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Citations de Julie Proust Tanguy (31)


On leur reproche [aux femmes] tout particulièrement leur contrôle du pouvoir de procréation et la manière dont elles soulagent les misères physiques féminines : maîtriser la fécondité, que cela soit pour l'entraver ou mettre fin à une gestation malheureuse, c'est renier le《croissez et multipliez》divin. Empêcher la femme de souffrir dans sa chair, c'est lutter contre la punition donnée à Ève et à ses descendantes (《tu accoucheras dans la douleur》). Aider la femme, c'est lui permettre d'éviter de se soumettre à l'Église. Le Malleus Maleficarum (Marteau des Sorcières) est formel :《personne ne fait plus de tort à l'Église que les sages-femmes.》
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Le pont est rougi de vin ou de sang. Qu'importe ! Le temps fuit rapide à bord de l’Épervier : tout est folie, entraînement, délire. Allez, allez, jouissez de la vie, elle est courte. Les jours mauvais sont fréquents : qui sait si aujourd'hui aura pour vous un lendemain. Amusez-vous donc, parbleu ! Saisissez le plaisir en tout et partout.
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Quand elle n'est pas une vilaine belle-mère, la sorcière est une marginale : repoussée au fond des bois, elle vit en autonomie, sans mari et sans enfants, ce qui la voue nécessairement au malheur dans un monde où fin heureuse rime avec《ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.》(...) Les contes véhiculent donc l'idée que les jeunes filles doivent se marier sous peine de finir aigries et de réveiller les obscurs pouvoirs qui sommeillent en elles.
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Tour à tour guérisseuses et tentatrices, envoûteuses et femmes fatales, porteuses d'horreur ou de grâce, les sorcières déclinent donc au fil des siècles le mythe de la femme puissante. Les étudier, c'est découvrir la façon dont l'imaginaire modèle l'image de la féminité au fil des siècles et apercevoir, sous les verrues et les échos du sabbat, la naissance d'une chimère féminine aussi fascinante que dérangeante.
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Le quotidien des Japonais semble en effet une belle illustration de ce rapport étrange au temps qu'ont défini le bouddhisme et la mythologie japonaise : un mélange de la conscience d'un cycle infini et du sentiment fort d'un《ici et maintenant》voué à disparaître rapidement. Cette manière de s'appuyer sur le passé en faisant chanter les possibilités du présent n'est pas toujours consciente (...).

"Jeunesse et tradition"
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Si le Nouveau Monde a suscité autant de piraterie, c'est sans doute parce qu'il a incarné l'espoir d'un éden, pour ceux que la civilisation chrétienne européenne condamnait à l'exil et à la marge. Passé la folle espérance, leur déception n'a été que plus féroce, quand ils constatèrent combien ces nouvelles terres reproduisaient les dérives du vieux continent. 
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Le dernier des Templiers confirme ainsi que, malgré son côté éminemment sympathique, Nicolas Cage fait des choix de tournages pour le moins curieux [...] On lui préfèrera de loin Black Death qui, sur un thème similaire [...] présente une exploration plus intéressante des dérives du fanatisme religieux (et une énième mort dramatique de Sean Bean)
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[…] le Moyen Âge engendre des sorcières car le sommeil de la raison et l'ennui engendrent des monstres.
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Celle-ci [la sorcière] condensera peu à peu tous ces mythes sous sa face détestée : sensuelle ou libre dans sa sexualité, elle provoquera la perte des hommes. Laide, elle les repoussera et dévorera les fruits précieux de sa descendance. Vengeresse, elle les privera de leur puissance et menacera de la renverser. Maîtresse d'une culture transmise oralement, elle ne saurait être supérieure à la sagesse écrite des hommes. Transgressive, elle refusera de plier à la société patriarcale.
Pointée du doigt comme le germe de tous les chaos à venir, elle sera alors déclarée ennemi politique, religieux et littéraire, et persécutée pour ses crimes.
C'est à se demander, avec Esope, alors que se dessinent des siècles de bûchers et de misogynie : "Femme, toi qui te faisais fort de détourner la colère des Dieux, comment n'as-tu même pas pu persuader des hommes ?"

[Première partie - L'Antiquité : une image ambiguë]
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Derrière la frêle jeune fille en fleurs semblant à peine consciente de son hyper féminité, sous la jupe plissée du seifuku protégeant dignement une sexualité encore en fleur, se cache désormais une véritable puissance économique. Si les années schoolgirl passent vite dans la vie d'une Japonaise, ce qu'elles symbolisent paraît stimuler éternellement les finances du pays et sa psyché : la schoolgirl, un mono no aware [concept de sensibilité pour l'éphémère] allégorique et financier?

