AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Julien Suaudeau (80)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Dawa

Julien Suaudeau, né en 1975, vit à Philadelphie et c’est tout ce que j’ai pu récolter sur sa biographie. Dawa est son premier roman.

« Dans une France post-républicaine, en proie au vertige identitaire et aux marchandages politiques, deux hommes sombres poursuivent une vengeance au long cours, l'un derrière l'illusion du djihad, l'autre sous le masque de la loi. Autour d'eux, au cœur de l'Etat ou sur les dalles de la banlieue parisienne, la violence de leur idée fixe va renverser le destin d'inconnus, sans épargner ceux qu'ils aiment. » Ou bien, pour le dire avec mots, il s’agit pour les autorités de contrer la menace d’un attentat terroriste de grande ampleur visant le cœur de Paris, avec d’un côté un responsable de la DGSI voulant venger la mort de ses parents tués par le FLN au début des années 60, détournant « au bénéfice d’une vendetta privée, le pouvoir et les moyens qui lui sont dévolus dans le cadre de ses fonctions » et de l’autre, le fils d’un important membre du FLN qui s’est juré « de meurtrir ce pays qui avait tué Kader » son frère.

Julien Suaudeau nous offre un polar sociopolitique qui ne manque pas d’atouts dont le premier, et non des moindre, est de le rendre particulièrement actuel puisqu’il se déroule à quelques semaines des élections municipales de 2014 ! Climat politique pour le décor, mêlant des portraits saisissants de personnalités politiques réelles mais non citées et des personnages de roman très crédibles occupant des fonctions ministérielles ou de l’administration ainsi que des journalistes. Ambitions, pouvoir, combines ou concessions, le Qatar qui finance la droite comme la gauche, rancunes, j’avoue que cet angle du bouquin m’a particulièrement emballé, j’avais l’impression de lire Le Canard enchaîné ou une enquête d’un magazine d’information. Julien Suaudeau dresse un état des lieux assez noir de la société française.

L’écrivain sait aussi nous entrainer au cœur des cités, où Blacks, Blancs, Beurs font leur bizness comme ils peuvent. Des parkings à la mosquée, des salles de boxe aux couloirs du RER, nous traversons la capitale et ses banlieues. Des costards-cravates aux sweatshirts à capuche, Julien Suaudeau parait connaitre sur le bout des doigts tous les milieux, tous les codes et leur langage. Qu’on soit autour d’une table avec ministres et fonctionnaire lors d’une cellule de crise ou bien au fond d’une cave entre Rebeus et Renois, l’auteur est chez lui partout, Comédie humaine d’aujourd’hui, le roman décrit avec brio la psychologie des acteurs et les lieux où ils évoluent. Mais, et c’est là son unique défaut, à vouloir faire son Balzac en un seul volume, la masse d’évènements et de personnages en font un roman trop long à mon goût – surchargé, pas assez dégraissé, le piège du premier roman ? Je sais que je me répète avec ces romans que je trouve souvent trop longs, mais pour moi c’est réellement la plaie principale de la littérature.

Julien Suaudeau écrit bien, de ce genre d’écriture qui prend son temps, loin du style énervé ou énergique cher à certains polars d’action. Ici la psychologie des uns et des autres est le tronc sur lequel sont greffées les ramifications narratives. Son domaine de connaissances est vaste, de la langue arabe aux arcanes du pouvoir, ponctuant son récit d’analyses géopolitiques ou de références diverses à l’Histoire récente. Polar ou thriller mais empreint d’un certain romantisme qui agace un peu parfois quand les motivations du terroriste complaisamment exposées – « Je voudrais accomplir quelque chose de grand par ma mort, qui prouvera à tous ces gens que je n’étais pas rien » - laissent un goût amer qui n’est pas dissipé par celles du représentant de la République - « Je vivrai pour te tuer, et j’aimerai le seul jour de ta mort » - qui renvoient dos à dos, les deux camps puisqu’ils se font chacun une idée toute personnelle de la justice.

Concluons, un bon roman plein de bonnes choses mais avec des longueurs… et une interrogation restant sans réponse, pourquoi page 471, évoquer le vendredi 13 mars alors qu’à cette date (qui en passant est aussi la date de parution du bouquin !) nous serons un jeudi ?

