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Critiques de Julie Bonnie (257)
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Je te verrai dans mon rêve

Blaise n’a pas eu beaucoup de chance, dans la vie. Lorsque sa peine est purgée, après dix ans derrière les barreaux, il est bien décidé à se remettre en selle et retrousse ses manches pour donner une seconde vie au bar que tenait son père. En mieux, avec de la musique, celle qu’il aime profondément, le jazz.





Et la destinée semble vouloir être plus clémente, puisqu’elle lui octroie au hasard d’une rencontre un éblouissement soudain : le bleu infini d’une paire d’yeux , ceux d’un bébé prénommé Nour, la lumière. Si la petite grandit auprès de lui, tour à tour, baby-sitter, parrain, père de substitution et mentor, c’est que sa mère traine de lourdes casseroles, les séquelles d’une enfance saccagée.



Cette reconstruction ne parvint cependant pas à le débarrasser des cauchemars qui le hantent, nuit après nuit, le conduisant peu à peu la lisière de la folie…



C’est un beau roman , et une belle histoire, portée par une bande son omniprésente, la musique comme point d’ancrage de destins à la dérive.



On se laisse séduire par les personnages qui tentent de s’en sortir malgré les obstacles multiples qui se dressent devant eux comme autant de défis toujours plus exigeants
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Chambre 2

Chambre 2.

Des ventres ronds, des ventres plats.

Des ventres en vie, des ventres déjà morts.

Il y a des larmes, des cris, du sang, du bonheur, du malheur.

On cueille, la vie, la mort, les mères choisissent, d’autres hurlent un non qui ne sera pas entendu. La nature décide.

Chambre 2.

Ça sent le bébé chaud. Ou ça sent l’ange mort. Des couleurs dans le cœur ou du sel dans les yeux.



Hymne à la maternité.

À la femme.

Au désir, aux corps nus.

Parce que Béatrice danse nue comme un éloge à ces bébés qui naissent nus. La vie aura bien le temps de les habiller...

Et dans cette nudité, on entend les hommes crier et les mères prier et suer.



Un roman déroutant où les entrailles du ventre racontent, délogent et tressaillent.
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Chambre 2

Comme tous les matins, Béatrice enfile sa blouse rose. Auxiliaire de puéricultrice, elle a délaissé sa vie d'avant. Sa vie de danseuse, sa vie de bohème, sa vie avec Gabor, son mari violoniste, ses amis Paolo, le batteur, Pierre et Pierre, un couple homosexuels travestis, ses voyages à travers l'Europe au gré des dates de concert, l'insouciance, la vie au jour le jour, le public en admiration devant son corps nu et harmonieux se déhanchant au rythme de la musique, laissant entrevoir tout le bonheur, l'amour et la sensualité qu'il dégage. Mais, les aléas de la vie font qu'elle a tout quitté pour se «ranger». Dans son travail, elle n'est pas épanouie, elle déprime, elle ne dort plus, elle vit seule et ne supporte pas les conversations de ses collègues. Chaque jour, elle doit faire face à la détresse, au désarroi, à la tristesse, à la peur ou la joie de ces mamans mais aussi à la mort. Elle vit intensément et profondément le vécu et le ressenti de ces femmes. Ce métier qu'elle n'a pas choisi la ramène immanquablement à sa propre histoire.



Julie Bonnie explore le corps humain intimement. De sa vie de danseuse nue, épanouie, sans complexe, libre avec et dans son corps, Béatrice entrevoit tout autrement le corps et est confrontée à une autre nudité. Entre les fausses-couches et les césariennes, on se balade de chambre en chambre, on compatit, on souffre ou l'on s'insurge. Alternant le passé tumultueux et terriblement vivant de Béatrice et ses journées dans la clinique où elle se sent à la fois prisonnière et désarmée, Julie Bonnie nous livre un roman des plus intimes, émouvant et poignant et met en avant cet objet de désir, sexuel, de dégoût, de plaisir, de malheur, d'enfantement, à la fois fort ou fragile, docile ou indomptable.



Chambre 2... entrez sur la pointe des pieds...
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Chambre 2

Je me suis immergée dans un cri. Un long cri de souffrance hurlé par la narratrice, Béatrice, une ex-danseuse nue.

Ex-danseuse nue ? Je vous vois déjà en train de rigoler doucement. Eh bien je la défends, cette jeune femme fragile ! Elle a vécu son métier comme une passion, elle a dansé pour s’exprimer, elle a glorifié le corps féminin. Le « Cabaret de l’Amour », le groupe dont elle faisait partie, était heureux, amoureux de la musique et de la liberté. Ils ont eu 2 enfants, amoureux de leurs parents.

