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Citations de Joseph d` Anvers (38)


Il faut profiter de chaque moment. La vie est courte. Elle file sans t'attendre, sans même que tu t'en rendes compte. On est accaparé par le quotidien, par nos existences avec tout ce qu'elles demandent d'efforts, d'abnégation, de compromis, on pense à la bouffe, aux lessives, aux courses, au travail, à ce qu'on croit être important, et on ne remarque même pas qu'un nouveau printemps est apparu. Que ça en fait un de plus. Ou un de moins.
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Dans la cour d'école, on joue tous un rôle, et les différences culturelles, sociales ou ethniques sont lissées, presque gommées. C'est en pénétrant la sphère familiale ds autres qu'on prend conscience de leur vie réelle, de ce qu'est leur quotidien, de ce qu'ils sont vraiment, au fond.
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Comment nous construire quand tout autour de nous se désagrège ?
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Il n'y a plus que nous. On ne parle plus. Juste le souffle exagéré des fumeurs qui recrachent la fumée. Leur façon de signifier que la vie est une chienne.
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Nos parents ont composé, se sont adaptés, sans vraiment comprendre ou être préparés. Ils n’ont jamais été formés pour ce rôle. Ils ont appris sur le tas. En autodidactes. Mais lorsqu’il fallait être là, prendre des décisions quant à notre éducation, répondre à nos questionnements incessants, s’occuper de nous quand on était malades, tristes ou démunis, ils trouvaient toujours une solution qui sonnait comme parole d’évangile. (p. 137)
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« Tiens, il est réveillé. »

Ana était assise à mes côtés, sur l’accoudoir du sofa. Une joie chaude et puissante m’a submergé.
Elle m’a souri tendrement et a déposé un baiser sur mes lèvres.
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Je culpabilise et j’ai honte d’avoir souhaité revenir un peu trop tard pour échapper à mon père. Ma mère, ma pauvre mère. Pourquoi ne se barre-t-elle pas ?
Je m’enfuirais avec elle. On se tirerait très loin, on repartirait du bon pied. Je deviendrais l’homme de la famille. Je ne suis encore qu’un petit garçon mais je serais obligé de grandir vite, et ça m’irait. Dans ma tête, je ne suis déjà plus un enfant.
On vivrait au bord de la mer, on ne reverrait plus jamais ces putains de plaines moroses et sans limites. On quitterait cette terre rougie par la honte et la violence.
On se ferait une belle vie. Elle et moi.
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La batte finit par rompre et je tombe à genoux, épuisé. J’ai le souffle court et le feu aux joues. Je sens la sueur couler dans mon dos.
Je lâche la branche. Mes mains sont écarlates, percluses d’ampoules. J’ai de la terre sous les ongles, mes fringues sont couvertes de brou de noix et de boue.
Putain, je vais me faire engueuler.
Putain, je n’en ai rien à foutre.
Avec un peu de chance, il aura déjà passé ses nerfs sur maman.
Je m’en veux aussitôt.
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Ma rage monte, ma colère me guide. Je déchire les feuilles, je les pulvérise. Plus je frappe, plus j’ai envie de frapper.
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J’empoigne le bâton comme une batte de baseball et je frappe le tas de toutes mes forces. Les feuilles s’envolent lourdement pour retomber dans un bruit sourd sur le sol.
Je tape à nouveau. Un peu plus fort.
Je tape encore, plus violemment.
Et puis encore.
Et encore.
Et encore.
Je ne peux plus m’arrêter.
Je fouette tout ce qui passe à ma portée. J’ai une énergie insoupçonnée. Je ponctue chaque coup de cris secs et gutturaux, comme un cow-boy exhortant son cheval à galoper plus vite.
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Elle s’est approchée de moi comme un félin en chasse, souple et déterminée. Elle a saisi mon visage, puis l’a léché sensuellement avant d’ouvrir ma chemise et de descendre le long de mon torse, jusqu’à mon ventre. Il n’y avait plus de limites.
Le son est encore monté d’un cran.
On était trempés jusqu’aux os.

« T’attache pas, c’est qu’un jeu tout ça… »

