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Citations de Julian Semenov (19)


- Si je reçois vos garanties en ce qui concerne la poursuite des conversations, je m'engage à faire le nécessaire pour que l'Italie ne soit pas détruite comme le prévoit disposition du Führer. Nous avons l'ordre d'anéantir tous les musées d'art, tous les monuments historiques, bref, de faire table rase de tout ce qui appartient à l'histoire de l'humanité. En dépit des dangers que cela me fait encourir personnellement, j'ai déjà sauvé et caché en lieu sûr les tableaux du musée des Offices et du Palais Pitti, ainsi que la collection de monnaies du roi Victor-Emmanuel.
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Le véritable agent secret a quelque chose de l'acteur et de l'écrivain. A une différence près : si pour le comédien une mauvaise prestation lui vaut une ou deux tomates, et que les lecteurs accableront de leur mépris l'auteur d'un navet, la mort est le verdict qui attend l'agent secret.
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Il est aisé d’admettre les épreuves qui se sont abattues sur vous et les vôtres dès lors que vous êtes convaincu que ces atteintes sont logiques et fondées. Mais si vous constatez que le pays est gouverné par un gang de butors, qui ne connaît ni l’Histoire ni les principes moraux, sinon la loi des malfrats, alors la patience devient infamie.
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C'est plutôt agréable d'avoir une réputation inquiétante. Au moins on se souvient de vous quand vous êtes mort.
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L’écrivain Nikandrov entra comme l’obscurité tombait. Grand, sec, un physique qui ne passe pas inaperçu....
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Cette fois, de nouveau confronté à des Russes dans cette sorte de cave, Blenner ne pouvait les considérer sans arrière-pensée car il avait l’article de Nadeau en tête. Il connaissait l’homme : tout à fait sérieux et préférant la mort au mensonge.
Quand Staritski se fut éloigné, Blenner demanda :
— Il a publié quelque chose ?
— Il est incapable d’écrire deux lignes ! Un gros bavard. Et s’il y a ici un agent de la Tchéka, c’est bien lui, soyez- en sûr.
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— Devons-nous obliger ces messieurs à devenir socialistes malgré eux ? Non, camarades ! J’affirme que l’examen de la question doit être ajourné.” Sur ces mots, l’orateur mit les bouchées doubles pour avaler le reste de la nourriture. »
— Alors ? demanda Litvinov. Ce n’est point un bolchevik qui a écrit cela, mais un bourgeois comme vous… Il nous déteste. Pourtant, une fois libéré, il a déclaré : « J’aime mieux avoir affaire à vous. Vous, au moins, vous êtes concrets. Les autres sont comme les méduses avant la tempête, insaisissables et fuyants. »
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Litvinov fouilla les papiers sur son bureau et mit un journal sous les yeux du Français :
— Ça vient de chez vous. Un certain Paul Nadeau, vous le connaissez peut-être ? Parisien lui aussi – nouveau sourire en coin – et journaliste. Lisez donc ce qu’il écrit sur notre opposition, non pas sur celle qui quémande, non, sur l’opposition sérieuse des S.R.8 et des K.D.9 Il les a fréquentés pendant son séjour à la prison de la Boutyrka.
Blenner prit le journal et nota aussitôt les passages soulignés : « Toute notre cellule discutait en grande pompe des questions d’ordre intérieur, entre autres, de la désignation des gardiens. L’engouement enfantin pour la parlotte parlementaire qui s’est emparée de toute la Russie se traduisait dans notre cellule par d’interminables palabres. Sous la houlette du président de séance, aux amendements succédaient les contre-amendements, qui à leur tour suscitaient des propositions immédiatement suivies de contrepropositions. Les participants à ce terrible tournoi carcéral appliquaient des méthodes qu’on n’aurait pas répudiées au Palais de Westminster. Les détenus écoutaient patiemment ces discours verbeux qui n’aboutissaient à rien. Au bout de trois jours, parvint de l’extérieur un panier de victuailles destiné aux S.R. Ceux-ci se calèrent les joues sans la moindre gêne tandis que les autres, le ventre vide, se détournaient. Bouillonnant d’impatience, le chef de cellule se leva et proposa que soit examinée la question de la socialisation des provisions de bouche. Un silence se fit. On n’entendait plus qu’un bruit de mastication accéléré. L’un des camarades S.R. finit par déclarer d’une voix mielleuse : “Collègues, cette idée nous est sympathique puisqu’elle découle des principes mêmes de notre parti. Cependant, réfléchissons un instant ! Sommes-nous prêts à enfreindre le principe de liberté de conscience ? Il y a ici plusieurs prisonniers qui ne partagent pas nos idées, ajouta-t-il en désignant un vieux colonel affamé, un propriétaire terrien au ventre creux et un avocat moscovite que la faim avait rendu fou.