Commenter  J’apprécie          91
Ni le feu ni la foudre

Ceux qui vont mourir : 13 novembre 2015, cinq personnes ont une place pour un concert... Un très beau livre, sans pathos : juste cinq vies à détruire et le Paris somptueux d'un beau jour de novembre. Belle lecture.
Commenter  J’apprécie          70
Le Français

l'histoire est un conte maléfique, du plateau d'Evreux à la forteresse Syrienne, le "français" est un roman sur la perte de repère et la quête d'idéal mais aussi sur la prise de conscience des racines du mal. Cependant à l'inverse d'un Je suis Pilgrim mais aussi d'un Dawa que j'ai beaucoup aimé, on passe trop vite d'un lieu à l'autre et si les sentiments des personnages sont toujours aussi bien décrit, on est porté trop vite vers une fin qui n'est qu'un début de retour à la réalité.
Commenter  J’apprécie          70
Le Français

Julien Suaudeau, né en 1975, a grandi à Evreux, fait Sciences-Po et fréquenté les salles de boxe de nos banlieues. Il vit aux États-Unis depuis 2006 après avoir travaillé en Belgique et en Azerbaïdjan, réalisé des films… Aujourd'hui, il enseigne le français dans une High-school du New Jersey. Son premier roman, Dawa, paru l’an dernier, avait été une belle claque ; son nouvel opus, Le Français, vient de sortir en librairie et c’est une fois encore une belle surprise.

Surprise à plus d’un titre. Parce qu’il est à nouveau question du djihad et que je ne m’attendais pas à ce que ce même sujet soit repris dans son second roman ; parce qu’après le pavé de cinq cents pages, je me suis étonné de recevoir de l’éditeur un bouquin de deux cents pages seulement ; parce qu’enfin, Julien Suaudeau a complètement changé de style d’écriture, on le constate après quelques pages à peine.

Le narrateur, Français blond aux yeux bleus d’une vingtaine d’années, vit à Evreux. Une vie morne et terne qui par un enchainement de circonstances, va l’entrainer à Bamako au Mali, puis en Syrie, pantin d’un djihad tragique et itinéraire d’un enfant gâché.

Avec ce second roman, Julien Suaudeau affirme nettement son talent d’écrivain. Si Dawa donnait un aspect journaliste en immersion à son épopée terroriste, beaucoup de détails et une intrigue en mode thriller d’excellente qualité au demeurant, Le Français joue dans une autre catégorie. L’écrivain adopte un style plus mûr, plus littéraire dans le sens noble du terme, l’écriture est très belle, le récit est plus ramassé, avec des ellipses et beaucoup moins de détails. Un récit plus intimiste, plus subtile aussi.

L’auteur s’attache à la psychologie de son personnage central, cette zone floue où l’esprit déraille et se perd, rêve éveillé déformant la réalité, et tente non pas d’expliquer mais de nous faire toucher du doigt ce qui peut motiver un jeune Français (Occidental non musulman) à se retrouver embringué dans une colonne djihadiste et perpétuer des meurtres ignobles. Le narrateur, malgré ses actes, n’est jamais vraiment antipathique, ce qui dérange profondément le lecteur et signe la réussite de l’écrivain. Car là, est le but de l’auteur, montrer une révolte compréhensible empruntant une voie qui l’est moins.

La révolte, c’est celle de ces jeunes de tous horizons ou origines sociales, déboussolés devant ce monde vide de repères tangibles, n’offrant aucun avenir ou perspectives fortes et trouvant dans le djihad, non pas un but mais une voie de sortie. Car il n’est pas question de religion ici, « Vous me parlez de Dieu, mais je ne vois que des hommes », juste un moyen pour être, ne serait-ce que quelque temps. Au final, on peut dire que ce roman n’est pas le procès du djihadisme mais celui de notre société qui par ses injustices multiples a créé de toute pièce son pire ennemi.

Un superbe roman qui confirme le talent de Julien Suaudeau.

Commenter  J’apprécie          70
Dawa

Un premier roman à couper le souffle, très contemporain et très classique à la fois, proche des grandes fresques sociales du XIXe siècle et d'une série comme The Wire.

J'ai particulièrement aimé la façon dont l'auteur nous emporte à travers des milieux sociaux qui n'ont a priori rien à voir les uns avec les autres, et entre lesquels il arrive pourtant à tisser une intrigue d'une très belle et très profonde complexité. On aime tous les personnages qui s'avancent tour à tour sur le devant de la scène, et dont le destin se joue en coulisses, à l'abri des regards. Aucun jugement n'est posé sur leurs actes ou sur leurs sentiments: ils ont tous leurs raisons, que l'on n'est pas obligé de partager, mais qui donnent une formidable puissance romanesque à l'ensemble.

La connaissance intime des banlieues et du sommet de l'État a été soulignée par de nombreuses critiques Babelio; j'ajouterais que le suspense lié à l'intrigue terroriste qui se noue dès les premières pages est mené avec une maestria stupéfiante pour un jeune romancier, et avec un soin d'avancer pas à pas qui le distingue des romans de gare que sont trop souvent les polars d'aujourd'hui.

