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Critiques de Karel Capek (178)
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Cinq contes pas comme les autres

L’an dernier, j’avais été charmé par « Histoires de chien et de chat » de Josef Čapek et en cette fin d’année-ci, j’ai choisi de récidiver avec ce genre, avec ces « Cinq contes pas comme les autres » de son frère Karel Čapek. C’est toujours un plaisir de se plonger dans ces histoires fantaisistes !



Dès le premier conte, « Le conte des oiseaux », j’ai retrouvé cette expression que les frères Čapek utilisent souvent dans leurs histoires destinées aux enfants : « nom d’un petit bonhomme », et j’ai appris que cela correspond à « nom de Dieu ». Comme beaucoup de jurons, il s’agit d’une allusion détournée à la religion pour éviter le blasphème. Au fil de ma lecture des autres contes de ce livre, j’ai trouvé d’autres expressions du même registre, comme « nom d’un p’tit Jésus », « Crénom de Crédié », « A Dieu ne plaise », ou encore « Ventre-saint-gris » (une expression qui était chère paraît-il à notre cher Henri IV !). Ces expressions bibliques et évangéliques nous paraissent bien anciennes aujourd’hui, mais ces contes ont été écrits dans les années 1930, et Karel Čapek croyait à des vertus comme la compassion et la délicatesse envers autrui, des vertus qui étaient transmises par la religion.

Il y a beaucoup d’imagination dans ce premier conte, « Le conte des oiseaux », sous la forme d’un récit à sketchs, où interviennent à tour de rôle plusieurs oiseaux dont une hirondelle américaine qui veut montrer aux autres comment on construit chez elle un nid en béton ! Dans un des récits de ce conte, il y a une merveilleuse histoire d’œufs d’or qui tombent du ciel, des œufs d’anges !

On y trouve aussi une drôle expression ancienne : « dès potron-minet », qui signifie « dès que l’on voit poindre le derrière de l’écureuil » ! (J‘aime beaucoup les écureuils !)



Dans « le conte du vagabond », il y a énormément de noms français écrits dans le texte, des noms de lieux, de personnages français connus. Vous me direz que c’est un peu bizarre pour un auteur tchèque ! Eh bien non, car Karel Čapek voyageait beaucoup et en 1911, il passait déjà l'été en France où il découvrait les jeunes poètes, le cubisme et Bergson. Vers 1920 déjà, il se faisait un nom en Tchécoslovaquie comme à l'étranger et possédait alors sa place en littérature. Il a traduit les poèmes de Baudelaire et d’Apollinaire, c’est dire s’il maîtrisait bien la langue française !

Dans l’écriture de ce conte-ci en particulier, « Le conte du vagabond », on retrouve tout l’humanisme et la bienveillance à l’égard d’autrui, dont Karel Čapek a toujours fait preuve dans ses écrits.

Ce conte qui met en scène un vagabond honnête m’a particulièrement touché.

Karel Čapek saisit la vie ordinaire des gens simples et il arrive à nous étonner avec un mélange de fantaisie et d’humour, avec de l’ironie et un peu de mélancolie aussi.



J’ai bien aimé également « le conte postal », dans lequel un facteur doit mener une enquête tout à fait étonnante. Il y a une lettre qui a été postée sans adresse et il lui faut trouver le destinataire, mais aussi l’expéditeur ! Des petits lutins qui ont plus d’un tour dans leur sac vont l’aider.



L’image de la 1re de couv. du livre représente le magicien Magias. On le reconnaît une fois que l’on a lu l’histoire qui nous est contée dans « le grand conte médical ». Un bien étrange nom pour un conte ! Etrange comme la mixture que son apprenti mélange dans un chaudron à potions, une mixture faite de poisse, de poudre infernale, de fiel-de-terre et de rage-de-mémé (liste non exhaustive !), enfin tout un tas d’ingrédients diaboliques !

Dans « le grand conte médical », plusieurs docteurs discutent entre eux de cas particuliers complexes qu’ils ont rencontrés dans leurs patientèles.

Ce conte comprend plusieurs parties, dont l’histoire de la princesse « solimanesque » qui embarque un simple bûcheron dans une histoire abracadabrante. Un incroyable quiproquo l’amènera comme par magie, à sauver de son mal apathique la fille d’un sultan !

