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Citations de Joyce Mansour (234)


Il plut pendant des mois. Les rivières s’en allaient gorgées de villages et de terre vers la plaine, laissant des mers d’eau douce et des lamentations ponctuées derrière elles par des poteaux télégraphiques. Au début, le maire du village disait : “C’est bon pour les canards”, en se frottant les mains avec jovialité ; ensuite il disait : “Ça s’arrêtera à Pâques.” Après, il ne disait plus rien, tout le monde avait pris l’habitude. Mais Jules César savait que c’était la fin du monde.
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Il me dira que c'est un gigot d'enfant. Je le cuirai, nous en mangerons. Dieu, faites que ce soit de l'agneau. » Elle gronda le perroquet qui s'épuisait dans une très mauvaise imitation de cheval au galop. Puis elle s'assit et laissa courir ses yeux bleus autour de la pièce. C'était une chambre pauvrement vêtue de souvenirs délabrés, les meubles entraient dans des états seconds quand on coupait le gaz et les murs lézardés souriaient de plus belle chaque fois que la porte se fermait bruyamment.
Marie brisa son miroir griffu. Il lui semblait entendre grincer le piège luisant de sa mort.
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Au début, quand Dieu habitait un trou dans la terre et que son frère jumeau dormait au ciel, que l'univers était sans forme et vide, seuls quelques restes d'huma- nité vivaient au fond des profondeurs brouillées par la pensée créatrice, dans un hôtel de Nord-Africains avec vue sur la mer.
Marie avala ses lèvres et cessa de mobiliser les astuces de son sexe pour observer la rue. Elle passait sa vie accoudée au balcon entre son grand-père Jérémie et sa sœur Anne qui était aussi incohérente qu'un poisson dans un bocal et aussi provocante. Prisonnière de sa longue attente, Marie ne parlait guère ; sa bouche cousue de fils blancs souriait au monde et le monde tendait avidement son cou pour mieux la surveiller. Elle était plus fascinante qu'une morte pour les voisins.
Jérémie ferma les volets de son cœur et accrocha une girouette dans la plaie qui ornait son front; de la sorte le vent s'agitait au milieu de son visage effaçant la tristesse, troublant les rides. « Cirque », dit Anne avec mépris.
Dans la rue, la foule désœuvrée se glissait dans les herbages des trottoirs. Un homme avança majestueusement. Affalé sur le dos d'un chameau, il tournait un œil noir dans la vase marécageuse de son orbite, puissamment présent pour toutes les femmes cachées derrière les persiennes chaudes et le blason de l'infini brillait sur son front comme une fleur de chair.
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[...] je tourne mon regard vers l'intérieur et je reconnais l'ombre de ma mère sans hésitation ni doute possible.
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Je suis probablement droguée et la géométrie secrète de la peur n'a plus de charme à mes yeux.
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QUELQUES TYPES DE PYJAMAS RENCONTRÉS DANS L'ANTICHAMBRE

"Le rangeur" : Sexe mâle ou indéfini. Il se déplace par bonds. Ses griffes puissantes et non rétractiles lui permettent de ranger des meubles ou des objets, de vider des cendriers, etc. Mobile et fumigène, le rangeur est dangereux car sa manie est contagieuse. Son cri est très reconnaissable : "Fermez la porte s'il vous plaît." Souffrant de la colite ou bien de la constipation aiguë, le rangeur exerce habituellement des métiers de gardiennage (musées, librairies, banques, parkings, crèches, etc.).

"L'obèse" est un mammifère plantigrade omnivore. Ce pyjama, de sexe indifférent, est un jouisseur, un rabat-joie, un sauve-qui-peut : il creuserait des terriers dans sa propre tombe. L'obèse passe de longues heures pendu à un fil téléphonique. Facilement apprivoisé, malgré des tendances prédatrices à peine dissimulées : il dévaste les greniers, souillant les réserves alimentaires, les admirations littéraires de ses renvois hépatiques, l'obèse est toujours de bonne humeur. Il ne se sent pas coupable de souhaiter vidanger sa mère. Il dit :

"Ma tête est vide
Mon ventre est plein
Pas de douanier
Juste ma glotte."

Indésirable, il doit "prendre".
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Sans prise de conscience, sans tension ni étonnement ; sans coup de téléphone aux amis, le hasard perd de son charme. Il n'émeut plus. On l'oublie.
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C'est toujours sur des murs de prison que l'on griffonne des mots d'espoir.
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"Il va m'examiner sans même se laver les gants !" je pense épouvantée.
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Je fais fausse route. L'érotisme du vieillard ne saurait être le but à atteindre.
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Lentement, j'ai coupé la communication.
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Entre ses cuisses glissent un ou deux avant-bras, quelques anguilles et une langue argentine.
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Très souvent le rêve se rattache à la maladie. Alors ici, à l'hôpital, au cœur même de la maladie, comment sépare-t-on le bon grain de l'ivraie ? D'abord il faut tracer la frontière entre le cheval et le cavalier. (Le cheval = la cabale = le rêve. Qui donc est le cavalier ?)
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Les malades préfèrent manger assis.
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Si, pour le gisant, l'hôpital est un lieu dangereux, sale, triste et inquiétant, pour le médecin ce même lieu n'est rien de plus ni de moins qu'un terrain de jeu pour un joueur de football professionnel.
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[...] gâteux, sages et fous ensemble : tous font la queue.
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L'hôpital. [...] Le malade avance dans le couloir ainsi que dans sa maladie : sans retenue et, le plus souvent, à reculons.
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Je quitte la rue des Aubépines, pressée de retrouver "... le collier qui nous lie. Mais qui donc tient la chaîne ?" (Vigny).
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Je pourrais trouver un sens à mes pérégrinations, mais l'accroissement du nombre de signes dans l'enclos à vaches, la présence de la loi paternelle sous forme de verbe... mieux vaut se taire.
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La trajectoire du rêve passerait donc par les pistes d'envol ? Des rêves de poche en quelque sorte. Je continue ma lecture, m'intégrant ainsi à la vie genevoise par le biais. "Le Monde désert" est un curieux livre où la réminiscence déborde largement l'affectivité actuelle, et, le bruit des mâchoires de l'auteur faisant irruption dans le texte au plus mauvais moment, je perds constamment le fil du récit.
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