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Critiques de Jorn Riel (494)
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La faille

« Monsieur Blanc, jamais de repos,

sept heures du matin, déjà au boulot,

fatigué avec tout ce bruit,

n'a pas fermé l'oeil de toute la nuit.

Et là-bas, là-bas, tout là-bas,

dans une île grosse comme un p'tit pois,

Papous, papous, deux papous

deux papous gentils comme tout,

dans un coquillage d'argent,

écoutent chanter l'océan ».

Ah, Bourvil, la douceur des îles ! Et pourtant…

« Dans les guerres tribales en Papouasie Nouvelle-Guinée, les drones et les armes semi-automatiques ont remplacé les arcs et les flèches », dixit « Le Monde » il y a tout juste une semaine.

Les tribus les plus reculées des hauts plateaux sont contaminées par les technologies actuelles. Quelle drone d'époque !

Mais papi, les papous, c'est papaye et pagaille,

mais papi, les papous, c'est pagaie mais pas paix !



Glaçant, non ? Alors, il me faut rejoindre le spécialiste des racontars arctiques qui, installé désormais en Malaisie pour décongeler, a changé d'hémisphère jusque dans son lieu d'écriture, la paisible vallée de Baliem, en Nouvelle-Guinée.

Il a déserté le Groenland pour un autre pays vert, passant des Inuit aux Papous, un autre choc des cultures « primitives ».



« La nuit, elle avait senti les esprits gentils la toucher et, pendant qu'elle dormait, elle avait tenu un petit citron vert entre ses mains pour se protéger contre les mauvais esprits » .



Ah, Jorn Riel, la douceur du style ! Et pourtant…



Il y a comme une fêlure, le titre du livre en témoigne, la faille, ça vient de faillir, manquer. Il y a comme un manque, un défaut.

L'écrivain voyageur danois a l'ambition de nous montrer le fossé qui existe entre les différentes civilisations. La faille signifie l'écart qui se creuse entre les mondes « primitifs » et « civilisés ».



Aujourd'hui, c'est la rentrée scolaire. Il est question de tenue vestimentaire et d'arrondir les angles. Riel nous propose la description d'un Papou, l'exubérance dans toute sa splendeur.



« Sa parure de tête se composait d'un large bandeau de pandanus bordé de fourrure d'opossum brun. Une haute houppe de plumes se balançait sous la brise matinale, plumes de faucon et de perroquet, que dépassait la longue plume noire, d'un demi-mètre de long, de l'oiseau de paradis. Son visage, enduit de graisse de porc et de suie, était tout noir, mis à part les orbites blanches et deux larges raies de chaux qui couraient du front jusque sur ses joues. Dans les narines percées étaient accrochées les dents liées, tournées vers le bas, d'un verrat sauvage. Il portait un grand mikal ovale, lourd pectoral de coquillages qui entourait son cou comme un col et descendait jusque sur sa poitrine. Ses bracelets, serrés autour du poignet et juste au-dessus des coudes, étaient tressés avec les fibres coriaces des fougères à aigle et le horim, qui couvrait son pénis, pointait, comme sa lance, vers le ciel, le bout entortillé remontant jusqu'entre ses aréoles. »



Une faille, oh, un sacré décalage, à la manière d'« Un Indien dans la ville ».

Actuellement, on parle de végétaliser les cités, de démacadamiser les cours de « récréation ». Alors, le costume plutôt que le bitume ? Et si l'école se faisait vraiment en extérieur, on y apprendrait la nature autant que les coutumes ?



« Ils marchaient sous des arbres qui s'élevaient jusqu'à trente mètres de haut pour atteindre la lumière du soleil. Ils se frayaient un chemin à travers des réseaux emmêlés de plantes grimpantes, rampaient au-dessus d'arbres renversés à moitié pourris, à travers des marécages gris, où les sangsues se glissaient dans les oeillets des lacets pour s'accrocher sur la peau ».



Quatre espèces d'oiseaux dans la cour de « récréation », des dizaines sur le même espace en territoire « primitif ». La faille s'élargit, l'écart se creuse, mais on vit sur la même Terre, il n'y a pas de plan B. Et s'il y en avait un, ce serait B comme Blanc, ou B comme Baliem ?