Il y a aussi « l’histoire du heïkal », c’est celle d’un fantôme brailleur qui terrorise tout le monde dans les bois jusqu’au jour où il perd littéralement la voix !

Dans « L’affaire des ondines », il est question d’une

« roussalka », une fée de l’eau, qui a trébuché sur un rayon de lune, qui s’est fait mal à la gambette, et qui a besoin des soins urgents d’un docteur, mais pour le médecin, soigner la jambe d’une roussalka, c’est un « fichtre de fouchtra de turbin » ! Y arrivera-t-il ? En tout cas il va lui donner le conseil, ainsi qu’à ses copines les fées, d’émigrer à Hollywood et de se faire actrices ! Car « les fantômes et autres apparitions merveilleuses n’ont plus de place dans notre monde d’aujourd’hui ».



Dans ses contes, Karel Čapek laisse parler ses personnages, qui racontent des histoires vraies ou des mensonges. Leurs histoires, ils les disent avec un tel aplomb et une telle éloquence qu’elles sont franchement invraisemblables, et qu’elles nous font rire !

Et il arrive souvent que les personnages se lancent dans des énumérations qui n’en finissent pas et c’est évidemment jubilatoire ! Par exemple dans le « conte du facteur » où s’enchaînent pas moins de trente synonymes d’ « imbécile » !



Karel Čapek a une attitude à la fois critique et bienveillante envers « le merveilleux ». Je trouve que ce livre de contes est bien plus que de la littérature enfantine, car au travers de ses textes, Karel Čapek, sans en avoir l’air, nous tient un propos sur la société contemporaine et sa modernité.

Un exemple pour illustrer cela : le dénouement du « conte postal » qui montre les performances d’une Bugatti qui bat des records de vitesse et va s’envoler ! C’est une histoire d’amour qui se termine bien grâce aux avancées de la technologie.

Dans « le conte des oiseaux », les pigeons déplorent que les voitures aient remplacé les charrettes, car les voitures en roulant vite, font envoler les graines qui se trouvent sur la route et de ce fait ils n’ont plus rien à manger !



Et il faut remarquer aussi que dans ces histoires, le plaisir s’accompagne aussi d’un souci.

On sent Karel Čapek préoccupé de vouloir conserver un lien entre un univers enchanté et un monde contemporain qui est loin d’être paisible. Dans le « conte des génies de l’eau », ondins tchèques et ondins allemands cohabitent, mais souvent ils ne se comprennent pas. Il faut certainement y voir des allusions à des sujets politiques qui touchent à des questions nationales !

Les génies des eaux sont bien connus de toutes les cultures slaves, où ils sont présentés comme des créatures fascinantes mais en même temps dangereuses. Par exemple, la « roussalka », l’ondine, avait un corps diaphane et n’hésitait pas à tuer les hommes qu’elle séduisait.

Les ondins, eux, qui vivaient dans les étangs, capturaient les humains qui se risquaient sur leur rive et les enfermaient dans des petits pots.

Et dans ces contes de Čapek, les ondines tout comme les ondins, sous leurs allures obsolètes et charmantes en même temps, posent des questions légèrement angoissantes de leur époque puisqu’ils se trouvent contraints de changer de lieu de vie pour survivre !



Il faut noter aussi que toutes ces histoires sont ponctuées par de nombreux dessins en noir et blanc.

Ce sont des illustrations de Josef Čapek, (le frère de Karel Čapek), des dessins naïfs, qui sont faits de lignes très simples, des dessins expressifs qui vont à l’essentiel, des dessins qui ressemblent à des caricatures de presse. Je trouve que leur aspect enfantin et burlesque s’accorde parfaitement au type de personnages et aux situations des récits de ce livre.

Voici donc des contes qui sortent bien de l’ordinaire et qui portent bien leur nom de « contes pas comme les autres » !

Un beau livre à s’offrir, à offrir aux enfants, et aux grands-enfants que nous sommes restés ! 5/5 !

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Cinq contes pas comme les autres

Des contes tchèques des années 30, écrits dans une langue vive, joyeuse, riche et amoureuse.
Lien : http://next.liberation.fr/li..
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Cinq contes pas comme les autres

Comme son titre l’indique il s’agit de cinq contes, destinés à priori pour un jeune public, et joliment illustrées par des dessins de Josef, le frère de l’auteur. Nous retrouvons le ton habituel de Karel Čapek fait d’un mélange d’humour, de second degré, mais en même de profonde bienveillance et humanité.



