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Critiques de Juan Rulfo (102)
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Le Llano en flammes / El Llano en llamas

Dans ce recueil de nouvelles parues en 1953, l'auteur mexicain Juan Rulfo (1917-1986) dévoile toute l'âpreté et la rudesse de sa terre natale.

Des histoires brèves montrant un monde pauvre réduit à l'essentiel.

Un pays déchiré par les guerres civiles où plane l'ombre des rebelles "cristéros", où la rudesse de la terre est encore accentuée par la violence de la nature, où la pauvreté conduit à des crimes sordides pour quelques pesos et où le désespoir et la solitude côtoient une immense rage de vivre.



La jolie préface de Le Clézio nous apporte quelques éclaircissements sur cet auteur original qu'est Rulfo.

On comprend mieux l'univers désespérément pauvre et aride dans lequel a grandi l'auteur.

De belles nouvelles, d'autres moins, mais toutes, montrent (à travers un style très "oral") la tragédie d'un peuple miséreux et l'espoir auquel il faut se raccrocher pour survivre.

A découvrir.

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Pedro Páramo

Roman emblématique du réalisme magique, Pedro Páramo est un classique de la littérature mexicaine. J’en avais plusieurs fois entendu parler dans mes cours, et cette année, il faisait partie de la liste des livres à lire.

Je me suis donc plongée dans l’histoire avec plaisir (ça me coupait de ma lecture du Roman comique de Scarron) et j’avoue avoir été déstabilisée à plusieurs reprises. Les pages se tournent très facilement, mais l’histoire s’entortille, se noue et se dénoue, s’emmêle. La chronologie est fragmentée, on change de narrateur sans prévenir, et certains passages semblent n’avoir aucun lien avec l’intrigue.



Le récit commence avec la quête de Juan Preciado, jeune homme qui vient de perdre sa mère. Sur son lit de mort, elle lui a fait promettre de retrouver son père, disparu avant sa naissance. Pour cela, elle ne lui a donné qu’un seul indice : il s’appelle Pedro Páramo. Dérouté, il va chercher du côté de son village natal, Comala. Sauf que, dans ce village, il n’y a plus personne. Plus aucun être vivant, en tout cas, parce que les morts ne sont pas tout à fait morts.

Non, ce n’est pas un livre de zombies, ne vous y trompez pas.



À côté du Roman comique, cette lecture est rafraichissante. Le style est clair, les phrases sont faciles à comprendre (enfin !!). Il y a quelque chose d’apaisant dans la présence des morts auprès des vivants. On les confond avec ceux qui sont encore en vie et ils racontent le passé du village. On découvre, à travers les bribes de leurs discours, ce qui s’est passé il y a quelques années. Ils sont très incohérents, d’où les 69 fragments qui constituent le roman. En lisant, j’ai eu l’impression d’enlever une à une toutes les couches d’un oignon pour en atteindre le cœur.



Juan Rulfo nous réserve quelques surprises, notamment à la moitié du livre où il se passe quelque chose de tellement incroyable, innovant et osé que j’ai cru que c’était encore une divagation des morts. Au final, non. Mais je vous assure que je n’ai jamais vu ça de toute ma vie de lectrice (qui commence à devenir un peu conséquente, j’ose le dire).



Je ne pourrais pas vraiment dire si les personnages ou l’histoire m’ont plu. C’est un peu au-delà de ça. Les protagonistes sont si complexes et si imprévisibles que je suis incapable de dire si je les apprécie. On les accepte comme entités vivantes, au même titre qu’une personne qu’on croise dans la rue, tellement leur existence coule de source. Ils sont, tout simplement. Sans nous donner un lien affectif particulier avec eux, l’auteur a su nous les rendre vrais et authentiques. C’est pareil pour l’histoire – bien que celle-ci soit parfaitement improbable ! Mais ce réalisme magique est tout à fait acceptable car Juan Preciado, bien que légèrement surpris au début, traite les événements comme s’ils faisaient partie du quotidien. C’est sûrement à cause de l’atmosphère étrange (je dirais : lancinante, berçante) qui règne à Comala qui le rassure, l’enveloppe – et nous enveloppe.



