Je voulais faire de la musique comme ma mère. L’idée de tenir la musique entre mes mains me plaisait. C’était comme tenir un monde en mouvement.
Souvent je peignais ou dessinais la nuit durant, quand le reste du monde dormait et qu’il était plus facile de franchir la membrane qui sépare la vie de la mort et d’en rapporter des souvenirs. Je peignais au son de la musique du silence. C’était là que j’entendais tout.
Nous débarquons en ce monde avec une feuille de route et une carte enfouie au fond du coeur, mais rien ne nous prépare vraiment à ce saut brutal dans le royaume des vivants. La bienveillance des parents, de la famille et de tous ceux qui nous aident contribue à l'ambiance harmonieuse du foyer. Le mépris ou les bagarres suscitent la rancoeur et sèment l'hostilité. A chaque enfant son esprit, sa relation particulière avec ses parents, ses ancêtres et son environnement. Cet esprit peut lui apporter, à lui et sa famille, bénédiction, défis, ou les deux à la fois, dans le flot du temps.
La musique étant un langage spirituel, nous pouvons l'entendre, la transcrire ou l'inventer, mais pas la tenir entre nos mains. La musique peut aider un peuple à se soulever ou l'appeler à s'unir pour faire la guerre. La chanson de cette qui deviendrait ma mère a fait naître pour toujours l'amour de mon père pour elle, sans pour autant l'empêcher de tomber dans les bras d'autres femmes. C'est la voix de ma mère qui m'aiderait à trouver ma voie sur la Terre.