Les contes se placent résolument à l’époque à laquelle ils ont été écrits : la science a fait des progrès et prétend expliquer le monde. Pour se déplacer plus de tapis volants, mais des automobiles. Mais survivent quelques représentants des anciennes espèces : ondins, rusalka, lutins, magiciens...Qui s’adaptent comme ils le peuvent au monde moderne, qui ne croit plus qu’à moitié en leur existence. Alors pour subsister, ils doivent s’adapter, faire de la politique, ou devenir starlette à Hollywood.



De jolis textes, poétiques et drôles, qui ont gardé les structures en cascade des contes, un certain nombre de détails aussi. Ils dégagent une nostalgie d’un monde où la magie était possible, ou tout au moins d’un monde dans lequel on pouvait encore y croire. Avant que la raison ne se mette à vouloir tout expliquer, et réfuter beaucoup de choses qui donnaient du charme à l’existence. Parce que l’imagination, qui habille le monde avec des couleurs chatoyantes est peut être aussi indispensable que les objets ayant une utilité bien définie.
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Contes d'une poche et d'une autre poche

C'est un recueil de nouvelles, assez courtes, le livre en comprend 48. Elles relèvent, si on veut les rentrer dans une case, du genre policier : il y a des crimes, des vols, des disparitions. Mais on est plutôt dans une sorte de réappropriation du genre, Capek fait avant tout du Capek.



Ce qui l'intéresse, ce sont les gens, ce qu'il y a derrière les faits divers. Il ne faut pas pour autant s'imaginer que ce sont des récits réalistes, dans le sens habituel du mot. C'est malicieux, décalé, frôlant l'absurde, plein d'ironie et de second degré. Des sortes de paraboles, qui pourraient sembler joyeuses, drôles tout au moins, mais qui derrière cette façade légère, dissimulent des souffrances, des manques, des insatisfactions quotidiennes, produites par la manière dont fonctionne la société (l'histoire de l'intendant amoureux de la postière qui n'a aucune chance d'obtenir sa mutation ce qui empêche le couple de vivre leur amour par exemple) ou tout simplement des failles de la nature humaine, toujours la même, quelle que soit l'époque ou l'endroit. Et Capek observe, analyse, dissèque, avec intelligence et finesse, mais aussi avec une grande empathie. Car c'est un grand humaniste avant tout, certes toujours à l'affût des petitesses et défauts, qu'il peint de manière amusante, drolatique, mais qui malgré tout garde une sorte de foi viscérale dans l'homme, malgré toutes ses imperfections.



C'est jubilatoire, et beaucoup plus profond qu'une lecture superficielle ne le laisserait apparaître. Le genre de petit livre que l'on peut relire avec un plaisir toujours renouvelé, pour passer un bon moment et pour réfléchir.
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Contes d'une poche et d'une autre poche

Contes d'une poche et d'une autre poche (1929) contient quarante-huit petites histoires policières décalées, pleines d'humour et de finesse. Karel Čapek (1890-1938) était un magicien du verbe, qu'on se le dise !



Sur le mode de la conversation, du petit dialogue entre amis, Karel Čapek vous raconte une histoire policière insolite.

Par exemple, dans « Le poète » Nerad est témoin d'un accident au cours duquel une voiture a renversé une femme dans la rue Žitná. L'inspecteur de police Majzlík l'interroge, mais le poète était ivre cette nuit-là, donc il ne se souvient de rien. Mais pendant la nuit, il a écrit un poème ésotérique qui révèle le lieu du crime, l'heure, le numéro de plaque d'immatriculation et la couleur de la voiture.

Dans « L »'expérience du professeur Rouss, le professeur aide la police à confondre le coupable grâce au jeu des associations d'idées.

Les contes peuvent être loufoques : un voleur de cactus bien barré, une cellule de prison napolitaine « magique » (car ses occupants se repentent, sauf les Tchèques) ou plus graves : un psychanalyste guérit son patient de sa névrose, ce qui le conduit au pire. Un prisonnier innocenté remis en liberté s'avère coupable etc.