Assurément, c’est un livre à lire. N’ayez pas peur de vous laisser perturber, c’est une autre culture qui vous parle.
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Pedro Páramo

L' "oniromancie" est le mot-clef de ce chef-d’œuvre que l'on peut considérer comme surréaliste. La vie et la mort, le nombre déroutant de personnages-fantômes rencontrés par le héros dans le village de son père enseveli par la poussière, le style quasi scénique d'un fractionnement en minuscules fractions narratives rendent cette ouvrage d'une originalité merveilleuse. Je crois avoir déjà écrit (dans ce site) un petit mot sur les étranges relations entre la vie et la mort au Mexique que m'avait inspiré ce roman.

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Pedro Páramo





Court récit, mais nécessitant une lecture continue pour ne pas s’y perdre et devoir retourner en arrière voir recommencer...ce qui m’est arrivé



Un jeune garçon (ou un jeune homme?), pour accomplir les dernières volontés de sa mère, part à la recherche de son père qu’il n’a jamais connu, et lui réclamer son dû.



Ses pas le conduisent vers un village mort, hanté par de nombreux êtres, dont on ne sait pas toujours , et en tout cas jamais d’emblée s’ils sont morts ou vivants. Ceux-ci lui conteront par bribes, sans chronologie, ce que fut la vie de ce père, qui donne le titre à l’ouvrage. Propriétaire ruiné, trousseur de jupons (c’est ainsi que le narrateur a été conçu), homme d’un seul amour, Susanna la folle dont la mort le laissera détruit, plus encore que ne l’avait fait le meurtre de son père et la mort accidentelle de son fils légitime.

De très nombreux personnages viennent témoigner de ce que fut la vie de Pedro, et de son entourage. Ce qui rend la lecture difficile, c’est que les dialogues commencent sans que l’on sache qui parle, et ce parfois jusqu’à la fin de l’échange, d’où les retours nécessaires pour replacer les informations reçues dans l’histoire.



J’ai par contre beaucoup aimé les descriptions vivantes de la nature et des saisons (beaucoup plus vivantes que les êtres humains croisés). Il existe en effet une trame qui met en scène les saisons de la culture du maïs et inscrit ainsi dans une dimension temporelle

On ne peut pas parler de roman initiatique, comme le laissait supposer la lecture des premières pages, car le narrateur s’efface devant les spectres qu’il croise. Et même s’il part sur les traces ce personnage mythique, il ne semble pas subir une quelconque évolution. On ne sait d’ailleurs pas ce qu’il devient. Pedro Paramo, qui durant sa vie maitrisa hommes et biens sur son territoire, étend son emprise dans le récit même puisque le destin du narrateur devient secondaire.



Pedro Paramo est l’unique roman de cet auteur mexicain du début du vingtième siècle. Sa biographie peut expliquer sa fascination pour le monde des morts(orphelin, ainsi que de nombreux membres de sa famille, père assassiné) largement exposée tout au long du récit, qui prend l’aspect d’un théâtre d’ombres.



L’écriture est particulière, avec un phrasé qui donne une tonalité tamisée, filtrée, mettant à distance le réel, comme on conterait une légende.



La principale difficulté aura été pour moi la construction, qui rend la lecture confuse.
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Le Llano en flammes / El Llano en llamas

Dix-sept nouvelles pour témoigner des ravages de l’extrême pauvreté et de la guerre civile dans le Mexique rural de l’entre-deux-guerres. Rulfo a personnellement connu les conséquences de la révolution des Cristeros, choc impitoyable, dans une campagne reculée, de deux puissances aveugles, l’église traditionnelle et le gouvernement anticlérical. Dans ces récits à la première personne, le vocabulaire et les idées sont simples, les phrases sont courtes, les plaintes inutiles. La terre, le soleil et les hommes sont impitoyables (« Dis-leur de ne pas me tuer ») ; être voisins, ce n’est pas vivre ensemble (« La Cuesta de las Comadres ») ; les faibles et les femmes seront abusés (« C’est qu’on est très pauvres ») ; la justice civile est une étrangeté (« L’homme »), la sainteté une farce (Anacleto Morones) et les délégués du gouvernement des profiteurs cyniques (« On nous a donné la terre », « Le jour du tremblement de terre »). Le style est brut, puissant, « dénudé jusqu’à l’os » comme l’écrit Le Clézio dans son excellente préface. Il ne cherche ni les riches métaphores, ni les formules mémorables, seulement ce qui retient l’humanité et l’émotion après la table rase.
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Pedro Páramo

