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Critiques de Karel Capek (178)
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Connaissez-vous celle là ?



C'est l'écrivain Karel Capek qui va voir son frère Josef dans son atelier...

- Dis, Jojo, j'ai une bonne idée pour une pièce de théâtre...

- Eh bien, écris la ! grommelle Josef; parce que quand on est en train de peindre, on n'aime pas être dérangé.

- Oui, mais je cale pour trouver un nom pour ces bonhommes artificiels, tu sais... je pensais d'appeler ça un "labor", mais ça me paraît un peu trop littéraire... enfin, j'en sais rien !

- Alors, appelle ça un "robot" ! grogne Jojo à travers le pinceau coincé entre ses lèvres. - Et fiche moi la paix, maintenant !



Voici, paraît-il, comment le mot "robot" (qui vient de "robota", ces travaux forcés du 17ème, quand le peuple tchèque était sous le joug de son maître austro-hongrois) a vu le jour.

La pièce "R.U.R" (Rossum's Universal Robots) a été jouée pour la première fois en 1921; pour être reprise avec succès par BBC pendant l'année critique de 1938 qui a vu la signature des accords de Munich.

Une pièce dramatique qui s'inscrit dans la lignée de la philo-SF de Capek, avec "Krakatite", "La guerre des salamandres" ou "La fabrique d'absolu".



L'histoire est simple - une usine qui gagne des millions en fabriquant les robots qui soulagent les hommes dans leur tâches quotidiennes. À tel point que l'humanité devient oisive et désoeuvrée - et elle utilise cette intelligence artificielle pour se faire la guerre. Mais, peu à peu, les robots se mettent à penser, eux aussi, tout en adoptant les sentiments typiquement humains, y compris la vanité, l'orgueil et la soif du pouvoir.

Et l'invention se retourne contre son créateur...



Je ne vous révèle pas la fin, je vais me contenter de dire que cette pièce-avertissement n'exprime pas seulement les craintes pour l'humanité d'être happée par une quelconque "machinerie" (technologie, guerre), mais montre aussi l'espoir et la foi inébranlable en l'esprit et l'intelligence de l'homme.

Pour l'instant, ce n'est pas encore le cas...

Mais si, un jour, les machines font tout à notre place, nos cerveaux ne vont-ils pas se rouiller au point de ne plus être capables d'une moindre déduction, analyse ou synthèse par nous mêmes ? Faute de n'avoir rien d'autre à faire, n'allons nous pas faire n'importe quoi ?

Mais non... nous sommes suffisamment raisonnables !



Capek a toujours fait partie de mes écrivains préférés. Son style est tellement simple; un peu comme un gentil grand-père qui vous raconte des histoires. Mais avec quelle richesse du vocabulaire et quel humour philosophique !





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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Une très belle réédition d'un texte fondateur de la SF et plus particulièrement de la figure du robot (terme qui apparaît d'ailleurs dans cette pièce de théâtre pour la première fois).



Les robots Rossum ont remplacé les hommes au travail. Mais après plusieurs années de servitude, les robots - légèrement modifiés- éprouvent des sentiments et finissent par se rebeller...



Un texte qui fait penser à Metropolis ou plus récemment Westworld.
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

« R.U.R. » est une pièce de théâtre écrite en 1920 et originellement sous-titrée « Comédie utopiste en trois actes et un prologue ». La présente version en est la première traduction française, datant de 1924. Dans cette traduction, la version choisie pour l’extension du sigle est « Rezon’s Universal Robots » (il existe plusieurs traductions différentes). Le contexte : « R.U.R. » se déroule dans le futur, alors qu’une usine, dirigée par un certain Domin, vient de mettre sur le marché des humanoïdes, c’est-à-dire des machines ressemblant traits pour traits aux hommes. Ce sont des Robots. On peut sourire de ce terme aujourd’hui, en ayant vu défiler tant et tant. Pourtant, dans cette pièce, non seulement le nom prend une majuscule, mais c’est la première fois qu’il est publié ! En d’autres termes, le mot Robot est inventé dans cette pièce, même si l’idée de départ vient de Josef, le frère de ČAPEK.