Je viens de lire que des fluides s'échappent de la faille de Cascadia, il y aurait des sources chaudes au fond de l'Océan Pacifique. de source sûre, ça nous promet un séisme de magnitude 9.

Stop ! Non mais, c'est quoi cette chronique ? Elle nous livre rien sur le roman !

Ah, si on ne peut plus critiquer... 

Rassurez-vous, toutes ces digressions nous ramènent à « La Faille », celle de Jorn Riel.

Du petit monde des Européens qui tentent de vivre pacifiquement avec les multiples ethnies adjacentes, aux tribus conquérantes sur le pied de guerre, Riel nous propose à la fois une plongée dans un monde peu connu, un "dépaysement salutaire" - tant qu'il n'y a pas de groupes de touristes, tout va pour le mieux ! - avec un grand sens de conteur et des personnages d'une belle densité.

Le Docteur Julius Horton vit à Wamena, petite ville de la vallée de Baliem, en Nouvelle-Guinée. Depuis trente ans, l'île est devenue son univers, son pays. Pour rien au monde il ne ferait demi-tour vers l'Europe. Il en a vu, des curieux avides d'aventures, débarquer sur l'île, mais aucun ne résiste longtemps à la vie sauvage qui les attirait initialement. Horton, lui, s'occupe des habitants. Bien connu des tribus papous, il soigne les blessés, les malades, les victimes de guerres tribales. Il a appris à comprendre ces différents peuples qui vivent dans la vallée. On le respecte.

Tout commence lorsqu'un certain Louis Schultz débarque à Wamena.

Un être étrange selon Horton : on ne sait qui il est ni pourquoi il est venu jusqu'ici.



Contre toute attente, Schultz va rapidement s'habituer à sa nouvelle vie.



« Ce qui est bizarre avec ce type […], c'est qu'apparemment il peut tout supporter. Il ne paye pas de mine, mais quelle santé ! 

Il me déroute, cet homme-là […]. Il en sait plus qu'il n'en dit.

Qu'est-ce qu'il peut bien fuir ? »

Très vite, nous sommes plongés au coeur de l'action lorsque Schultz prononce une requête improbable à l'adresse de Horton.

 « Pourriez-vous m'aider à me rendre sur les hauts plateaux de l'intérieur, docteur Horton ? Là où il y a une tache blanche sur la carte ? »



 La réponse attendue de Horton ne traîne pas.

 « Vous ne survivrez pas deux heures sur les plateaux. D'ailleurs personne ne les connaît. Personne ne sait comment sont les tribus là-bas, sinon par quelques rumeurs éparses qui parviennent jusqu'à la vallée. Et je peux vous assurer que ce qu'on entend ici sur leur cruauté peut vous faire faire de sacrés cauchemars la nuit. Oubliez ! »



Schultz est malin et se tourne alors vers Georges Stilton, pilote d'un vieux coucou, comme il l'appelle lui-même. Lui demandant de l'emmener survoler les hauts plateaux, il convainc le pilote de se poser et en profite pour fuir dans la jungle, à quelques centaines de mètres d'une tribu inconnue...

En repartant, dépité d'avoir laissé l'homme dans cette contrée barbare, certain de son sort, le pilote raconte ce qu'il vit.

« Schultz ! Imagine, il s'était assis par terre et est resté planté là, à moitié caché par les hautes herbes, pareil à un vrai fossile. On aurait dit qu'il attendait quelqu'un. Planté là au milieu de rien, il attendait ! »



Les années passent, le sort de Schultz ne laisse aucun doute. L'âme du jeune homme plane pourtant et laisse perplexe. Horton en parle souvent. Que lui a-t-il pris ? Pourquoi cette folie ? Qui était-il ?

 

Wamena se transforme, se peuple, s'urbanise, se modernise. Les tribus continuent d'échapper à l'homme blanc et ses lois.