Sur son lit de mort, la mère du narrateur lui demande de partir à la recherche de son père, Pedro Páramo, avec cette curieuse injonction : « Surtout, ne lui réclame rien. N’exige que notre dû ». Le bourriquier qui le guide lui montre l’immensité des domaines de Páramo, le présente comme la méchanceté faite homme, il lui révèle qu’il en est aussi le fils et que leur père est mort depuis bien longtemps. Comme dans un rêve, ou un cauchemar, la narration traverse un enchevêtrement de temporalités, de révélations et de mensonges où la parole est partagée entre Páramo, ses femmes, ses bâtards, ses victimes et leurs fantômes.



Ce deuxième et dernier livre de Juan Rulfo, son seul roman, construit par fragments la figure d’un cacique qui ne connaît ni autorité ni limite, un prédateur de la nature sauvage qui vit sans remords et sans haine le principe qu’on se range du côté du plus fort. Principe qu’il impose aux autres, que les autres acceptent, et qu’il admet pour lui-même le temps venu. Dans ce monde, la seule hiérarchie reconnue est celle du clergé, un clergé fataliste qui ne connaît que la faute et sa condamnation sans en chercher les racines ou les responsables. On croise aussi la révolution mais elle est un accident, ou même une opportunité, une troupe de gueux qui se laissent manipuler en attendant les instructions d’une lointaine autorité. Preuve que ce monde est absurde : Páramo ne rencontre qu’un seul obstacle, la femme qu’il aime et se laisse mourir.



Le Llano en flamme, recueil de nouvelles et premier livre de Rulfo, semblait dicté par la nécessité, l’urgence de témoigner, ce qui faisait sa force et sa présence. Dans Pedro Páramo, Rulfo fait un travail d’écrivain professionnel, une œuvre esthétique teintée d’une dénonciation sociale. Le style bref, efficace, l’invention verbale et les images sont d’un éclat incomparable.

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Pedro Páramo

PEDRO PARAMO de JUAN RULFO

Juste avant de mourir, la mère de Juan Preciado lui demande de se rendre auprès de son père, Pedro PARAMO, chef du village de Comala et homme le plus important de la région. Les ayant abandonnés depuis longtemps elle espère que Juan pourra récupérer de l’argent. Il se met en route et en vue de Comala il rencontre un vieux bourriquier qui lui révèle la mort de PARAMO. Néanmoins, Juan pénètre dans le village et va rencontrer une vieille femme qui semble être la seule habitante du village et qui va lui révéler l’histoire de son géniteur homme rude, violent, maître des lieux et père d’une myriade d’enfants. Juan, plus tard rencontrera d’autres âmes qui compléteront l’histoire de son tyrannique de père, parfait salopard mais qui fut capable d’aimer et d’aimer une seule femme!

Un roman court et grandiose qui décrit un Mexique de la pauvreté, de la domination écrasante des propriétaires terriens sur les hommes et la religiosité du peuple. Juan RULFO c’est aussi, au delà de ces descriptions, un style, entre Faulkner au mieux de sa forme et Marquez. Quand Juan entre dans le village le temps se perd entre présent et passé, les protagonistes pourraient être des fantômes ou des âmes errantes et la réalité se mélange au rêve et à la mythologie.

