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Citations de Joseph Boyden (375)


Je rêve du pays. On dort mal, par ici, mais j'ai appris à rêver les yeux ouverts.
Là ou j'habite, la rivière est aussi vaste qu'un lac et c'est à ce moment de l'année le Printemps, que la pêche est la meilleure.
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[Lors d’une assemblée des jésuites tentant de convertir des indiens]
Christophe (dit le corbeau) :
-Il n’y a qu’un oki assez puissant pour te protéger, et c’est le Grand Génie [Dieu], réponds-je. Si tu demandes encore quoi que ce soit à un oki, sache-le. Par contre, si tu demandes l’aide du Grand Génie, il ne te fera jamais de mal.
-Mais j’ai essayé ! s’écrie Dalila avec feu. J’ai demandé à ton Grand Génie que mon mari survive à la maladie, mais il est quand même mort. » Elle gémit longuement, et toute tremblante, se tord les mains. Quelle comédienne, elle fait !
Elle lève les yeux. « Alors je ne vois pas en quoi ton grand oki pourrait être utile. »
A côté de moi, Gabriel soupire. Je sais quelle question il aimerait lui poser : « Dans ce cas, pourquoi es-tu venue ici ? » Il l’a déjà fait, et la réponse de Dalila a provoqué l’hilarité : « Parce que je m’ennuyais. »
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[Oiseau, guerrier Huron parlant de Christophe, missionnaire jésuite français, surnommé le Corbeau, ] : De sa main droite, il fait ce geste auquel je me suis habitué : il se touche le front, puis la poitrine et enfin les épaules à gauche et à droite. On se demandait s’il ne nous jetait pas un sort, mais pour autant que je le sache, et bien qu’il prétende que cela soit destiné à le protéger, je crois qu’il s’agit surtout d’un tic nerveux.
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Je soulève mon tambour que j'avais posé près de moi, sur le banc. Je me plante au milieu de l'allée centrale, près de la porte, juste en face du cercueil de Linda qui repose à l'autre bout. Je m'agenouille, je lève ma baguette et je frappe une fois, fort. Le son se répercute dans l'église silencieuse. Le père Jimmy m'aperçoit et devient écarlate. « Pas de blasphème dans cette église, Joe Cheechoo ! » . Je le fais taire d'un autre coup de tambour. Ca sonne bien, là-dedans : on dirait un grand coeur qui bat.
Je lève à nouveau ma baguette et je lance un rythme, celui de la rivière. Mon chant funèbre. Le Père Jimmy bondit de la chaire ; mais on lui coupe la route car ils sont tous sortis des rangs pour me rejoindre, les frères de Linda, mes oncles, mon grand-père, des cousins,
Ils s'agenouillent en cercle autour du tambour où je pousse ma meilleure plainte – pure, juste qui monte jusqu'aux poutres de l'édifice et m'envoie des frissons dans l'échine. Ils se mettent à battre le rythme, avec les mains, avec leurs chaussures qu'ils ont retirées. Je serre encore la gorge et le chant monte plus haut, d'autres personnes dans l'assistance s'approchent du cercle. Mon grand-père répond à ma plainte, les autres entrent à leur tour dans le cercle, les yeux fermés, la gorge nouée. Nous chantons haut ; nous battons fort . Nous chantons pour l'uchak de Linda, son âme, nos voix s'envolent pour la tirer de son corps immobile, là-bas, à l'autre bout de l'église – et l'emporter, sous la garde de sa famille jusqu'à son repos.
Le Père Jimmy bat en retraite vers sa chaire, la figure écarlate, la peur dans les yeux. Il se retourne et disparaît dans la sacristie. Le rythme s'emballe et je pense fort à Linda, à une petite fille qui battait la campagne dans des bottes trop grandes pour ses petits pieds. Sa robe à fleurs. Son vélo rouge. Cette nuit qu'elle avait passé à boire avec moi. La tristesse qui éteignait son regard, la dernière fois que je l'ai vue. Je relève la tête : ma sœur est là, sa mère qui me regarde en face. Et ses yeux sont ceux de Linda . Un peu de l'étincelle a reparu.
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Je livre mon propre combat, comme Elijah, comme tous les autres, Canadiens, Britanniques, Allemands, Français, Australiens, Américains, Birmans, Autrichiens, engagés dans cette guerre. Chacun se bat sur deux fronts à la fois, l’un contre l’ennemi, l’autre contre ce que nous faisons à l’ennemi.
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Leur grande fête revient à nouveau, d'ici à une semaine, celle qu'ils appellent Noël et qui commémore la naissance de leur Gitchi Manitou. J'en ai déjà passé deux en leur compagnie; ce sera mon troisième. C'est un moment de réjouissance et de boisson; mais moi, je n'y vois pas beaucoup leur dieu. Leur dieu est un manitou guerrier, je pense, même si leur chamans en parlent autrement : eux parlent de pardon, de vierges et d'enfants. Pourtant je crois que leur dieu est un guerrier, puisque c'est lui qu'ils invoquent avant de monter là-haut. Je ne comprendrai jamais ce dieu-là, ces gens-là.
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« Ils ont vu des choses que les hommes ne devraient
jamais voir. »
Ils les ont vues et ils les ont faites.