En résumé, une très belle découverte, à rapprocher des derniers romans de John Le Carré, et un auteur dont j'attends avec impatience le prochain roman.
Commenter  J’apprécie          70
Dawa

Julien Suaudeau signe un premier roman particulièrement dense et bien ficelé. Ne vous laissez pas rebuter par l'épaisseur de l'objet.



Le lecteur est plongé au coeur d'une cellule "terroriste" qui projette de faire sauter une bombe dans chaque gare de Paris au nom de l'Islam. De la logistique en passant par les racines de leur combat, la vengeance peut être un fléau aussi dur à combattre que l'idéologie fanatique.



Parallèlement, l'auteur nous entraine dans les arcanes politiques et policières au sein desquelles chacun essaie de tirer la couverture à soi. Les faits relatés dans ce roman ont un retentissement saisissant car l'actualité de ces derniers jours semblaient lui faire écho.



Il semble facile pour les jeunes de cités de tomber dans le fanatisme religieux quand ils sont perdus et que leur pays semble leur tourner le dos. Certains d'entre eux se réclament du pays de leurs ancêtres alors qu'ils n'y ont jamais mis les pieds.



Les politiciens n'ont pas vraiment le beau rôle dans cette histoire, peut être parce qu'ils ont une part de responsabilité dans tout ce gachis.



L'auteur sait garder le lecteur en haleine jusqu'aux dernières lignes et on peut dire qu'il maitrise parfaitement son sujet. Même s'il y a certaines longueurs, ce roman est très riche en moments haletants.



Il est sur que Dawa est le premier d'une longue carrière.
Commenter  J’apprécie          60
Dawa

Ce matin, j’ai reçu un pavé de bitume dans ma boite aux lettres. Du bitume noir et crasseux sur lequel quatre lettres à la craie, DAWA. Une invitation à rejoindre l’Islam ? Un sacré bordel ? Un peu de tout ça, mais il s’agit surtout du premier roman de Julien Suaudeau.



L’histoire commence sous le soleil de l’Algérie, à l’époque sombre de la guerre d’indépendance. Le narrateur y vivra une expérience traumatisante qui le fera rentrer en Corse et renouer avec la tradition de la Vendetta.

Les racines plongées dans le passé, le récit déploie ses branches dans le présent, dans l’actualité de ce début d’année 2014.



Le narrateur est sur le point de terminer sa carrière alors qu’il a enfin retrouvé sa cible. L’objet de sa vengeance se cache dans les HLM de la cité des 3000 à Aulnay-sous-bois. Les choses ne sont pas simples dans les poudrières des cités et d’autres vengeances s’apprêtent à déchaîner la haine. Il faut faire sauter Paris et rappeler aux énarques que les enfants de la misère sont là.

Dawa nous fera visiter les caves obscures des HLM comme les salons feutrés des ministères. Si la république stigmatise et ne s’occupe plus des cités, elles ont trouvé d’autres anges protecteurs. La sécurité sociale s’est vue remplacée par la protection du grand banditisme, le réconfort du prosélytisme religieux ou les millions du Qatar.

Julien Suaudeau nous dresse un portait sombre et réaliste de ses personnages. Les jeunes qui tentent de survivre alors qu’ils n’ont pas d’avenir ou les intrigues de cours au sommet de l’état. Les méchants ne sont pas forcément ceux que l’on croit, les patrons maffieux tentent de préserver la stabilité, les intégristes ne sont présents qu’à titre d’épouvantails et le Djihad a changé ses manières.

Les histoires des protagonistes s’entrechoquent et font des étincelles. Cela donne une intrigue riche et mouvementée.



Il y a aussi la manière de l’écrire. On devine sous les pages l’exubérance artistique d’un premier roman. A trop vouloir en faire, il en fait justement trop. Les paragraphes sont trop riches d’images, elles ne se savourent plus. Pire, on perd parfois le fil de l’intrigue. On se retrouve à relire les mêmes phrases pour en comprendre le sens. L’antithèse de la littérature de gare, un livre à ne pas lire dans le RER du matin ou le métro bondé. Ne boudons pas trop notre plaisir, beaucoup de phrases font mouche et le roman est une mine de citations et d’expressions.



On ne trouve pas l’habituel avertissement fictionnel « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite ». Et pour cause, les personnages du livre se divisent en deux catégories. Ceux que l’on nomme sont les protagonistes de la fiction. Et ceux que l’on désigne par leur fonction sont tirés de l’actualité, pire ils semblerait que les quidams sont aux commandes de notre bonne république. C’est peut-être le principal défaut de ce livre. L’action se déroule avant le vendredi 13 mars 2014. J’écris cette critique une semaine plus tard et je peux affirmer que le 13 mars était un jeudi. Accessoirement, aucun des évènements qui sont racontés dans le livre ne s’est déroulé. Heureusement pour nous.

