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Critiques de José Falero (32)
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Supermarché

Deux jeunes des favélas de Porto Alegre travaillent comme rayonnistes dans un supermarché. Pedro vit dans la misère avec sa daronne, Marques de même mais avec une épouse, un gamin en bas âge et un en route.

Pedro , lecteur vorace , aime «  naviguer sur l'âme des autres ». Ayant lu quelques bricoles de Marx il prêche ses présumées théories sur le travail , à Marques. Ce dernier en admiration devant ces prêches se laisse convaincre à devenir riche par tous les moyens ! Les voici embarqués dans la quête du fric dont le chemin le plus court passe par la drogue. Pour le caillou et la poudre ayant l'obligation d'intégrer un gang , ils choisissent de vendre de l'herbe pour pouvoir travailler en solo , tranquille ! Mais en sera-t-il vraiment le cas ? Surtout que les deux compères ne partagent pas au départ la même éthique du gain 😊! de rayonniste à l'homme de l'herbe , un présent meilleur que le passé ? Un avenir meilleur que le présent ? Je vous laisse découvrir l'histoire jubilatoire des deux compères & Cie….



Une satire grinçante de l'injustice et inégalités sociales et économiques au Brésil , balloté entre socialisme débridé et fascisme barbare,aux mains de politiciens enfoirés, corrompus jusqu'à la moelle. L'histoire se passe en 2009 à l'époque de la présidence de LuLa, qui condamné par la suite en 2017 à 9 ans et demi de prison pour blanchiment d'argent et corruption et sorti de prison après 1 an et demi se représente actuellement à l'élection présidentielle avec de fortes chances de gagner suite à l'autre enfoiré de Bolsanero . Apparemment le Brésil est en grand manque de politiciens correctes et malheureusement l'egalité sociale et économique n’est pas pour demain. L'auteur lui-même issu des favélas , parlant d'un coursier d'un baron de la drogue exprime son amertume dans ces termes ,”Il était heureux et satisfait de sa vie : sa dignité et son estime de soi atteignaient des niveaux que le travailleur honnête ne connaît malheureusement pas au Brésil.”



J'ai beaucoup aimé cette contre-histoire où les personnages essaient d'acheter leurs libertés et leurs dignités à travers la délinquance, et ont l'air tellement humains, inoffensifs. J'ai adoré les théories, la logique et autres plans et calculs de Pedro et les réactions de Marques à ceux-ci, «  Il trouvait effarante la capacité de son ami à exposer une aberration pour, dans la foulée, la façonner, la positionner, l'orienter sous l'angle exact qu'il fallait pour qu'elle ne ressemble plus du tout à une aberration mais à un aspect banal de la réalité ». J'ai compati avec ces habitants des favélas , qui viennent au monde absolument invisibles, qui y habitent absolument invisibles et qui en disparaissent absolument invisibles !

Sous le masque de l'humour une histoire au fond tragique , un brillant premier roman !



« Certaines choses n'arrivent qu'au Brésil, et l'inventivité du peuple brésilien aura toujours de quoi surprendre….. Dans ce cirque, néanmoins, la prétendue magie ne vire pas toujours à la farce : il arrive que le truc marche réellement. »



Merci infiniment aux Éditions Métailié et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre charmant.

#supermarché #NetGalleyFrance !
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Supermarché

°°° Rentrée littéraire 2022 # 23 °°°



« J'ai déjà passé trop de temps dans ce dilemme à la con de devoir choisir entre être bandit et être esclave. J'ai déjà ramé trop de temps à contre-courant. Basta ! C'est le moment de kiffer un peu les bonnes choses, moi aussi je suis un enfant de Dieu. »



Comment survivre et sortir de la misère quand on vit dans une favela, qu'on aime lire Marx et qu'on n'a plus rien à perdre ? Pedro et Marques, habitants des favelas du Sud de Porto Alegre, sont rayonnistes dans un supermarché. Ils veulent devenir riches, à tout prix. Alors se lancent dans un trafic de marijuana, histoire de briser définitivement le cycle de pauvreté à laquelle leur famille est condamné en respectant la loi. Pedro a lu tout Marx dans les trains bondés qui le mène chaque jour de sa favela jusqu'au taf et vice versa. Oo la lecture comme porte d'entrée à la non-aliénation par le travail.



