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EAN : 9782277214397
155 pages
J'ai lu (26/02/2001)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Dans son alcôve de satin fraise - la couleur même de ses lèvres gourmandes –, la marquise de Loria rêve en attendant la fin de son deuil... Noblesse madrilène oblige ! Au vrai, elle n'a guère pleuré celui qui fut, brièvement, un époux aimable mais fort en-deçà de son attente.
Qu'importe ! Elle est jolie, riche, elle a toute la vie devant elle pour bien faire les choses.
Et les choses iront très vite tant l'appétit de la marquise est impérieux. Les aman... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai tout de même attendu qu'elle soit veuve avant de l'approcher pour la première fois.
Elle s'appelait Blanca Arias, elle était née à Managua au Nicaragua. Elle rêvait d'amours tropicales. Dit comme cela on croirait les premiers tempos d'une chanson de Bernard Lavilliers.
Elle avait été élevée dans un collège de bonnes soeurs, mais je ne lui en veux pas. La vie, la vraie vie, c'est plus tard sur le vieux continent qu'elle l'apprendra, une fois qu'elle deviendra veuve...
Fille d'un diplomate latino-américain, c'est à Madrid dans les années vingt qu'elle devint une toute jeune marquise d'à peine vingt ans. Elle est ingénue lorsqu'elle aborde le mariage et cinq mois plus tard, elle l'est presque tout autant, certes riche mais il lui semble que certains de ses appétits éveillés au collège des bonnes soeurs soient demeurés inassouvis durant ces quelques mois conjugaux.
Le jeune marquis Paquito Loria, du même âge qu'elle, bien qu'un facétieux amant avant le mariage se révéla être un pitoyable et inexpérimenté époux, malheureux de ses épuisements qui lui faisaient rendre les armes juste avant l'assaut final. Ici, l'aristocratie n'avait d'allure que dans le titre !
La mort du jeune marquis fut aussi ridicule que l'enthousiasme de ses élans amoureux : il mourut d'une diphtérie après un coup de froid sous la pluie alors qu'il se rendait à une soirée déguisée où il avait eu l'idée géniale de vouloir ressembler au personnage d'Icare ; sur ses épaules fragiles, de piètres ailes fondaient comme neige au soleil tandis qu'il rendait l'âme.
Oh, elle pleura, enfin je pense, enfin je ne me rappelle plus... L'aristocratie est faite d'attentions, il y a toujours de dévoués chevaliers castillans pour prendre sous leurs ailes protectrices une jeune veuve éplorée, même si celle-ci vient d'apprendre du notaire quelques bonnes nouvelles qui l'écarteront à jamais des soucis du quotidien. Tout piètre mari au lit, le jeune marquis n'en était pas pour autant ingrat à l'égard de son épouse...
Avant son mariage elle était une petite fille, ces cinq mois conjugaux laborieux en firent une femme, une marquise riche et un corps empli de désirs, c'est-à-dire un voyage en partance...
Elle a quelques appétits qu'elle tâche pour l'instant d'assouvir dans sa solitude inspiratrice, peut-être apprise au collège des bonnes soeurs de Managua et puis il faut respecter le temps du deuil. Cependant, dans les châteaux en Espagne, il y a des lieux secrets, des alcôves et des hommes dévoués et généreux, y compris dans la belle-famille.
Les jeux de l'amour deviennent alors les territoires d'une joie insoupçonnée pour Blanca... J'ai aimé voyager dans ces très beaux paysages...
Dans les pages qui suivent, José Donoso semble nous entraîner dans un roman érotique et il a un talent incroyable pour le faire, évitant habilement les poncifs du genre. Oui, Donoso, je sais bien que la consonance de ce nom vous fait sourire à l'évocation du thème de ce roman et pourrait susciter une malheureuse confusion avec une variété de singes réputés pour leur altruisme. Que nenni ! Ce livre au charme suranné est bien autre chose qu'un récit érotique...