 

Dix-huit années après la disparition de Schultz, deux hommes d'une tribu des hauts plateaux se présentent, réclament Horton, en possession du médaillon autrefois porté par Schultz. Accompagné de Hahnmuller, Horton prend la route. Direction : les hauts plateaux, une tribu inconnue. Est-ce un piège pour s'emparer de lui ? Est-ce un véritable appel ?



Le face à face a lieu quelques jours plus tard : Schultz est vivant, se fait appeler Yonokma, et est le terrible chef de la tribu qui porte son nom.

Guerrier, stratège, fort, le chef Yonokma est redouté sur tous les territoires alentours. Comment en est-il arrivé là ? On ne le saura jamais.

S'il a fait venir Horton, c'est pour une seule raison : Lalu.

Gravement malade, Schultz - Yonokma a une requête, tout aussi surprenante que la première : il eut plusieurs enfants de ses différentes femmes, mais Lalu est celle qui le comble. Elle lui ressemble. Il a décidé pour elle qu'elle devait vivre ailleurs que dans la tribu, redescendre dans la vallée, et c'est Horton qui en prendra la charge.

Le sort de l'enfant ayant été décidé par son père, elle ne peut refuser, et a accepté l'idée d'ailleurs depuis bien longtemps.

Accepté aussi le rituel pratiqué lors de la mort d'une personne, ici son père.



« Lalu s'accroupit devant le vieil homme et Horton s'aperçut que des fibres d'orchidées étaient serrées autour de l'un de ses bras. Elle en tendit un et posa la main sur un billot de bois. le guérisseur laissa ses mains glisser de doigt en doigt. Puis, soudain, il lui assena un coup paralysant sous le coude et, avec une solide hache de pierre, lui coupa deux phalanges de l'index ».



Nous suivons alors pas-à-pas les mois suivant l'arrivée de Lalu à Wamena, son adaptation à la vie urbaine, à l'école. La jeune fille se montre vive d'esprit, intelligente, sociable, elle parle anglais, chose extraordinaire ! Schultz lui parlait sa langue maternelle tout le temps dans son enfance, sans doute pour la préparer à son retour dans la civilisation. Mais Lalu fugue souvent. Indécise.

Je n'en dirai pas plus sur l'évolution de Lalu, son cheminement...

 

Ce roman, c'est une quête de soi.

Qui est-on lorsque l'on appartient à deux patries que tout oppose, qui s'entre-tuent même ? A qui s'identifier ? Comment, enfant du métissage, vivre ses deux cultures pleinement, sans regret, sans manque, sans faille ?

Comment allier Papou et Blanc, vie sauvage et civilisation ?

Comment vivre lorsqu'on ne se sent jamais chez soi, lorsqu'on a besoin d'être ici et là-bas ?



« L'élan était court, elle décolla tout près du bord et s'éleva haut dans les airs. Elle ressentit le saut comme une libération. Elle était l'oiseau des dieux que son père avait aimé. Elle flottait librement au-dessus de l'abîme, écarta les bras et resta un instant immobile dans les airs, comme un oiseau doré, avant de commencer à tomber ».





 



































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La fête du premier de tout

La trilogie de Jørn Riel est tout à la fois rafraîchissante, légère, drôle et émouvante. Avec sa belle écriture poétique et son sens de l'humour, Jørn Riel est un fabuleux conteur qui nous ravit tout en nous léguant un témoignage passionnant sur la culture Inuit dont nombre de traditions, qu'elles concernent la chasse, l'alimentation ou les rites funéraires, ont aujourd'hui disparu.



Dans ce dernier tome de la trilogie La Maison de mes pères, le jeune Agojaraq rentre avec bonheur chez lui, dans la maison de ses cinq pères et oncles, après une année passée en Europe qui ne lui a guère plu, les mœurs des hommes dits « civilisés » ayant suscité chez lui beaucoup d'incompréhensions et de difficultés d'adaptation.