Čapek utilise l'ironie goguenarde aux dépens des policiers, des journalistes, des médecins, des experts, de l'administration, des postières, des écrivains (y compris de lui-même) de toute cette humanité qui se pique de juger son prochain. Et Dieu le sait bien ( voir le Jugement dernier)*.



Čapek voulait écrire des nouvelles qui enfreignaient les lois traditionnelles du genre. Par exemple avec un détective amateur : un jardinier (Le Cactus volé, le Chrysanthème bleu), un écrivain qui résout une affaire de plagiat, une épouse de policier, un policier qui s'en remet au prédictions fantaisistes d'une cartomancienne etc. Des gens tout à fait ordinaires, comme les criminels d'ailleurs. le meurtrier peut être clairement identifié dès le début, ou bien l' histoire ne présenter aucun meurtre ou encore aucune résolution (un vieux « cold case » remontant au XVème siècle). Čapek multiplie les points de vue : celui du témoin, du criminel, de l'entourage du détective etc. Certains contes ne portent pas du tout sur le crime ou le délit mais ils traitent surtout de la difficulté de rendre la justice.

Ils ressemblent alors à de petits apologues, toujours souriants, toujours légers qui préparent le lecteur à accepter la morale du récit.



Je vous invite vraiment à vous procurer cet ouvrage drôlement chouette.



*Le Jugement dernier et le Voyant sont sur un podcast de France Culture (épisode 5/5 de la Maladie blanche).

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-feuilleton/le-jugement-dernier-et-le-voyant-de-karel-capek-5263217



Merci beaucoup Bobby !

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Contes d'une poche et d'une autre poche

"Pourtant, croyez-moi, il faut qu'il y ait Quelqu'un d'absolument juste. C'est une évidence, Monsieur. Nous ne pouvons que châtier, pourtant il faut bien qu'il y ait quelqu'un, quelque part, qui pardonne. Je vais vous dire, la véritable justice, la justice supérieure, est aussi étrange que l'amour."

("Crime à la poste")



L'âme humaine est profonde. Profonde. Profonde...

Et Capek l'examine sous toutes ses coutures, dans ce double recueil des histoires criminelles "de poche".

Je retourne régulièrement avec plaisir vers ce livre rempli de la poésie des temps passés, et son atmosphère élégante de la Première République Tchécoslovaque, où les dames portaient des chapeaux "cloche" et des robes "charleston", et les hommes fumaient des "égyptiennes" et mettaient une fleur dans leur boutonnière.



Même si la qualité des histoires n'est pas toujours égale, on y trouve quelques merveilles inoubliables.

Comme cette "Ballade de Youraï Tchoup", à qui le Tout-Puissant à permis de survivre à une tempête de neige dans les Carpates, pour qu'il puisse se rendre à la justice humaine. Vous y sentez comme une odeur de lampes à l'huile, de manteaux en peau de mouton et de l'Ancien Testament.

Comme ce "Chute de la maison Voticky", où l'on résout une affaire vieille de 500 ans grâce à l'érudition d'un professeur obstiné et le sens de la déduction d'un commissaire dubitatif.

Comme ces histoires d'un voleur de cactus passionné, d'un très rare chrysanthème bleu, ou d'un cambrioleur-poète.

Ou "Les pas dans la neige", qui s'arrêtent inexplicablement au milieu de la route - faut il appeler la police, vu que ça frôle de près la métaphysique ?



Parfois on a une fin ouverte qui interpelle le lecteur; ni vu, ni connu, Capek nous fait réfléchir sur nos faiblesses, notre conscience, sur la justice humaine et la justice "supérieure" avec un détachement pragmatique et intelligent.

Ces histoires se lisent toutes seules. Et, étrangement, même si ça parle de crimes et meurtres, elles font chaud au cœur.

C'est la première fois que j'ai pu lire ce recueil en français, et je trouve que la traduction est plutôt bonne; ce n'est pas aisé de traduire les phrases de Capek, pourtant simples, mais où chaque mot est tellement à sa place. Y compris les expressions populaires un peu désuètes.



Il y a aussi de la nostalgie, là-dedans...

Où sont ces temps où l'on pouvait dire tout simplement : " Un crime, Monsieur, c'est soit une affaire de jalousie, soit une affaire d'argent."...?

