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Citations de José Alvarez (33)


Ces hommes étaient sans scrupules. De faux dévots protégés par leur bonne conscience. Ils avaient traqué Lorca, l'avaient jeté en prison. Ils l'avaient exécuté près de la Fuente Grande d 'Alfacar. Leurs mains étaient souillées du sang d'homosexuels mis à mort parce qu'ils étaient différents. En cachette, tous devaient s'amuser de la plaisanterie obscène de l'un de ses tortionnaires : "Nous venons de tuer Federico Garcia Lorca. Je lui ai mis deux balles dans le cul parce qu'il était pédé". (...) Et pourtant... L'Espagne était loin d'en avoir fini avec le machisme homophobe. On l'a oublié, mais en 1998, lors du centenaire de la naissance de Lorca, le sinistre José Cela - pourtant adoubé Prix Nobel de littérature en 1989 - se déchaîna, une fois encore contre le poète : rien d'autre rien de plus qu'un "foutre au cul". Imbécillité inouïe du conformisme sexuel qui perdure encore.
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extrait du discours de Miguel de Unamuno le 12/10/1936 à l'université de Salamanque
"Vaincre n'est pas convaincre, or il faut convaincre, surtout, et la haine qui ne laisse aucune place à la compassion ne peut convaincre. (...)
Vous vaincrez car vous avez la force brutale, mais vous ne convaincrez pas, parce que pour convaincre il faut persuader. Or, pour persuader, il faut avoir ce qui vous manque : la raison et le droit. Il me semble inutile de vous exhorter à penser à l'Espagne."

Après cette violente critique de la rébellion militaire contre le gouvernement
légal républicain, le philosophe avait été conspué et menacé de mort (...)
Le 22 octobre, Franco signa lui-même le décret de destitution d'Unamuno en tant que recteur de l'université de Salamanque (...) Miguel de unamuno s'éteignit deux mois plus tard.
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Partout sur la terre d'Espagne des centaines de blessés agonisaient, laissés ici ou là sans soins, telles des bêtes, croupissant dans une boue immonde qui pénétrait leur chair et leurs os, souffrant du choléra, infestés de poux et de vermine, jusqu'à une mort certaine. Et, toujours ou presque avant que les Brigades internationales ne parviennent à leur porter secours. Sur les lieux des carnages, elles étaient souvent précédées par des intellectuels et des photographes soucieux de témoigner de l'horreur aux yeux du monde. Beaucoup prirent part à l'action sur le front espagnol comme le poètes et romancier Stephen Spender, Henri Cartier-Bresson, ou Robert Capa.
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Le clergé, sans hésiter, avait choisi son camp. Celui de la force et de la barbarie, reniant ainsi sans trop de remords la charité et l'humanité du Dieu fait homme. C'est qu'en Espagne, comme d'ailleurs dans de nombreux autres pays, son seul et unique souci avait été de conserver biens et privilèges. Qu'importaient les pauvres, les miséreux et les exclus ? L'alliance du christianisme et du fascisme allait désormais de soi, c'était une évidence pour tout espagnol.
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Les valeurs justement. Qu'en restait-il lorsqu'on apprit que, profitant du chaos général et afin de protéger la "pureté de la race", "d'anéantir le virus communiste" et "d'éradiquer le gène marxiste", tous propos éminemment issus de l'idéologie fasciste, le vol d'enfants avait été mis en place, tel un commerce ? Et, pis encore, avec la complicité de médecins et de religieuses, soit de ceux desquels on pouvait attendre une vertu irréprochable.
Le mal était partout, contaminait la société espagnole comme un virus se propageant d'un organisme à l'autre.
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On ne se comporte pas de la même façon devant l’objectif d’Helmut Newton. On donne plus de soi-même. En tout cas, on essaie d’être un autre, de se surpasser dans l’espoir de mieux capter l’attention du maître.
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La soif du sang était la plus forte, la théâtralisation sadique de la mort drainait les foules avides. La masse en furie ne révèle-t-elle pas toujours le pire de l'humanité ?
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L’axiome de Jean Cocteau « Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité » pourrait être une assez bonne définition de l’époque dans laquelle se déploiera l’Art Déco de 1919 jusqu’à l’exposition internationale des arts et techniques en 1937. Certains spécialistes toutefois, tel Felix Marcilhac, la situe entre 1919 et 1929, dates qui nous semblent personnellement plus justes et période communément admise aujourd’hui en ce qui concerne l’Art Déco, autant une mode qu’un style ou un mouvement artistique, autour duquel s’agrège nombre de créateurs issus de disciplines aussi diverses que celles de meubliers, décorateurs, illustrateurs, peintres, sculpteurs, architectes…et qui partagent tous un même désir de modernité.