Et puis le drame est survenu. Et puis elle est devenue auxiliaire de puériculture dans un hôpital. Et puis elle n’en pouvait plus...

C’est ça qu’elle nous raconte. Son passé et son présent. Son passé fantasque, déroulé mais quelquefois difficile, son présent raide, convenu mais toujours déchirant.



Comme elle est au bord du gouffre, elle perçoit avec acuité le mal-être, le désespoir, le vide de ces « mères-là », celles qu’on regarde avec un brin de mépris ou avec une bonne dose de condescendance.

Comme elle est instinctive, elle « vit » les bébés, contrairement aux autres sages-femmes, aguerries : « Moi, j’écoute la peau. La peau livre les secrets. Prenez un bébé dans vos mains et fermez les yeux. Oubliez que vous avez peur parce que vous croyez que vous allez le casser. Fermez les yeux et écoutez la peau, les muscles, l’ondulation des chairs. Laissez parler votre peau et laissez la peau du nouveau-né vous répondre. Vous entendrez une sonate de peau. »



Difficile, insurmontable de concilier cette implosion de souffrance et cette explosion des corps, ce besoin intense d’entrer en contact et cette barrière institutionnelle.

Difficile, oui. Insurmontable.

« Il faut trouver une place dans la vie, il faut trouver des alliés, des gens qui vous ressemblent. Il faut donc assassiner tout ce qui dépasse, découper chaque morceau de ma chair et de mon esprit qui ne rentre pas dans le moule ».



Difficile de s’extraire d’un livre pareil, d’un style mis à nu, de propos pleins de faiblesse et de force, sans aucun penchant pour les lieux communs, explosif.

Difficile.

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Chambre 2

Aujourd'hui, Béatrice est auxiliaire de puériculture dans une maternité. Ce boulot lui pèse : l'ambiance entre collègues, la douleur des femmes lorsque "ça" se passe mal - vraiment mal ou lorsqu'elle-même le ressent comme tel et noircit le tableau. Et puis Béatrice vit seule, ou quasi, elle est insomniaque, déprimée, épuisée.



Hier, Béatrice était danseuse, merveilleuse, heureuse, amoureuse. Une vie tourbillonnante et éblouissante parmi une joyeuse troupe de saltimbanques. Musique, jeunesse, rire, fête. De vrais amis, un mari et des enfants formidables avec elle sur les routes.



La narration alterne entre ces deux périodes de la vie de Béatrice. Nostalgie des belles années vs malaise présent. Soleil vs ombre. Energie et bonheur vs fatigue et désespoir.



Sentiments très divers et contradictoires en lisant ce livre et après l'avoir refermé.

Beaucoup de réflexions intéressantes sur la féminité, la maternité (accouchement, allaitement, blues post-partum...), le deuil, mais aussi sur l'environnement professionnel.

Des moments magnifiques, intenses, bouleversants.

Et puis, hélas, des tournures et 'postures' affectées, artificielles et déjà tellement vues/lues, plus particulièrement sur les moments heureux.



Un beau livre émouvant, quoi qu'il en soit. J'en retiendrai au moins cette expression "enfant né mort", tellement plus évocatrice que le terme officiel "enfant mort-né"...
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Barbara, roman

Ce que j’ai ressenti:…Déploiement d’ailes noires…







« Un beau jour ou peut être une nuit

Près d’un lac, je m’étais endormie,

Quand soudain, semblant crever le ciel,

Et venant de nulle part, surgit un aigle noir »



Ces paroles, cette voix…Répertoire incontournable de la chanson française…Mais si on connaît la chanson, connait-on l’artiste tourmentée qui se cache derrière? Julie Bonnie nous raconte le destin d’une petite fille jusqu’à la grande dame en noir, en toute intimité, presque comme une confidence, avec pudeur et toute la douceur dont elle a le secret…Entre biographie et romance, on plonge dans l’histoire d’une femme, qui a un rêve :devenir chanteuse. Dans ses pages, on se rend compte des sacrifices, des tourments qu’elle a subi, tout ce qu’elle vit avant: la consécration…On découvre Monique avant Barbara, la personne avant l’artiste, la petite fille avant la femme…



Souvent derrière les paillettes, se cache de grandes blessures, de profonds traumatismes et pourtant, on n’en voie rien, une fois que le rideau se lève. On sent toute l’admiration de Julie Bonnie pour Barbara, et elle nous dévoile toute l’intimité de cette artiste, ses failles, son histoire. C’est touchant, parfois bouleversant. On retrouve la plume sensible de cette auteure, sa manière de mettre en lumière la féminité, un bien joli hommage!