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Contes d'une poche et d'une autre poche

C'est la première fois que je lis Karel Capek, écrivain tchèque né en 1890 et mort à 48 ans, mais j'ai retrouvé dans ces quarante-huit courtes nouvelles le genre d'humour, souvent basé sur l'absurde, de nombre d'écrivains tchèques. Ces "contes" s'enchaînent d'un narrateur à l'autre, que celui-ci soit commissaire, brigadier, juge, ou une fois même écrivain. Ils pourraient relever du genre policier puisqu'il est question d'énigmes, de disparitions et d'enquêtes, mais Capek, en fin observateur, en mêlant à la fois l'humour et la satire, tout en conservant sa part d'empathie, nous emmène vers une réflexion sur la justice, à notre échelle d'humain ordinaire, pétrit de défauts. Le dernier conte ne s'intitule pas : "La part ultime d'humanité" ? Deux de mes contes préférés : "Les pas dans la neige" et "Le chrysanthème bleu".
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Contes d'une poche et d'une autre poche

Karel Capek : contes d’une poche et d’une autre poche. Nouvelles traduites du tchèque par Barbora Faure et Maryse Poulette, éditions du Sonneur, 2018

Plus que de nouvelles, ceci est un recueil de contes, comme son titre l’indique. En effet les histoires sont présentées comme des contes par leur forme : elles débutent toutes par une entrée en matière annonçant un récit du style « l’histoire que je vais vous raconter s’est passée en… », et sont relatées par des narrateurs différents.

Dans ces quarante-huit nouvelles, dont plus de la moitié étaient inédites en français, Karel Čapek mêle l’ordinaire à l’extraordinaire, l’humour à la satire ; il est souvent question de crimes, de disparitions, de mystères. Les Contes d’une poche et d’une autre poche sont parfois des paraboles qui font réfléchir, mais aussi beaucoup sourire.

Karel Capek (1890-1938) a écrit plusieurs romans, recueils de nouvelles, pièces de théâtre. Il parle pour la première fois du mot « robot » en 1920, dans un texte de science-fiction, terme inventé par son frère Josef.

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Dachenka ou la vie d'un bébé chien

Un agréable moment.
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Dachenka ou la vie d'un bébé chien

Un très beau livre, à cheval entre le conte pour enfants et le récit pour les amoureux des chiens.

Le style de Čapek se prête parfaitement à l'histoire.
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Entretiens avec Masaryk

Il n'y a pas longtemps, j'ai regardé quelques vidéos avec Masaryk; ses discours, son séjour à Topolcianky, ses funérailles (ainsi que celles de Karel Capek), ce qui m'a rappelé que j'ai voulu écrire un petit mot concernant les Dialogues.

Quand les grands esprits se rencontrent ! Les pensées de Masaryk sous la plume de Capek, c'est une grande leçon de la vie tout simplement.

L'ouvrage est divisée en trois parties, la première n'étant pas un dialogue proprement dit - ce sont plutôt les souvenirs de Masaryk depuis son enfance, en passant par ses études et son entrée dans le monde politique, jusqu'à l'entrée dans sa fonction présidentielle.

La deuxième partie, un dialogue avec Capek, représente sa philosophie, sa noétique, sa vision de l'état démocratique et la démocratie tout court, mais aussi ses opinions sur la religion, littérature, journalisme, l'importance de l'éducation et de la culture...

La dernière partie est une sorte de mémento, les petites bribes de conversation, pensées, anecdotes, qui nous permettent de mieux voir la personnalité de Masaryk.

le premier président de la toute nouvelle république Tchécoslovaque, après la chute de l'Empire Austro-Hongrois à la fin de la Grande guerre, Masaryk a acquis dans son pays presque un statut d'un saint - appelé tantôt "papa Masaryk", "président libérateur" ou "The great old man of Europe" (par les américains), il présente sa version de la démocratie droite, sans mensonge, avec la tête sur les épaules. Sa philosophie est une synthèse des pensées utiles, profitables à la vie et non aux "verbalismes".

le livre, tantôt glorifié, tantôt strictement interdit dans son pays d'origine selon le régime, est finalement ressorti en 1990, après la Révolution du Velours, pour devenir une sorte de livre de chevet.

