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Hubert Tézenas (Traducteur)
EAN : 9791022612166
304 pages
Editions Métailié (26/08/2022)
3.88/5   65 notes
Résumé :
Dans les favelas de Porto Alegre, deux metteurs en rayon d'un supermarché aux allures d'un Don Quichotte lettré et d'un Sancho Pança révolté vont se lancer dans une aventure trépidante pour échapper à leur exploitation dans un travail dénué de sens.

Entre trafiquants, gangsters et vieux manuels d'économie lus dans les transports publics bondés, un premier roman comique, provocateur et excitant.

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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Deux jeunes des favélas de Porto Alegre travaillent comme rayonnistes dans un supermarché. Pedro vit dans la misère avec sa daronne, Marques de même mais avec une épouse, un gamin en bas âge et un en route.
Pedro , lecteur vorace , aime «  naviguer sur l'âme des autres ». Ayant lu quelques bricoles de Marx il prêche ses présumées théories sur le travail , à Marques. Ce dernier en admiration devant ces prêches se laisse convaincre à devenir riche par tous les moyens ! Les voici embarqués dans la quête du fric dont le chemin le plus court passe par la drogue. Pour le caillou et la poudre ayant l'obligation d'intégrer un gang , ils choisissent de vendre de l'herbe pour pouvoir travailler en solo , tranquille ! Mais en sera-t-il vraiment le cas ? Surtout que les deux compères ne partagent pas au départ la même éthique du gain 😊! de rayonniste à l'homme de l'herbe , un présent meilleur que le passé ? Un avenir meilleur que le présent ? Je vous laisse découvrir l'histoire jubilatoire des deux compères & Cie….

Une satire grinçante de l'injustice et inégalités sociales et économiques au Brésil , balloté entre socialisme débridé et fascisme barbare,aux mains de politiciens enfoirés, corrompus jusqu'à la moelle. L'histoire se passe en 2009 à l'époque de la présidence de LuLa, qui condamné par la suite en 2017 à 9 ans et demi de prison pour blanchiment d'argent et corruption et sorti de prison après 1 an et demi se représente actuellement à l'élection présidentielle avec de fortes chances de gagner suite à l'autre enfoiré de Bolsanero . Apparemment le Brésil est en grand manque de politiciens correctes et malheureusement l'egalité sociale et économique n'est pas pour demain. L'auteur lui-même issu des favélas , parlant d'un coursier d'un baron de la drogue exprime son amertume dans ces termes ,”Il était heureux et satisfait de sa vie : sa dignité et son estime de soi atteignaient des niveaux que le travailleur honnête ne connaît malheureusement pas au Brésil.”

J'ai beaucoup aimé cette contre-histoire où les personnages essaient d'acheter leurs libertés et leurs dignités à travers la délinquance, et ont l'air tellement humains, inoffensifs. J'ai adoré les théories, la logique et autres plans et calculs de Pedro et les réactions de Marques à ceux-ci, «  Il trouvait effarante la capacité de son ami à exposer une aberration pour, dans la foulée, la façonner, la positionner, l'orienter sous l'angle exact qu'il fallait pour qu'elle ne ressemble plus du tout à une aberration mais à un aspect banal de la réalité ». J'ai compati avec ces habitants des favélas , qui viennent au monde absolument invisibles, qui y habitent absolument invisibles et qui en disparaissent absolument invisibles !
Sous le masque de l'humour une histoire au fond tragique , un brillant premier roman !

« Certaines choses n'arrivent qu'au Brésil, et l'inventivité du peuple brésilien aura toujours de quoi surprendre….. Dans ce cirque, néanmoins, la prétendue magie ne vire pas toujours à la farce : il arrive que le truc marche réellement. »

Merci infiniment aux Éditions Métailié et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre charmant.
#supermarché #NetGalleyFrance !
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°°° Rentrée littéraire 2022 # 23 °°°

« J'ai déjà passé trop de temps dans ce dilemme à la con de devoir choisir entre être bandit et être esclave. J'ai déjà ramé trop de temps à contre-courant. Basta ! C'est le moment de kiffer un peu les bonnes choses, moi aussi je suis un enfant de Dieu. »

Comment survivre et sortir de la misère quand on vit dans une favela, qu'on aime lire Marx et qu'on n'a plus rien à perdre ? Pedro et Marques, habitants des favelas du Sud de Porto Alegre, sont rayonnistes dans un supermarché. Ils veulent devenir riches, à tout prix. Alors se lancent dans un trafic de marijuana, histoire de briser définitivement le cycle de pauvreté à laquelle leur famille est condamné en respectant la loi. Pedro a lu tout Marx dans les trains bondés qui le mène chaque jour de sa favela jusqu'au taf et vice versa. Oo la lecture comme porte d'entrée à la non-aliénation par le travail.