Et puis il y a cette rencontre haut en couleurs avec ce peintre qui amène son coeur au bord de l'abîme...
J'ai été ébloui par l'écriture somptueuse de cet écrivain chilien que je découvre ici. J'ai reconnu ici le style jubilatoire qui fait la marque des auteurs et des romans d'Amérique latine.
Des pages sensuelles se sont alors ouvertes, se sont délivrées sous mes yeux et mes doigts affolés pour mon plus grand émoi. Il n'est pas facile de lire un livre aux phrases libertines tendues de désir qui glissent comme de la soie sur la peau : d'une main tenir le livre tandis que de l'autre main, la dextre, l'adroite, l'agile main, cette main qui parfois hésite, cette main qui parfois s'égare, comment dire, oui je l'avoue, celle aussi qui s'empare du petit carnet indispensable pour noter quelques pépites comme des gourmandises à la fois polissonnes et raffinées... Lire à deux mains, quel plaisir !
C'est un peu comme le corps de Blanca qui se découvre une mélodie en sous-sol, c'est comme un apprentissage inspirant, l'amour devient un art tandis que les mots vont et viennent jusqu'à atteindre pour Blanca une dimension parfaite de ce qui pourrait ressembler à l'infini... Son corps devient un instrument de musique sous les caresses de musiciens talentueux, et nous, spectateurs attendris, somme ravis et émus d'être invités à cette complicité musicale. C'est juste très beau...
Mais peut-être que derrière ce roman baroque aux allures libertines, se cache autre chose, un mystère, tandis qu'un chien gris aux yeux étranges deviendra un des personnages principaux de ce roman inclassable...
Je me suis alors demandé si, dans cette joie frénétique et insatiable, la jeune et belle marquise était heureuse ?
J'ai attendu qu'elle soit veuve avant de l'approcher, mais je n'étais qu'un pauvre roturier... Et quand tous les aristocrates madrilènes se sont éloignés d'elle et que je pus enfin revenir dans ses pas, elle venait de disparaître dans l'envers du décor et je la cherche encore...
Dans ce frôlement au bord du fantastique, c'est une fin déconcertante que n'aurait pas désavouée David Lynch...
Un roman étonnant, empli de sensualité, de poésie et d'étrangeté...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le mariage, au sens le plus strict, fut une cruelle désillusion pour Blanca : tout ce qui était jeu, attouchements, lèvres, rires, chatouilles, caresses se révéla magnifique par l'imagination et l'audace, puisque Paquito n'acceptait pas de limites à la jouissance tant qu'il s'agissait de la formuler en termes de batifolage pervers. Mais nuit après nuit, longues et silencieuses nuits, dans la grande chambre à coucher en satin qu'ils occupaient à la villa depuis que Casilda s'était installée ailleurs lors du mariage de son fils, le jeune marquis retombait, vaincu, au moment où son ardeur était sur le point de rassasier son appétit : c'était, hélas ! comme si toute cette dureté de fer de Paquito fondait juste au sommet du désir, humectant seulement l'extérieur de l'admirable fleur de chair que Blanca lui offrait si naturellement.
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Tout en parlant, le petit marquis portait les doigts de sa main gauche à son nez, il les humait en regardant Blanca du coin de l'œil. Celle-ci, consciente de ce qu'il faisait, s'efforçait de contenir son rire : elle lui permettait seulement d'affleurer à ses joues sous forme de charmantes fossettes. Casilda, irritée de voir ce que faisait son fils, le gronda :
- Cesse de tripoter ton nez en présence de tes amis. On ne dirait pas que tu as vingt ans, tu as gardé des habitudes de collégiens.....
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Sur la terrasse, près des ramages,
on dirait un trémolo de lyres
si, caressant leurs soyeux plumages,
dressés, les blancs magnolias s'étirent.

La marquise Eulalia, toute miel,
cueille les faveurs de deux rivaux :
le blond vicomte friand de duels
et le jeune abbé des madrigaux...
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