Je ne peux qu’inciter à lire cet unique roman de RULFO ( considéré par beaucoup comme un des plus grands romans du 20 ème siècle )écrivain mexicain né en 1917 mort en 1986.
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Pedro Páramo

Plus un enfant, pas encore un adulte, entre Vienne et Venise, dans la nuit froide et pluvieuse d'une petite ville d'Autriche, aux heures où plus rien n'est ouvert, à l'heure ou même les lampadaires publics sont éteints. Une ville qui semble hostile et pourtant ce n'est pas Camala. Il aperçoit des lumières rouges, c'est dans le cimetière sur les tombes, il entre dans ce lieu - le plus accueillant de la petite ville d'Autriche - il se colle à l'abri contre le mur d'un monument funéraire sous le larmier. Il dort un peu et pendant ce sommeil Juan Rulfo s'installe durablement dans son esprit avant qu'il ne le lise des années plus tard.

Il ne le connaissait pas ce provocateur de rêves qui entend le tourbillon des feuilles mortes là où il n'y a pas d'arbres, tout comme lui a entendu des murmures inconnus dans ce cimetière ou étaient enterrés vivants d'autres fils du Pedro Paramo local.

Et depuis cette nuit peut être que son âme le hait pour les mauvais traitements qu'il lui a fait subir ,

Juan, est-ce que-tu es délivré de la violence de tes remords?

Et celui dont tu es aussi le père que par hasard la mère qu'est-il devenu ?

Serait-ce …. ?



Posons tout, arrêtons le temps, lisons, relisons Pedro Paramo, le Llanos en flammes, moins de trois cent pages pour l'oeuvre exceptionnelle d'un écrivain unique.



On sera dans un village désiré et désert au Mexique si on y est, sinon un village des Alpes du Nord de la Provence - vers Thorame -sera un cadre parfait.

On boira du Pulque sinon n'importe quelle gnôle locale râpeuse, goûteuse et forte à la déraison.

On aura pris soin d'emporter avec soi La Llorana par l'ensemble Harpeggiata de Christina Pluhar avec les voix de Béatrice Mayo-Felip et Doron Sherwin.
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Pedro Páramo

Un ami mexicain m'a dit que ce roman était un grand classique dans son pays et qu'il l'avait lu et adoré quand il était lycéen. J'étais donc ravie de m'attaquer à ce monument tout en craignant de ne pas saisir tout ce qui en faisait un "must-read" au Mexique. C'est un roman déroutant, on flotte dans une ambiance brumeuse, toutes les frontières entre le réel et le rêve, le présent et le passé, les vivants et les morts s'estompent dès les premières pages. Quelle étrangeté, tout est suggéré et repose sur l'esprit de déduction et la réflexion de la lectrice. J'ai été séduite par l'écriture et cette capacité à nous installer dans le flottement. J'ai trouvé plus déroutant le fait qu'on ne sache jamais facilement quel personnage nous parle. Je pense que j'ai certainement manqué beaucoup d'allusions du fait de ma méconnaissance du contexte historique du roman. Pour moi une relecture s'imposera donc, mais les qualités littéraires de cette œuvre sont indéniables et je comprends qu'elle ait inspiré des auteurs comme Garcia Marquez.
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Le Llano en flammes / El Llano en llamas

« On nous a donné la terre », voici le titre de la première nouvelle de Juan Rulfo, auteur mexicain qui a acquis une stature de classique reconnu partout, avec seulement deux livres, ce recueil de nouvelles paru en 1953, et un roman, Pedro Paramo, en 1959. Né en 1918, il est enfant durant la « guerre des cristeros », révolte paysanne contre le pouvoir central qui dans les années 20, donna lieu à de nombreux combats et exactions diverses. Ces souvenirs, ou plutôt impressions d’enfance, imprègnent les nouvelles. Pour moi qui ne connais pas l’histoire mexicaine, et comme les textes montrent des événements isolés sans plus d’explications, cela paraît parfois obscur. Enfin, cela n’a rien de gênant ni d’insurmontable, car c’est surtout l’écriture et l’atmosphère qui priment dans ces textes. La vie y est rude, la pauvreté extrême, la bonté rare et la mort omniprésente.