"Jeunesse et tradition"
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Le balai est lui aussi intéressant : plus qu'un godemiché du pauvre, il est aussi le symbole de l'inversion des valeurs qui caractérise la sorcellerie. Il déforme, aux yeux de la chrétienté, l'image noble du bâton pastoral guidant les âmes égarées dans les bras de la mère l'Eglise. Il est également, de manière évidente, le reflet du quotidien de la femme et de sa condition matérielle de bonne ménagère : c'est une parodie de pouvoir. Il lui permet de se libérer des lois de l'espace du temps pour rejoindre rapidement son maître : là encore, cette ascension rapide contredit une certaine symbolique chrétienne. Cette montée brusque et hâtée est le double obscur de la lente élévation des âmes des Saints qui gagnent, étape par étape, leur place du Paradis. Là où Dieu réclame un effort, le Diable fournit la facilité à ses fidèles. Leur promotion est inadmissible selon le canon chrétien : on a cantonné la femme "à la sphère de l'intime et du tellurique" et voilà que "la femme sorcière veut s'émanciper pour s'approprier le champ aérien"! Perversion infâme qu'il faudra punir en la transformant en cette poussière et cette cendre que son balai aurait dû continuer à évacuer…
[rappelons, selon le Formicarius de Jean Nider (1435), que le manche du balai que la sorcière enfourche pour aller au sabbat est préalablement enduit d'un baume préparé à partir d'os d'enfants, de crapauds ayant mangé des hosties consacrées, ou de plantes réputées à offrir, à celle qui le fait glisser entre ses jambes, orgasmes et illusions]

[Deuxième partie - Moyen-Âge : l'ombre du bûcher]
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Au soleil
J'ai sommeil
Lou je t'aime
Mon poème
Te redit
Ce lundi
Que je t'aime
Lou Loulou
Me regarde
Ce ptit Loup
Se hasarde
A venir
Voir courir
Sur ma lettre
Le crayon
Voudrais être
Un rayon
Qui visite
Mon ptit Lou
Vite vite
Je te quitte
Et vais vite
Sur Loulou
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« Arrgh ! »
Un cri de ralliement, porteur d’images tenaces : perroquets moqueurs et jambes de bois, bandeaux et cache-œil, canonnades et sabres dégouttant de sang, insultes propulsées par une bouche dévorée par le scorbut et noyée par des rasades de rhum, mers déchaînées et trésors enfouis, planches et chansons imbibées, tortures et têtes de morts…
Une silhouette familière émerge de ces clichés, drapée d’une inexorable cruauté : celle du pirate. Qu’il se nomme Long John Silver, Barbe Noire ou Jack Sparrow, il est la promesse d’aventures sanglantes, de coffres dégorgeant d’or et de terreurs exquises.
Que l’image se brouille et se transforme au travers des âges, jusqu’à devenir celle d’un geek prenant à l’abordage les trésors du web, ou celle d’un terroriste menaçant avions et yachts, le serment restera le même : celui de palpiter, fasciné et séduit, face à cette ombre de nos civilisations et de nos chimères.
Curieux destin que celui du pirate, criminel aux attaques-éclairs devenu malgré lui personnage à la vitalité persistante !
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La sorcière est l'héritière d'une misogynie au long cours qui, si elle trouve ses marques dans l'Antiquité, s'épanouit à travers les récits des Pères de l'Eglise et une représentation impossible d'une féminité idéalisée par la littérature.


[Deuxième partie - Moyen-Âge : l'ombre du bûcher]
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Cette hiérarchie verbale est directement héritée de la morale confucéenne et de la complexification du fonctionnement de la Cour au VIIIème siècle : pour insister sur la différenciation entre les statuts et le rôle des personnes autour de l'Empereur, le Japon s'est forgé un véritable enfer linguistique, qui rend perplexe tout Occidental tentant de s'approprier la langue et pose problème aux Japonais eux-mêmes, tant les jeunes générations s'avèrent incapables de maîtriser tous les mécanismes et utilisent souvent des formules incorrectes.

"Jeunesse et tradition"
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C’est avec la littérature latine que le pirate devient un véritable barbare, sans foi, ni loi… et sans ambiguïté. Sa fertile carrière de méchant populaire se poursuit des exercices de déclamation aux comédies ou aux romans, en passant par les discours, les lois, et les essais historiques.
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La sorcière tente de repousser les limites de ce qui lui a été donné à la naissance : elle veut sauvegarder sa beauté froide, obtenir plus de pouvoir ou se venger d'avoir été exclue (pour cause de mauvais caractère ou d'ambition trop avouée). S'il faut pour cela jouer de sa sensualité, ce n'est pas un problème. Mais cette attitude active la vouera à la mort (Blanche-Neige, La belle au bois dormant) ou à la souffrance (la varicelle de Mim, dans Merlin l'enchanteur), puisque, dans l'univers de Disney, le bonheur réel est lié à la passivité. Elle sera condamnée : la femme qui cherche a agir est qualifiée d'obsessionnelle ou de folle. On lui reproche son ego démesuré, sa paranoïa, et ses crises de rage incontrôlée qui la rapprochent d'une sauvagerie animale.
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On lui en veut de vouloir améliorer un monde dont on s'acharne à décrire la beauté ordonnée et l'équilibre divin : "le sorcier est d'abord celui qui parle et qui dit qu'il reste un espoir de changer les choses. La solution qu'il propose est imaginaire" et s'oppose à une science qui se développe et dont l'imaginaire est peu à peu exclu.
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Les premiers récits de pirates interviennent dans les légendes attachées à Dionysos. Au fil de ses innombrables voyages à travers la Grèce et l’Asie Mineure, le Dieu et son cortège sont amenés à combattre des bandits des mers.
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« Les premiers Grecs étaient tous pirates », écrit Montesquieu dans L’Esprit des lois.

Cette affirmation a de quoi surprendre le lecteur moderne, qui imagine mal les Grecs, inventeurs de la démocratie, en brigands des mers ! Tous les peuples primitifs de la Méditerranée ont pourtant exercé la piraterie.
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