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— Vous m’interrogez sur une opposition supposée des milieux intellectuels ? lui avait demandé Litvinov. Il y a bien une opposition, le contraire serait étrange. Tchekhov disait que celui qui parle plus qu’il n’écrit n’a plus rien à écrire de bon. Nous avons avec nous les écrivains Gorki, Blok, Serafimovitch, Brioussov, ainsi que de jeunes pousses magnifiques comme Maïakovski, Pasternak, Asseïev, des savants comme Timiriazev, Chokalski, Obroutchev, Graftio ou Goubkine ; des artistes tels que Konenkov, Kontchalovski, Petrov-Vodkine, Nesterov, Kandinsky ou Koustodiev… Leur vie ne va pas sans difficultés : comme partout nos institutions comptent des imbéciles, de minables envieux chargés du développement culturel. Mais nulle part ailleurs la vie artistique n’attire un public aussi énorme et aussi passionné que celui qui a surgi en Russie après la révolution.
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Ses différents interlocuteurs commençaient à lui porter sur les nerfs. Ils fomentaient des plans extravagants, échangeaient des allusions obscures et annonçaient des changements imminents ; cela, sans cesser de médire sur les personnes qu’ils venaient de saluer chaleureusement, voire d’embrasser une minute auparavant. Blenner avait d’abord été stupéfait par ces échanges et il en avait tiré un plan clair pour ses prochains papiers : « La Russie au bord de l’explosion ». Cependant, sa rencontre avec Litvinov, devenu vice-ministre des Affaires étrangères tout en gardant son poste d’ambassadeur en Estonie, l’avait forcé à mettre cette analyse-là de côté.
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— Qui cherche donc la clarté… soupira Staritski, avant de déclamer : « Rien n’est plus digne que mourir pour la patrie et aucun citoyen digne de ce nom ne peut craindre pareille mort ». Signé Alexandre Oulianov, frère de Lénine. Voilà ce qui attend à bref délai la malheureuse Russie martyre et insurgée : une guerre fratricide.
— Vous avez choisi de citer Oulianov… C’est qu’à titre personnel l’esprit de sacrifice des condamnés à mort ne vous est pas très sympathique, n’est-ce pas ?
— Qui vous donne le droit de me parler sur ce ton ?
— Comment ? réagit le Français, interloqué. Je pose une question. Je ne vois pas en quoi une question pourrait être offensante puisque vous avez la possibilité d’y répondre.
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— Tous les changements ici-bas portent l’empreinte de personnalités, fit observer le Français. Miser sur un schéma extra-terrestre équivaut à une désertion citoyenne.
— Quoi, vous me mettez en demeure de brandir mon révolver ?
— Nullement… J’essaie seulement de clarifier pour moi même le tableau des événements.
— En Russie, il n’y a jamais eu de tableau clair et ce n’est pas demain la veille qu’il y en aura : chez nous, chacun est son Clemenceau. À propos, il n’y a que les espions qui cherchent à clarifier les choses. En seriez-vous un ?
— Tout journaliste l’est à sa façon.
— Qui cherche donc la clarté… soupira Staritski, avant de déclamer : « Rien n’est plus digne que mourir pour la patrie et aucun citoyen digne de ce nom ne peut craindre pareille mort ». Signé Alexandre Oulianov, frère de Lénine. Voilà ce qui attend à bref délai la malheureuse Russie martyre et insurgée : une guerre fratricide.