Les nouvelles sont courtes, dix-sept textes sur 170 pages, mais intenses, et surtout vibrantes d’une écriture formidable. Je pourrais presque prendre une phrase au hasard pour vous la copier en citation et cela sonnerait forcément original et percutant. C’est avant tout ce qui fait l’attrait de cet auteur, je pense. Les personnages, nouvelles obligent, sont nombreux, et un peu interchangeables, paysans ou pauvres diables emportés par le cours des choses. Tous racontent à la première personne, souvent dans un long monologue entrecoupé pourtant de dialogues, sans prendre parti, sans expliquer ou interpréter les faits. C’est donc une sorte de brutalité qui ressort de tout cela, les gens aussi durs que la terre, les habitants aussi inhospitaliers que le climat. Avec un style inoubliable !
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Pedro Páramo

Pedro Páramo serait-il le père que l'on trouve dans la perte ? Venu à la rencontre de son mystérieux géniteur suite aux derniers mots de sa mère décédée, le narrateur découvre une ville fantôme. Ou plutôt une ville de fantômes. Là, il disparaît peu à peu, effacé par les voix auxquelles il s'abandonne. Les voix qui peuplent ces ruines désertiques, et guident vers la tombe. Des voix comme des pantomimes de vies. Les fantômes s'éveillent et font voyager vers leur passé. Le récit perd sa linéarité. Le temps se fragmente, au sein d’un espace invariable à l’odeur de terre, et qui isole du ciel, comme un purgatoire. Dans cet espace hors du temps, les morts paraissent vivants. C'est à peine si on entraperçoit un crâne, dont la mâchoire se détache « comme si elle était en sucre »… ce qui est réellement le cas pour les bonbons caractéristiques de la fête des morts mexicaine (les calaveras). Le livre se savoure comme une étrange friandise, au goût doux-amer.
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Le Coq d'or et autres textes pour le cinéma

Je dois admettre que je m’attendais à un peu plus de la part du grand auteur mexicain Juan Rulfo. Dans sa nouvelle Le coq d’or, il présente le pauvre Dionisio Pinzon, qui survit difficilement grâce aux combats de coqs. En fait, l'homme sombre si bas qu’il perd presque l’espoir. Mais la chance lui sourit éventuellement, il gagne aux cartes, devient riche, trouve l’amour, etc. Toutefois, le proverbe ne dit-il pas que tout ce qui monte finit par retomber ? Deux autres courts textes suivent, comme c’est indiqué dans le titre ils étaient destinés pour le cinéma. Ils m’ont encore moins marqué, je m’en rappelle à peine quelques jours plus tard. Pour revenir au Coq d’or, la description du milieu pauvre et violent des combats de coqs m’a paru réaliste, je l’ai trouvé originale et intéressante (ce n’est pas un milieu que je connaissais). Aussi, l'amour que Pinzon porte à son volatile mal en point était touchant. Malheureusement, Juan Rulfo ne s’y est pas beaucoup attardé, l'homme sombre dans une pauvreté mille fois exploitée puis son ascension le propulse dans des milieux couverts dans maints autres romans et nouvelles. J’avais adoré Pedro Paramo et le recueil Le llano en flammes mais je n’ai pas retrouvé le style sombre et intense de l’auteur. Au final, ça a donné une nouvelle correctement écrite mais rien d'inoubliable.
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Pedro Páramo

Une façon originale de raconter une histoire, même si celle-ci est parfois difficile à suivre. J'avoue que par moments j'étais un peu perdu de par le nombre de personnages intervenant dans le récit. Je reste sur un avis mitigé, mais je lirai malgré tout d'autres ouvrages de cet auteur.
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Pedro Páramo

« Je suis venu à Comala parce que j’ai appris que mon père, un certain Pedro Paramo, y vivait. C’est ma mère qui me l’a dit. Et je lui ai promis d’aller le voir quand elle serait morte. J’ai pressé ses mains pour lui assurer que je le ferais, elle se mourrait et j’étais prêt à lui promettre n’importe quoi . »

Ainsi commence donc Pedro Paramo, roman du peu prolifique Juan Rulfo dont le quatrième de couverture nous informe que Rulfo « a marqué un renouveau de la fiction narrative, annonçant la révolution du réalisme magique dans les lettres latino américaines » et que Pedro Paramo « est l’une des plus grandes œuvres du XX siècle, un classique contemporain que la critique compare souvent au Château de Kafka et au Bruit et la Fureur de Faulkner. » Excusez du peu … (on se demande quand même un peu qui est cette critique unanime et dépersonnalisée …). Franchement, une quatrième de couverture comme celle-là, tout le monde s’est déjà fait avoir donc je reste prudent … J’ai finalement sauté le pas à la lecture de commentaires de lecteurs que j’apprécie et du bref incipit ci-dessus.