Je n’étais pas certain d’avoir compris ce qu’elle m’avait dit. Je lui ai demandé de répéter mais elle a posé une pilule mauve sur sa langue et s’est penchée vers moi. Ses lèvres ont caressé les miennes avec une infinie lenteur avant de m’offrir le plus torride des baisers. La pluie d’alcool a cessé. Le bar a payé sa tournée.
Je n’étais pas sûr d’avoir avalé l’ecsta.
Quelques instants plus tard, j’étais fixé.
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On est restés comme ça un bon moment, immobiles sur la piste, à s’embrasser. Elle sentait bon et sa langue avait un goût de vodka fraise.
Elle ne portait visiblement rien sous sa robe et ça m’excitait terriblement.
J’ai effleuré son cou de mes lèvres, dans un mouvement tendre, presque délicat. Elle a éclaté de rire et reculé d’un pas. Je n’ai pas compris pourquoi, mais je me suis senti con. Elle a pris ma main, un peu gênée elle aussi
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La M.D.M.A. finissait sa montée, je me sentais extrêmement bien. Je me suis mis à danser. Tout tournait et c’était bon. J’ai fermé les yeux.
Quand je les ai rouverts, une fille aux épaules tatouées, peau mate et regard clair, se tenait juste devant moi. Elle souriait et s’approchait dangereusement, chaloupant lentement jusqu’à ce que son ventre se colle au mien. Mon sang charriait la drogue à grande vitesse dans tout mon corps, mon cerveau fonctionnait sur pilote automatique, mes yeux se sont perdus dans les siens.
Elle a mis ses bras autour de mon cou.
Je me suis arrêté de bouger.
Elle m’a embrassé.
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Les plafonds étaient délabrés et des coursives bondées s’élevaient sur quatre étages, donnant à l’édifice des airs d’arène postmoderne.
Au sommet, niché sur une plateforme suspendue, le D.J. balançait un son puissant et hypnotique, tel Dieu abreuvant ses disciples de la bonne parole.
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J’ai pris une profonde inspiration.
La techno me défonçait les oreilles. Luigi a gobé un ecsta et son pote est parti en impro sur l’instru. Une espèce de freestyle approximatif qui tenait surtout du primate en rut.
J’ai regardé la mer blanchie par la lune, et j’ai trouvé ça beau. Les bateaux amarrés scintillaient, les collines étaient constellées de points lumineux.
La vie s’était déposée là. Je l’effleurais du bout des doigts.
Le primate s’est retourné et m’a tendu une pilule.
Je l’ai fixé, incrédule.
Il a gueulé « M.D. ! ».
Je l’ai avalée.

Quand on est arrivés au Squat, j’étais défoncé
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Dès son premier crochet droit, j’avais cru que la terre tremblait. Mais ce n’était que ma tête. Je n’avais pas eu le temps de penser plus qu’il avançait déjà sur moi.
Il mesurait presque deux mètres avec des bras gros comme mes deux cuisses, un tatouage de serpent sur son crâne rasé, une incisive en or, des yeux qui trahissaient l’amour maternel qu’il n’avait jamais reçu et le froid qu’il faisait, l’hiver, dans son pays.
J’avais peu d’alternatives, alors j’avais esquivé au maximum ses coups de massue, je m’étais désaxé et je l’avais électrocuté d’un uppercut court et vicieux au menton.
La fin du premier round n’avait pas encore sonné.
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C’était écrit partout sur les murs.

« Avance, encaisse, esquive, progresse. »
« Bigger, better, stronger. »
« Les limites sont tes limites. »

Des trucs un peu cons qui vous faisaient sourire quand vous les lisiez pour la première fois, mais qui vous prenaient aux tripes quand, après deux heures de combats, de sac, de shadow et de corde, José vous gueulait dessus pour que vous accélériez encore.

« Ton adversaire, il s’entraîne deux fois plus que toi, et il en redemande, putain ! Vas-y, Roman, cogne ! Sec et rapide ! Plus vite ! Plus fort ! Allez ! »

« No pain, no gain. »

Alors j’en remettais une couche, je repartais de plus belle. Je ne voulais pas décevoir José. Je savais que ça faisait partie du chemin.
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On avait pris sa caisse et roulé un bon moment.
Le plus petit avait allumé un nouveau joint, baissé les vitres et balancé un morceau de techno dégueulasse. J’étais calé à l’arrière, fatigué par l’entraînement de l’après-midi.
Ça avait cogné sec à la salle.
José nous imposait des entraînements de fous. Le championnat commençait dans moins d’un mois, alors, s’il avait pu, il nous aurait fait boxer jour et nuit. Mes épaules et mes poignets me faisaient un mal de chien. Mais c’était le prix à payer. C’était écrit partout sur les murs.

« Avance, encaisse, esquive, progresse. »
« Bigger, better, stronger. »
« Les limites sont tes limites.
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« T’as rien vécu si t’es jamais allé au Squat ! » m’avait lancé le plus grand des deux en jetant le mégot par la fenêtre.

Je n’avais pas su quoi répondre. Le gars avait souri.

« Si tu veux, on y va.
– Pourquoi pas. Quand ?
– Maintenant. »

Je l’avais regardé d’un air amusé.
Il m’avait tendu la main.

« Luigi. »

Je l’avais serrée, en insistant juste ce qu’il fallait pour marquer mon territoire.

« Roman. »
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Je m’étais retrouvé seul, alors j’avais fait le tour de l’appartement, bu d’autres verres et je m’étais finalement assis sur le rebord de la fenêtre de la cuisine afin de respirer un peu de cet air frais et iodé que charriait la mer toute proche.
Juste à côté de moi, deux types discutaient en partageant un joint qui répandait dans la pièce une âcre fumée blanche. L’un d’eux m’avait tendu le cône. J’avais tiré une profonde latte et on avait commencé à causer.
Très vite, ils avaient évoqué un club qui venait d’ouvrir, juste en dehors de la ville. Ils appelaient ça Le Squat.
Un ancien hôpital investi par un collectif, en attendant sa destruction à la fin de l’été. Un lieu éphémère dédié à la fête. Ils ne tarissaient pas d’éloges et leurs yeux s’illuminaient à sa simple évocation.
Je n’en avais jamais entendu parler.

« T’as rien vécu si t’es jamais allé au Squat ! » m’avait lancé le plus grand des deux en jetant le mégot par la fenêtre.
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