A trop jouer avec l’actualité et la politique fiction, le livre risque de se démoder bien vite.





En attendant, je suis content d’avoir été le témoin de la naissance d’un écrivain. Il y a trop de talent dans ces phrases pour ne pas penser aux livres à venir.
Commenter  J’apprécie          60
Le Français

La vingtaine, trimant dans un entrepôt pour une société de livraison dans une petite ville grise, il n’a guère autre chose à faire que s’ennuyer. Entre la maison où, quand son beau-père violent n’est pas là, il ne peut que se confronter à la douleur de sa mère au chômage, et cette vie morne, il n’a même plus vraiment de rêves. Alors quand les circonstances, nécessairement mauvaises, se jouent de lui, il a tôt fait de glisser. De se laisser porter par la lueur fugace de la possibilité de vivre autre chose et par l’espoir de trouver finalement sa voie. C’est comme ça que d’Évreux à la Syrie en passant par le Mali, il va devenir un des visages des exécuteurs d’otages de l’État Islamique.

Deuxième roman de Julien Suaudeau après Dawa qui s’intéressait déjà de près au phénomène de radicalisation et à ses mécanismes, Le Français se fait plus intime en plongeant le lecteur dans la tête et les tripes de ce grand blond passif, guère intéressé par la religion mais totalement en rupture avec une société incapable de lui offrir un semblant d’espoir de s’extraire de sa condition. La vacuité d’une existence qu’il faut remplir avec ce que l’on trouve et qui, quand l’amour glisse entre les doigts, quand l’amitié demeure superficielle, finit par se remplir avec autre chose et, pourquoi pas la haine. De soi d’abord, et d’un monde dans lequel on ne sait plus vivre ensuite.

Attention, Julien Suaudeau n’est pas un moraliste. Pas question de développer de grandes thèses, pas de généralisation hâtive et encore moins de recherche d’une excuse. Il s’agit ici de comprendre les ressorts qui agitent un individu parmi d’autres. Et la rencontre avec un autre djihadiste occidental montre d’ailleurs bien combien le chemin qui mène dans un camp du désert syrien peut être différent selon les individus. Il n’en demeure pas moins que l’auteur touche quelque chose du doigt : qu’a donc à offrir aujourd’hui notre société à un enfant d’une France périphérique secouée par une crise économique mais aussi sociale et plus largement morale ? Que fait-on quand, une fois que l’on ne peut plus se payer les loisirs que l’on nous vend en masse et que l’on est seul face à soi-même sans pouvoir s’aimer ? Quand le désir de mort l’emporte sur l’espoir de vivre mieux ?

En cela et même s’il met à jour quelques rouages de l’endoctrinement – en particulier ici un inextinguible désir « canin », comme le qualifie le personnage du roman, de se plier aux ordres pour se faire aimer – Le Français parle moins de djihadisme que du cheminement intime d’un jeune homme incapable de trouver sa place dans un système qui l’ignore et de la manière dont l’accumulation de déceptions, d’échecs, d’humiliations, le pousse à lâcher prise. Celui-ci s’est laissé porter vers le djihad, d’autres choisiront d’autres voies, certainement pas moins tragiques.

Il y a là-dedans, finalement, toute la banalité du mal, le besoin d’avoir une cause à servir, quelle qu’elle soit, pour combler un vide et la plongée dans une âme qui, sous le vernis de la passivité, bout. Jusqu’à l’explosion.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          50
Le Français

Un thème intéressant mais un roman dérangeant.

Le personnage principal, dont on ne connait pas le prénom, est un jeune homme de 21 ans qui vit à Evreux. Il a un petit boulot alimentaire, une mère malade et un beau-père alcoolique et violent. Il s'ennuie beaucoup à Evreux. Il y a Nathalie, une fille qui l'attire mais ce n'est pas réciproque.

Un jour, il se retrouve mêlé à un accident avec la mort d'un jeune et il doit disparaitre. Il va se rapprocher de trafiquants yougoslaves puis on lui fera une proposition : partir à Bamako pour tenir un cybercafé. N'ayant rien à perdre et envie d'aventure, il part. Petit à petit, toujours sous influence, il va se convertir à l'Islam et devenir djihadiste. Ce qui est choquant, c'est qu'on a l'impression que ce jeune n'a aucune personnalité, aucune volonté, il se laisse entrainer et manipuler, il va commettre des meurtres sans rien ressentir. Une belle démonstration et un témoignage qui fait réfléchir. De plus c'est bien écrit.

