Les lecteurs de Karine Giebel le savent : aucun de ses livres ne se ressemble. Elle signe là une nouvelle fois un opus sans concession. Le livre nous plonge dans un huis clos familial. Dès la première page, le ton est donné ! On n’a pas d’autre choix que de tourner les pages de manière addictive. Maud, 20 ans fait un jogging avec son chien. Sa vie bascule brusquement quand un homme l’agresse sauvagement et tente de la violer. Luc Garnier, garde du corps, croise sa route par hasard et la sauve in extremis. Maud est la fille d’un éminent chirurgien de la région niçoise, Armand Reynier, un homme puissant, riche et autoritaire. Mais quelques jours plus tard, son père reçoit un message effrayant. Armand décide aussitôt d’engager l’homme qui a sauvé sa file pour protéger sa famille. Luc prend alors ses quartiers dans la villa des Reynier ; il va devoir trouver des réponses. Qui en veut à cette famille qui semble tellement unie ? Pourquoi l’agresseur s’est-il manifesté à nouveau ? Pourquoi le chirurgien refuse-t-il de prévenir la police ? Chacun dans la famille semble taire des secrets et des non-dits qui conduisent Luc à mener l’enquête.
De force est un thriller psychologique. Ne vous attendez pas à des rebondissements en série, c’est la tension qui monte, sans temps morts dans ce huis-clos familial. Très vite, la façade s’effrite, le vernis se craquelle, et le lecteur est embarqué dans un rouleau compresseur dont il ne peut pas sortir. Les chapitres courts, rythmés, donnent le ton. Les personnages, peu nombreux, permettent à Karine Giebel de sonder les tréfonds de leurs âmes, de décortiquer avec une plume féroce les côtés sombres de l’humain. Sa force est de nous entraîner dans un tourbillon de sentiments contradictoires. Chez elle, pas de manichéisme, personne n’est d’une seule pièce, l’auteur dissèque leurs multiples facettes. Tout au long de la lecture on émet des hypothèses, on échafaude des théories sur l’identité du harceleur, mais Karine Giebel nous surprend, joue avec nos nerfs. On s’imagine à la place de cette famille menacée, provoquée, agressée qui cherche à reprendre son souffle. La MORT plane, ne laisse aucun répit ni aux personnages, ni au lecteur. La vengeance et la culpabilité s’insinuent du début à la fin du roman et l’auteur joue avec les émotions une partition où s’installent le malaise et les suspicions. Elle nous conduit dans la vengeance, dans les secrets et dévoile le côté obscur enfoui en chacun de nous. L’une des forces de Karine Giebel, c’est de nous fait éprouver de l’empathie pour le moindre de ses personnages, de nous faire aimer leurs fêlures et leurs fragilités… et on adore ça !
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