Comme à chaque fois, j’ai lu d’une traite le dernier roman de Julie Bonnie. J’ai apprécié sa manière poétique de présenter la musique, écouter à travers les lignes ce piano bienfaiteur, entendre derrière les paroles, toute la violence en noir…Barbara a pris son envol, pour vivre son rêve, et même avec un cœur chagrin, on lui souhaite encore de tournoyer avec magnificence dans les enceintes…



« Joue, piano, joue. »



Ma note de Plaisir 8/10


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Barbara, roman

Une très heureuse surprise.

Je suis toujours sceptique quand j’entreprends de lire un ouvrage parlant de personnages que j’aime inconditionnellement.

La preuve, je suis allée voir Barbara au cinéma et en suis ressortie très mitigée.

Et dans la foulée, j’attaque ce roman inspiré de la vie de ma chanteuse préférée. Pari risqué pour l’auteur.

Et bien, malgré mon sens critique exacerbé dans ces cas là, j’ai pris beaucoup de plaisir et ai dévoré le livre en quelques heures.

Julie Bonnie, avec tous les éléments recueillis dans les divers écrits sur Barbara, biographiques ou autobiographiques, a composé ce roman avec beaucoup de justesse et de sensibilité. Des expressions poétiques et musicales émaillent l’histoire, la rendant plus proche de la réalité encore.

De son enfance à ses premiers pas de chanteuse compositrice, elle a imaginé avec talent la vie de Barbara.

Pari réussi !

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Alice et les orties

Les personnages:



Alice nous émeut par sa blessure sur laquelle elle n’arrive pas à mettre les mots pendant plus de trente ans. Elle reste étonnamment pudique, nous délivre son message à force de métaphores: Poétique…



Tallulah, j’ai aimé sa façon de voir la vie, de lui faire un pied de nez comme cela, d’être irrévérencieuse.



J’ai eu un petit coup de coeur pour Achille! Je l’ai adoré dans sa défense des jolis mots, dans son apparence étonnante, dans son soutien à Alice…



Ce que j’ai ressenti:…Une douce lecture urticante…



« L’histoire était-elle un virus? S’est-elle, avec le temps, adaptée à mon organisme, à ms cellules est-elle incrustée dans tout ce que je suis maintenant? »



Encore une fois, cette auteure m’a emportée dans sa sensibilité, dans ses écrits gracieux. En se frottant au conte, elle nous transmet le gratouillement d’une histoire qui dérange. Sous l’apparence d’un méli mélo , elle fait apparaître des êtres étranges, des rencontres loufoques tout comme une certaine autre Alice…



J’ai été touchée de son intention de se faire imaginative pour parler d’un sujet difficile, de faire de la création pour dénoncer cet acte immonde , de donner de la force aux victimes pour faire exploser cet empoisonnement. J’ai trouvé que les illustrations simples et aérienne de Robin Feix ajoute plus de poids à leurs démarches de libération…



« J’ai parfois été cruelle. Pour rendre. Mais on ne se débarrasse pas des blessures en blessant. »



Nous sommes juste heureux de n’avoir pas vu cette histoire partir en fumée, car même si le sujet est brûlant, la douceur que Julie Bonnie dans ses pages, en fait un agréable voyage…


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Chambre 2

C’est difficile d’affronter la réalité de la dépression ou de la maladie mentale, parce qu’on y reconnait souvent une part de soi-même. Oui, la maternité et le travail à l’hôpital, ce n’est pas toujours facile et toutes connaissent un jour ou l’autre des moments de découragement.



Pour l’auxiliaire de puériculture Béatrice, c’est plus grave, elle est dépressive, elle ne dort plus et elle voit tout en noir. Elle ne perçoit plus autour d’elle que les malheurs, les femmes qui souffrent et pour qui l’enfantement est un drame. Pas de place pour les femmes ordinaires, elle raconte un concentré d’enfants qui meurent, de mères accablées ou indifférentes et de pères absents.



Des bribes de son passé expliquent que Béatrice était autrefois danseuse qui a vécu son corps librement et avec intensité. Elle ressent avec le même excès la souffrance des corps malmenés par l’accouchement, la césarienne ou les règles strictes du milieu hospitalier. Elle éprouve aussi une grande solitude, car elle a vécu le rejet social et se sent toujours mal à l’aise dans la rigueur de sa blouse rose et dans ses rapports avec ses collègues. Ajoutez à cela un milieu de travail stressant, côtoyant la vie et la mort, et nous avons un portrait très sombre de la maternité.