Des humanoïdes donc. Fabriqués à des centaines de milliers d’exemplaires pour servir l’Homme, faire les besognes à sa place, les travaux ingrats. Les patrons se les arrachent car leur main d’oeuvre, et pour cause, est bon marché, de plus l’utilisation de Robots pourrait dans un proche avenir rendre l’homme oisif et jouisseur : « Avant dix ans, les Rezon’s Universale Robots auront fait tant de froment, tant de tissus et de tout, que nous dirons : les choses n’ont plus aucune valeur. Que chacun prenne ce dont il a besoin. Il n’y a plus de misère. Oui, ils seront sans travail. Mais il n’y aura plus de travail du tout, car les machines vivantes feront tout. Les Robots nous vêtiront et nourriront. Les Robots feront des briques et construiront des maisons pour nous. Les Robots écriront pour nous des chiffres et balaieront nos escaliers. Le travail sera supprimé. L’homme ne fera que ce qu’il aimera faire. Il sera débarrassé des soucis et de l’humiliation du travail. Il ne vivra que pour se perfectionner ».



L’usine R.U.R. est devenue une vraie curiosité. Ainsi, Hélène, la propre fille du Président du pays va visiter la fabrique. Seuls des Robots y travaillent, exceptés les décisionnaires, c’est-à-dire une poignée de dirigeants. Hélène est membre de la Ligue pour l’Humanité et, à ce titre, souhaiterait que les Robots soient traités comme des humains et non comme des machines. Pourtant les Robots ne semblent avoir ni âme ni sensations.



Ellipse. Dix années ont passé, les Robots ont été perfectionnés, ont même été armés. Ils ont participé à tant de guerres, tué tant d’humains, répondant à des ordres, soldats obéissants et efficaces. Ils ont envahi les lieux de travail. L’Homme devenu inutile a fini par s’ennuyer, la natalité a drastiquement baissé, rendant l’espèce humaine en danger. « On ne daigne même plus allonger son bras pour prendre la nourriture, on la leur met droit dans la bouche pour leur éviter de se lever. Ah ! Ah ! Les Robots de Domin se chargent de tout ! Les femmes n’engendreront pas pour les hommes qui sont devenus inutiles ».



Parallèlement, les Robots se sont émancipés, « humanisés », réclamant leur part de pouvoir, se montant en syndicats. Ils représentent un dixième de la population mondiale.



Le vent tourne. Les Robots se révoltent et leurs inventeurs, les dirigeants de l’usine R.U.R. doivent mettre fin à la jacquerie, alors que désormais les Robots existent depuis une trentaine d’années seulement. Le manuscrit de fabrication des Robots existe en unique exemplaire, or lui seul peut permettre de continuer à développer les humanoïdes…



Ne nous y trompons pas : « R.U.R. » n’est pas un simple récit de science fiction, il est surtout un pamphlet politique et social pacifiste. Écrit au lendemain de la première guerre mondiale, il se dresse contre les guerres, contre les ventes d’armes internationales. Il est une revendication humaniste allégorique et puissante. En somme, en quelques dizaines de pages, il peut être vu comme un petit chef d’oeuvre d’intelligence appuyé par une fin épique. Une dystopie, sans aucun doute, mais sur un ton drôle, qui cependant s’aggrave au fil des pages. Cette pièce de théâtre est un véritable coup de maître, l’un de ces textes qui changent la littérature, à l’instar d’un « Nous » du russe ZAMIATINE, dystopie sortie la même année, et qui pour sa part a influencé ORWELL pour son « 1984 » (écrit près de 30 ans plus tard !) et HUXLEY pour « Le meilleur des mondes ». « R.U.R. » est incontestablement une pierre à l’édifice de la future littérature contre-utopique. La version proposée est la numérique de la Bibliothèque russe et slave, à partir d’une traduction de 1924.



https://deslivresrances.blogspot.com


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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Étrange oeuvre de l'entre-deux guerres qui parait pourtant si contemporaine. Les allusions aux problématiques du clonage, du progrès technique et technologique et de l'explosion de la robotique dans la production industrielle, d'internet sont troublantes... Cette pièce de théâtre fait réfléchir sur l'Homme et sur son savoir, sa technique et son esprit scientifique qui parfois le dépassent.
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Dans cette pièce de théâtre, écrite en 1920, l’un des pères de la littérature de science-fiction offre à l’homme un miroir gênant.



