Citations de Karen Rose (163)
Porter des vêtements de seconde main l’avait contrarié sur le moment, mais cette tenue lui avait tout de même semblé préférable aux habits qu’il avait emportés dans son sac en quittant Miami. Il ne possédait rien qui ne soit pas usé ou couvert d’imprimés impossibles à assumer sur un lieu de travail – des restes de stock qu’il avait trouvés au magasin de vêtements sur la promenade où il avait effectué d’étranges boulots en échange d’un peu de monnaie.
D'après la date, Rhett avait écrit cette lettre une semaine après la mort de DJ. Il lui était donc arrivé de réfléchir...
Il mit le mot dans sa poche et quitta le sous-sol de la banque, en faisant au passage un signe de tête à ce bon vieux Rob Davis qui attendait au-dehors. Davis était le directeur de l'agence, et il aurait dû normalement déléguer un employé pour accompagner un client jusqu'à un coffre. M. le directeur avait tenu à se déplacer en personne, mais il n'avait pas osé lui réclamer le mandat qu'on devait présenter pour ouvrir le coffre d'un mort. Davis était docile, parce qu'il en savait long sur lui. C'était ça, le pouvoir.
Lui aussi pleurait.
Meredith s'essuya le visage à son épaule. Devant son écran, Ed paraissait ému, mais il continuait à surveiller l'enregistrement. Mary, elle, reconduisait lentement Alex jusqu'au fauteuil pour la réveiller. Elle paraissait toujours aussi maîtresse d'elle-même, mais, quand elle se tourna vers la caméra, ils virent qu'elle avait les yeux pleins de larmes.
Sans lâcher l'épaule de Meredith, Daniel sortit son portable et appela Koenig.
Il y eut un bruit sourd derrière Daniel. Il se retourna. Jim s'était figé comme une statue, et son appareil photo gisait sur le sol. Daniel comprit soudain qui était cette femme. Il aurait dû se sentir coupable d'infliger un tel spectacle à Jim, mais il eut surtout pitié de cette pauvre fille dont lit vie avait été si courte, pitié de toutes ces pauvres filles qu'un salaud prenait plaisir à assassiner. Il songea avec amertume que le renversement de situation avait quelque chose de fascinant.
— C'est quelqu'un qui veut se venger, assura Daniel. Quelqu'un qui se sert de l'affaire Alicia Tremaine pour nous obliger à nous intéresser à ce qui s'est passé il y a treize ans. Tant que nous n'aurons pas avancé dans notre enquête, il vaut mieux qu'ils ne sachent pas où nous en sommes. Si Garth Davis ou Randy Mansfield ont quelque chose à voir avec la disparition de Bailey, nous le découvrirons et ils paieront pour ça, Alex, je te le promets. Mais nous avons six femmes et quatre hommes à la morgue. Et pour le moment, tout ce qui compte, c'est d'arrêter ce massacre.
Daniel savait désormais que c'était lui l'assassin. Ça lui avait fait une petite décharge d'adrénaline de penser que ce crétin passait le comté au peigne fin, alors qu'il se trouvait là, juste sous son nez.
C'était la vérité et Mansfield s'éloigna sans un mot. Il n'était plus en position de donner des ordres à qui que ce soit. À cause de cet enfoiré de Vartanian. Et à cause de l'assassin qui avait tenu à remuer cette vieille histoire, assassin qui aurait dû être depuis longtemps derrière les barreaux, si Daniel avait été aussi malin que tout le monde le prétendait. Seulement voilà, l'assassin n'était pas derrière les barreaux, parce que Daniel n'était qu'un sombre crétin, comme les autres.
Il avait rejoint le bâtiment et poussa la lourde porte donnant sur le couloir qu'il traversa en fronçant les sourcils à la vue de tous ces cadavres. Quel gâchis! Un petit temps de repos et elles auraient été fin prêtes. À présent, elles ne serviraient plus à rien.
Dans ses cauchemars peuplés d’hommes au regard glacial, armés d’énormes pistolets, les sanglots de ses frères résonnaient sans cesse, ainsi que les coups de feu, plus assourdissants que dans la réalité. Cela avait duré de longs mois et à chaque fois il était réconforté par la présence de Gayle, qui lui chuchotait des mots rassurants. Jusqu’à ce qu’il lui jure que ses cauchemars avaient cessé. En réalité, il avait tout simplement appris à rester allongé dans son lit, immobile et silencieux, faisant semblant de dormir. Mais il savait que, s’il l’appelait, elle accourrait aussitôt.
Cette femme avait attisé sa curiosité trop longtemps. Le destin lui avait peut-être accordé une faveur, pour une fois. Scarlett le guiderait hors des ténèbres, vers la lumière… Ou alors, il cherchait à s’en persuader afin d’échapper à sa lamentable solitude et de passer un peu plus de temps en compagnie de cette femme ravissante. Ça me suffirait, en fait.
L’homme avait une très belle voix. C’était ce qui l’avait attirée, au début. Elle l’avait entendu chanter, assis au bord de l’étang du parc où elle était autorisée à promener un chien ridicule, dont le collier incrusté de diamants aurait suffi à nourrir la famille de Tala pendant une année entière. La mélodie était si émouvante qu’elle en avait eu les larmes aux yeux.
C’est une réaction physiologique normale. Le stress. Ça passera.
En s’entendant prononcer ces paroles, elle se demanda qui elle tentait de convaincre. Son voyage avait duré deux jours et, à chaque kilomètre parcouru, l’angoisse s’était ancrée de plus en plus solidement dans son esprit. Au moment où elle avait traversé le fleuve pour entrer dans Cincinnati, son appréhension s’était matérialisée en une pression douloureuse au creux de sa poitrine.
Je suis formée aux arts martiaux. Je peux vous assommer avec une matraque, vous briser le cou avec un nunchaku et vous tailler en pièces avec un poignard. mais les armes à feu surpassent toutes ces armes, bien sûr.
Bien sûr, on n'en fera jamais assez pour redresser les torts, pour sauver des vies. Mais on ne peut, à soi tout seul, éradiquer tous les maux dont souffre le monde, David. Il faut simplement faire de son mieux...
J'ai rêvé tant de fois du goût de ton sexe. Mais ce que je viens de goûter est cent fois meilleur que dans mes rêves.
On risque sa vie chaque fois qu'on sort de chez soi, de nos jours.
La chaux vive laisse des traces atroces sur la chair humaine. Pire que dans les plus affreux cauchemars...
Certains comptes ne se règlent pas avec de l'argent.
Beaucoup de gens ont peur des serpents. C'est une phobie très répandue.
Les règles, c'était important. Les règles garantissaient l'ordre et protégeaient du chaos. Il n'aimait pas le chaos. Le chaos l'aurait mis en danger. Alors il respectait les règles qu'il s'était fixées.
Il contempla le corps étendu sur le petit lit. Elle avait tout de même rempli son rôle. Elle avait fait diversion le temps que quelqu'un découvre Martha. Quand le désir de tuer devenait trop fort, il fallait qu'il passe à l'action, sinon il ne cessait de ruminer les différentes manières de procéder et ça l'empêchait de se concentrer. Il ne pouvait pas se permettre d'être distrait. Il lui fallait au contraire une vigilance aiguë, de tous les instants. Y compris dans son travail. Et maintenant plus que jamais.
La chirurgie pouvait réparer une main et réduire des cicatrices, mais ensuite il fallait être. Ici, au milieu de ces gens qui côtoyaient quotidiennement la laideur du monde, c'était plus facile. Mais quand le brouhaha ambiant cessait, les souvenirs revenaient en force...