Un court roman, touchant de vulnérabilité, où transpire la détresse de la dépression.

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Chambre 2

Je me suis demandée tout le long de ma lecture ce qu'il y avait d'aussi particulier avec la chambre 2, on en parle au début et c'est fini, on tourne les pages du livre tout en visitant chaque chambre numérotée dans l'ordre croissant sans revenir sur la chambre 2, mais quand on arrive à la chambre 15, on retrouve l'ombre de la chambre 2... vraiment super!!!
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Chambre 2

Béatrice est auxiliaire de puériculture. Chaque jour, elle lutte contre la révolte et le mal-être qui la rongent depuis qu’elle doit revêtir cette blouse rose, trop étriquée pour elle, et côtoyer le désarroi et la détresse de jeunes mères bien souvent dépassées après leur accouchement. Car, si les instants de bonheur pur réchauffent le cœur, cette ancienne danseuse assiste également chaque jour à des drames intimes : bébés morts nés, dénis de grossesse, malformations, instincts maternels qui ne se réveillent pas, mères qui culpabilisent et tombent dans la dépression… Autant de souffrances qu’elle doit affronter avec professionnalisme et distance, pour ne pas être elle-même submergée, alors que son cœur crie à l’intérieur… Mais comment devenir hermétique à la douleur des autres quand on est une femme passionnée et vulnérable ?



Avec ce premier roman, Julie Bonnie nous offre un texte criant de réalisme, éblouissant par sa force et sa justesse. On navigue sans cesse entre le passé bohème de cette jeune danseuse, éprise de liberté, qui passera plusieurs années sur les routes avec sa troupe d’artistes, et son quotidien oppressant, à l’opposé de ce dont elle a toujours rêvé, où l’on découvre ce qui se cache derrière ses portes des chambres de la maternité que l’on ouvre l’une après l’autre… Le corps est au centre du récit, corps libéré, épanoui, artistique, ou au contraire, corps souffrant, déformé, rejeté. Que dire de plus si ce n’est que ce texte m’a émue aux larmes, m’a bouleversée par sa maturité, sa beauté et la sincérité qui s’en dégage. Un premier roman magnifique qu’il serait vraiment dommage de manquer !
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C'est toi, maman, sur la photo ?

C'est toi, maman, sur la photo ? est un récit autobiographie de l'autrice Julie Bonnie. le récit revient sur son adolescence. Issue d'une famille plutôt aisée de Tours, Julie Bonnie décidera de vivre sa vie comme elle l'entend et de devenir musicienne. En commençant à jouer dans les petits bars de la Place Plumereau, Julie et son groupe vont entamer des tournées dans leur petite camionnette à bout de souffle et rencontrer un petit succès notamment en France mais également en Allemagne.



Peu encline à lire des autobiographies, je me suis penchée sur ce récit notamment parce l'autrice est tourangelle et que le personnage de Julie Bonnie a marqué beaucoup de tourangeau (et qu'ils en parlent encore !) ce qui m'intrigue grandement. J'ai passé un super moment de lecture avec C'est toi, maman, sur la photo ?. Julie Bonnie a un franc parlé, les chapitres sont courts et l'écriture est pleine de franchise. le roman se lit donc vite et on est rapidement attaché à cette jeune femme. Bien que rebelle dans l'âme et ayant une soif insatiable de vivre, Julie reste fidèle à ses convictions et aux personnes qu'elle aime. Julie vit sa musique et elle veut vivre l'aventure des tournées. Très jeune, à peine majeure, elle fait preuve d'un courage que peu de jeunes ont (courage que j'aurais aimé avoir pour le coup) et part à la totale aventure en Europe avec son groupe.



C'est toi, maman, sur la photo ? nous raconte l'adolescence tumultueuse de Julie Bonnie, une adolescence banale faite de rébellion, de construction de soi et d'erreur mais une adolescence également extraordinaire porté par la musique et l'amour. C'est un récit qui nous permet aussi de faire une introspection également de notre propre adolescence et qui nous remémore cette période de notre vie où l'on vivait les choses à fond. Merci à Julie Bonnie de nous rappeler cela !
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Je te verrai dans mon rêve

C’est un endroit qui ne ressemble ni à l’Amérique ni à l’Italie mais au bar de « fane », le héros malheureux de L’été en pente douce incarné à l’écran par le regretté Jean-Pierre Bacri. Dans le roman de Julie Bonnie, il s’appelle Blaise. Il est sorti de prison avec des cauchemars chevillés au cœur et l’angoisse de lire du reproche dans le regard des autres. D’aucuns appellent cela de la misanthropie. Chez lui, ce serait plutôt de la légitime défense.