Dès les premières pages, on sent qu'on va passer un bon moment en compagnie de ce duo à la Don Quichotte / Sancho Pancha. José Falero a l'art des dialogues, vifs, drôles, bavards comme dans un Tarantino, notamment grâce au formidable personnage qu'est Pedro : cultivé et éloquent, il a mis au point toute une rhétorique pour expliquer son plan à ses comparses à coup d'explications très didactiques actualisant le concept marxiste de lutte des classes dont il est fan, sous le regard admiratif de Marques qui voit sa propre révolte intérieure ainsi fabuleusement décrites. On se marre encore plus lorsqu'il applique les théories communistes au fonctionnement de sa start-up de deal.



José Falero, né dans les favelas, une trajectoire d'écrivain particulière puisqu'il a arrêté l'école à quatorze ans, sait de quoi il parle. Tout sonne juste mais sans les clichés même si la violence, les gangs et la drogue sont des curseurs stéréotypés des favelas. Derrière la fantaisie des dialogues et du plan pour s'enrichir, c'est toute la violence sociale du Brésil qui est surgit, avec ses inégalités abyssales qui voient des travailleurs pauvres éternellement assujettis et désespérés de voir toute possibilité d'amélioration honnête leur être interdite.



Non, nous dit Falero, au Brésil, on ne peut devenir riche sans commettre un crime ou gagner au loto. Et ça fait du bien de lire un bouquin avec du fond, drôle et provocateur pour parler du Brésil contemporain, sans langue de bois ni moralisation lourdingue. Vraiment très réussi !



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Supermarché

Bandit ou esclave ?



Dans une favela près de Porto Alegre, Pedro a choisi la voie de la légalité en travaillant dans un supermarché. Son travail sous-payé le raméne à une condition d'exploité. Esclave, il décide d'emprunter le chemin du banditisme mais en appliquant les principes marxistes...



Une incroyable odyssée tout autant politique qu'attachante pour les personnages décalés, mais qui gardent les pieds fermement arrimés sur terre, qui peuplent ce roman hors-norme.



Un bémol toutefois sur la traduction assez étrange : l'action se passe en 2009 et l'on trouve à foison des expressions très (trop) actuelles comme "genre" ou "en vrai", et d'autres complètement désuétes pour l'époque comme "vieille branche". Pour "genre" j'ai un petit doute, mais "en vrai" personne ne disait ça il y 13 ans...

Ça ne gâche tout de même pas trop le plaisir de lecture de ce roman déjanté et jubilatoire !
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Supermarché

A Porto Allegre, il n’est pas si simple de s’accommoder des maigres revenus issus d’un emploi de magasinier dans un supermarché. Lorsque Marques est embauché, Pedro lui explique le fonctionnement, officiel mais aussi officieux et lui démontre dans une diatribe haute en couleurs, que tout ce qui est au patron est aussi à lui et que le vol n’en est pas un !

Malgré ces petits arrangements, tout de même un peu risqués, la pauvreté les accable. Mais Pedro a un plan ….



Des histoires de dealers dans les quartiers défavorisés, on en a tous déjà lues. Mais ce qui manquait pour leur donner du piment, c’était Pedro ! L’extraordinaire as de la dialectique, capable d’éviter la guerre entre deux gangs, d’expliquer la vie, l’amour et tout le reste à ses interlocuteurs qui n’ont plus qu’à acquiescer, abasourdis par sa logique implacable. Et tout cela avec un calme olympien, une totale maîtrise du raisonnement.



Et c’est ce qui confère toute son originalité à ce roman brésilien, magnifiquement traduit, on s’y croirait !



L’action n’a pas été oubliée, certaines pages se lisent avec angoisse et crainte pour la bande de Pedro. Les méchants de ce milieu sont des vrais méchants solidement armés.



Truculence des dialogues et intrigue tout à fait plausible et bien construite font de ce roman un excellent roman noir.



304 pages Métailié 26 Août 2022

Traduction (Brésilien) Hubert Tézenas

#Supermarché #NetGalleyFrance


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Supermarché

A Porto Alegre, Pedro et Marques, deux jeunes hommes issus des favelas, travaillent comme rayonnistes dans un supermarché. Pedro vit avec sa mère, et Marques avec femme et enfant (plus un deuxième en route), dans des bicoques délabrées. Leur travail sous-payé ne permet pas à ces esclaves post-modernes d'espérer autre chose que de gagner tout juste de quoi se nourrir.