Commenter  J’apprécie          50
Dawa

J'ai hésité à qualifier ce gros roman de polar, mais c'est un bon thriller qui nous tient en haleine avec un intrigue forte qui surfe sur les peurs de notre société : le terrorisme et l'islam. Quand je l'ai commencé, je me suis dit que le sujet était casse-gueule mais le roman, tout en défendant une thèse, ne tombe pas dans les poncifs et les clichés lepénisants. Ce roman est aussi, et surtout, une histoire de vengeance : celle qui se mange bien froide, qui est soutenue par 50 ans d'une haine recuite.



La biographie de l'auteur est plus que succincte : "né en 1975, Julien Suaudeau vit à Philadelphie" ; pourtant, j'aurais aimé connaître un peu plus son parcours car il décrit tout aussi bien la banlieue et les lascars d'Aulnay, le monde politique que les bourges de SciencePo et ses analyses politiques et sociologiques ne sont pas inintéressantes.



Paoli, chef du renseignement intérieur, enquête sur l'entrisme d'un imam soutenu par le Qatar qu'il soupçonne être la tête de pont d'une colonisation financière. Haut fonctionnaire, il a pour interlocuteurs privilégié le Ministre de l'Intérieur et son chef de cabinet qui n'ont pas forcément la même vision des choses que lui. Une grande partie du roman se déroule ainsi dans les cercles du pouvoir. Cette partie est un peu trop calquée sur l'actualité en cours avec des municipales qui approchent, un gouvernement à la ramasse et un ministre de l'Intérieur très ambitieux qui donne des coups de menton. Le positionnement politique droitier du romancier joue avec les personnages d'un gouvernement qui sait ses jours comptés mais s'accroche au semblant de pouvoir que lui confie un président qualifié de" Bartleby de la politique".



En fait, Paoli est un chasseur qui poursuit Al Mansour, l'assassin de ses parents. Il profite de sa situation pour le pister et rêve de l'abattre pour poursuivre sa vengeance qu'il a commencée il y a quelques années. Il a retrouvé sa trace à Aulnay où le vieux, atteint d'Alzheimer, est hébergé par son fils Assan, prof de fac. Assan a hérité des rages et des combats de son père après le mort de son frère, ancien terroriste. Il monte une conjuration pour assumer ce qu'il croit être son destin et enrôle des petites frappes transformées en aspirant martyrs pour cette opération Dawa, qui veut dire"appel" ou "chaos".



Au travers des personnages de Momo et Soul, Dawa décrit la vie d'une cité gérée par les trafiquants et l'influence des fondamentalistes. Il raconte les implosions personnelles qui conduisent [au] drame et livre une vision assez pessimiste de l'impossibilité de sortir de ce milieu et de la Cité.



Ce roman est un peu trop ambitieux, il cherche à dresser un portrait de la société actuelle au travers de différents milieux tous aussi violents : la politique, la banlieue, les trafiquants, la jeunesse dorée ou défavorisée. Au passage, il oublie quelques personnages (qu'est devenue Leïla ?) et souffrent de quelques faiblesses dans le lien entre les différentes histoires. Cependant, je ne l'ai pas lâché et j'ai aimé ses piques sur nos travers comme la critique de la "modernité avachie et suave dont [le maire] a habillé Paris".



L'auteur pose aussi la question de nos rapports aux pétromonarchies féodales et théocratiques, et notamment le Qatar si bien accueilli par nos politiques, et s'inquiète que "à force de considérer que l'argent n'a pas d'odeur, nous sommes en train de devenir les obligés d'une puissance dont nous ne partageons ni les valeurs ni les intérêts stratégiques".



Roman reçu dans le cadre de Masse critique, merci aux Editions Robert Laffont de l'envoi de ce livre
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
Commenter  J’apprécie          50
Universalisme

Tiré de la très stimulante collection Le Mot est faible des éditions Anamosa, ce livre vient mettre de grands coups de pieds dans la fourmilière du fourre-tout "universalisme".



Dénonçant les travers d'un universalisme de façade, de mots, de posture, les auteurices promeuvent l'avènement d'un universalisme réel - et non décrété -, nécessairement postcolonial. Rien à voir donc avec la logorrhée médiatique, le prêchiprêcha politique et autres injonctions masquant les véritables intentions et idéaux de qui les prononce.

Le continuum colonial entre Europe et USA est un fil rouge majeur des analyses de l'ouvrage, tout comme la continuité entre le traitement des colonies et celui des territoires ultramarins ou des "quartiers populaires". Vomir Trump sans voir de quoi il est l'emblème, et en quoi cela nous concerne et nous représente aussi en Europe en général, et en France en particulier, est une marque d'aveuglement pointée par Mame-Fatou Niang et Julien Suaudeau.