Josée, elle, pratique la légitime défonce parce que la vie lui a réservé un départ difficile, pas en première classe mais en soute, avec pour bagage une enfant non désirée, Nour, à laquelle la nature a donné les plus beaux yeux du monde, histoire de corser l’addition.

Alors qu’il s’était juré d’éviter son prochain, Blaise se laisse aimanter par la détresse. Par solidarité d’infortunes. « Ce que j‘aime avec Josée, c’est qu’on n’a pas besoin de parler (…) On est du même camp, celui des malmenés, des abîmés. Le silence nous évite le mensonge ». Son bar devient le refuge des deux femmes, une zone franche, là où le temps fait crédit, un peu plus qu’une salle d’attente, un peu moins que le paradis.

Dans « Je te verrai dans mon rêve », le père n’est pas celui qu’on croit et la mère manque toujours à l’appel. Nour doit avancer dans le noir, son prénom ne lui suffira pas. Tout n’est pas perdu, la solitude a ceci d’accommodant : elle habitue au malheur et fait don de clairvoyance.

La langue de Julie Bonnie vient de la rue et de la musique. Elle en a l’énergie et la sincérité. J’ai lu son roman d’un trait et l’ai refermé avec un profond sentiment de satiété.

Bilan : 🌹🌹

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Chambre 2

Julie Bonnie nous invite à une promenade dans une maternité.

Béatrice y travaille et nous emmène avec elle de chambre en chambre, d'histoire en histoire, de drame en drame. Car Béatrice voit surtout les histoires dramatiques. Comme si elle n'entrait que dans les chambres dans lesquelles se jouaient des choses terribles, comme si elle évitait soigneusement celles des histoires heureuses. Mais peut-être est-ce elle, Béatrice, qui voit tout à travers un prisme déformant, qui ne lui fait voir que le côté sombre de chaque aventure qu'est une naissance ?

Car Béatrice n'a pas été gâtée par la vie, loin de là. Alors comment fait-elle cette écorchée vive pour tenir dans son travail ? C'est la question que je me suis posée, de façon de plus en plus insistante au fil des pages. Difficile d'être quotidiennement confrontée à toutes ces naissances, à ces couples, à ces histoires qui la renvoient sans arrêt à sa propre histoire, à sa propre expérience de la maternité, à sa vie d'autrefois, à ses blessures, à ses fêlures.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture, ces observations si justes et sensibles autour de la naissance. Bien sûr, Julie Bonnie ne nous montre que le côté obscur, mais c'est un choix, et son livre est très cohérent.

Pour voir le côté lumineux, il y a d'autres ouvrages, comme par exemple "Lettre à une mère" de René Frydman.
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Je te verrai dans mon rêve

Je remercie vivement les Éditons Grasset pour l'envoi de ce roman via Netgalley.



Le récit alterne entre la vie de Gérald, 30 ans sortit de prison en 1971 après 10 ans d'incarcération, et celle de Nour, une jeune femme née de père inconnu, désireuse de faire carrière dans la musique.

Gérald écrit une nouvelle page de son existence à Botte le Roi (Pays de la Loire), il se fait appeler Blaise pour ce nouveau départ. Un quotidien rempli d'espoir, dans le bar de son vieux dont il a hérité et qu'il retape au rythme de la musique qu'il aime, le jazz. C'est là qu'il croise la route de Nour et de sa mère Josée. Nour, ce bébé qui le fascine et dont il sent au fond de ses tripes l'irrésistible besoin de la protéger face à la cruauté du monde qui les entoure.



Blaise et Nour se racontent. Blaise et les secrets enfouis de sa mère qui vont le hanter jusqu'à le rendre fou, sa reconstruction difficile, son bar. Nour et son quotidien loin des conventions et de la bienséance, sa mère instable, son avenir incertain.

Blaise et Nour, leurs souvenirs communs au bar, la musique qui les rapproche et crée un lien unique entre ces deux écorchés vifs. Ils se racontent avec pudeur, Il n'est pas son père après tout, elle n'est pas sa fille. Mais cette histoire qui les lie et cette tendresse va au-delà des liens du sang.