Mais Pedro a un plan pour sortir de cette pauvreté crasse qui lui colle à l'avenir. Imprégné de ses lectures autodidactes (dans le bus à l'heure de pointe) de Marx et consorts, il n'est que trop conscient de sa condition d'exploité, et rêve d'argent et de train de vie confortable. A force de rhétorique et de raisonnements acrobatiques mais imparables, Pedro parvient à convaincre Marques d'embarquer dans son projet, qui au final s'avère aussi amoral qu'efficace. Jusqu'à un certain point. Jusqu'à ce que la rentabilité de leur petit bizness suscite la convoitise de gangsters d'un autre calibre.



« supermarché » est un roman truculent et plein d'humour, mais qui fait cependant rire jaune, parce qu'il projette une lumière crue et impitoyable sur la misère et la violence des favelas brésiliennes, et plus largement sur les inégalités sociales et économiques et la corruption endémique dans ce pays dit « émergent ». Un pays dans lequel les travailleurs honnêtes n'arrivent pas à s'enrichir, ni même à vivre décemment : « il [un livreur de drogue] était heureux et satisfait de sa vie : sa dignité et son estime de soi atteignaient des niveaux que le travailleur honnête ne connaît malheureusement pas au Brésil ».

José Falero, lui-même issu d'une favela, sait de quoi il parle, et il le fait rudement bien, avec un art consommé du dialogue, des personnages attachants, une intrigue bien construite et qui entretient un certain suspense. Jubilatoire et dramatique, « supermarché » est un premier roman remarquable.



En partenariat avec les Editions Métailié.

#supermarché
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Supermarché

Imagine un supermarché, aux abords des favelas. Dedans, deux rayonnistes qui triment toute la journée. Pourquoi ? Pour un salaire de misérables. A la fin du mois comme à la fin de la journée, ils n'ont même pas assez pour vivre normalement. Je ne te parle pas encore de richesse, juste de décence. Simplement vivre en fonction du travail fourni. Pedro, alias le Marx de Porto Alegre, a une idée bien précise de ce que doit être le travail, surtout son égalité autant des tâches que des gains. Il y a les bourgeois d'un côté, les pauvres de l'autre. Mais si tu réfléchis bien, le bourgeois ne veut devenir qu'encore plus bourgeois, et le pauvre ne rêve que de devenir un jour bourgeois et écraser ainsi à son tour les pauvres de son argent et de son pouvoir. Mais pas Pedro. L'égalité, avant tout. Y compris dans le partage des profits. Salauds de bourgeois. Salauds de pauvres !



A partir d'un discours à la Karl Marx, Pedro et Marques vont se mettre à la vente de la Weeds. Un peu à l'image d'un Walter White et d'un Jesse Pinkman dans Breaking Bad. Vendre juste ce qu'il faut, pour gagner un peu plus, en travaillant un peu plus. Le travail à son juste salaire. Et parce que le marché est là, j'ai étudié le marketing de l'herbe et la vente de cette dernière est quasi absente des favelas. Les acheteurs traînent dans les favelas, le regard vide ou le sourire hilare mais les vendeurs eux préfèrent fourguer de la cocaïne, rapport prix/stock.



Beaucoup d'humour et de dérision dans ce duo qui se mêlent au cynisme de la vie et du marché. Comme le suggèrent la maison d'édition et Bernardo Carvalho, ça pourrait faire un bon film de Tarantino. Et maintenant, je sais où acheter mon thé. Dans un supermarché !
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Supermarché

Pedro aime la littérature. Pedro rêve dans cette favela de Porto Alegre qui l'a vu naître. Pedro ne veut pas faire parti d'un gang.



Alors Pedro travaille comme rayonniste au supermarché du coin en lisant Marx et en étudiant la marketing le soir.



Alors Pedro a une idée. La beuh, la weed, la Marie-Juana est légale dans nombre de pays et rend les gens cool, pourquoi ne pas mettre ses connaissance en économie et en force de vente au service sa force de vie et de la vente du cannabis.



Un petit commerce quotidien et banal avec son pote Marques employé comme lui dans la supérette.



Une petite entreprise très loin des funestes trafics du grand banditisme. Attention Pedro, petit poisson, cela ne sera pas facile de nager au milieu des requins.



Mais le jeune homme peut être très convaincant et sa culture et son charisme auront tôt fait de séduire les chefs des gangs et de futurs employés.



Une plongée plutôt tendre et douce dans les terribles et dangereuses favelas d'une grande ville brésilienne où règne le crime organisé.



Né dans une favelas, employé dans un supermarché, José Falero sait de quoi il parle, son amour de la littérature lui a sauvé la vie.