Dans sa pièce dystopique R.U.R, Karel Capek imagine l’invention des robots au service des humains. Non seulement ses robots existent désormais, mais, de surcroit, ils portent le nom qu’il a inventé pour eux ! En effet, “rob” vient de l’ancien slave et veut dire esclave et “robota” veut dire corvée en tchèque, voilà l’invention d’un mot révolutionnaire pour les siècles à venir… la classe quoi !



“Je veux réveiller la conscience de ceux qui n’ont pas réfléchi” écrivait le poète tchèque Vítezslav Nezval. Comme son collègue, Karel Capek est engagé à gauche et fait réfléchir sur son époque et n’aura de cesse de le faire jusqu’à sa mort en 1938 quelque semaines avant son arrestation planifiée par la Gestapo.



Ces robots, parfaits, dociles, sorte de vertige de l’hubris humain, ne sont ils pas une sorte de miroir tendu à l’homme ? Leur révolte face à leurs créateurs, ils la justifient ironiquement ainsi : “il faut tuer et régner pour être comme les hommes” que peut-on leur opposer ?



Plus que les robots, reprogrammés, c’est l’homme nouveau, concept en vogue dans l’entre-deux-guerre qu’il soit soviétique ou nazi, qui inquiète l’humaniste qu’est Capek. Un homme tout au service d’un collectif, dont l’humus intime pour reprendre le mot de Robert Musil, labyrinthe et toile de soie d’émotions n’est plus utile à la fonction productive.



Seul moyen d’empêcher la révolte unifiée des robots ? En faire des êtres de couleurs et de langue différentes, sorte de mythe de Babel revisité. C’est aussi le mythe Homérique que revisite Capek, Hélène Glory comme Hélène de Troie est le grain de sable dans la machine, celle par qui la guerre arrive.



“Vous comprenez, il est quand même plus agréable de donner des ordres que de travailler.” Le rêve d’une société se reposant sur la technique pour effectuer les tâches les plus ingrates, est aujourd’hui largement débordé, les robots prennent en charge nos activités industrielles, ménagères, mais aussi intellectuelles, récréatives et même affectives… Bientôt ChatGPT s’inscrira-t-il sur babélio ? Ou commenterons-nous ses oeuvres ?



Qu’en pensez-vous ?
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

On peut se poser la question pourquoi cet auteur tchèque n'est pas devenu aussi célèbre ou aussi adapté au cinéma que des Asimov, Huxley ou Orwell.

Néanmoins, Karel Capek est passé à la postérité grâce au mot "robot" que l'on utilise quotidiennement et qui apparaît pour la première fois dans ce livre.
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R.U.R. : Rossum's Universal Robots

Karel Čapek est un important écrivain tchèque de la première moitié du 20em siècle. Il a pratiqué différents genres littéraires : roman, conte, récit de voyage, journalisme même, et il a connu ses succès parmi les plus importants au théâtre. Sa pièce, voire son oeuvre la plus connue, en particulier en dehors de son pays, est sans conteste R.U.R (Rossum's Universal Robots).



La pièce est jouée à Prague en 1920, et traduite dans une vingtaine de langues. Elle est par exemple jouée à Paris en 1924 au théâtre Hébertot, avec un accueil très favorable. Un mot inventé par l'auteur pour les besoins de sa pièce va lui assurer la survie : le mot robot, provenant d'un mot signifiant travail de force en thèque va entrer dans le vocabulaire mondial et ne plus le quitter. Il n'a d'une certaine façon jamais été aussi d'actualité que de nos jours.



Nous sommes à une époque non clairement définie, dans une île, dans l'entreprise R.U.R qui fabrique et commercialise des robots. Dans le prologue, une jeune femme, Hélène, arrive dans l'île avec l'envie de visiter les usines, et surtout pousser les robots à demander un meilleur traitement. Domin, le directeur général la reçoit (elle est la fille d'un célèbre politicien) et tombe amoureux d'elle. Il lui raconte l'histoire de son entreprise.



