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Citations de Karine Tuil (1463)


« C’est ce que je déteste dans notre société ce besoin de transparence, tout le temps. Il y aura toujours un espace entre soi et l'autre, pourquoi chercher à l'occuper ? » p.211
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Il n'y a pas une mais deux vérités, deux façons différentes de voir les choses, deux perceptions d'une même scène.
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"Deux voies s'ouvrent à l'homme et à la femme : la férocité ou l'indifférence. Tout nous indique qu'ils prendront la seconde voie, qu'il n'y aura entre eux ni explication ni rupture, mais qu'ils continueront à s'éloigner l'un de l'autre" - c'étaient des mots de l'écrivain roumain Emil Cioran.
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p. 128 Tu dois affirmer tes convictions, c’est ce qu’ils attendront de toi. Nous prenons des décisions avec tout ce qui nous constitue profondément. Ne sois jamais une exécutante. Tu dois toujours préférer la justice à l’ordre.
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p. 27 [Marie Curie] dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre.
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J'ai devant moi des gens broyés par le destin, issus de tous les milieux sociaux, le malheur est égalitaire, il ne faut pas croire que certains s'en sortent mieux que d'autres ; dans la vie, chacun fait ce qu'il peut, en fonction de ses chances, de ses capacités, et c'est tout.
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Cette haine de la France, exprimée par des jeunes qui y sont nés pour la plupart, qui y ont grandi, c’est toujours une incompréhension totale. Certains ne se sentent même pas français, revendiquent une autre nationalité. On ne sait jamais précisément de quoi cette haine est le produit. D’un lavage de cerveau ? D’un rejet social ? D’une humiliation ? De la transmission d’une humiliation ? D’un processus carcéral qui les a mis en relation avec les mauvaises personnes ? D’un processus judiciaire ? Pour l’écrivain américain James Baldwin, si les gens s’accrochent tellement à leurs haines, c’est parce qu’ils pressentent que, s’ils viennent à les lâcher, ils se retrouveront seuls face à leur douleur.
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Dans les Justes de Camus, il y a cette question : faut-il tuer les enfants ? Les terroristes islamistes ont résolu cette question, ils les tuent. Est-ce que tu imagines le nombre de jeunes qui voient en un assassin d’enfants un héros ? Le film culte des jeunes délinquants, c’est Scarface de Brian de Palma mais ils le voient au premier degré, ils n’y lisent pas la chute du capitalisme, l’inanité de la violence...
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Quelque chose se desserre en moi. Pour la première fois de ma vie, les événements ne me sont plus imposés par les autres ou le hasard, dictés par les injonctions sociales, je ne cherche plus à m'adapter aux contingences: je suis libre.
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On passe des heures avec les mis en examen, pendant des années, des heures compliquées au cours desquelles on manipule une matière noire, dure. A la fin de mon instruction, je dois déterminer si j'ai suffisamment de charges pour que ces individus soient jugés par d'autres.C'est une torture mentale: est-ce que je prends la bonne décision? Et qu'est-ce qu'une bonne décision ? Bonne pour qui? Le mis en examen? La société ? Ma conscience.
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Il n’existe pas de mot dans la langue française pour désigner celui qui a perdu son enfant, alors qu’il y en a un - « orphelin » - pour celui qui a perdu son père ou sa mère, comme s’il s’agissait d’une situation hors de l’entendement, hors du langage, un statut impossible à définir, à qualifier : un vide moral et juridique.
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À la fin de mon instruction, je dois déterminer si j’ai suffisamment de charges pour que ces individus soient jugés par d’autres. C’est une torture mentale : est-ce que je prends la bonne décision ? Et qu’est-ce qu’une bonne décision ? Bonne pour qui ? Le mis en examen ? La société ? Ma conscience ?
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Il n’existe pas de mot dans la langue française pour désigner celui qui a perdu son enfant, alors qu’il y en a un – « orphelin » – pour celui qui a perdu son père ou sa mère, comme s’il s’agissait d’une situation hors de l’entendement, hors du langage, un statut impossible à définir, à qualifier : un vide moral et juridique.
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Le risque de prendre une mauvaise décision n'est rien comparé à la terreur de l'indécision.
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Quand j'ai rencontré Emmanuel, j'étais absorbée par mon travail, je ne pensais plus au sexe autant qu'avant ; non, çà n'est pas exact, j'y pensais, avec un détachement de façade, comme quelque chose qui ne devait plus être prioritaire dans ma vie, je me persuadais que mon activité professionnelle occupait tout l'espace mais je savais au fond de moi - on le sait tous instinctivement - qu'il faudrait un jour payer le prix de cette résignation. On a beau éloigner le désir sexuel de notre univers mental, faire comme si on pouvait s'en passer, le contenir, il finit toujours par vous sauter à la gueule - et çà, quels que soient l'âge et la condition sociale.