« Supermarché » est une jolie ode à l'amitié et à la débrouille traversée par des éclairs de violence mais c'est aussi et surtout une très belle manière littéraire de décrire une certaine triste condition humaine brésilienne.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Supermarché

Premier roman de José Falero, lui-même issu des favelas de Porto Alegre dont il raconte la vie à travers quelques copains qui n’ont que le choix de trimer, être pauvres et sans avenir ou devenir délinquant set se remplir facilement les poches avec une durée de vie limitée !



Pedro et Marquès sont tous deux employés dans un supermarché dans lequel ils piochent allègrement des en-cas avant de monter un petit réseau de substitution et de revente.



Pedro est célibataire, vit chez sa mère et a un esprit vif et la soif d’apprendre à travers n’importe quelle lecture. Marquès est englué dans une vie de couple et de père où un second enfant va bientôt pointer son nez, accentuant leurs difficultés à vivre.



J’ai adoré le bagou de Pedro, ses théories et leurs démonstrations, sa façon de voir l’avenir avec un positivisme pratique, ses idées et leurs mises en pratique ! Marquès est moins intelligent et finit par se laisser “manipuler” par son ami jusqu’à ce que la révolte s’empare de lui !



Le traducteur a réussi le tour de force de traduire et restituer le langage des favelas, conserver la force de persuasion de Pedro sans effacer les difficultés à vivre dans ces endroits.



Le roman est bourré d’humour, plus particulièrement dans les dialogues de Pedro et malgré ça, il est difficile de ne pas sentir la violence sous-jacente qu’un rien peut faire éclater !



Une peinture réaliste d’une certaine frange de la société brésilienne, écrite avec finesse et bonhommie mais qui ne perd rien du côté tragique et désespérée de la vie !



J’ai été révoltée, peinée, enjouée et totalement conquise par ce roman !



#Supermarché #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022
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Supermarché

Devenir riche coûte que coûte, c'est le projet que Pedro, issu des quartiers pauvres de Brésil, tient à mettre en oeuvre. Et ce n'est pas en travaillant dans un supermarché qu'il y arrivera. Utilisant des arguments sortis des manuels marxistes, il arrive à convaincre son collégue de devenir son associé dans la vente de la marijuana. Et tout s'enchaîne : les discussions, le trafic, les complices... Les situations drôles et moins drôles seront au rendez-vous.

Il faut du talent pour aborder des sujets sérieux avec autant d'humour et lucidité. La preuve en est avec 'Supermarché'. José Falero connait bien les quartiers pauvres, il provient de ce milieu. Cela donne à l'histoire encore plus d'intensité.

J'ai beaucoup aimé l'intrigue et les personnages.

A lire sans hésitation.

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Supermarché

🍁Chronique🍁





« Ils marchèrent jusqu’aux ténèbres. »



Et si je vous proposais un marché? Un super marché? Si en lisant ce livre, vous n’avez pas compris le choix de Pedro et Marques, je mange de la soupe jusqu’à la fin de ma vie…

Être riche, super-riche, en deux temps trois mouvements, avouez que c’est tentant, mais vous est-ce que vous y seriez allé dans ce plan douteux? Comment est-ce qu’on se choisit, une vie de bandit? C’est tout l’enjeu subversif et drôle de ce livre: faire entendre que cette voie est (parfois) préférable à, l’autre…Ça m’est apparu d’une limpidité presque évidente, même si elle est répréhensible, dangereuse, « semée d’emmerdes »…

Jusqu’à maintenant, ce choix m’était incompréhensible, intangible, complètement inenvisageable…Il ne l’est guère plus, aujourd’hui, mais avec cette aventure dans les rayons de ce supermarché, j’ai compris. J’ai compris que c’est un faux-choix pour combattre la misère. Un choix terrible pour contrer la malchance, la survie, la souffrance, l’indifférence…J’ai compris que ce n’est pas un choix réfléchi, mais une erreur consciente statistiquement fatale…

Sous couvert de philosophie revisitée de mecs trop paumés pour comprendre que l’herbe n’est pas plus vert(ueus)e qu’un caillou ou de la poudre, ailleurs ou au coin de la rue, ils se lancent tous les deux, dans un trafic qui parait fructueux…Ils palpent de près, la drogue, la violence, la délinquance, l’argent sale. Ils sont juste à la frontière de la ligne jaune, mais…Pas du bon côté…Et voilà, comme ils se retrouvent à errer dans ce Supermarché avec leurs valeurs bafouées, leurs petits soucis techniques et leurs grandes ambitions de voyous misérables…