Dès les premières pages, on sent qu'on va passer un bon moment en compagnie de ce duo à la Don Quichotte / Sancho Pancha. José Falero a l'art des dialogues, vifs, drôles, bavards comme dans un Tarantino, notamment grâce au formidable personnage qu'est Pedro : cultivé et éloquent, il a mis au point toute une rhétorique pour expliquer son plan à ses comparses à coup d'explications très didactiques actualisant le concept marxiste de lutte des classes dont il est fan, sous le regard admiratif de Marques qui voit sa propre révolte intérieure ainsi fabuleusement décrites. On se marre encore plus lorsqu'il applique les théories communistes au fonctionnement de sa start-up de deal.

José Falero, né dans les favelas, une trajectoire d'écrivain particulière puisqu'il a arrêté l'école à quatorze ans, sait de quoi il parle. Tout sonne juste mais sans les clichés même si la violence, les gangs et la drogue sont des curseurs stéréotypés des favelas. Derrière la fantaisie des dialogues et du plan pour s'enrichir, c'est toute la violence sociale du Brésil qui est surgit, avec ses inégalités abyssales qui voient des travailleurs pauvres éternellement assujettis et désespérés de voir toute possibilité d'amélioration honnête leur être interdite.

Non, nous dit Falero, au Brésil, on ne peut devenir riche sans commettre un crime ou gagner au loto. Et ça fait du bien de lire un bouquin avec du fond, drôle et provocateur pour parler du Brésil contemporain, sans langue de bois ni moralisation lourdingue. Vraiment très réussi !

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Bandit ou esclave ?

Dans une favela près de Porto Alegre, Pedro a choisi la voie de la légalité en travaillant dans un supermarché. Son travail sous-payé le raméne à une condition d'exploité. Esclave, il décide d'emprunter le chemin du banditisme mais en appliquant les principes marxistes...

Une incroyable odyssée tout autant politique qu'attachante pour les personnages décalés, mais qui gardent les pieds fermement arrimés sur terre, qui peuplent ce roman hors-norme.

Un bémol toutefois sur la traduction assez étrange : l'action se passe en 2009 et l'on trouve à foison des expressions très (trop) actuelles comme "genre" ou "en vrai", et d'autres complètement désuétes pour l'époque comme "vieille branche". Pour "genre" j'ai un petit doute, mais "en vrai" personne ne disait ça il y 13 ans...
Ça ne gâche tout de même pas trop le plaisir de lecture de ce roman déjanté et jubilatoire !
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A Porto Allegre, il n'est pas si simple de s'accommoder des maigres revenus issus d'un emploi de magasinier dans un supermarché. Lorsque Marques est embauché, Pedro lui explique le fonctionnement, officiel mais aussi officieux et lui démontre dans une diatribe haute en couleurs, que tout ce qui est au patron est aussi à lui et que le vol n'en est pas un !
Malgré ces petits arrangements, tout de même un peu risqués, la pauvreté les accable. Mais Pedro a un plan ….

Des histoires de dealers dans les quartiers défavorisés, on en a tous déjà lues. Mais ce qui manquait pour leur donner du piment, c'était Pedro ! L'extraordinaire as de la dialectique, capable d'éviter la guerre entre deux gangs, d'expliquer la vie, l'amour et tout le reste à ses interlocuteurs qui n'ont plus qu'à acquiescer, abasourdis par sa logique implacable. Et tout cela avec un calme olympien, une totale maîtrise du raisonnement.

Et c'est ce qui confère toute son originalité à ce roman brésilien, magnifiquement traduit, on s'y croirait !

L'action n'a pas été oubliée, certaines pages se lisent avec angoisse et crainte pour la bande de Pedro. Les méchants de ce milieu sont des vrais méchants solidement armés.

Truculence des dialogues et intrigue tout à fait plausible et bien construite font de ce roman un excellent roman noir.

304 pages Métailié 26 Août 2022
Traduction (Brésilien) Hubert Tézenas
#supermarché #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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A Porto Alegre, Pedro et Marques, deux jeunes hommes issus des favelas, travaillent comme rayonnistes dans un supermarché. Pedro vit avec sa mère, et Marques avec femme et enfant (plus un deuxième en route), dans des bicoques délabrées. Leur travail sous-payé ne permet pas à ces esclaves post-modernes d'espérer autre chose que de gagner tout juste de quoi se nourrir.
Mais Pedro a un plan pour sortir de cette pauvreté crasse qui lui colle à l'avenir. Imprégné de ses lectures autodidactes (dans le bus à l'heure de pointe) de Marx et consorts, il n'est que trop conscient de sa condition d'exploité, et rêve d'argent et de train de vie confortable. A force de rhétorique et de raisonnements acrobatiques mais imparables, Pedro parvient à convaincre Marques d'embarquer dans son projet, qui au final s'avère aussi amoral qu'efficace. Jusqu'à un certain point. Jusqu'à ce que la rentabilité de leur petit bizness suscite la convoitise de gangsters d'un autre calibre.

« supermarché » est un roman truculent et plein d'humour, mais qui fait cependant rire jaune, parce qu'il projette une lumière crue et impitoyable sur la misère et la violence des favelas brésiliennes, et plus largement sur les inégalités sociales et économiques et la corruption endémique dans ce pays dit « émergent ». Un pays dans lequel les travailleurs honnêtes n'arrivent pas à s'enrichir, ni même à vivre décemment : « il [un livreur de drogue] était heureux et satisfait de sa vie : sa dignité et son estime de soi atteignaient des niveaux que le travailleur honnête ne connaît malheureusement pas au Brésil ».
José Falero, lui-même issu d'une favela, sait de quoi il parle, et il le fait rudement bien, avec un art consommé du dialogue, des personnages attachants, une intrigue bien construite et qui entretient un certain suspense. Jubilatoire et dramatique, « supermarché » est un premier roman remarquable.