De cette piste initiale sur la quête d’un père inconnu se noue en de brefs paragraphes sans lien direct de nouveaux récits mettant en jeu différents personnages de Comala. Ces derniers ont une réalité qui leur est propre, relatant des faits remontant à des années bien antérieures à la naissance du fils, et oscillant dans un monde aux frontières étanches entre la vie et la mort.

En effet, l’un des thèmes principaux de ce roman réside dans la mort, omniprésente et plus particulièrement de la rencontre de ce fils avec des âmes égarées n’ayant pas forcément conscience de leur état, ne pouvant se détacher de leurs chaînes du monde des vivants Cette frontière est très floue et élastique tant la plupart des protagonistes apparemment vivants sont éteints et résignés alors que les morts sont bien plus communicants, d’une volubilité à la limite de la logorrhée mais dans un mode quasi exclusif de soliloque. La narration se fluidifie donc peu à peu en y excluant le narrateur fils-initial pour se rapprocher plus de l’épopée. Ces morts à la langue bien pendue dévoilent par bribes l’histoire du village qui ne peut être dissociée de celle du père Pedro Paramo. Cette évocation de ce monde étrange entre vie et mort, mémoire et oubli, empreint certainement de ce fameux réalisme magique m’a amené vers une nouvelle perception du Mexique, bien plus riche et complexe que celle que je m’étais faite sur base des coutumes insolites pratiquées à la Toussaint dans les cimetières. Plus encore, ce récit peut permettre d’introduire une réflexion sur le rapport qu’on entretient avec la mort et d’envisager celle-ci avec de nouvelles clefs.

Autre thème évoqué : le Père. Pedro Paramo est un personnage ambigu, craint et admiré, charmeur et parfois violent. Il est le maître du village aussi bien par son argent, son pouvoir, son ascendant, la crainte qu’il génère, sa prédation des femmes, sa capacité à soumettre. Mais c’est aussi le Père par le nombre d’enfants illégitimes qu’il a « semé » dans les alcoves des jeunes filles du village. Ce double ascendant lui permet de s’octroyer des pouvoirs quasi régaliens sur son petit monde, même sur l’église dont le curé se soumet à sa volonté au-delà de la compromission. Je m’interroge sur le lien qu’on pourrait faire avec une société mexicaine où Pedro Paramo symboliserait le pouvoir entre les mains de quelques grands propriétaires tout puissants, face à un peuple soumis et une église réduite au rôle d’instrument de contrôle et compromise. Ceci ne reste qu’une interprétation personnelle qui s’appuie plus sur des impressions que sur un recoupement de texte.

Au final, cette lecture me laisse quelque peu perplexe. En effet, je me suis souvent perdu dans cette narration aux paragraphes sans lien évident de prime abord. Mais en poursuivant ma lecture, j’ai moins recherché à relier chaque bout de fil de paragraphe et je me suis laissé porter par l’atmosphère propre à ce récit. En fait, ce récit pouvait continuer indéfiniment : c’était comme un parfum enivrant dont la composition des essences m’importait peu. Une fois le flacon fini, il ne reste plus que ce parfum puissamment évocateur d’une atmosphère qui est difficilement descriptible. Pourtant je reste réservé car ma lecture ne m’a pas octroyé autant de plaisir que ce j’escomptais et je me sens inexplicablement frustré d’une lecture dont je n’aurai retiré tout compte fait qu’un sentiment fugace et superficiel. Peut-être trop magique et pas assez de réalisme pour moi….

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Pedro Páramo

« Pedro Páramo » est l’unique roman de Juan Rulfo, qui a connu un immense succès avec ce texte court, publié en 1955 : on y suit le narrateur, Juan Preciado, à la recherche de son père, Pedro Páramo…Cette quête le mènera aux frontières de la vie et de la mort, dans un espace inquiétant, silencieux, désert, et pourtant peuplé d’une foule insolite et bavarde.