Sa famille entreprend de terminer son initiation d'homme en en faisant un vrai chasseur et en lui trouvant une compagne. C'est le début d'un long voyage vers le pôle avec Aqa, une charmante jeune fille aux yeux rieurs. Agojaraq découvre l'amour mais aussi le sens de la propriété et de la jalousie, des sentiments que ne sont pas censés éprouver les Eskimos qui, à cette époque depuis longtemps révolue, n'hésitaient pas à partager leurs femmes en toute simplicité.



Un régal à lire et à relire !



Challenge multi-défis 2021
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La fête du premier de tout

Le troisième et dernier tome de cette étonnante saga de la famille d'Agojaraq (Ago), jeune homme fringant et dynamique né au Pôle Nord. Et finalement, même si parfois je me suis un peu perdue dans les paysages, les noms et les liens de parenté des personnages, j'en aurais bien lu un quatrième!!!
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La maison de mes pères - Intégrale

Jørn Riel trace le portrait des derniers trappeurs du nord-est du Groenland, paumés hâbleurs, philosophe de comptoir devant un imbuvable tord-boyaux, bourrus bienveillants, tous amoureux de cet être cruellement absent de la banquise, la femme. On rit et on découvre une civilisation aux antipodes de nos us et coutumes. Il souffle sur les racontars de Jørn Riel un grand vent polaire qui nous emporte toujours plus loin!
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La maison de mes pères - Intégrale

Poésie et humour
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La maison de mes pères - Intégrale

Ce roman est comme un souffle d’air frais –voire polaire- qui nous emmène en voyage à la découverte d’un monde inconnu, aux mœurs tellement différentes des nôtres.



- Jorn Riel met en avant la cocasserie des situations et la poésie des personnages qui peuplent le roman : l’arrivée d’un prêtre venu convertir les masses –et accessoirement s’enrichir en peaux- et édifiant bien laborieusement son temple gonflable à la seule force de ses poumons, les attaques inopinées de bêtes sauvages telles que les loups ou les ours, la libéralité des couples qui cherchent seulement à se réchauffer, les hallucinations de Small Johnson quand il est fortement imbibé…



- Les habitants de ce bout du monde chantent avant tout un amour immodéré pour leur paradis sur terre :



« On peut en arriver à penser à la vallée de pavots de la baie de Hume, et au soleil du soir sur le fjord, et aux chiens et aux voyages en traîneaux et à la chasse. On peut penser aux cris des oies quand elles migrent vers l’est et aux cognements du plongeon glacial, et surtout aux premiers bruants des neiges, au printemps. » (p. 315)



Ils sont conscients de la fragilité de leur bonheur, menacé par la civilisation :

« Ca va être de plus en plus dur de garder nos principes. » remarque l’un des personnages. (p. 353)

Le jeune Ago, parti se cultiver à l’étranger, en fera la douloureuse expérience…



- C’est un roman tendre et enchanteur que nous offre Jorn Riel, un auteur qui aime profondément ses personnages, et je ne peux que vous le recommander chaudement…




Lien : http://lecturissime.over-blo..
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La maison de mes pères - Intégrale

J'ai adoré ! J'ai acheté ce livre par hasard car le titre et la couverture me plaisaient. Je n'ai pas été deçue par ces personnages tellement loufoques et attachants, par la découverte d'un monde si éloigné du notre ! J'ai aimé l'humour de cet auteur, les aventures rocambolesques et inattendues de cette famille que se sont constitué une bande d'amis venus de tous bords.

Un veritable voyage, avec pour guides des hommes bourrus mais plein de bienveillance.

Je le recommande vivement !
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La maison de mes pères - Intégrale

J'ai adoré !

Aventures dans le grand nord.

5 hommes vivent ensemble, s'étant rencontrés de façon étonnante à chaque fois. Ils vivent dans le grand nord, dans une maison isolée. Leur quotidien est fait des expéditions de chasse en traineau. Une vieille femme les accompagne, et élève un bébé né de l'union d'une femme, partie avec un autre homme depuis, et de deux pères potentiels (sur les 5 de l'histoire). On suit également l'enfance et le début de l'âge adulte de ce garçon.

Le roman est une suite de petites histoires et d'anecdotes souvent loufoques, très souvent drôles.