« Il n’y a aucun chant d’oiseau ni autre chose qui soit capable de mettre de la magie dans la précarité totale. »



Derrière l’humour et l’aventure trépidante de ces deux jeunes « entrepreneurs » de la weed, le constat social et politique, est extrêmement triste. La pénibilité de leurs existences est un crève-coeur, à lire. Ces familles, coincées dans les favelas de Porto Alegre, n’ont que peu de perspectives d’avenir, d’ascension ou de choix dignes. Ils vivent dans un environnement étouffant, violent, parfois toxique, parce que les chances de sortir de la Précarité, la grande la vraie, sont quasi inexistantes. Alors certes, ces deux-là mènent, pour un temps, la vie de « riches », mais la morale les rattrape bien vite, tout autant que les malfrats qui les surveillent…Et même en se servant allègrement des aliments à disposition, ça ne suffit pas à faire une bonne soupe…Alors de là, à la manger…



« C’est le moment de commencer à courir après la vie meilleure qui me fait tellement envie. »



J’ai beaucoup aimé l’humour et l’intelligence de ce jeune auteur, José Falero, pour traiter avec autant de perspicacité, la dure réalité des personnes invisibilisées. On ressent très intensément la chape qui les retient vers les bas-fond de la ville, ne leur laissant qu’un sale goût d’amertume et de pauvreté aigre, qui reste, trop en bouche…C’est très immersif, cette lecture. Le ton, les couleurs, le sel, l’énergie. On s’y croirait presque, à côté de ces deux-là, en train de (se) débattre dans leurs agissements avec leurs consciences…Ils rêvent d’une vie meilleure, sans saisir, que ce n’est pas en empruntant un chemin détourné qu’on peut décemment, y arriver…Mais au fond, qu’est-ce qui est, une vie meilleure? Est-ce qu’il leur est seulement, permis de la rêver, de la goûter ou de l’assaisonner, à leurs convenances? Est-ce qu’ils auront un jour droit à la liberté? Je vous laisse vous balader, entre ces pages, pour découvrir ce qu’il en est.

Vous m’en dealerez des nouvelles?
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Supermarché

Porto Alegre, Brésil, 2009-2011

Quand on vit à Porto Alegre, on est ou play-boy ou pauvre, très pauvre.

Pedro et Marques sont à ranger dans cette dernière catégorie. Et pourtant, ils bossent, ils bossent comme rayonnistes dans un supermarché. Mais ils ont beau se tuer au travail, le salaire de misère obtenu en contrepartie leur permet à peine de se nourrir.

Pedro qui a découvert Marx en lisant dans les transports en commun convainc Marques qu'il y a une autre option à celle de choisir entre être bandit ou être esclave. Ils vont vendre du shit et ainsi éviter les gangs qui se partagent le marché de la cocaïne et du crack.

J'attendais beaucoup de ce récit présenté comme un mix entre Marx et Tarantino, pour lequel j'avais de bons billets louangeurs… J'en attendais peut-être trop et je suis restée à côté.

Il y a bien une satire de la société brésilienne mais quid des grandes théories de Pedro au début et de leurs activités au final si ce n'est les analyses pseudo éco pour fixer les prix du matos ?

Et que dire du style ? Vraiment, il m'a gêné. Que de répétitions ! Dans la narration : des accumulations, anaphores à n'en plus finir… Dans les dialogues : « en vrai, en vrai, en vrai, en vrai ». Je n'en pouvais plus. Je me doute que l'auteur lui-même issu des favelas parle « vrai" (aie, encore !) mais quelle lourdeur !

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Supermarché

Être employé pour garnir les rayons d’un supermarché apporte de quoi ne pas mourir de faim à Pedro, jeune homme qui vit avec sa mère dans une favela de Porto Alegre, au Brésil. Pedro lit beaucoup, et développe pour son collègue Marquès des idées marxistes qui l’étonnent et le fascinent. Il l’est encore plus, étonné, lorsque Pedro lui suggère de quitter la légalité pour monter un commerce parallèle de vente d’herbe. Sans pour autant ni l’un ni l’autre laisser leur job au supermarché, d’ailleurs. L’idée étant de vivre décemment, pas de gagner plus que ce qui leur est utile. Tout deux commencent tranquillement, mais petit à petit, leur affaire prend de l’ampleur.