Le grand précurseur, Rossum, vise à recréer la vie, récréer l'homme pour montrer que ce dernier peut se passer de Dieu. Il n'y arrive pas vraiment, mais un de ses neveux, le jeune Rossum, reprend ses travaux et crée le robot, une machine, capable de faire n'importe quel travail, mais qui ne ressent pas, ne pense pas par elle-même. Elle est programmée pour fonctionner environ vingt ans avant de s'arrêter.



La ressemblance du robot avec l'être humain, pousse certains à y voir un être à part entière. Hélène fait partie de ces personnes. Elle épouse Domin, et incite le Dr Gall, à introduire des modifications amenant les robots à penser par eux-mêmes. Ils sont de plus en plus répandus et utilisés par les hommes, qui en viennent à ne plus travailler. Ils sont aussi utilisés pour la guerre. Et un jour ils se révoltent contre les hommes, poussés par les nouveaux modèles modifiés par le Dr Gall. Ils éliminent les hommes et encerclent la maison dans l'île où sont réfugiés les membres de l'équipe du R.U.R. Domin pense négocier avec eux, avec les documents Rossum, qui donnent les formules de la fabrication des robots. Mais Hélène les a brûlés.



Karel Čapek a écrit plusieurs oeuvres que l'on pourrait qualifier d'anticipation ou de science fiction. Mais il s'agit toujours pour lui d'y introduire des interrogations philosophiques, sur la nature de l'homme, sur ses choix politiques et sociétaux qui entraînent des conséquences qui peuvent être désastreuses pour lui. L'ironie, presque voltairienne, est toujours plus au moins présente dans ses oeuvres, même si Karel Čapek demeure un optimiste et un humaniste, et l'espoir est toujours au final présent, même dans les récits les plus sombres.



R.U.R. n'est pas à mon sens son oeuvre la plus aboutie et intéressante, même si elle reste agréable à lire et présente des questionnements toujours d'actualité.
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Récits apocryphes

Un petit bijou de la littérature, datant de 1932, mais pas du tout marqué par le temps qui passe. Capek était le principal porte-parole littéraire du pragmatisme, un courant philosophique lequel juge toutes les idées par rapport à leurs conséquences, c'est à dire par leur utilité directe pour l'homme. Pacifiste, grand défenseur de petits gens, de "la voie du milieu" et de la liberté démocratique, il est vite fiché dans les listes noires et persécuté autant par les marxistes que par les fascistes. Epuisé, il meurt de pneumonie le jour de Noel 1938. Ce, livre composé d'une petite trentaine de récits, met en scène les personnages littéraires, bibliques et historiques (Prométhée, Archimède, Hamlet, Roméo et Juliette, Pilate, Napoléon,Lazare....) dans les histoires apocryphes; subitement, ils vont prendre vie et devenir comme chacun de nous, avec nos vertus et nos vices. Et très vite, on va se rendre compte que toutes ces histoires qu'on croit si bien connaître se sont peut-être passées tout à fait différemment.....A lire absolument !
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Récits apocryphes

Une trentaine de courts récits écrits entre 1920 et 1938 qui réinventent l'histoire et les mythes, de la préhistoire à Napoléon. Parmi les diverses époques explorées par Čapek, j'ai été particulièrement sensible à l'antiquité et aux balbutiements du christianisme, et un peu moins aux réécritures shakespeariennes. Mais quoi qu'il en soit, l'ensemble est remarquable. La plupart des récits prennent la forme de dialogues, et Čapek met en avant l'humain et sa parole. Souvent on est face à des personnages connus, mais d'autres fois ce sont d'illustres inconnus qui commentent leur époque. Et c'est pour le mieux, ces visions apocryphes sont délicieusement drôles. Par exemple, autour de Troie, les soldats se plaignent de « ce gandin d'Achille », « cette canaille d'Ulysse » et de ce « vague chanteur de foire, un dénommé Homère, ou je ne sais au juste comment s’appelle ce vagabond » qui « se laisse soudoyer avec quelques deniers pour chanter la gloire des plus grands traitres de la nation grecque ». Il est tentant d'évoquer chacun de ces petits récits tant ils ont pour la plupart leur propre force indépendante. Au-delà de l'humour terriblement efficace de Čapek et de sa maitrise de la langue, la façon dont il parvient à chaque fois en quelques pages à imposer une idée forte qui laisse à la fois troublé et souriant est impressionnante. En haut de cette édition on trouve le nom de la collection : classiques slaves. En effet, je veux bien croire que c'est un classique. Le genre de livre que l'on a envie de garder près de soi pour pouvoir en relire quelques pages régulièrement.