L'auteur nous fait voyager dans le grand nord tout en nous arrosant d'eau de vie.

Ce roman est une bouffée d'air très frais, vivifiant !
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La maison de mes pères - Intégrale

Voilà un livre qui fait du bien tout en faisant découvrir le grand Nord, le Groenland ; ça change de la vision de D Vann sur la famille et les relations humaines même s'il nous fait découvrir lui aussi une région nordique grandiose, l'Alaska, et des conditions de vie difficile.

J. Riel lui est positif, gai, on prend la vie par le bon côté et on crée des relations simples mais sincères.

C'est cocasse et agréable !

J'adhère à la phrase d'un lecteur :"un souffle d'air frais".. c’est un roman tendre et enchanteur que nous offre Jorn Riel, un auteur qui aime profondément ses personnages, et je ne peux que vous le recommander chaudement…" 

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La maison de mes pères - Intégrale

Il s'agit du premier tome d'une trilogie, La maison de mes pères, dans lequel un jeune eskimo (NB : pour ceux que comme moi le terme d'eskimo choquerait, je ne fais que reprendre les termes de l'auteur...) raconte des anecdotes qui ont marqué son enfance plutôt atypique.



Tout comme dans La passion secrète de Fjordur, on trouve ici des situations surprenantes, un humour franc et un naturel déconcertant, des personnages variés et attachants, des paysages frigorifiants et des coutumes chaleureuses, bref, un petit délice de bonne humeur et de pitreries en tous genres.
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La maison de mes pères - Intégrale

Dans une petite cabane en plein milieu des glaces du Groenland, vivent cinq chasseurs, cinq braves types un peu paumés, venus chercher au fin fond de nulle part ce qu’ils ne pouvaient pas trouver dans leur Mère Patrie, le Danemark. Il y a Pete, l’homme fort et responsable, Jeobald, le mystique exalté, Samuel, ancien professeur d’université obsédé par la culture inuit, Gibert, le poète et enfin, Small Johnson, ivrogne professionnel arrivé plus ou moins là par hasard. Ils chassent, ils boivent, ils jouent, bref, ils sont heureux mais ils s’ennuient quand même un peu… Un jour, une femme passe – grand événement, quand on sait que dans ces contrées-là, les représentantes de la gente féminine sont presque aussi rares que des élans à trois têtes. Etant de nature généreuse, elle couche sans complexe avec les cinq hommes, tombe enceinte et repart aussi sec, les laissant tous les cinq avec un morveux de quelques mois sur les bras. Et l’histoire commence.



Dans « La maison de mes pères », le jeune Agojaraq raconte son enfance et son adolescence au Groenland, entouré et couvé par ses deux pères et ses trois oncles (les deux pères ayant été élus arbitrairement, personne ne sachant avec certitude de qui le gamin pouvait bien être le rejeton). Il raconte les chasses aux buffles et aux ours blancs, il raconte les hivers glacés et les étés sans fin, il raconte son amour pour sa vieille nourrice inuit Aviaja, les aventures de ses pères, celles de leurs copains tous plus délurés les uns que les autres…



« La maison de mes pères » est le premier récit que j’ai lu de Jørn Riel et il m’a fait un tel effet que celui-ci est entré immédiatement dans le palmarès de mes auteurs préférés. C’est tendre, très bien écrit, bourré d’humour, avec une galerie de personnages aussi touchants qu’hilarants… Le genre de livre que l’on termine avec un grand sourire et une solide recharge optimisme : Si si, je vous jure, il y a encore des choses à sauver dans la nature humaine ! Une vraie bouffée d’air frais que je conseille à tous ceux qui veulent se dépayser et, surtout, rire un bon coup !