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Hordubal

Hordubal est un roman court de l'auteur tchèque Karel Capek et fait partie d'une trilogie. Le roman est écrit en 1933 et raconte l'histoire d'un émigrant tchèque qui revient d'un séjour de huit ans aux Etats-Unis, où il a travaillé dans les mines de charbon pour entretenir financièrement sa femme et sa fille. Avant son départ, il élevait des vaches à son humble ferme. Pendant le voyage du retour, le lecteur suit ses monologues intérieurs. Hordubal est analphabète et ne savait pas parler l'anglais couramment. Une fois arrivé dans son village, il est accueilli par sa femme Polana avec froideur. Sa fille a même peur de lui. Et puis, il y a ce jeune valet de ferme qui a pris sa place. Dans le premier livre, l'histoire est racontée par Hordubal. Le langage est lardé de mots anglais et d'argot. Dans le deuxième et le troisième livre, qui sont courts et font office d'épilogues, les évènements sont racontés d'abord par la police et ensuite par le tribunal, où Polana et le valet sont jugés pour meurtre d'Hordubal. Capek parvient dans à peine 180 pages à nous peindre la réalité depuis trois points de vue. Ainsi, pour Hordubal, Polana reste la femme de sa vie, malgré son comportement peu respectueux à son égard. En revanche, le tribunal dépeint la femme comme laide et avide de l'argent d'Hordubal. La structure du roman me rappelle un peu L'étranger de Camus.
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Hordubal

Depuis quelque temps, les livres de Karel Čapek (1890-1938) connaissent un regain d’intérêt en France. Les libraires mettent souvent en avant « La guerre des salamandres », un conte philosophique entre science-fiction et politique-fiction, et « L’année du jardinier », un véritable almanach à l’ancienne, plein de conseils poétiques et fantaisistes, et d’illustrations amusantes.

Mais certainement moins connu est son « Hordubal », qui s’appuie sur un fait divers authentique.



J’ai lu plusieurs livres de Karel Čapek jusqu’ici, mais je ne m’attendais pas à cette découverte ! Je l’ai trouvé totalement différent de tous ceux que j’avais lus précédemment. Je trouve qu’il n’est pas courant de rencontrer chez un écrivain cette facilité à passer d’un genre à l’autre.

Avec « Hordubal », j’ai eu un vrai choc littéraire !

C’est un récit tragique d’une grande splendeur !



Hordubal est le nom de famille du personnage principal de ce roman, un héros qu’on pourrait comparer à Ulysse. Sa voix nous accompagne tout au long de la 1re partie, pendant plus des deux tiers du livre.

Juraj Hordubal rentre dans son pays, à Kriva, un petit village de Bohème, au bout de huit ans d’absence, pour y retrouver sa femme Polana et sa petite fille, Hafie, et puis aussi sa ferme, son village, ses amis.

« Juraj Hordubal marche à grands pas, insouciant de sa valise et des huit ans écoulés. Voilà le chemin du pays que l’on descend sans mal comme font au crépuscule les bêtes aux pis lourds dans le cliquetis des colliers. »



Pendant toutes ces années, il était en Amérique, où il a travaillé dur comme mineur pour extraire du charbon. Là-bas, il ignorait la langue, on a largement exploité sa naïveté, et on lui a même volé ses économies (3 000 dollars) ! Mais Juraj est un optimiste, il lui reste 700 dollars, et il considère qu’il a suffisamment encore pour voir venir… De plus, quand il était en Amérique, il n’a cessé d’envoyer de l’argent à sa femme pour lui rendre la vie plus agréable. Dans le train qui le rapproche de son village et des siens, Hordubal éprouve une joie enfantine à l’idée de retrouver sa terre natale.

Il est persuadé que sa femme l’attend impatiemment. Il pense continuer tout simplement là, où la vie s’est interrompue il y a des années…



Mais étrangement, quand il arrive devant sa maison, sa femme l’accueille on ne peut plus froidement, et sa petite fille qui n’avait que trois ans quand il est parti, ne le reconnaît pas et a peur de lui. Hordubal, qui aime sa femme, est désemparé. Mais il est convaincu, au fond de lui-même, que Polana est un exemple de fidélité conjugale et qu’elle reviendra bientôt vers lui.



Mais il est bien naïf. Sa femme en son absence a embauché un valet de ferme, avec lequel elle le trompe. Tout le monde le sait dans ce microcosme qu’est son petit village, les commérages vont bon train et on n’aime pas quand l’ordre est troublé. Polana, ayant consommé l’adultère, a récolté la malédiction de tous les villageois. Néanmoins, Juraj Hordubal, contre toute logique, se refuse à le croire, parce que lui est fidèle, bon, généreux et aimant, un peu trop même !