Le livre invite aussi, dans ses premières pages, à une intéressante réflexion sur le terme "allié·e", que l'on retrouve régulièrement dans les vocabulaires de luttes. Je ne suis pas forcément totalement convaincu par le point de vue des auteurices, mais c'est intéressant !



J'ai beaucoup aimé aussi la fin, sur la ville comme espace postcolonial et le traitement de la question des statues rendant hommage à des figures brutales - a minima - de l'histoire de France. Ni à laisser, ni à totalement détruire, elles peuvent "simplement" être déplacées, comme cela s'est fait à Berlin par exemple, pour être exposées dans un espace où elles seront remises en contexte et où l'on choisira de venir les voir.



Court, percutant et limpide. Une lecture fort recommandable.
Commenter  J’apprécie          42
Dawa

À la veille de l'indépendance algérienne, un petit garçon des Aurès assiste au meurtre de ses parents. Un demi-siècle plus tard, en pleine campagne électorale, un groupe terroriste annonce que cinq bombes vont exploser dans Paris. Deux hommes connaissent le lien entre passé et présent. Si le mauvais sang ne veut pas sécher, comment un pays peut-il vivre en paix ?

Dans une France en guerre contre elle-même, deux hommes sombres poursuivent une vengeance au long cours. La violence de leur idée fixe va renverser d'autres destins, puissants, infortunés, des cités de la banlieue parisienne jusqu'au coeur de l'État.

Dawa est un roman brute, qui nous plonge dans le chaos. Son propos résonne avec une actualité trop violente. Dawa c'est le portrait de la France actuelle, la radioscopie de ses grands problèmes économiques, sociétaux, identitaires, religieux, politiques.

Julien Suandau puisse dans le réalité sociale pour nous offrir une fiction d'une hyper réalité que l'on reçoit comme un uppercut.

Car il y a dans ce titre toutes les questions que chacun de nous se posent et aussi tous le points de vue sur ces fractures qui nous séparent tous un peu plus tous les jours.
Lien : https://collectifpolar.com/
Commenter  J’apprécie          40
Dawa

5eme livre de la mediatheque finis - Finis a temps - J'ai proposer a Cathy13 ma chére complice, de le lire ensemble, car ce genre de livre, c'est son dada.



Les premiéres pages sont criante d'émotion, c'est un petit garcon en Algérie, qui vois ses parents se faire assassiner par AL MANSOUR, a partir ce moment, il vivras que pour le tuer, seras t-il assez fort pour aller au bout de cette croisade ?



Ce petit garcon s'appelle PAOLI et rentre dans la sécurité interieure, quand on as vecu un tel drame, on as soif de justice de proteger pour que personne vive ce qu'il as vécu, c'est pour cela qui va diriger la DGSI.



En face de lui, Alexandre MARION, directeur du Ministére de l'interieur, prof a la fac, mais Marion et Paoli ne s'accorde pas ne s'entendent pas, Marion représente la politique, des gens qui se montrent, qui parlent beaucoup, qui sont la pour convaincre, quand la DGSI lls sont dans l'ombre, ils nous protégent, et enquête toujours en sous marin



Mais malheureusement une menace arrive sur le pays, et seront obliger de s'entendre pour la sécurité de tous.



Et puis ya Momo et Sybille fou amoureux fou d'amour et qui as tout vécu, mais s'en sort, il devient boxeur, et veut s'en sortir pour sa belle, il est aussi tres fidele surtout en amitie, son ami de toujours dérive, et il va etre la, et est capable de tout perdre pour lui.



Ce livre est un enorme coup de coeur, j'adore comment l'auteur ecrit fait de longues phrases, mais rentre tres profondement dans chaque personnalite de chaque personnage, ça parle de politique, de toutes les magouilles qui peut avoir, c'est un livre sur aussi la guerre d'Algerie, et ses consequences, mais toute l'histoire se passe dans ma region tout prés de chez moi, a aulnay a Villepinte, ces lieux citées je les connais, et ce Momo, un prenom qui signifie beaucoup pour moi, et j'adore ce personnage, ce jeune homme qui se bat pour reussir pour sa belle, et malgre tout est la pour son ami et va aller tres loin, c'est simple dans ce livre, j'ai tout aimer, le tournant terrorisme et un supens fou dans ce récit on es accrocher tout les 20 pages, il y a un bouleversement, il m'as retournée comme une crêpe, mais l'auteur as aussi mis en avant des valeurs, l'amitié et l'amour, mais aussi la perfidie des politiciens.
Commenter  J’apprécie          40
Le Français

Dans ce roman on rencontre un jeune homme paumé vivant en plein coeur de la Normandie. Menant une vie morne entre un beau-père violent, une mère qui ne réagit pas et une jeune fille dont il est amoureux mais qui se joue de lui, il s'ennuie à Evreux. Après un accident, il quitte sa ville, son pays et se retrouve au fil des événements en Syrie... une arme à la main.