« — Il n'existe pas de vérité mienne, dit Joseph d'Arimathie. Il n'est qu'une seule et unique vérité valable pour nous tous.

— Et quelle est-elle ?

— Celle en laquelle je crois.

— Tu vois bien, prononça lentement Pilate. Cette vérité, ce n'est rien d'autre que la tienne. Vous êtes semblables à des enfants qui croient que le monde prend fin avec les limites de leur horizon, et qu'après il n'y a plus rien. Le monde est grand, Joseph, et beaucoup de choses y peuvent trouver place. »


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Récits apocryphes

Dans les marges de la Bible, de Shakespeare ou de la grande Histoire, l'auteur écrit de brèves chroniques à l'humour méditatif : comment Abraham échoue à sauver Sodome et Loth refuse de quitter sa ville, ce que pense un boulanger de la multiplication des pains, l'enquête d'un jeune homme auprès de Ponce Pilate, un autre monologue d'Hamlet, ou cette lettre d'Alexandre le Grand à Aristote, par laquelle il lui explique qu'il a assuré la sécurité des "frontières naturelles de la Macédoine", de proche en proche, jusqu'aux confins de l'Inde. Ce genre existait déjà : les "Moralités Légendaires" de Jules Laforgue, ou certains contes de Karen Blixen ("Le vin du Tétrarque") exploitent cette mine infinie et chaque fois, quand le conteur a du talent, le plaisir littéraire est assuré. Seules certaines proses m'ont échappé, qui se réfèrent sans doute à des réalités tchèques des années 30 qui nous sont devenues indéchiffrables.
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Tableaux hollandais

Un petit livre qui vous fera voyager le sourire au coin des lèvres, grâce au talent d'observation et à la plume délicieusement fine et acide Karel Capek. Ecrit dans la première moitié du XXe siècle, l’auteur y décrypte les paysages, les mœurs et les physionomie des néerlandais, sans oublier les vaches et les polders, avec humour et acuité, pour aborder peu à peu des questions plus générale sur l’état du monde et le tourisme.
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Voyage vers le nord

Mais que voilà un 'livre de voyage' positivement charmant! Pas niais, pas lourdingue. L'auteur (et son épouse, devine-t-on), a effectué ce périple en train ou en bateau le long des côtes norvégiennes (avec parfois hélas des passagers envahissants), posant sur les paysages et habitants danois, suédois et norvégiens un regard attentif, bienveillant, non dénué d'humour. Mais subtil. En Europe centrale l'époque promet du grave et lourd, on le sent parfois au détour d'une phrase. Les illustrations de l'auteur ajoutent au bonheur de la découverte.



"Difficile de croire que des hommes, des vaches et des chevaux puissent vivre sur une ligne aussi fine. Mais c'est ainsi, le Danemark n'est fait que d'un horizon net, sans accroc; ça leur en fait, du ciel au-dessus de la tête!"



" et le plus étrange, ce jour boréal qu n'en finit pas, et cette nuit blanche qui n'incite pas à aller se coucher, qui fait qu'on ne sait pas s'il fait déjà jour ou encore jour, si les passants sont déjà debout ou toujours debout."



Les glaciers : " D'un simple regard on peut saisir leur méthode de travail (...). Là où ils s'attaquent à un massif digne de ce nom, ils retroussent leurs manches, et les voilà qui broient, qui concassent, qui chantournent et qui affûtent jusqu'à former un amphithéâtre entre les montagnes; telle une moraine, ils traînent et charrient les débris hors de la cuvette et y installent au fond un lac, auquel ils suspendent une cascade, voilà le travail."