J'ai beaucoup aimé le style sensible de cette auteure que je ne connaissais pas. J'ai ressenti une douce mélancolie à la lecture de ses mots. Ils sont pesés et réfléchis, on les lit avec beaucoup d'attention comme pour en extraire tout le sens qu'elle a voulu leur donner.

Blaise et Nour se confient peu sur leurs sentiments, il y a beaucoup de non-dits, pourtant l'auteure réussi à nous faire ressentir tout l'amour qu'ils éprouvent. Sa plume est profonde, chargée en émotions. Poétique et touchante.

J'ai passé un excellent moment littéraire, de toute beauté.
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Barbara, roman

La couverture, c'est déjà un cadeau... Celle qui va se faire appeler Barbara est présentée, les mains l'une contre l'autre, et le regard doux vers on ne sait quel rêve, la bouche entrouverte, chante-t-elle?

J'ai savouré cet ouvrage de Julie Bonnie , le temps d'approcher cette jeune femme qui est ensuite devenue si célèbre, si aimée. Julie Bonnie, que j'avais découverte à travers Chambre 2, nous offre encore une fois la sensibilité, l'humilité, et la justesse de son écriture. Un très beau roman, qui m'a donné envie d'écouter de nouveau Barbara.
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Chambre 2

Béatrice est une auxiliaire de puériculture qui voit des patientes toutes différentes les unes des autres. Chaque cas est différents et à la suivre à travers ses visites des chambres, on découvre des histoires de famille pas tout le temps rose, des drames qui peuvent se jouer, des grossesses au contraire qui se passent bien, des jeunes mères pleines d'angoisse ...



En parallèle de sa vie professionnelle, Béatrice nous raconte sa vie d'avant : danseuse nue avec sa troupe de chanteurs et musiciens. Au fur et à mesure du livre, on apprend comment elle en est venue à passer d'une vie de tournées à travers l'Europe à sa vie plus "rangée".



J'ai adoré ce livre, je l'ai lu d'un trait. C'était une lecture très agréable et très simple. Très bonne surprise pour ma part.


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Chambre 2

Objectivement, je suis obligée de reconnaître que Julie Bonnie nous livre ici une histoire poignante et bien écrite mais je n'ai pas adhéré à l'histoire et j'ai été incapable de compatir au sort de la narratrice.

Elle a une vision très pessimiste du quotidien dans une maternité et de la vie de façon plus générale : c'est comme si elle ne voyait que ce qui ne va pas.

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Je te verrai dans mon rêve

Un roman très touchant à deux voix, celle de Gérald dit Blaise, ayant passé 10 ans derrière les barreaux et celle de Nour 17 ans fille de Josée, une junkie que Gérald a pris sous son aile lorsqu'il est sorti de prison. Gérald essaye de s'en sortir en faisant revivre à sa manière le bar que lui a légué son père. Il y crée une atmosphère chaleureuse et fait vivre la musique qu'il aime en invitant des musiciens à se produire sur scène. Depuis toujours, la petite Nour s'est sentie chez elle dans ce lieu, elle qui a été ballottée par une mère instable. Lorsque Blaise lui offre sa première guitare, elle qui compose et qui chante se met à rêver de Paris.

Une belle histoire.
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Chambre 2

Quel livre magnifique !

Une maternité.

Béatrice est auxiliaire de puériculture. Elle nous fait découvrir son quotidien avec la visite des chambres.

D'abord, toujours la chambre 2, celle de Mme L. Il n'y a plus de bébé, Mme L. ayant perdu l'une de ses jumelles, puis son esprit, puis son mari.

La visite se poursuit. Derrière chaque porte, un bonheur, des inquiétudes, la souffrance, la plénitude, mais la mort aussi.

Béatrice nous fait partager son histoire de danseuse nue, tombée amoureuse de Gabor, sa vie de manouche, les compagnons de route: Paolo et les Pierre et Pierre, ses grossesses, ses deux trésors Norma Maria Rose et Roméo Farès, la perte de Jésus, le cadet.

Elle égrène les chambres visitées jusqu'à la 15 et fait le parallèle avec sa propre vie.

C'est beau, métaphorique, amer, les femmes face à leur corps, leur rôle de mère, leur ignorance, l'apprentissage de la vie.

Écrit tout en douceur et poésie.

Un bel hommage rendu à la féminité.

Un joli chuchotement d'enfant au creux de l'oreille d'une mère.

Un style comme on en lit peu. Un vrai coup de cœur ❤️❤️❤️
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