L’auteur, issu lui-même d’une favela, et que le virus de la lecture puis de l’écriture, ont sorti des petits boulots alimentaires, connaît parfaitement son sujet, et a l’art de raconter petits et grands tracas de la vie dans une langue riche et expressive. Tout les personnages, à commencer par le patron du supermarché qui prend le devant de la scène tout au début du roman, puis les deux lascars et les comparses qu’ils doivent embaucher, sont décrits avec brio, et les dialogues pleins de vérité. L’humour qui les imprègne n’empêche pas l’histoire de rester des plus vraisemblables. C’est ce que j’ai aimé : que l’auteur évite le loufoque, en ne tombant non plus dans le thriller ni le roman noir. La description de Porto Alegre et des conditions de vie dans les favelas marquent par leur véracité.

Un premier roman qui a bien fait de franchir l’océan jusqu’à nous !
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Supermarché

Pedro et Marques, magasiniers dans un supermarché du sud de Porto Alegre, vivotent de leurs salaires misérables et de leurs combines au sein de leur lieu de travail. Mais ils veulent plus : Pedro, dans un idéal de grand lecteur qui baigne dans la littérature classique, politique, de Marx notamment, obsédé par la lutte des classes et les inégalités sociales ; Marques, dans une nécessité plus pragmatique de pouvoir nourrir un deuxième enfant à venir.



Et c'est Pedro, suivi par son collègue et ami, ainsi que par des membres de leurs familles, qui insufflera, forcément, l'idée d'un business dans le haschich pour combler la demande présente dans leur quartier, alors que les gros trafiquants ont délaissé la drogue douce pour vendre à plus grande échelle, et pour plus de profit, cocaïne, héroïne, crack, méthamphétamine.

Ce qui devait leur permettre de vivre plus dignement, plus sereinement, en complément de leurs salaires de magasiniers, va les mener, sans grande surprise, vers la démesure, l'appât du gain, au détriment de la mécanique bien huilée de leur business qui ne devait être qu'éphémère.



Roman protéiforme, qui a tant du roman noir que du roman social, en passant par le roman d'apprentissage dans la violence et dans le sang, Supermarché nous dépeint avec une certaine acuité, dans une acmé tragique, pessimiste, mais allant finalement de soi, la situation des favelas brésiliennes, et les choix qui s'offrent à ses habitants, entre survie dans la légalité, et opulence, mais risque, dans l'illégalité.



Les personnages, bien campés, assez attachants, surtout Pedro et Marques, ont quelque chose du picaresque dans leurs faits, gestes et dialogues, ce qui vient donner un peu de légèreté à toute la gravité ambiante du sujet, sans pour autant oublier de nous proposer un regard mordant et engagé sur la situation sociale actuelle d'une bonne partie de la population brésilienne. C'est sans compter, aussi, sur la plume spontanée, particulièrement vivante, de José Falero, qui fait souvent mouche pour nous emmener avec lui dans cet univers.



Une découverte, en somme, que j'ai franchement appréciée.
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Supermarché

Issu des favelas de Porto Alegre et "sauvé" par la lecture, José Falero a finalement échappé à l'alternative de son milieu d'origine : vivre une existence entière à trimer, tout en restant pauvre, ou s'engager dans la délinquance et pousser jusqu'au banditisme, avec la quasi-certitude de mourir jeune. José Falero est devenu écrivain et son premier roman, Supermarché, est une véritable bombe, un peu comme si Tarantino rencontrait Marx nuitamment dans une ruelle mal éclairée d'un quartier sordide. Que l'on ne s'y trompe pas, le livre n'est pas brutal, hormis peu avant son dénouement, car il traite de la violence sociale au Brésil par le biais d'un humour ravageur, porté par une langue argotique haute en couleurs (chapeau, la traduction). Il y a aussi un côté comédie italienne dans ce roman, avec la mise au point d'un stratagème imparable, quoique nettement amoral, conçu par son héros, Pedro, simple employé de supermarché, avec l'appui de l'un de ses collègues de travail, les deux énergumènes étant rejoints ensuite par quelques autres figures des favelas locales, avec pour philosophie de se distribuer équitablement entre eux les parts de bénéfices de leur commerce illicite. Non seulement José Falero sait donner à Supermarché un rythme soutenu mais il possède également la science des dialogues, certains d'entre eux proprement hilarants, en particulier quand Pedro expose ses plans à ses acolytes. Pauvres mais ingénieux, dignes et ambitieux et surtout doués d'imagination et d'intelligence pour sortir de leur galère, tels sont les personnages d'un livre subversif à sa façon, qui dit beaucoup sur le Brésil contemporain, et qui emprunte le monte-charge social plutôt que l'ascenseur, parce que ce dernier est bloqué depuis des lustres. Un roman à dévorer tout cru, en cochant le nom de José Falero parmi les auteurs à suivre sans faute dans les années qui viennent.



