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Citations de Kai Meyer (47)


- Le calife, il est mort ?
- Oui.
- C’était un homme bon.
- C’était un piètre souverain.
- Le peuple le voit autrement.
- Le peuple ne voit que ce qu’il doit voir.
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Devant eux se dressaient les sommets occidentaux de la chaîne. Entre les pics, il distinguait la plaine, un océan d’ocre vacillant. Bagdad nichait quelque part en son milieu, la ville des califes, le centre de l’empire abbasside. La métropole d’or sur les rives du Tigre. Pendant des années, elle avait résisté aux djinns et n’en avait pas pour autant perdu de son faste. Aucune ville du monde arabe ne disposait de tant de soldats, aucune ne possédait de plus fabuleux trésors et ne réunissait derrière ses murs une aussi grande richesse artistique ni une telle puissance militaire. Plus de cinquante ans après l’avènement de la Magie Sauvage, Bagdad demeurait encore le cœur du monde arabe, entre la Méditerranée et le golfe Persique, entre les sommets de l’Himalaya et les jungles étouffantes du continent noir.
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Il n’avait jamais cru en Allah, en Zarathushtra, ni en aucune divinité des temples enfumés de Samarkand. Il avait même perdu la foi en l’intervention divine. Une unique foi lui était restée – celle de soi-même. Que les autres aillent prier leurs dieux et leurs saints. Si sacrifice il devait y avoir, alors il l’accomplirait sur un autel dédié à lui-même.
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Samarkand était déjà une ville importante sous Alexandre le Grand. Aujourd’hui encore, elle était d’une taille impressionnante. De petit comptoir commercial dans une oasis au bord d’un cours d’eau, au milieu de chaînes de montagnes brunes au nord et à l’est, Samarkand était devenue en plus de mille ans l’une des villes les plus riches de l’Orient. Vue du ciel, elle brillait encore de son ancien faste. Son opulence avait toutefois fondu depuis que les djinns régnaient sur les déserts, et Kahraman avait privé son peuple de liberté. Mais Samarkand était comme une chanson qui n’en finit plus de résonner. Son cœur continuerait de battre aussi longtemps que se dresserait ses murs, en dépit des djinns et des despotes.
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- Cette nuit, j’ai dormi avec la plus belle femme de Bagdad.
- Mon Dieu, à t’entendre tu donnes l’impression d’avoir monté le plus rapide des chameaux…
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Un troupeau de chevaux d’ivoire paissait dans le couchant sur le large chemin de ronde du rempart. Les majestueux animaux blanc neige étaient plus hautes que des chevaux classiques, mais ils n’en paraissaient pas moins graciles, presque filigranes. Leurs crinières flottaient au vent du Karakoum. On ne remarquait pratiquement pas leurs ailes garnies de plumes aussi longtemps qu’elles restaient planquées contre leurs flancs. Et encore moins dans le soleil couchant zébré par les ombres des créneaux en partie écroulés. Leurs articulations étaient très larges, un peu massives même, par rapport à la minceur de leurs membres. Avec des filetages et des charnières, comme leurs ancêtres autrefois créées par l’homme. Jamais on n’avait vu de poulains ni de jeunes animaux. Nombre de gens croyaient que les chevaux d’ivoire ne se reproduisaient pas et que les quelques exemplaires que l’on pouvait encore observer étaient âgés de plusieurs centaines d’années. Du temps où, disait-on, un magicien les avait créés pour faire plaisir à un sultan de la lointaine Basra.
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Le culte d’Allah, autrefois imposé aux habitants de Samarkand par les envahisseurs de Bagdad, n’avait pas résisté à l’apparition des djinns. Cinquante ans plus tard, chacun ne croyait de nouveau plus qu’en ce qui l’arrangeait. Le culte du feu de Zarathustra, notamment, avait connu une spectaculaire renaissance.
Le dieu de Maryam était la liberté qu’elle avait espéré trouver à Bagdad.
Le dieu de Tarik était mort avec elle.
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Si le monde entier est peuplé de monstres et que tu en es l’unique être humain – qui est le monstre, alors ?