(j'ai aimé cette façon de décrire la nature et les paysages, quasi tout du long)



"Il semble que, dans ce monde, les costumes traditionnels et autres particularités ethnologiques n'aient plus d'importance que pour ceux qui peuvent en vivre."



Cette lecture a développé en moi une grande envie de découvrir ces contrées (et il faut dire que les séries nordiques avaient déjà commencé)
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Voyage vers le nord

En 1936 Karel Capek met le cap vers le nord, destination le Danemark, la Suède et la Norvège. En train ou en bateau, il admire les forêts à perte de vue, s'arrête fasciné dans les fjords "c'est une chose qui ne fait plus partie de ce monde, une chose indescriptible", salue les vaches noires et blanches, et rêve devant les fermes rouges qui semblent si accueillantes :



"Ce n'est rien qu'un petit pont de pierre qui enjambe une rivière paisible ; et pourtant ce pont semble mener de l'autre côté, vous savez, de l'autre côté, là où les soucis et la hâte n'existent plus, et où, probablement, on ne meurt jamais. Ce n'est rien qu'une maisonnette rouge et blanc entre des arbres verts ; mais, ma foi, on se dit qu'on serait heureux si on y vivait ; je sais bien que ce n'est pas vrai, que ce n'est pas si facile d'être heureux, et que cela ne s'apprend pas, même au paradis ; mais ce pays est ainsi fait que le voyageur y est immédiatement enclin à croire à la paix, à la tranquillité, au calme et aux vertus cardinales." p. 265



Il se laisse peu à peu gagner par la magie de ces lieux en sursis.



"Et j'ai vu des arcs-en-ciel de minuit tendus de rivage en rivage, un coucher de soleil doré et humide se refléter dans la mer par une aube glacée ; j'ai vu les lueurs de l'aurore et du couchant se fondre en un rayonnement palpitant des eaux, le peigne d'argent du soleil caresser la surface étincelante de la mer. Les sentiers brillants des dieux marins se mirent à scintiller furieusement sur les eaux et le jour fut. Bonne nuit, bonne nuit, car c'est le jour, la première heure ; les montagnes se dissimulent derrière un voile de soleil ; au nord, le vaste sund luit d'une blanche clarté, la mer clapote froidement et le dernier passager du bord plonge frileusement dans un nouveau livre." (p. 185)



"Je sais que tout cela ne mérite pas d'être raconté, et que d'autres que moi en ont vu cent fois plus : mais je suis patriote européen et si je ne devais plus jamais rien voir, je dirais jusqu'à ma mort : "J'ai vu la grandeur du monde." Peut-être que notre planète refroidira un jour - ou que nous nous en chargerons, nous les hommes ; nous mettrons alors une telle pagaille qu'il n'y aura même plus de mouettes pour crier au-dessus des mers. Mais, quand bien même nous découperions les uns les autres en petits morceaux nous ne pourrions pas entamer la grandeur du monde. Je sais, ce n'est pas d'un grand réconfort ; nous vivons des heures sombres, et notre coeur est empli d'inquiétude ; mais le monde est grand." p. 199



Son humour illumine le récit, comme dans ces scènes durant lesquels il se retrouve sur un bateau avec un groupe de représentants d'une quelconque Eglise américaine, "cargaison spirituelle" bruyante et omniprésente :



"Ils pratiquent avec ferveur l'amour du prochain et s'exercent notamment sur les gens ouffrant d mal de mer, les chiens, les jeunes mariés, les enfants, les amrins, les autochtones, et les étrangers, en les accostant et en les encourageant, en les apostraophant chaudement, en les saluant, en leur souriant et, d'une façon générale, en les accablant de toutes sortes de prévenances ; ainsi, il ne nous restait plus qu'à nous barricader dans nos cabines pour y balsphémer tout bas, avec acharnement. Que le Dieu de miséricorde prenne nos âmes en pitié !" p. 107



Et pas une goutte d'alcool pour supporter cela, on ne vend pas d'alcool à bord des bateaux norvégiens ! Ses portraits sont toujours savoureux, il apprécie ses rencontres, telle ce capitaine de bateau débonnaire qui garde le cap et sa bonne humeur quoi qu'il arrive !