A la demande de sa mère et suite à son décès, le narrateur, Juan Preciado, se rend au village de Comala au Mexique, pour tenter de retrouver son père, Pedro Páramo. Mais il règne à Comala une étrange atmosphère ; au fil de ses rencontres avec les habitants, Juan glisse peu à peu dans le monde des morts. Certains l’accueillent chez eux. Les récits et les complaintes se multiplient, dévoilant peu à peu ce que fut la vie de Pedro Páramo.



« Pedro Páramo » de Juan Rulfo a été salué par de très grands noms de la littérature latino-américaine :

« Páramo est un des meilleurs roman des littératures de langue hispanique, et même de la littérature. » Jorge Luis Borges

« L’œuvre de Rulfo ne fait que trois cents pages. C’est à peine moins que ce que nous connaissons de Sophocle et, à mon avis, destiné à perdurer autant. » Gabriel Garcia Marquez



Tout l’art de Juan Rulfo consiste à emmener subrepticement le lecteur sur les pas de Juan Preciado, dans ce qui aurait pu être une incursion charmante au coeur d’un village mexicain, mais qui s’avère en fait être le voyage le plus attendu et redouté de chacun : celui qui mène de la vie à la mort. On est bel et bien plongé en plein réalisme magique et l’auteur ne cesse de semer des indices, qui ne font qu’accroître la perplexité et le malaise.

L’univers sonore est ici très important : tel un choeur antique, ce sont les voix des disparus, tantôt chuchotantes, tantôt claires, qui nous guident sur ce chemin. On va donc à la rencontre d’êtres insolites, qui apparaissent et disparaissent subitement. Rulfo multiplie les ellipses, introduit quelques traits d’humour. Cependant les morts forment une foule plutôt plaintive et résignée; on est loin des célébrations festives du ‘Jour des Morts’ cher aux Mexicains.

« Pedro Paramo » est donc une œuvre très singulière, dont ‘l’inquiétante étrangeté’ continuera de vous hanter, bien après avoir refermé le livre. Pour la suite, cliquez sur le lien !
Lien : https://bit.ly/2M4Mp8t
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Pedro Páramo

Publié en 1955, ce roman est le seul et unique de son auteur Juan Rulfo. Beaucoup de critiques considèrent ce roman -- qui ne fait pourtant pas plus de 120 pages- comme un des précurseurs du réalisme magique. Selon Wikipédia, Jorge Luis Borges a déclaré que « Páramo est un des meilleurs roman des littératures de langue hispanique, et même de la littérature ». Álvaro Mutis aurait dit au jeune García Márquez: « Tenez, lisez-le pour apprendre. » Et j’ai cru lire sur plusieurs sites que García Márquez a admis l’influence de ce roman sur Cent ans de solitude.



De l’histoire, je ne vous dévoile que ceci: Juan Preciados retourne à Comala, le village de sa défunte mère, à la recherche de son père Pedro Páramo.



Une novela à plusieurs voix. Racontée sans ordre chronologique. Une description minimaliste pour transmettre tout un univers. Une absence de frontières entre réalité et illusion, entre le monde des vivants et le monde des morts. Un livre qui pose toutes les questions (la vie, la mort, le pouvoir, la révolution, la religion, l’illusion, la déception et l’amour) en très peu de mots.



Voilà un livre maître!
Lien : http://www.litteratureworld...
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Le Llano en flammes / El Llano en llamas

LE LLANO EN FLAMMES de JUAN RULFO

Une quinzaine de courtes nouvelles dans ce livre qui décrivent un Mexique de plaines et de montagnes, de paysans pauvres et incultes, qui survivent péniblement. Ce sont des histoires très personnelles ou bien recueillies directement à la source par l’auteur, ce sont des moments tragiques, violents ou même humoristiques, issus de la vie journalière. On est dans un Mexique toujours entre deux révolutions, où la répartition des terres est cause de violences, le LLANO étant justement cette terre aride et peu cultivable attribuée aux paysans lors de la redistribution. RULFO dans un langage à la fois simple et poétique sait rendre la dure réalité de la vie de ces hommes des années 20/30.