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Subitement, la salle se tut. Surgi du noir, le maître des lieux, Pepe
Marchena, s’assit devant son pupitre, génie démoniaque dominant sa voix
tel un taureau fougueux. Un duende dévastateur s’éleva, complice du vent
du désert. Un miracle. Enfin, sous le regard des spectateurs encore envoûtés
par l’écho de sa voix, il présenta une inconnue : « Carmen Amaya, si jeune
et si frêle, et qui déjà possède un duende, un embrujo exceptionnel. » Inès,
totalement sous le charme, se sentit cette nuit-là partir loin, très loin, du
cauchemar de la guerre.
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« Comblé par ses expériences photographiques, Helmut n’en demeure pas moins attentif à la situation politique ainsi qu’aux tourments vécus par sa famille. La haine à l’égard des juifs, les injures proférées à leur endroit l’inquiètent davantage qu’elles ne le bouleversent. Le fossé qui s’est creusé entre les deux communautés est incommensurable. Ces hommes et ces femmes humiliés, révoltés ou résignés, s’ils en réchappent, ne cesseront jamais de crier leur indignation. Le mal est fait, ainsi que l’inventaire des horreurs qui traversent le monde. On ne meurt pas par hasard. » (p. 41&42)
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« Helmut rencontre le succès sans rien renier de ses ambitions. Son travail est d’un érotisme qui flirte avec la perversité, de quoi choquer les âmes bien-pensantes et faire trembler les rédactrices de mode prises à leur propre jeu, entre crainte et séduction. Ses clichés sont fréquemment refusés mais qu’à cela ne tienne, il récidive de plus belle tout en étant conscient que ses photos sont osées, très osées même au regard de ce qui est publié voire couramment admis par les annonceurs et les lecteurs. Mais les faits sont têtus. Helmut n’a-t-il pas toujours prôné la liberté absolue dans son travail, ne jamais transiger, ne jamais se soumettre à une vision consensuelle ? Un créateur ne doit pas se laisser dicter sa conduite. Avec le soutien de June, il est prêt à affronter la vie comme on prend possession d’un empire sur lequel on ambitionne de régner. L’important, c’est de trouver son style, inventer un monde singulier, le sien, sans concessions et sans se soucier du jugement d’autrui, en l’occurrence une bourgeoisie encore repliée sur ses vieilles valeurs, alors que la plupart des lectrices et des amateurs se reconnaissent déjà dans son travail, une majorité stimulée par la vision d’une femme affranchie, maîtresse d’elle-même. Un créateur moquant dans ses photographies en noir et blanc les fantasmes masculins. » (p. 180)
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« Le travail d’Helmut Newton sur le corps, celui de la femme dans toute son acception devenu sa problématique artistique, au même titre que le fait divers chez Weegee, la nature morte chez Weston ou le reportage chez Cartier-Bresson, s’est imposé, faisant de lui l’un des grands explorateurs des mythologies refoulées de notre époque et dont certains clichés ont accédé au statut d’icônes du XXe siècle. » (p. 368)
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A sept ans, âge auquel les enfants sont effrayés par les courses de taureaux, je suppliais mes oncles de m’emmener aux corridas. Ni la charge des picadors ni la mise à mort ne me faisaient baisser les yeux. Alors que mes camarades édifiaient des châteaux de sable sur la plage, j’impressionnais les adultes par ma maîtrise de la tauromachie.
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Dans notre union, quelque chose nous dépassait que nous peinions à cerner, échappant à l’analyse, quelque chose charrié par le passé, extérieur à nous-mêmes. Ce dont nous étions certains cependant, ce à quoi nous nous accrochions, c’était, plus forte que tout, une confiance mutuelle, absolue. Un serment, un lien indestructible, une parole qui serait toujours honorée. Nous nous appartenions l’un l’autre au-delà de la mort. Un miracle.
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Tu es pour moi une petite sœur incestueuse. Notre amour a toujours été dicté par l’appétit. Un mot terrible, certes, mais exact. Une faim insatiable, pleine de fougue, alimentée par le désir de proies à dévorer. Bien moins un plaisir qu’une fringale, une nécessité à satisfaire. Le sexe est une modalité de la faim. C’est pourquoi certaines espèces dévorent leur conjoint, le mâle qui les féconde.
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Le seul moyen de retrouver ce que j’avais perdu et qui m’empêchait de dormir était de me perdre moi-même. Mon sexe, mes excès n’étaient plus reliés qu’à ma conscience malheureuse. Prenant la forme de l’expiation, le plaisir me projetait dans une vacuité qui m’interdisait de fixer toute pensée sur autre chose que le stupre. Je n’étais plus parjure, mais victime. Une victime immergée dans une solitude tragicomique, enfermée dans la geôle de ses débordements. Mes excès nourrissaient mon humiliation.
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C’est bien connu, l’amour est fait pour punir ceux qui aiment.
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« J’ai trop aimé d’individus, souvent en vain. Ce qui mérite réellement d’être vécu ne s’adresse qu’à une personne, une seule. »
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On ne peut se représenter l’agrément d’une chose à laquelle on n’a pas goûté et je conserve, indélébile, le souvenir de cette rencontre qui me mit au supplice, possédé d’une ivresse d’eux – d’une haine d’eux, pourrais-je dire aussi. Une rencontre, n’est-ce pas une énigme qui nous projette vers un espace mystérieux que nous ne déchiffrerons qu’en y affrontant nos interrogations ?
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J’observais le soulèvement populaire avec passion, sans y prendre part. En y repensant aujourd’hui, je songe à ce que sont devenus nombre de militants de l’époque – souvent les plus enragés –, rattrapés par la convention la plus improductive, la plus petite-bourgeoise, ou vautrés dans le lucre, ayant abdiqué tout honneur – hoquetant des prises de position forcément nobles quand elles servent leurs intérêts – et toute dignité. La contestation a engendré des saints ! A croire que la rédemption est la conséquence de l’opposition. Grinçante parodie de l’humanité, d’une foi qui prétend bénéficier du monopole de la vérité. Nombreux hélas ! sont ces renégats. Un seul des combattants de la première heure conserve aujourd’hui toute mon estime.
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