Karel Capek ne se contente pas d'écrire, il dessine et nous enchante de ses esquisses qui célèbre la beauté du monde...
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Voyage vers le nord

Le récit du voyage réalisé par Karel Capek, en 1936, vers le cap Nord, traversant le Danemark, la Suède et surtout la Norvège est une petite merveille, tant par la richesse des descriptions de la nature nordique que par la qualité des dessins de l'auteur qui illustrent la plupart de ses propos avec les lieux traversés, montagnes, fjords, maisons, églises, animaux.



Les phrases sont longues, très longues parfois et, malgré les nombreux points virgules permettant de reprendre une respiration, elles peuvent lasser le lecteur amateur de texte plus rythmé.



Pourtant, Karel Capek, donne la possibilité de savourer lentement son parcours en direction du cap Nord. Il agrémente son récit de considérations sur la situation politique de l'Europe des années 30, avec des références à la guerre d'Espagne et à la montée du nazisme qui va déferler.



L'auteur ne manque pas d'humour, quelquefois un peu répétitif, veut-il s'assurer que le lecteur ait bien compris son propos? Ainsi sont développées des considérations sur la présence à bord de l'un des bateaux du voyage des membres d'une église évangélique américaine, très envahissants et perturbants de la quiétude dans laquelle il souhaiterait bien sûr découvrir les paysages fascinants qui sont traversés. De même, les dialogues sur l'insubmersibilité des bateaux empruntés écartent un peu le lecteur de l'ambiance majestueuse de la nature que j'aurais personnellement souhaité voir tenir la place quasiment exclusive de ce récit.



C'est quand même un très beau livre dont aussi bien les dessins réalistes de l'auteur que ses évocations de ce Nord mythique donnent le désir d'aller découvrir ces territoires exceptionnels de l'Europe du nord.
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Voyage vers le nord

Ce livre attire le regard tant la couverture est belle et mystérieuse. Avec ses pages intercalaires toute noires, et une impression parfaite, ce livre est très beau. Je remercie sincèrement l'ami qui me l'a offert. Je me rends compte qu'il me connaît bien car il m'a touchée sur un sujet que j'adore : les pays nordiques. Là, je peux vous dire que le Danemark, la Suède et la Norvège, vus par Karel Capek en 1936, c'est tout simplement magique. Je me suis laissée emportée par la grâce de ses mots, la franchise de ses croquis. Ses appréciations parfois ironiques et même acides tempèrent l'extase devant des paysages magnifiques à couper le souffle. J'ai eu l'impression de voyager à ses côtés et j'ai adoré. Triste d'être arrivée au bout de cette lecture et devoir atterrir dans ma réalité.
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Voyage vers le nord

Après avoir chroniqué L’année du jardinier de Karel Čapek, je m’étais promis de découvrir un autre titre de cet auteur tchèque majeur du XXème siècle. Je jetais donc mon dévolu sur un récit de voyage rédigé peu avant la Seconde Guerre Mondiale et le décès de l’écrivain, Voyage vers le Nord.



Le voyage vers le Nord conduit Karel Čapek vers le Danemark, la Suède puis les fjords de Norvège. Il effectue ce voyage seul, et même s’il nous gratifie de quelques rencontres plaisantes, c’est bel et bien la nature et les paysages traversés qui font office de personnage principal du roman et auxquels l’auteur n’hésite pas à s’adresser directement.



Il effectue d’abord un bref passage au Danemark, un pays propère où il fait bon vivre et où les gens se font confiance, décrite (comme toujours) avec le sens de la formule :



"Rien à dire, c’est un tout petit pays, quoi qu’il compte plus de cinq cents îles ; c’est une petite tranche de pain, mais bien beurrée. Loués soient ces troupeaux, ces granges, ces pis gonflés, ces clochers émergeant de la cime des arbres, ces ailes de moulins qui tournent dans une brise fraîche…"



N’oublions pas que ce voyage fut effectué en 1936, et Čapek est conscient de la montée de périls. Rédigeant dès 1924 une critique du communisme, il dénonce également le national-socialisme. Les nazis avaient d’ailleurs couché son nom sur la liste des personnes prioritaires pour la déportation après l’invasion de la Tchécoslovaquie. Sa mort prématurée en 1938 lui a évité cette ultime épreuve. Ainsi, dans ce livre, on trouve quelques allusions à la période troublée traversée par l’Europe.