« Hordubal » est un roman très psychologique. On suit les pensées intérieures de Juraj, avec son côté soi-disant « mondain », de quelqu’un qui a vu le monde, revenu avec quelques mots d’anglais…

Čapek décrit de manière admirable les retrouvailles d’Hordubal avec sa terre et ses racines, après des années du mal du pays. Ses parties-là, au vocabulaire riche et poétique m’ont particulièrement plu. Elles m’ont fait penser à des passages de romans de Jean Giono.

Comme Giono, Čapek sait nous parler de l’essence même des êtres humains, et particulièrement de ces paysans qui obéissent à des règles strictes et primaires.



Mais revenons au récit…

Juraj Hordubal est un homme patient, humble, qui espère, qui sait attendre… jusqu’au jour où la situation devenue tellement tendue, il finit quand même par chasser de chez lui le valet de ferme, Stepan, un jeune plein de fougue et arrogant, qui se moquait de lui.

Et à partir de ce moment-là, les choses vont vraiment mal tourner, car il y aura mort d’homme !

Je ne vous en dirai pas davantage, sinon qu’une enquête policière sera menée avec beaucoup de subtilité grâce au bon sens des villageois, avec des révélations inattendues…



« Hordubal » est un grand livre, savamment composé, et d’une grande richesse linguistique.

Il s’agit bien d’une tragédie où l’on trouve des hommes frustes et brutaux, mais aussi des hommes justes et des indifférents. Karel Čapek, selon ses propres termes, opposait « la face cachée mais véritable de l’homme et de sa vie intérieure à l’image déformée et inexacte que se font de lui-même ceux qui ne lui veulent pas de mal. »

Avec ce récit, Karel Čapek nous invite à penser que notre connaissance des gens se limite très souvent à nos propres projections.



Čapek nous plonge dans l’intimité de l’homme. Il évoque les détails les plus infimes de la psychologie humaine, en mettant en scène des gens simples, des héros qui mènent une vie ordinaire, mais dont le destin ne pose pas moins des questions fondamentales sur l’existence.

Ces héros voient les mêmes faits d’une façon différente. Chacun d’eux a sa propre vision des événements, sa propre vérité. La vie, pour Čapek, n’est pas unilatérale. Elle peut être interprétée de différentes manières.

Ce roman intrigue en ce qu'il propose deux angles de vue différents, confrontation entre imaginaire et réalité.



Dans ce livre, on sent l’intérêt profond qu’éprouve Čapek pour la vie des gens. Sa grande sensibilité psychologique, son empathie, son humanisme, la précision de son langage et la beauté discrète de son style font qu’il reste toujours avec nous comme s’il était notre contemporain !



A noter qu’un film a été réalisé en 1980 à partir du roman « Hordubal » et qu’une pièce de théâtre a aussi été adaptée de ce drame.

En moins de deux ans, entre 1933 et 1934, Karel Čapek a publié une trilogie romanesque : « Hordubal », « Le Météore » et « Une vie ordinaire ».

Ayant eu un énorme plaisir de lecture avec « Hordubal », je ne manquerai pas de découvrir les deux autres livres de cette trilogie psychologique !

Et « Hordubal » mérite un évident 5/5 !

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L'Année du jardinier

Ce petit livre m'a accompagné durant l'année 2023. J'y ai lu chaque mois les notes consacrées de l'auteur, et c'était vraiment jouissif. Capek arrive avec son regard décalé et plein d'humour à nous faire sourire et voir le jardin sous différents angles. Les illustrations de son frère, sont aussi bien senties. Je conseille ce livre à quiconque faisant du potager.
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L'Année du jardinier

Un petit régal de lecture, reposant, drôle, gentil et profondément humain. Ce livre parle tout simplement d'une année d'un amoureux du jardin, mais on y sent le vécu, l'observation, l'attachement à son petit lopin de terre. J'étais très agréablement surprise par l'excellente qualité de la traduction, car traduire Capek, un écrivain qui avait le vocabulaire immense, usait et abusait d'adjectives et adorait jongler avec les mots n'est pas une mince affaire. C'est peut-être pour ça que je ne trouve pas les livres comme Krakatit ou Les histoires d'une poche en français....
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L'Année du jardinier

Un petit roman très drôle...