Pour parler un peu de l’écrivain, Jørn Riel a passé seize ans au Groenland dans les années 50 avant de commencer sa carrière littéraire. Il en est revenu raide dingue du pays et profondément marqué par ses nombreuses rencontres avec les peuples autochtones. Depuis, il a écrit une vingtaine de romans sur la vie des peuples du Groenland, s’attachant à raconter avec humour le quotidien des inuits, mais surtout celui des trappeurs danois vivant au milieu des glaces, adorable communauté de doux dingues, d’asociaux et de sentimentaux indécrottables (La faute aux grands espaces, ça vous aère tellement la cervelle qu’on en devient un peu bizarre).
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La maison de mes pères - Intégrale

Ce livre fait partie d'une trilogie publiée récemment en un seul tome chez Gaïa. Je n'ai lu pour le moment que le premier tome, sous-titré "Un récit qui donne un beau visage".

Une note de la traductrice en exergue nous apporte quelques lumières sur la signification de ce sous-titre :

""Sâgigsisimârnapok" signifie, dans la langue de ceux qui se nomment eux-mêmes les Hommes, "ce qui vous donne un beau visage". Si un récit est drôle, cela vous fait rire, et si vous riez, cela vous donne un beau visage".

Cette mise-en-bouche est quelque peu inhabituelle. Même si je n'ai pas ri à la lecture de ce tome, je ne peux pas nier avoir ressenti une certaine sérénité, une paix douce et chaleureuse. On sent les silences de la nature calme et paisible, les silences des lieux peu habités, la beauté des paysages froids qui vous paraissent presque vierges, et pourtant en imposent. Vous ne pouvez que garder le silence. Pas celui religieux, mais celui qui vous ramène à votre statut, un simple élément de la nature parmi d'autres.

Les différents textes qui s'enchaînent sont un peu ceux que vous racontent l'enfant, puis adolescent et jeune adulte qui a grandi au Groenland, aux côtés de ses deux pères, de sa mère adoptive eskimo, de ses oncles venus de toute part et qui ont choisi de vivre ensemble dans une maison au pied d'une montagne infranchissable et d'un lac, éloignés de tous. La mère est un sujet vite expédiée. On explore plutôt les hommes qui habitent la maison, enchaînant de courts portraits qui racontent comment chacun s'est rencontré, et croquent ainsi chaque oncle, père, mère adoptive et autres proches qui côtoient l'enfant.

Ce sont de courts moments plaisants et chaleureux à la lecture desquels on se prend à sourire, et qui nous plonge sur cette terre glacée et pourtant bien plus humaine que nos cités surpeuplées où l'on peut se sentir si seul.

À lire, pour se réconcilier avec l'autre.
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La maison de mes pères - Intégrale

Ouvrir ce roman, c'est prendre un billet pour un voyage pittoresque en Arctique, au nord du cercle polaire, en compagnie de cinq hommes rudes mais attachants. Ils vivent ensemble en compagnie de leurs chiens, d'une vieille femme et d'un enfant, souvenir d'un passage féminin dans leur cabane.

Ces hommes ne sont pas des autochtones, ils viennent des quatre coins du monde et se retrouvent réunis par le hasard, liés par une solide amitié. Grands amateurs de gnole et de bonnes histoires, ils nous entraînent à la rencontre de leurs voisins trappeurs et bouilleurs de cru comme eux ou des chasseurs inuits du village d'à côté que Friel appelle "eskimos" (terme tombé en désuétude car considéré comme offensant par les intéressés).

On découvre une communauté solidaire, joyeuse et fort hospitalière dans laquelle on se laisse entraîner sans peine. Suivre les aventures de cette galerie de personnages atypiques et un peu fous a de quoi dégeler les humeurs les plus moroses.



Cette édition réunit Un récit qui donne un beau visage , Le piège à renards du seigneur et La fête du premier de tout qui avaient tout d'abord été publiés séparément. Il me plus semble intéressant de découvrir l'ensemble d'un coup car prises une par une ces histoires ne paraissent pas suffisamment consistantes pour satisfaire l'appétit d'un lecteur avide, lui aussi, de bonnes histoires. Je me suis franchement amusée à les lire et malgré le nombre de pages (486), je n'ai jamais ressenti la moindre lassitude. Je vous le recommande chaudement !
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La maison de mes pères - Intégrale

Voilà, on vient de rentrer de ce long voyage dans les paysages du Grand Nord, on a déchaussé ses kamiks, quitté sa chaude (mais peu sexy !) culotte en peau de phoque et son bel anorak en ours blanc. On a encore les doigts engourdis de froid, le nez empli des odeurs des lampes à graisse, la tête un peu engourdie par quelques derniers verres de Sam-su ! Mais on est de retour...