Mille mercis aux Éditions Métailié et à NetGalley !
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Supermarché

Quelle belle surprise ce roman que j'ai découvert en numérique !

L'auteur met en scène des personnages issus des milieux pauvres dans le Brésil des années 2009 - 2011.

Travailleur dans un supermarché, le personnage principal, Pedro, trouve que son travail ne lui fournit pas grand chose pour vivre. Insatisfait de la vie pauvre qu'il mène, il décide de devenir riche par un autre moyen : vendre du cannabis. Pas question d'abandonner le travail au supermarché pour autant, il fera cela en parallèle s'il arrive à négocier la complicité de son nouveau collègue, Marques. Et les arguments qu'il avance pourrait convaincre n'importe qui 😊.

J'ai adoré ce roman qui m'a fait souvent rire, même si tout ce qu'il se passe est complétement amoral. Les personnages sont tellement attachants qu'on a envie de les aider pour qu'ils s'en sortent. Un roman drôle qui amuse, mais qui en même temps nous fait voir l'injustice et les inégalités sociales au Brésil.

Une dernière chose : Avez vous aimé 'Les maraudeurs' de Tom Cooper ou 'Nous rêvions juste de liberté' de Henri Loevenbruck ? Je peux vous dire que ce livre vous fournira les mêmes émotions.

N'hésitez pas !

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Supermarché

Et pendant qu’on donnait du Shakespeare ou du Brecht au Renaissance, le prestigieux théâtre du centre culturel, la favela, elle, servait de scène aux tragédies de la vraie vie.

J’ai trouvé que cette citation illustrait parfaitement le roman. Nous sommes dans une tragédie comique. Pedro et Marques sont deux honnêtes travailleurs, ils remplissent les rayons d’un supermarché, travail ô combien ennuyeux et peu rémunérateur. L’un vit avec sa mère, l’autre est marié, a un fils, un autre enfant en route, et il se demande bien comment il pourra faire face. La solution ? Vendre de l’herbe – parce que, pour vendre une autre drogue, il faut être affilié à un gang, et c’est vraiment, mais alors vraiment trop dangereux.

Et pourtant, le danger, la violence sont là, dans ce qui pourrait être un conte, mais n’en est pas un – comme si le bonheur, ou même la tranquillité, n’était pas possible ici. La violence est malheureusement ordinaire, courante, banale, ce qui ne veut pas dire qu’elle est banalisée. Seulement, les habitants des favelas le savent : la violence, ils vivent avec, vivre sans est impossible. Il faut simplement essayer de passer entre les coups, les balles, se tenir le plus loin possible de tout ce qui est susceptible de provoquer cette violence. Difficile ? Impossible ? Oui, pour les deux cas. Ce n’est pas faute de vouloir vivre la vie la meilleure qui soit – une vie qui nous semblerait, pour nous, une vie des plus ordinaires, une vie presque banale en France – vivre dans une maison, manger tout ce qui vous tente, ne pas avoir peur pour l’avenir proche ou lointain de vos enfants.

Sauf que nous sommes au brésil, le Brésil des années 2000 finissantes, un pays où la corruption régnait, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne règne plus, un pays où, pour s’enrichir, il n’y a que deux solutions, être un footballeur professionnel ou être malhonnête.

Sans espoir ? Je n’irai pas jusque là. Je dirai seulement que le dénouement est à lui bien différent de ce que j’ai pu lire jusque là. Alors, je ne vous dirai pas que c’est un livre à lire absolument, je vous dirai simplement que les éditions Métailié savent véritablement trouver des oeuvres différentes de tout ce que j’ai pu lire jusqu’ici.
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Supermarché