C’est l’unique recueil de nouvelles de RULFO. Magnifique évocation.
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Pedro Páramo

Un livre incontournable de la littérature hispano-américaine.



"Et ton âme, où crois-tu qu'elle soit passée?

Elle doit errer sur terre comme tant d'autres..."p.91



En faisant évoluer ses personnages dans un univers intemporel, où passé et présent se confondent, où l'espace et le temps forment une unité inséparable, où les vivants et les morts passent sans cesse d'un monde à l'autre, Rulfo grâce à la magie de son verbe, traduit remarquablement cette réalité mexicaine première: le rapport de l'homme avec la mort, son mépris pour elle. Il est "nonchalant d'elle" comme disait Montaigne.

" L'indifférence du Mexicain devant la mort se nourrit de son indifférence devant la vie" écrit Octavio Paz dans Le Labyrinthe de la Solitude. Cette affirmation du prix Nobel mexicain trouve dans le chef d'œuvre de Rulfo une parfaite illustration. Fascinant.
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Le Llano en flammes / El Llano en llamas

Ce livre est une des oeuvres majeures de la littérature mexicaine et a été un coup de coeur pour moi en 2009 (Salon du livre sur le Mexique).



C'est un recueil de nouvelles qui se déroulent pendant la "guerre des cristeros" dans les années 1920. Le partage des terres au profit des paysans a commencé à se faire après la Révolution mexicaine mais la mauvaise répartition de celles-ci ajoutée à la mainmise de l'Etat sur la religion, donne lieu à une rébellion violente qui fera plusieurs milliers de morts. Rulfo avait six ans quand son père et son grand-père ont été tués et son enfance s'est déroulée pendant ces événements violents.



Ces nouvelles sont un hommage de Rulfo aux paysans, villageois, bergers, qui ont été les principales victimes de cette guerre. Le thème principal est la terre . On comprend que cette terre qui leur a été attribuée, le LLano, est immense mais aride et incultivable et ils essaient désespérément d'en extraire quelque chose. Certains se résignent mais d'autres ne supportent pas de voir leur famille mourir de faim et dans plusieurs nouvelles c'est la vengeance qui est l'héroïne principale. Les grands propriétaires d'hacienda, le gouvernement, à qui faut-il s'en prendre ? Et quand on retrouve son père et son oncle pendus, que peut-on faire sinon se venger ? Les destins individuels se mêlent à l'histoire collective et on voit aussi bien la douleur d'une femme, le malheur d'un ami, que la révolte de tout un village qui, poursuivi par les soldats, met le feu à toutes les grandes propriétés du Llano.



La préface de Le Clezio met en valeur cette oeuvre inclassable et rappelle la dureté et la cruauté de cette guerre qui a obligé ceux qui n'ont presque rien à se battre pour défendre ce presque rien face à des puissants aveugles. Ces textes très courts (quelques pages chacun) au style incisif sont suffisamment forts pour nous donner à voir cet univers sauvage et violent.

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Pedro Páramo

Peut-être qu'il y a 5-6 ans j'aurais adoré ou en tout cas j'aurais pu (encore) beaucoup plus apprécier cette douce folie qui écrase le temps et la distinction vie-mort, une sorte de torpeur, les légendes qui prennent aux corps, et où pourtant tous les personnages marchent en sachant pourquoi ou semblent marcher malgré qu'ils ne sachent pas.

Entretemps j'ai beaucoup lu, beaucoup de choses à la fois similaires et très différentes, mais certainement magistrales. Du coup, ce livre-ci ne sort pas du lot. Et, même, je pense ne pas être très sensible ou très touché par cette littérature (Sud-)Américaine. Je ne suis pas le plus grand fan des Sepúlveda, Vargas Llosa ou même Garciá Marquez. (Borges est largement plus fou, donc je ne le classe pas comme les précités.)

Voilà, je suis personnellement déçu car vu les critiques élogieuses j'espérais ressentir bien plus.
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