Vous l'aurez compris, ce roman est une immersion dans le froid polaire et les paysages sauvages et vierges du Grand Nord, mais également dans le mode de vie, le quotidien de ces habitants qui affrontent des conditions et des situations extrêmes, avec un flegme et un naturel aussi déroutants qu'attendrissants ! J'ai vraiment aimé me perdre dans les pages de Jørn RIEL, voir grandir Ago, jeune eskimo laissé par sa mère aux bons soins de ses pères et de ses oncles, puis d'Aviaja, sa vieille et tendre nourrice eskimo. Les hommes de la maison sont autant de personnages, atypiques, hauts en couleurs, attachants, venus d'ailleurs et qui se sont finalement trouvés dans ces grands espaces polaires.



J'ai lu ce roman avec cette même langueur qui entoure le quotidien des Eskimos, rythmé par les saisons, les gestes simples mais essentiels pour maintenir la vie, la chaleur, le foyer, ... Ce roman nous relate des hommes et des femmes, des caractères, des tranches de vie, simples et tendres, avec une écriture agréable, une philosophie débonnaire et un humour vraiment savoureux ! Je crois d'ailleurs qu'un sourire amusé n'a pas quitté mes lèvres durant toute ma lecture ! Un roman drôle et dépaysant, peut-être parfois un peu lent mais qui me laissera un doux et beau souvenir.
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La maison de mes pères - Intégrale

Un bonheur, une plénitude, un voyage, un ailleurs.

Une plume savoureuse, gastronomique, souvent fine, parfois un peu salée, acidulée, épicée, succulente. Inoubliable.

Des personnages (sans doute réels) truculents, courageux, braves, philosophes, généreux, car vivre et survivre dans ce Grand Nord demande un sens du collectif et un sens du respect de la vie d'autrui très très supérieur à ce que l'on peut imaginer.

Ils sont bourrés de qualités, ils sont bourrés de défauts (au regard de nos critères socio-culturels actuels) et ils sont parfois pour quelques-uns bourrés tout court.

L'auteur nous les rend pourtant fragiles quelque part, fragiles devant la mort, fragiles devant un enfant, mais implacables face à l'ennemi envahissant qui veut les convertir à une autre religion soit à un autre mode de vie (c'est la lectrice que je suis qui extrapole).

L'humour est permanent comme il l'est chez les Eskimos (les héros de ce livre) (et pourtant, il ne faut plus utiliser ce terme, péjoratif, on parlera de peuple Inuit).

A chaque page de ce livre, un grand éclat de rire (comme les Inuits aiment rire de tout).

J'ai passé beaucoup de temps à la lecture de ce livre, car je le savoure, je relis au fur et à mesure, je m'accorde des pauses, pour sentir encore, pour voir encore, pour trouver derrière l'arc-en-ciel, d'autres couleurs du bonheur.

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La maison des célibataires

Petite nouvelle rafraichissante tout droit venu du lointain Groenland !

Dans cette histoires, quatre copains célibataires décident de tout faire pour ne pas être séparé et placé en maison de retraite le moment venu. Ils vont jusqu'à envisager un mariage arrangé ou bien manipuler l'administrateur pour être sur de pas avoir à quitter leur maison.

Très bien écrit et finement menée.
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La maison des célibataires

J'ai vraiment beaucoup aimé ce petit livre. Il est drôle, plein de fantaisie, divertissant. C'est un réel plaisir.

Les cinq acolytes célibataires, en apparence désœuvrés, sont plein d'imagination, de ressort et d'humour lorsqu'il s'agit de prendre en main leur avenir.

Mon seul reproche : ce livre est trop court !!! J'aurai bien prolongé le plaisir… Il ne me reste plus qu'à lire d'autre bouquin de cet auteur.





