COFFRET HISTOIRE GRAND FORMAT
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Et si Christian embrasse pleinement ses ambitions, il ne fait aucun doute que sa conception de la féminité et de la beauté émane de l'amour qu'il porte à sa sœur, la femme qu'il aime le plus au monde. Si ceux qui la connaissent célèbrent en Catherine une véritable héroïne, et même le symbole le plus éclatant de l'esprit courageux de la Résistance, la jeune femme se refuse à endosser le rôle de muse et fuit la lumière des projecteurs. Le silence dont elle entoure les souffrances de la guerre s'accorde avec sa modestie innée et sa calme discrétion ; son visage est encore marqué par la tristesse et la douleur, et son corps meurtri par les blessures de la torture et des camps.
Vers la fin de sa vie, elle accepta de venir parler de la Seconde Guerre mondiale dans une classe de primaire des environs. Et pas question pour elle de manquer la commémoration annuelle des résistants tombés pour la France. Un ancien soldat, de passage à Callian, m'a raconté sa rencontre avec Catherine. Venu pour la célébration, il ne la connaissait pas et s'était présenté à elle comme vétéran de guerre plus récente. Il lui avait posé des questions, il se rappelle qu'elle avait semblé stupéfaite mais elle était restée, et à la fin elle lui avait simplement dit : "Aime la vie, jeune homme..."
À l’été 1944, les bombardements alliés perturbent la production de l’usine BMW d’Eisenach, située à une trentaine de kilomètres, et la décision est prise de la transférer ici. La firme munichoise utilise d’abord une main-d’œuvre exclusivement masculine en provenance de Buchenwald, mais sollicite bientôt le renfort des 250 femmes de Torgau. Le constructeur allemand recourt au travail forcé pour la première fois en mars 1942, dans sa toute nouvelle usine près de Dachau. En 2016, à l’occasion du centenaire de la marque, l’entreprise exprimera ses « profonds regrets » pour le soutien apporté au régime nazi.
Tout ce qui reste du passage de Catherine en prison après son interrogatoire tient dans un maigre dossier conservé aux archives militaires de Caen : quelques pages jaunies, où le détail de ses transferts d'une prison à l'autre est inscrit à l'encre indélébile. Les commentaires sont impersonnels, factuels : d'abord son nom, puis sa date de naissance, et ensuite une série de chiffres. Catherine n'en dira pas plus, et ce n'est qu'en mettant bout à bout les témoignages d'autres femmes - lettres, extraits de journaux - que je peux espérer ressusciter son histoire.
Tous les anciens collègues SS qui l’entourent dégagent un air de respectabilité. Ils étaient, selon les propres mots de Germaine, « bien habillés, bien peignés, bien savonnés : corrects. Un dentiste, des médecins, un ancien imprimeur, des infirmières, quelques employés moyens. Pas de casier judiciaire, études normales, enfances normales… Des gens ordinaires ».
Pour Catherine Dior, enfermée dans un wagon à bestiaux, ce trajet prendra trois jours. Elle fait partie d’un convoi de 300 déportées sélectionnées dans la deuxième semaine de septembre 1944 pour être envoyées plus au sud, dans un des nombreux camps satellites rattachés administrativement à Buchenwald.
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Catherine savait qui elle était. Elle avait survécu à l’enfer ; elle aimait son frère et se réjouissait de son succès, mais elle n’avait pas besoin de se cacher derrière ses vêtements.
« Officiellement, c’est vrai, je suis revenue. Mais en réalité, qu’est-ce qui est revenu ? »