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Ma seule distraction, c’est une hirondelle qui a niché dans la pièce, près de la fenêtre : l’oiseau ne cesse d’aller et venir, occupé à nourrir ses petits qui paillent. Quand je la regarde s’activer, c’est le monde de la forêt qui m’enveloppe, comme un réconfort. Je passe des heures à l’observer.
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L'air féroce, ils forment une bande bruyante, et je me demande toujours comment ils peuvent un instant manifester tant de gentillesse et d'amour, et l'instant suivant torturer des hommes avec tant de cruauté.
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Ça m'est égal : je ne vais pas m'inquiéter de ce que je ne peux pas maîtriser.
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J'ai agi sans penser aux répercussions à long terme, et changer ainsi le cours des évènements de manière irréfléchie, voilà qui est aussi puissant que les rêves.
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[...] Son corps nu m'apparaît comme celui d'une jeune femme avec ses seins hauts et fermes aux mamelons durcis et, à cette vue, je durcis à mon tour.
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Nous menons nos propres guerres, des guerres pour lesquelles nous serons jugés. Certaines, nous les menons dans les forêts proches de chez nous, d'autres dans des jungles lointaines ou dans de distants déserts brûlants. Nous menons tous nos propres guerres, aussi vaut-il peut-être mieux ne pas juger, car il est rare que nous sachions pourquoi nous nous battons avec autant de sauvagerie.
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La laine n'est pas le plus mauvais des textiles dans ce pays. Elle fascine les Sauvages qui m'interrogent tout le temps pour savoir de quel animal elle provient. J'essaie alors d'expliquer ce que sont les moutons, la domestication et l'élevage, et je réussis uniquement à dire que là d'où je viens, nous parquons pour notre consommation de grands troupeaux d'animaux qu'ils ne peuvent même pas imaginer. Dieu le veut ainsi. L'idée qu'on puisse avoir des troupeaux de gentils chevreuils ou d'orignaux qui vont gaiement au massacre quand les hommes désirent manger de la viande déclenche leur hilarité. Certains doutent franchement qu'il soit bon de mener une vie aussi facile. La question me passionne.
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Un obus est tombé trop près. Il m’a lancé dans les airs et, soudain, j’étais oiseau. Quand je suis redescendu, je n’avais plus ma jambe gauche. J’ai toujours su que les hommes ne sont pas fait pour voler
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- J'offre la vérité, rétorque le Corbeau. Je n'offre ni supercherie ni sorcellerie.
- Nous verrons, dit Petite Oie. Sorcellerie est un mot que tu emploies à la légère. Et que tu emploies aussi comme arme quand tu cherches à blesser.
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Wasishu veut dire homme blanc. Grand-mère n'a jamais eu l'occasion de m'apprendre le mot ojibwe, alors je l'emprunte à la langue des Sioux. Mais attention, je suis pas des plaines, moi: Ojibwé et fière de l'être. Les Sioux, quand ils sont arrivés de l'Est, étaient nos ennemis: il n'y avait personne que l'on craigne et respecte plus, à part les Iroquois. Ma grand-mère parlait couramment ojibwé, mais elle est morte il y a très longtemps. Avant de connaître Ollie, j'ai appris un peu d'indien avec un garçon du Dakota du Sud. C'était un Sioux Oglala: il vous disait ça en roulant des mécaniques. Les mots qu'il m'apprenait n'était pas ma langue, mais c'était quand même de l'indien: ça valait mieux que rien. En retour, je lui apprenais le peu d'ojibwé que je savais, en dehors des insultes. Aneen Anishnabe veut dire "Salut l'indien" dans ma langue. Un de ces quatre, je prendrai un congé du Palace et j'apprendrais mieux l'ojibwé, pour avoir quelque chose à transmettre à mes deux gosses.
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On en ap­prend beau­coup en ob­ser­vant la ma­nière dont les gens s’ac­quittent d’une tâche qui leur dé­plaît. C’est in­dis­pen­sable pour connaître leur ca­rac­tère.
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Maintenant que le dégel a commencé, les familles de notre village s'occupent de leurs morts. J'aide Renard à plier les bras et les jambes de sa femme , de son fils et de ses deux filles pour qu'ils soient dans la position des enfants dans le ventre de leur mère, puis nous les enroulons avec amour dans leurs fourrures de castor pour qu'ils aient bien chaud. Nous les portons ensuite jusqu'à l'ossuaire que la communauté a creusé. Nous enterrons ensemble tous nos êtres aimés afin qu'ils se tiennent compagnie, et nous mettons dans la fosse nos biens les plus précieux pour qu'ils ne manquent de rien dans l'autre monde.
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A l'époque où je suis née, les wemistikoshiw dépendaient encore de nous. Ils venaient à nous comme de petits enfants au potlatch. Quand l'hiver se faisait trop rude, nous leur donnions des fourrures à porter, de la viande séchée d'orignal pour leurs ventres vides. Au printemps, quand les mouches noires menaçaient de les rendre fous, nous leur apprenions à jeter dans leur feu le bois vert de l'épinette. Nous leur montrions où se cachaient les poissons dans la rivière, quand l'été devenait chaud ; comment piéger les nombreux castors sans mettre en fuite toute la colonie. Les Crees sont un peuple généreux. Comme les tiques des bois, les wemistikoshiw se collaient à nous, engraissant de saison en saison, jusqu'au jour où ce fut à nous de nous justifier devant eux.
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