Je n'ai pas de jardin et j'ai pourtant beaucoup ri à l'évocation des aventures de ce jardinier en herbe...
Lien : http://lecturissime.over-blo..
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L'Année du jardinier

Ecrit en 1929. Faut le préciser parce que sans doute la permaculture bouleverserait bien des propos du livre. Qui est fort précis dans les conseils, les techniques, et sur la personne du jardinier. Avec pas mal d'humour et d'autodérision appréciable.

A offrir aux amateurs des jardins.
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L'Année du jardinier

Cette lecture est savoureusement inclassable. Dans l’absolu, il s’agit d’un recueil de chroniques sur le jardinage présenté sous la forme d’un calendrier mensuel alternant avec des articles thématiques relatifs à un aspect jardinier du mois ( semences, bourgeons, de la pluie… ). J’emploie le terme chroniques car le ton en est journalistique. Un ton et un style. La plume se penche avec un sourire complice vers » les monomaniaque de la terre « .

Livrant des portraits malicieux, jouant de l’auto-dérision pour décrire l’obsession-passion du jardinier, les affres et malédictions météorologiques, le jardin et son jargon, n’épargnant pas à son lecteur la déclinaison de l’alphabet des noms de plantes, l’invitant à un détour par le potager, l’auteur s’amuse des pieux conseils et descriptions des manuels de jardinage et les confronte à la pratique urbaine… Avec, au-dessus de ce sourire, la lumière du regard qui s’émerveille d’une imprévisible nature, de ses espiègleries et de ses mystères.



Des chapitres facétieux de botanique facétieuse, les mains dans la terre, le nez au ciel, un esprit vif et vivifiant qui ne dédaigne pas de planter un aphorisme par-ci, d’accrocher une épine par là…



Karel Capek est un auteur tchèque, son ouvrage est joyeusement illustré par son frère ( qui accompagne tout-à-fait le ton par ses dessins qui rappellent le trait de ceux de presse ), l’édition originale date de 1929, inspirée par le climat de Tchécoslovaquie. Et pourtant, les couleurs du propos ne se sont pas fanées, le piquant de certaines réflexions sociétales ajoutant une touche pittoresque au tableau.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
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L'Année du jardinier

e dois la découverte de cet auteur à Patrice et, comme lui, depuis, j’ai très envie de lire d’autres livres de cet auteur, pourquoi pas « Voyage vers le Nord » . Ce petit livre sur les amoureux des jardins est un petit concentré d’humour. Dès la première phrase, j’ai souri et je savais que je le lirai jusqu’au bout :



Il y a cent manières de créer un jardin : la meilleure est encore de prendre un jardinier



Ecrit en 1929, ce conseil me encore va très bien, derrière tout beau jardin bien fleuri se cache un jardinier compétent (ce que je ne suis pas) et qui doit passer cent pour cent de son temps libre à travailler la terre. J’adore les fleurs mais je déteste les cultiver. Pourtant, quelle merveille quand les roses s’éveillent et parfument l’entrée de la maison ! Dans ce petit livre, écrit comme un almanach, chaque mois, l’auteur précise les différentes tâches qui attendent tout bon jardinier. Tout cela est raconté avec un humour délicieux. Mais j’avoue que l’accumulation des noms de fleurs et de plantes a fini par me lasser. Karel Čapek aime le comique d’accumulation et cela m’a semblé un procédé trop répétitif. Surtout ne vous arrêtez pas à ce bémol, car dans l’ensemble vous trouverez que le jardinier de 1929 a beaucoup de points communs avec celui de 2020 . Et jamais, au grand jamais, vous n’accepterez de surveiller le jardin d’un ami qui part au mois d’août en vacances. Ce « presque rien que vous aurez à faire » peut se terminer par une vraie galère tous les jours. Le jardinier de 1929 écrivait une lettre par jour pour s’inquiéter de l’état de son cher jardin et donner ses précieux conseils, je vous laisse imaginer ce que le jardinier d’aujourd’hui ferait avec son téléphone portable grâce Facebook, Whatsapp et autres façon de s’inquiéter de ses trop chères petites plantes…
Lien : https://luocine.fr/?p=11873
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L'Année du jardinier

C'est frais, drôle et assez inattendu.
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