Merci à Betty, qui m'a offert ce livre dans le cadre du swap "littérature scandinave". Tu viens de faire une heureuse. En plus tu m'as permis de découvrir Jorn Riel et c'est une très bonne chose.



Je commence mon année lecture en beauté…
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La maison des célibataires

Dans la série des racontars arctiques.

Alors voilà, je vais rédiger ma chronique de la manière dont Jorn Riel intitule les chapitres de ce petit bouquin.



Où l’on est transporté dans le fjord d’Amélie au Groenland auprès de cinq célibataires qui ont investi l’ancienne batisse de la mission.



Où l’on se rend compte que si l’un d’entre eux, Kernatoq se met à prendre un bain, c’est qu’il y a anguille sous roche et même baleine sous caillou.



Où l’on comprend que la réputation de la veuve Bandita, éleveuse de moutons n’est pas surfaite, elle qui a tué son mari un soir de fugue et dont les biceps ont paraît-il une force prodigieuse.



Où l’on comprend la motivation de Kenatorq pour épouser la veuve Bandita et celle de ses acolytes pour l’en empêcher.



Comme nous le dit l’auteur à la fin : « Un racontar, c'est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge. A moins que ce ne soit l'inverse ? ».



Un bon moment de lecture, un peu bref mais très rafraichissant en ces temps de canicule.



Challenge Multi-Défis 2023.

Challenge Riquiqui 2023.
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La maison des célibataires

Avec le temps qui se rafraîchit rien de mieux qu'un petit Jorn Riel pour se payer une bonne tranche de rigolade !



Ils sont cinq, ils se nomment : Moses, Kernatoq, Joseph et Abraham (des jumeaux) et Kodak. Ils habitent (ou plutôt squattent depuis des années) la maison des célibataires, sur la colline à Sardloq. Nos cinq célibataires se distinguent par leur capacité à ne rien faire, tout du moins, pour quatre d'entre eux, Kernatoq, grâce à son emploi stable sur le bateau à charbon de la colonie, gagne suffisamment bien sa vie pour subvenir aux besoins de tout le monde. Les cinq copains aiment de temps en temps mettre leur cotre, le Sans Souci, à l'eau et partir pêcher, boire quelques bières et de l'eau-de-vie. Mais un jour, une question se pose : comment assurer leurs vieux jours ? C'est Kernatoq, le cadet, qui trouvera la solution, pour cela il lui faut épouser la terrible et riche veuve Bandita. Mais avec elle, pas sur que nos joyeux compagnons atteignent l'âge de la retraite...



On retrouve dans ce petit livre (70 pages), les ingrédients qui ont conduit le Danois et ses racontars vers le succès. Une histoire pleine d'humour et de franche camaraderie qui fait sourire.
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La maison des célibataires

Une courte histoire à donner ou redonner le sourire en se régalant des aventures de ces cinq célibataires groenlandais qui ne sont pas avares de coups tordus pour arriver à leurs fins malgré leur légendaire paresse.



Humour, amitié à toute épreuve et alcool à foison sur fond de paysages groenlandais sont les ingrédients de ce racontar tel qu'aime à les écrire Jorn Riel.



Installés dans une ancienne maison de missionnaire abandonnée, dans la petite ville de Sardloq, ces cinq hommes vivent d'amitié et de bière sans se soucier du temps qui passe jusqu'au jour où l'un deux, Kernatoq, le plus jeune et le pourvoyeur d'argent, décide de se marier pour assurer leurs vieux jours. Son choix qu'il pense malin se pose sur Bandita Eliassen, une riche veuve au franc parler et à la main leste. Peu convaincus par le bonheur futur de leur ami, les quatre amis vont élaborer un plan pour lui éviter cette union.



La solution brillante se révèle à l'image de leur façon de vivre et ils n'hésitent pas à employer les grands moyens même les plus loufoques pour sauver leur ami. Les faits sont parfois un peu trop grossis mais l'écriture simple et les chapitres courts donnent tout son envol au récit et ne lassent pas le lecteur au premier abord.



Un petit régal à lire avant les fêtes de fin d'année! J'aime beaucoup la couverture avec l'ours et son grog.
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