Difficile de classer Le Français dans un genre en particulier. Ce roman est tout particulièrement saisissant. Il nous amène dans une histoire très particulière, de comment un garçon sans histoires va finir par être enrôlé dans le terrorisme et une guerre dont il ignore tout.



La détresse du personnage principal, l'amène lui-même à se perdre et à se retrouver dans le chaos syrien. Perdu, seul, un peu naïf également, il enchaîne les étapes sans s'en rendre forcément compte au début et finis par être au coeur d'une terrible machination terroriste. Et on assiste à tout ça en frissonnant sans savoir où cela va réellement nous mener au final.



Le Français ne dénonce pas le terrorisme ou n'en fait pas l'apologie. Il nous amène à comprendre ce que, parfois, peut faire que certains jeunes s'engagent dans cette voie ci. La fragilité du narrateur, sa quête de reconnaissance sont certains des éléments qui l'amènent à aller jusque là. Il finit d'ailleurs par accepter les idées et les idéaux qu'on lui soumet, presque abruti par tous ces protagonistes dans lesquels il croit et dans lesquels il finit par reconnaître certaines de ses idées.



L'écriture de Julien Suaudeau est vive, percutante et nous emmène vraiment dans cette histoire dès les premières pages. Ce sujet terriblement d'actualité est d'autant plus glaçant, et confronte le lecteur à peut être une certaine réalité. Le Français est un peu un roman "coup de poing" de cette rentrée littéraire. En bref : il faut l'avoir lu !




Lien : http://www.ptitblog.net/litt..
Commenter  J’apprécie          40
Le Français

Parfois, les intentions de l'auteur sont excellentes, mais la réalisation est bien trop confuse pour que le livre soit réussi.

Pour la note d'intention, Julien Suaudeau nous montre la trajectoire d'un jeune qui se retrouve projeté dans la folie de l'Organistaion Etat Islamiste. Mais il refuse de tomber dans tous les stéréotypes d'usage. Son personnage sera une feuille blanche. On ne saura jamais son nom. Il deviendra tristement célèbre sous le pseudonyme du "français", ce qui veut tout et rien dire. On saura juste qu'il est blanc. En tout cas, qu'il passe pour blanc dans les rues de Bamako.

Pour le reste, c'est un jeune type de 20 ans, pas religieux, qui exerce un travail plutôt ennuyeux dans la région d'Evreux. Sa mère souffre en permanence depuis un accident du travail mal pris en charge. Son père est parti depuis belle lurette et s'en soucie comme d'une guigne. Le nouveau compagnon de sa mère est violent et alcoolique. Un milieu qui fleure bon la misère ordinaire, sans perspective ni avenir. Lui aimerait partir mais ne sait trop comment s'y prendre. Puis il y a une connerie, une mauvaise rencontre, un accident stupide et l'engrenage infernal se met en place.

L'auteur entend démonter les clichés habituels sur la radicalisation. Il veut montrer comment des jeunes déboussolés peuvent basculer, sans le vouloir.

L'intention est louable et très intéressante; mais pourquoi est)ce que cela ne fonctionne pas ?Pour moi, Suaudeau commet deux erreurs.

La première est son choix de la narration à la première personne. Il veut que son personnage soit aussi anonyme que possible, que l'on en sache le moins possible sur son "passif". Il pourrait être n'importe qui. Mais ce choix narratif, mal maîtrisé, le rend complètement impersonnel. Suaudeau lui prête un langage et des idées qui paraissent trop articifiels compte tenu du genre de personne qu'il veut mettre en scène. Il paraît avoir trop de maturité, aporfois trop de recul par rapport à ce qui lui arrive. Je crois qu'une narration à la 3ème personne aurait été beaucoup plus appropriée.Paradoxalement, au lieu de nous rapprocher de son personnage, ce "je" nous en éloigne, nous donne l'impression d'être face à un acteur délivre une performance molle.

La seconde erreur tient en un dernier acte qui repose sur un twist qui brouille complètement les intentions de l'auteur. Pour ne pas spoiler, disons que Suaudeau se livre brusquement à un mélange des genres très mavenu, qui met à mal sa démonstration. Ce sont quelques éléments qui n'ont aucun sens, qui font de son personnage le jouet d'autre chose, qui l'embarque dans une mission absurde et sans but. A moins que Suaudeau n'aie voulu pointer un effet pervers de la politique actuelle. Mais ce twist, en plus d'être inutile, m'a complètement agacé. D'autant plus que ce dernier acte n'en avait pas besoin. Il aurait pû se dérouler sans cette intervention d'un deus ex machina qui ruine la crédibilité de l'intrigue à mes yeux.

