LES COUPS DE CUR DES LIBRAIRES 12-06-20
Ce qui élève l'esprit rapproche les hommes.

Comment les environnements intelligents et les interfaces homme/machine peuvent-ils contribuer à prédire l' " homme du futur " ? De manière schématique, on peut considérer qu'il existe deux visions de cet homme de demain, l'une proche de la science-fiction, à laquelle je n'adhère pas, et l'autre qui participe d'avantage d'une démarche de " technologue humaniste ", avec laquelle je me sens plus à l'aise. La première vision débouche presque toujours sur le " mutant ", le " cyborg " ou " l'homme bionique " : Le mutant est un être vivant qui se modifie par des mutations biologiques ; le cyborg, un homme-robot ou un être humain dont la biologie s'est mécanisée et la mécanique s'est " biologisée " ; et l'homme bionique, un être qui intègre des parties bioélectriques remplaçant ou augmentant des fonctions déficientes. Mon approche se fonde plutôt sur une coévolution de l'homme et de la société,une évolution anthropo-technico-sociétale. En d'autres termes, la transformation de l'homme me paraît inséparable de son intégration sans la société qui, elle-même, le transforme en retour.
Le temps fuit a des vitesses différentes aux âges de la vie. Les années passent lentement quand on est jeune et de plus en plus rapidement tandis que l'on vieillit.
Chacun fait cette expérience au cours de sa vie: le vieillard voit l'enfant changer constamment, mais, pour celui-ci, les vieux restent toujours les mêmes.
Pourtant, en dépit de cette observation, confirmée par les données biologiques, la journée de travail d'un enfant est presque égale à celle d'un adulte.
Les heures pèsent plus lourd pour un enfant. S'il est correctement motivé, il apprend plus vite que l'adulte. Or il passe des heures enfermé dans un univers qui lui paraît appauvri par rapport à celui du monde extérieur.
Arrivé à un stade de ma vie et de mon expérience qui m'engage à perdre un certain recul, je voudrais témoigner dans ces pages d'un certain sentiment de spiritualité, sans connotation religieuse, qui a émergé de mes recherches pour comprendre l'ordre caché des choses et le sens secret de la nature. Ce sentiment est né d'un émerveillement et d'une révélation sur la simplicité des codes naturels qui conduisent au jaillissement, dans l'espace et dans le temps, de formes d'une extrême diversité et d'une grande beauté. Une morphogenèse qui a passionné des penseurs comme Pythagore ou Alan Turing, et qui se poursuit par le travail et l'ouvre des hommes. Ce travail est désormais mis en cause par les extensions du corps et du cerveau humains que représentent l'intelligence artificielle (IA) et les robots.

P239 et suivante
Bientôt l'avènement du surhomme ?
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De nombreux laboratoires font des recherches en neuroengineering.
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Le record a été battu par Thomas DeMarse, un chercheur de 39 ans de l'Université de Floride, qui a réussi a cultiver dans une boîte connectée à un PC 25 000 neurones vivants prélevés sur le cerveau d'un rat. Ce cerveau de rat est capable de contrôler l'"assiette" d'un avion dans le jeu Flight Simulator ....
Les neurones ont "appris" à renvoyer, par le relais de l'ordinateur, des informations au logiciel Flight Simulator. Ce sont bien les neurones du rat qui contrôlent l'assiette de l'avion...
Il m'appartient aussi de signaler les dérives possibles et les dangers qui guettent l'homme à force de vouloir aller trop loin. ...
Mais la frontière avec l'homme augmenté, nous devons refuser de la franchir, car cela reviendrait à créer différentes catégories d'êtres humains : les Alphas et les Gammas décrits par Aldous Huxley dans le meilleur des mondes ...
Pour les pythagoriciens, le monde est une combinaison de nombres qui tend à l'harmonie. Pythagore était convaincu, en effet, que "tout est nombre", que toutes les choses fondent leur nature sur des nombres :
ces derniers sont des éléments de tout ce qui existe.
Si le son n'est qu'une vibration dans l'espace, comment un accord harmonieux peut-il procurer à ceux qui l'écoutent autant d'émotions et de telles sensations de beauté et de plaisir ?
Et d'ailleurs, d'où nous vient le sens de l'harmonie ? Certes, ce sentiment varie selon les cultures, mais des constantes demeurent. Un ensemble considéré comme harmonieux, qu'il s'agisse d'architecture, de musique, d'un objet, d'un visage ou d'un corps, repose sur l'association de nombres.
C'est une relation entre des nombres qui provoque, par la vision ou l'audition, une réaction du cerveau et du corps.
Cet outil, je l’appelle le macroscope (macro, grand ; et skopein, observer). Le macroscope n’est pas un outil comme les autres. C’est un instrument symbolique, fait d’un ensemble de méthodes et de techniques empruntées à des disciplines très différentes. Évidemment, il est inutile de le chercher dans les laboratoires ou les centres de recherche. Et pourtant nombreux sont ceux qui s’en servent aujourd’hui dans les domaines les plus variés. Car le macroscope peut être considéré comme le symbole d’une nouvelle manière de voir, de comprendre et d’agir. - 10 -
Pour évoluer: se laisser agresser. Un système homéostatique (ultrastable) ne peut évoluer que s'il est "agressé" par des événements venant du monde extérieur.

Après la phase de conquête de l’espace terrestre, puis celle de la croissance industrielle, nous entrons dans une phase de « réticulation » de la société. Il se crée, de proche en proche, des réseaux de plus en plus étroitement interconnectés et interdépendants. Macro et micro-réseaux au sein desquels chacun est à la fois un « lien » et un « noeud ». Cette « société réticulaire », rendue possible par l’essor des communications, conduit à des diversifications, des décentralisations, des différenciations du tissu de la société. La logique de l’énergie implique centralisation et exclusion. La logique de l’information, distribution et complémentarité. De nouvelles valeurs émergent : modification des rapports à soi-même ; autres regards sur la conduite de sa vie, la santé, les sports individuels, les relations à la maladie et à la mort ; nouveaux rapports avec les techniques -outils de changements- telles la biologie, l’informatique, la robotique ; besoin d’évaluer leur impact sur la vie quotidienne et l’avenir de la société ; nouvelles exigences sur la qualité de l’environnement
Imaginez un instant qu'on fasse éclater cette boîte. Imaginez un écran sans fil, une connexion sans fil, plus de clavier parfois. Les puces miniaturisées de la machine disparaissent, s'intègrent dans l'environnement. La machine reconnaît l'utilisateur grâce à des biocapteurs. La maison, le bureau, l'automobile, les amphithéâtres se métamorphosent en ordinateurs géants... Ce que j'aimerai décrire dans cette partie, c'est l'ordinateur " explosé ". On dit aussi " pervasif ". L'ordinateur est caché dans un environnement qui reconnaît les utilisateurs, les comprend et offre toute une série d'applications nouvelles.
Les enjeux industriels, économiques et culturels de cette métamorphose de l'ordinateur seront considérables, avec de nouvelles menaces sans doute. Mais ils représentent aussi les prémices d'une symbiose entre l'homme et la machine.