Voici encore un des romans, lus en mai et juin, pour le prix des adhérents fnac 2022. Sincèrement, je n’étais pas très attirée par le titre et la couverture de ce livre qui m’orientaient plutôt vers une chronique sociale… et j’avais tort car j’ai été enchantée par cette lecture qui est tout à la fois enlevée, originale et passionnante ! Dans les favelas de Porto Alegre, deux rayonnistes d’un supermarché, Pedro et Marques, se demandent comment changer leur vie et sortir de l’impasse de la misère. Marques vient d’apprendre qu’il sera bientôt de nouveau père. Comment nourrir ce nouvel enfant ? Pedro est un grand orateur aux idées révolutionnaires, mais est-il capable de mettre en pratique, comme il le suggère à son ami, un réseau de vente d’herbe ? Il faut dire que les deux compères ont déjà mis en place dans leur supermarché une organisation bien huilée, faite de petits larcins, dans lequel tout le personnel est impliqué, et dont ils sont assez fiers… Ils vont donc se lancer dans cette aventure de deal, pour chercher à la fois un sens à leur vie, et s’en mettre plein les poches… Comme indiqué en quatrième de couverture, José Falero est né à Porto Alegre, dans une des favelas qu’il décrit, et comme ses personnages, il a travaillé dans un supermarché. Et c’est ce que le lecteur, je crois, saisit très vite, le réalisme de la vie des protagonistes de cette histoire, mélangé à la folie d’un projet qui effraierait n’importe qui d’autre. Le résultat en est un roman étonnant, lucide, drôle et échevelé que je vous recommande chaudement en cette rentrée.

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Supermarché

L’action se passe au Brésil, plus précisément dans un supermarché.

On y rencontre deux compères qui ne savent plus comment sortir de la misère. L’un, Marques, est père d’un petit garçon de deux ans et sa femme lui annonce l’arrivée du petit deuxième (pas facile la contraception quand on est très pauvre) et le couple a déjà beaucoup de mal à nourrir et à habiller le premier.

Le deuxième larron, Pedro vit avec sa mère : pas facile de prendre son indépendance quand on est fauché.

Les deux larrons ont alors l’idée de lancer un trafic de marijuana : parce qu’avec un métier « honnête », employé d’un supermarché, on n’arrive pas à joindre les deux bouts.

Dit comme cela on sent venir le drame mais l’auteur réussit à rendre l’épopée très drôle par moment… le ton est caustique (j’ai aimé les élucubrations pseudos-marxistes de Pedro)



Une réussite ce roman ….(âmes sensibles s’abstenir cependant)
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Supermarché

J'ai eu un énorme coup de coeur pour ce bouquin.

Le duo impayable de ces deux employés de supermarché qui deviennent dealers en appliquant les principes marxistes au commerce de la weed est juste génial.



La langue est particulièrement familière dans les dialogues mais j'ai cru noter cette spécificité dans d'autres morceaux de littérature sud-américaine.



Par ailleurs, le fait que José Falero soit issu d'une favela et qu'l va probablement en sortir grâce à sa plume me remplit de reconnaissance et d'espoir.



Pour moi, ce livre est un des meilleurs romans étrangers de la rentrée littéraire 2022.
Lien : https://christophegele.com/2..
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Supermarché

Les théories marxistes appliquées au trafique de drogue, ça peut fonctionner.



Dans les favelas de Porto Alegre, deux metteurs en rayon d’un supermarché Pedro et Marques vont se lancer dans la vente de cannabis dans leur favela respective. C’est un créneau qui n’était pas pris par les trafiquants de drogue car pas assez lucratif, alors qu’il y a de la demande.



J’ai aimé Pedro et ses discours marxistes qu’il applique à son business : tous les revendeurs et eux-mêmes les organisateurs toucheront le même salaire des revenus du trafique.



J’ai aimé Marques le révolté avec une femme et deux enfants qui veut juste avoir une vie meilleure.



J’ai aimé le style parfois proche de la parole qui donne un côté vivant aux dialogues (“Non mais regarde, oui, oui, oui, d’accord mais regarde, non, non, non, qu’est-ce que je disais, mais écoute-moi, écoute-moi, écoute-moi, ah, fermez vos gueules, laissez-moi parler, bande de cons !”)



J’ai été triste pour Luan, un des revendeurs, qui claque tout son argent avec des belles filles mais qui est attachée à sa vieille mère.



J’ai aimé le vieux Veio qui donne des conseils de vieux routiers aux jeunes, notamment celui de ne pas trop saler la soupe que l’on mange toute sa vie.



Une lecture à la fois divertissante et intelligente sur une certaine idée du capitalisme.



L’image que je retiendrai :



Celle des goûters pantagruéliques à base de bonbons, de chocolats et de sodas que se font Pedro et Marques avec des produits du supermarché dans lesquels ils travaillent sans jamais les payer.
Lien : https://alexmotamots.fr/supe..
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