d'action sur leur génome. Leurs actes ont des conséquences, puisqu'ils peuvent activer des gènes et en mettre d'autres en veille. Et c'est cela qu'étudie l'épigénétique : les mécanismes d'activation ou d'inhibition des gènes, la modulation de leur expression par les comportements ou l'environnement.

Les résultats des recherches en génétique démontrent qu'il n'existe pas de frontière absolue entre gène (l'ADN tout puissant) et environnement (notre milieu, nos comportements).