Il s’était souvent posé la question lorsqu’il traversait le pays des djinns, unique créature humaine parmi les enfants cauchemardesques de la Magie Sauvage. Et il n’avait jamais trouvé la réponse parce que ce qui lui semblait être la réalité était trop douloureux, trop irréel, trop éloigné de sa conviction innée d’être supérieur, d’être meilleur, bien.
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Parfois, il faut un événement grave pour faire évoluer les choses favorablement.
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Tu viens ici et récoltes une satisfaction insipide. Vous avez toujours été ainsi, vous les humains. C’est tout d’abord à la magie que vous devez votre monde, et pourtant, vous la redoutez. Même vos magiciens, vous les avez mis au ban de la société et vous les avez poussés dans nos bras. La magie qui nous a créés est celle-là même dont vous êtes nés. Vous la croyez sauvage et indomptable, mais il n’en est rien. La magie fait enfin ce que vous avez refoulé pendant toutes ses années : elle crée une nouvelle vie, crée l’évolution, crée du progrès où il n’y avait plus qu’immobilisme. Il ne s’agit pas de vous et il ne s’agit pas de nous. Nous ne faisons que mettre de l’ordre après vous et d’autres le feront après nous. Peut-être même une nouvelle humanité, une humanité transformée. C’est cela que je voulais vivre. Tu crois que seule l’immortalité m’intéresse ? (Un ricanement éraillé.) Seuls vous, les humains, en êtres à ce point obsédés. Aucune autre créature ne redoute tant sa propre nature éphémère.
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L’oasis avait dû être ravagée par le feu avant que l’on ait pendu les cadavres aux troncs. Ces hommes étaient vraisemblablement morts depuis longtemps, quand on en avait décoré les palmiers desséchés. Tarik croyait les djinns capables d’avoir apporté les dépouilles de loin pour les exposer ici. Ils avaient un sens particulier pour ce genre de pratiques. Idolâtrie macabre, disaient certains. Haine farouche, prétendaient d’autres. Les hommes pourraient tenter avec la meilleure volonté du monde de comprendre les agissements des djinns, ils n’y parviendraient jamais. Les djinns étaient issus de la Magie Sauvage, leurs actes dépassaient l’entendement humain. Croyaient-ils en Dieu ? Avaient-ils une sensibilité – même atroce – pour l’art, pour l’esthétique ? Ou l’exhibition de leurs victimes leur procurait-elle tout simplement du plaisir ? On n’aurait pas les réponses à ces questions aussi longtemps que l’on ne parviendrait pas à faire parler un djinn. Pas un mot en cinquante-deux ans.
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Si le population de Samarkand était en liesse, ce n’était sûrement pas en l’honneur de la goûteuse et du voyage qu’elle aurait à entreprendre à travers le pays des djinns. Bien des gens auraient volontiers administrés eux-mêmes une bonne dose de poison à l’émir s’ils en avaient eu l’opportunité.
Mais les fêtes étaient rares dans la ville. Les mouchards de l’Ahdath étaient partout. Les rassemblements étaient aussitôt dispersés, le plus souvent avec violence. Depuis des années déjà, le peuple bouillait de mécontentement et de haine envers son souverain. L’émir redoutait plus que tout une révolte. Donner une fête était une manière de l’étouffer. Un bonbon pour les masses aigries.
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- Pourquoi m’as-tu demandé mon nom ?
- Pour entendre le ton de ta voix quand tu dis la vérité. Il m’est alors plus facile de savoir quand tu mens.
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C’est alors qu’un serpent argenté rampa à ses pieds, releva la tête et siffla : « Prends ce chemin. Prends-le. C’est un bon conseil, le meilleur. Le chemin est court dans l’obscurité et tu atteindras rapidement ton but. »
Il ne commit pas l’erreur d’écraser l’animal. Le venin des serpents argentés n’est certes pas mortel, mais il brûle comme l’acide. Les serpents doués de la parole étaient aussi nombreux que les rats là où les gens se laissaient entraîner pour assouvir leurs passions. Ils se faisaient une joie de donner des conseils hypocrites et traîtres – et de fait, c’est bien la seule chose qu’on les entendait dire. Si le serpent lui recommandait de passer dans l’obscurité de la cour, Tarik pouvait redouter d’y tomber sur un voleur ou un assassin. Mais son conseil était si manifestement mauvais qu’il pouvait du coup en être bon. Certains érudits prétendaient d’ailleurs que telle était la véritable mission des serpents argentés – faire le bien sous le masque du mal.