C'est dommage parce que la note d'intention était vraiment intéressante.
Commenter  J’apprécie          40
Dawa

D'une myriade de cercles entrecroisés se fonde un récit épais, manichéen mais sensible. Dans cette composition florale parsemée de pétales létales, l'auteur nous livre une passionnante étude sociologique romancée, certes, mais empreint d'une vision objective et précurseur des événements que l'on connait. La gangrène des êtres et le sadisme anonyme des institutions, les fureurs et les emportements, les soubresauts et les fièvres de ce monde voué à la fin au grand vide n'est que le songe falot dans la tête d'un infortuné, qui ne portait plus les hommes dans son coeur après les avoir trop aimés. Un livre à lire mais surtout une matière à réflexion...
Commenter  J’apprécie          40
Le Français

On se dit en lisant ce roman que, soit l'auteur connait très bien ce dont il parle, soit il se nourrit de l'info dont nous sommes abreuvés à propos de l'embrigadement de jeunes français dans les filières djihadistes.Le héros et narrateur du roman est un jeune homme de 20 ans qui travaille dans une société de livraison, issu d'une famille ouvrière et qui traîne son ennui et ses souffrances à Evreux. Il se laisse porter par les évènements qui jalonnent sa vie et tout au long de l'histoire sera utilisé par les autres jusqu'à devenir partie intégrante de la barbarie djihadiste.C'est un personnage indéniablement romantique et faible mais pour lequel on éprouve une certaine empathie teintée de malaise. Un roman plus qu'actuel!
Commenter  J’apprécie          40
Dawa

Cruel roman que nous livre L auteur sous fond d analyse de notre société que je trouve très vraie et qui donne du relief aux diffeŕents événements actuels par exemple l engouement pour la Palestine de la part d une jeunesse française abandonnée ou rejetée plutôt. Histoire terrifiante de part sa réalité abrupte mêlant religion politique intérêt général ambition personnelle ... Bref la vie d aujourd'hui racontee dans toute sa noirceur non sans un certain style amer sans être vindicatif. Bravo.
Commenter  J’apprécie          40
Le spectateur zéro

Un sacré tempérament ce Yann Dedet, monteur au long cours de cinquante années au chevet d'une centaine de films célèbres ou débutants. Il a eu maille à partir avec les réalisatrices, Nicole Garcia l'a viré puis repris en consultant. Ses souvenirs parlent plus du climat relationnel que de la technique, le montage étant souvent un mano a mano avec la vision du réalisateur et le regard neuf du monteur. Quand ça se passe harmonieusement, c'est que du bonheur. Yann est un artisan dans l'âme, amoureux de la pellicule, méfiant à l'égard du numérique. Un logiciel ne remplace pas quinze semaines de montage au minimum. À ranger près de Conversations avec Walter Murch, bras droit de Coppola et Lucas


Lien : https://cinemoitheque.eklabl..
Commenter  J’apprécie          30
Le Français

Un direct à l'estomac qui m'a laissée KO, sonnée pour un long moment !

Ce "Français", le narrateur, est un jeune homme de 20 ans, à peine sorti de l'adolescence. A Evreux, où il vit chez sa mère malade et son beau-père violent,la grisaille enveloppe autant le ciel, la ville, les immeubles, les gens que l'avenir. L'avenir ? Comment envisager un avenir lorsque le présent et la présence font défaut ? De désir d'être aimé en déceptions, de recherche de sens en engrenages absurdes, le narrateur se retrouve sourire aux lèvres, sabre à la main, sur des milliers d'écrans...

Plus je repense à ce livre et plus je l'interroge : peut-on comprendre l'inacceptable ? Certes l'on compatit face à ce que subit ce jeune homme, l'écrasement de ses rêves, somme toute banals, les humiliations, les sévices qu'il endure. L'histoire qu'il nous raconte de l'intérieur, son histoire, est effroyable, insupportable et nous incline à la mansuétude. Mais le roman, bien après sa fin, continue de saper toutes nos certitudes. Les images épouvantables qu'il suggère ne cessent de nous hanter et l'empathie ressentie au moment de la lecture alterne constamment avec un rejet instinctif, viscéral. Et l'on passe de l'un à l'autre en se disant finalement que l'on ne sait rien.



Rarement un roman m'a causé un tel choc. Un choc salutaire, sans doute, car il empêche toute simplification, tout manichéisme. Il refuse d'expliquer et d'excuser et nous laisse là, pantelants, démunis, dépouillés de nos a-priori.



Oui, un roman salutaire à lire l'esprit et le coeur ouverts, même si ça fait mal.
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Julien Suaudeau (234)Voir plus

Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4885 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur cet auteur

{* *}