En partenariat avec les Editions Métailié.
#supermarché
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Il est difficile de parler quand l’âme fait autant de bruit : on a juste envie de l’écouter.
(….) En dépit de tout, tout, tout ce qui s’était passé cette nuit la, le monde, pour une raison quelconque, refusait de s’arrêter; il refusait même de cesser de palpiter ne serait-ce qu’un instant.
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Pareil pour la pauvreté, ça a pas à exister. Tout ce qui est possible de faire pour que la pauvreté existe pas doit être fait. ou plutôt, devrait être fait.
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Et voilà où il en était, un coude en appui sur une jambe, la tête en appui sur la main et les yeux perdus dans le néant, en train de griller sa première clope du jour, comme il avait l'habitude de le dire, et de penser à la vie, comme il avait l'habitude de le faire. Quelqu'un qui l'aurait vu à ce moment-là, avec ses cheveux en désordre et la paresse gravée sur ses traits fripés, se serait peut-être senti enclin à le définir comme l'image même de la lose. Mais cela aurait été presque un compliment, parce que, en vérité, Pedro était encore moins qu'un loser : c'était quelqu' un qui n'avait jamais rien tenté. Et comme c était justement ce qui tournait en boucle dans son esprit ce matin-là, le jeune homme se promit qu'il allait changer. II ressentait le besoin de se transformer, d'adopter une autre posture face au monde, en étant peut-être un peu plus aveugle, un peu plus brutal, en ayant peut-être un peu plus de foi en lui-même et en menant simplement à bien tous ses projets, en marchant sur tout ce qui se mettrait en travers de son chemin, en marchant sur tous ceux qui se mettraient en travers de son chemin, sans jamais douter de ses choix. C'était ça. Parce que, tout bien réfléchi, son problème était qu il pensait trop. Penser était devenu un vice, qui le maintenait dans un état de doute permanent sur tout en l'empéchant d'agir dans tous les domaines. L'initiative de vendre de la marijuana ne devait pas n'être qu'un acte isolé dans sa vie : il fallait que ce soit une ligne de partage des eaux, il fallait que ce soit I'étincelle initiale d'un incendie, il fallait que ce soit la matrice d'une façon d'être entièrement nouvelle. Il entamait une guerre intérieure, contre lui-mème, pour devenir un de ceux qui font, pour abandonner, une fois pour toutes, les voies sans issue de l'indécision.
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– Alors, mon petit loup, si ta soupe est trop salée ces temps-ci, je te conseille d’arrêter de mettre du sel, avant toute chose. Arrête de mettre du sel et mets de l’eau. Ensuite, coupe quelques patates en petits morceaux et balance-les dedans. Mets aussi quelques carottes. De la chayote, du potiron, des n-n-nouilles… J’en sais rien. Mets des trucs que t’aimes, tu comprends ? Y a rien à faire : si t’as mis trop de sel, il est mis, y a pas moyen de l’enlever. Y a juste une chose que tu dois pas oublier : ta soupe, elle est prête que quand tu m-m-meurs ; en attendant, le mieux que t’as à faire c’est de te démerder pour que ta soupe devienne bonne, pour pas avoir à passer le reste de ta vie à la manger comme elle est là. Écoute, ce que je veux te dire, c’est très simple : si t’es pas fier de choses que t’as faites, ou de choses qui sont arrivées à cause de toi, raison de plus pour te m-m-magner d’utiliser le temps qui te reste à réaliser les choses qui peuvent te rendre ton espérance et ta fierté. Ça a du sens pour toi, ça ?

Ça en avait. Ça avait du sens. Oui, ça en avait. Et beaucoup.

Curieux de voir avec quelle fréquence ces petits claquements de doigts magiques du hasard, ces événements inattendus qu’on croit sans importance, ces moments précieux qu’on extrait des terrains de la vie, curieux de voir avec quelle fréquence ils finissent par sceller le destin d’une personne.

page 248
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Un territoire vaste, localisé à l'extrême est de Porto Alegre : un territoire qui, tout en se traînant dans un processus d'urbanisation interminable, présentait encore de nombreux vestiges de son lointain passé rural ; un territoire où il était encore possible de voir, à l’œil nu, la forêt atlantique partir en fumée petit à petit, où il était encore possible de suivre, en temps réel, l'action corrosive des métastases civilisatrices apportées par les caravelles plus d'un demi-millénaire auparavant; un territoire couvert de collines, parmi lesquelles montait, descendait et zigzaguait, montait, descendait et zigzaguait, comme sur des montagnes russes géantes, la route Joao de Oliveira Remião. Voilà comment on pouvait décrire l'un des plus grands quartiers de la capitale gaúcha : Lomba do Pinheiro.
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