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On ne voyage pas au pays des djinns – on s’en enfuit. Et ce dès le premier instant.
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Parfois, les espoirs sont si impétueux et la raison si fugitive qu’il est impossible de déterminer où s’arrête la vérité et où commencent les espérances.
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Le monde reprit Amaryllis, est une histoire d’amour entre la raison et la déraison. Entre la magie et le naturel. Pourquoi séparer les deux amants ? (Il indiqua le bas de sa mascarade de corps humains.) Pourquoi ne pas chercher à les unir ?
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La Grande Oeuvre n'est autre que la fabrication de la Pierre des sages. On dit souvent que cette pierre sert à transformer le plomb ou le mercure en or, mais ce n'est pas sa fonction véritable. En fait, elle nous montre le chemin de la perfection, la voie que doit suivre l'alchimiste pour devenir un homme parfait. A tout point de vue. La Pierre des sages n'est pas vraiment une pierre, c'est une poudre rouge que l'on appelle la Poudre de la projection. Les représentants de l'hermétique l'ont appelée "pierre" parce qu'elle résiste au feu, comme la pierre.
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Dix bateaux avaient pris le départ de la régate du jour, à l'extrémité sud du Grand Canal, à hauteur de la Casa Stecchini. Chaque embarcation était tirée par dix sirènes.
Dix sirènes ! C'était un record, du jamais vu. La Serenissima - c'est ainsi que les Vénitiens surnommaient affectueusement leur ville - n'avait jamais connu pareil événement.
Les sirènes étaient attelées en éventail devant les bateaux et attachées par de longues cordes, suffisamment solides pour résister à leurs dents pointues. Les gens s'étaient rassemblés de part et d'autre du canal, aux endroits où les quais étaient accessibles à pied, ainsi qu'aux balcons et fenêtres des palais - personne ne voulait manquer ce spectacle.
Mais ce n'était pas la régate qui plongeait Merle dans un tel état de nervosité. Elle avait une tout autre raison d'être excitée. Bien plus importante à ses yeux.
Le gondolier attendit encore deux, trois minutes avant d'engager la mince gondole noire dans le Grand Canal pour se diriger vers l'embouchure située juste en face. Ils faillirent être accrochés par de jeunes fanfarons qui tentaient de rattraper les participants à la régate avec leur propre attelage de sirènes en vociférant.
Merle lissa ses longs cheveux sombres en arrière. Le vent ramenait sans cesse des mèches dans ses yeux. Elle avait quatorze ans et n'était ni grande ni petite. Juste un peu maigre, comme presque tous les enfants de l'orphelinat - à l'exception du gros Ruggero, bien sûr. Mais lui, ce n'était pas pareil, il était malade. C'est en tout cas ce que disaient les surveillants. Merle se demandait toutefois si c'était vraiment être malade que se glisser la nuit dans la cuisine pour y dévorer le dessert des autres pensionnaires.
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Nous avons toujours cru que plus personne ne vivait au pays des djinns, dit-il d’une voix opprimée. Mon père le soutenait et Tarik n’a rien vu qui prouve le contraire. Maintenant que nous y sommes, nous découvrons soudain que des hommes y vivaient encore. Peut-être une poignée et il vrai que ce sont les descendants des nomades qui sont restés terrés quelque part sous les pierres. Mais ils ont survécu, Sabatéa ! Et ce sans les remparts qui protègent Samarkand, sans une armée ni un émir qui ne s’intéresse qu’à son empire et à son pouvoir. Ils n’avaient rien, comprends-tu ? Seulement de l’eau dont ils ne savaient même pas si elle n’était pas empoisonnée, quelques couvertures et vêtements et, peut-être aussi quelques moutons.
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