Au fur et à mesure du récit, en concluant son périple et après avoir observé des gens évoluant dans une nature hostile, il perçoit le péril qui monte et la futilité des luttes en cours :



"Un jour, les hommes comprendront qu’aucune victoire n’en vaut la peine ; et, s’il leur faut vraiment des héros, ils pourraient élire ce petit docteur de Hammerfest qui va d’île en île sur son canot à moteur dans la nuit polaire, là où une femme est en train d’accoucher et un enfant de pleurer. Les tambours de la guerre dussent-ils cesser de battre un jour, il y aura toujours bien assez de place pour les hommes courageux et entiers."



Néanmoins, ces quelques lignes ne doivent pas vous détromper sur la nature première de cet ouvrage ; il s’agit d’un récit de voyage où l’on voit défiler devant nous des montagnes, des glaciers, des lacs… le tout servi par un langage très poétique, très imagé. Une lecture qui nécessite une présence de la part du lecteur, une certaine lenteur pour bien savourer. Ajoutons-y un sens de l’humour très développé (ce qui est très tchèque !), illustré ci-dessous par la façon dont il décrit un groupe appartenant à une congrégation chrétienne, ayant pris place sur le même bateau que lui :



"Ils pratiquent avec ferveur l’amour du prochain et s’exercent notamment sur les gens souffrant du mal de mer, les chiens, les jeunes mariés, les enfants, les marins, les autochtones, et les étrangers, en les accostant et en les encourageant, en les apostrophant chaudement, en les saluant, en leur souriant et, d’une façon générale, en les accablant de toutes sortes de prévenances ; ainsi, il ne nous restait plus qu’à nous barricader dans nos cabines pour y balsphémer tout bas, avec acharnement. Que le Dieu de miséricorde prenne nos âmes en pitié !"



Enfin, si L’année du jardinier était richement illustrée par son frère Josef, c’est Karel lui-même qui nous gratifie ici de très jolis croquis des paysages rencontrés.



Il m’a manqué peut-être dans ce livre une partie du charme que j’avais tant apprécié dans L’année du jardinier. Je vous conseille néanmoins d’aller découvrir ce livre en l’empruntant dans votre bibliothèque.
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Voyage vers le nord

En librairie mes yeux se sont posés sur la couverture bleu verte de ce récit de voyage. Le résumé positionné verticalement sur la couverture m’a intrigué. Résultat je me suis laissé tenter.

L’auteur nous emmène en voyage à l’extrême nord de l’Europe en passant par le Danemark, la Suède et la Norvège. Le texte n’est que de la description des paysages traversés, vus ou ressentis de l’auteur. Cela pourrai paraître « bardant » mais en fait non. L’écriture est douce, poétique tout en restant accessible. Les petits dessins d’une main sûr et efficace nous montrent les paysages autrement que par les mots.

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Voyage vers le nord

Quelle est douce et belle cette ballade à travers la Scandinavie proposée par un grand écrivain Tchèque des années 30 : Karel Capek.

En effet, ce récit de voyage nous emmène vers des contrées fraîches et verdoyantes depuis le Danemark, via la Suède jusqu'en Norvège. Nous glissons gentiment vers le Nord par des forêts remarquables, des lacs limpides, des fjords époustouflants et des milliers d'îles . Nous nous arrêtons aussi dans les villes d'Oslo, Copenhague, Stockholm. Nous y apprenons un peu l'histoire des hommes de ce cru.

Le livre est beau et est parsemé d'illustrations de l'auteur. Nous pourrions nous croire dans un conte d'Andersen, si ce n'est que nous sentons bien au travers de ce récit des années 30 l'arrivée imminente d'un grand conflit mondial.
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