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— Mon salaud, fit Micha avec un sourire forcé, il faut toujours que tu sèmes l’embrouille !
— Comment ça ? Moi, j’évite soigneusement les bourgeois, les nôtres, nés sur notre sol, quant aux étrangers, Dieu m’en préserve, de grâce ! C’est pas grave, une fois que tout ce galimatias aura pris fin, Micha, on te fera la peau. Simple mesure d’hygiène et de sécurité sanitaire.
— Vous pensez que ce « galimatias » aura une fin ? deman da Blenner.
— Les lois de la logique gouvernent le monde qui ne peut longtemps s’accommoder de la folie. Il ne s’agit pas ici du rôle de telle ou telle personnalité, mais d’un système extra-terrestre qui nous régit selon des lois impénétrables.
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— Qui est-ce ? demanda Staritski impudemment, le regard planté sur le Français. Micha, qui nous as-tu amené là ?
Accoutumé à la déférence envers les étrangers, Erochine se tortillait sur sa chaise, tandis que le Français offrait un sourire débonnaire à Staritski en lui tendant sa carte de visite.
Le critique la fourra dans sa poche et demanda :
— Membre du Komintern ?
— Plutôt du côté de l’Entente.
— Dans ce cas, méfiez-vous de Micha : c’est un agent de la Tchéka.
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Ici, dans ce demi-sous-sol étriqué de la rue Kropotinskaïa, on venait d’ouvrir une cantine où l’on servait gratuitement du thé et du café et, sur présentation de la carte de membre, du vin « Tsekouba » aux chercheurs et à l’intelligentsia créative de la capitale. Aussi, ceux qui y venaient en foule se connaissaient-ils tous, au moins par ouï-dire.
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Moscou, avril 1921

— C’est qui, celui-là, au coin ? demanda Blenner.
Micha Erochine qui avait passé les derniers jours en compagnie de ce journaliste parisien, maugréa :
— Un peintre dont j’ai oublié le nom. Vendu aux bolcheviks.
— Il a du talent ?
— Pas un sou.
— Et l’autre, à côté ?
— Peintre lui aussi. Il travaille pour Lounartchaski. Un lèche-bottes.
— Il n’y aurait ici que des artistes peintres ?
— Nullement. Vous avez Kliouev. Près de lui, Mariengof, un autre poète. Pareil, de beaux salauds. Ils obéissent sans piper car les Commissaires les nourrissent.
Le Français esquissa un sourire :
— J’en viens à penser que médire est un sport typiquement moscovite. Une vieille habitude ou est-ce apparu après le coup d’État ?
Micha n’eut pas le temps de répondre : Staritski, critique de théâtre, avait surgi devant leur table.
— Je peux ? s’enquit-il.
— Je vous en prie, répondit Blenner, nous n’attendons personne.
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En vérité, la politique commence par la carte. L’immensité d’un territoire coincé dans une page typographique fascine les capitaines, engendre les tyrans, les aventuriers, les provocateurs, les monarques et les démagogues. (p. 94)
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Ce qui fait de ce personnage de fiction un héros national bien réel tient à sa finesse, à son audace, à sa solidité morale et psychologique malgré les doutes dont il fait lui-même état. Simenon a pu écrire qu’il a trouvé dans les livres de Semenov des héros bien vivants, de vrais espions sortis de la « vraie vie ». Stierlitz n’a rien en effet du Superman à la James Bond : il est simplement, magnifiquement humain.

Préface, Monique Slodzian, p. 11
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L’idée d’indépendance obsède ces bouchers de l’OUN et cela nous ouvre des perspectives en encourageant leurs rêves nationalistes, en leur laissant croire qu’à condition d’affronter les Soviétiques, ils auront leur État ukrainien. Naturellement, vous et moi savons qu’il ne saurait être question d’une quelconque indépendance slave, a fortiori de création d’un État ukrainien indépendant : le territoire compris entre le fleuve Prout et les mines du Donbass doit être et sera la propriété des colons allemands.
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