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Le métier d’avocat n’est pas la défense de la veuve et de l’orphelin. À quoi sert l’avocat sinon à défendre celui qui est rejeté par l’ensemble du corps social ? Le salaud fait partie de l’humanité, tu le sais aussi bien que moi. Et puis, défendre, ce n’est pas aimer, ça ne requiert pas une adhésion à la cause que ton client défend… Souviens-toi de l’affaire Patrick Henry dans les années 70… On est à Troyes, un petit enfant a été assassiné. Qui va le défendre ? Personne ne veut y aller. Alors se met en place la commission d’office. Trois avocats acceptent de défendre l’accusé. Parmi eux, Robert Badinter qui livrera une éblouissante plaidoirie et Jean-Denis Bredin. Ce dernier avait publié un texte dans la presse, tu te souviens de ses mots ? « La seule justification de l’avocat, c’est d’être présent aux côtés de tous, et même du pire d’entre nous. »
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Mon métier, c’est l’appréciation de la dangerosité mais aussi croire en l’être humain. Je veux continuer de penser qu’une personne peut se ressaisir et changer. Quand un jeune de dix-sept ans se retrouve dans mon bureau à la suite d’un signalement – souvent effectué par les parents eux-mêmes, dans le seul but de protéger leur enfant parce qu’il a disparu du jour au lendemain ou qu’ils ont repéré un changement radical qu’ils perçoivent comme suspect dans son comportement –, quand il me dit qu’il veut avoir une dernière chance, quand il me paraît équilibré, sincère, je suis censée faire quoi ? Le laisser en prison alors que c’est précisément l’endroit où il risque d’être embrigadé ou détruit psychologiquement ? Le placer sous contrôle judiciaire, c’est-à-dire le libérer en lui imposant certaines contraintes, comme l’obligation de se présenter chaque jour, à heure fixe, au commissariat le plus proche, tout en sachant qu’il pourrait profiter de cette liberté sous conditions pour tuer des gens ? Il faut détecter la dangerosité et apprécier le risque avec la conscience que ce n’est pas une science exacte. On doute de la sincérité des êtres que l’on a en face de nous, de l’exécution de nos actes, de nos décisions, tout le temps… Cet homme, dans mon bureau, qui me méprise parce que je suis une femme, qui refuse de me regarder dans les yeux et tient un discours plein de haine, passera-t-il un jour à l’acte ? Pas certain… Et ces détenus coopératifs, aimables, d’apparence repentis, que j’ai envie d’aider, envie de croire, est-ce qu’une fois libérés ils ne vont pas s’acheter un couteau et poignarder des passants en pleine rue ? Avec les mineurs, c’est pire : ils ont quinze, seize ans, ils sont à peine plus âgés que mes deux derniers enfants, ils ont essayé d’aller en Syrie par leurs propres moyens… Je fais quoi, quand les experts psychiatres, les éducateurs, les agents de l’administration pénitentiaire me disent que les signaux sont favorables ? Quand eux-mêmes affirment qu’ils regrettent leur engagement, qu’ils se sont laissé influencer et me supplient de leur accorder le bénéfice du doute, de leur offrir une dernière chance ? Je leur donne la possibilité de retrouver leur place sociale ? Je les garde en prison au risque de les briser de manière irréversible ? Le pire, je le sais, c’est la peine d’élimination sociale ; sur des profils jeunes et malléables, je veux tout tenter pour les réintégrer dans la société. En prison, on les traite mal. On ne doit pas céder à la panique, au rejet moral. Quand je remets une personne en liberté, je fais un pari sur l’avenir ; ce qu’elle devient après, les actes qu’elle accomplit, je me persuade que je n’en suis pas comptable. Évidemment, les choses sont plus complexes…
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Tout dans la société se jouait dans un rapport de forces disruptif et inégal. Il fallait être performant, compétitif (tout en restant sensible), se montrer indépendant (mais affectif), savoir s’affranchir de la souffrance, affirmer ses ambitions (sans être opportuniste), paraître confiant, sûr de soi en toute circonstance (même quand on doutait, même quand on se tenait au bord du gouffre, on en crevait d’être évalués comme des produits de grande consommation avec date de péremption, remplacés/remplaçables, jetés après usage du jour au lendemain, il suffisait de disparaître, de supprimer/bloquer le contact. Les relations amoureuses devenaient pathétiques. Seuls les liens amicaux et familiaux assuraient un semblant de vie affective. Quant aux relations professionnelles, elles prenaient généralement fin le jour où elles n’étaient plus imposées par la fonction, on organisait des pots de départ avec cadeau commun, on promettait de se revoir, on se revoyait éventuellement une fois, deux si on était sentimental, mais la magie des interactions quotidiennes n’opérait plus, on échangeait quelques messages sur WhatsApp avant de se mettre en mode silencieux pour finir par brutalement quitter le groupe).
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— Le but des terroristes, c’est d’effrayer l’adversaire et de rallier les populations à leur cause. Certains chefs d’État ont été traités de terroristes en leur temps. Entre 1981 et 1986, Paris était la capitale mondiale du terrorisme. Les Arméniens faisaient sauter les files d’attente devant la Turkish Airlines à Orly. Les Israéliens et les Palestiniens réglaient leurs comptes à Paris, les Iraniens se livraient à leurs exercices sanglants ici aussi. Idem pour les Basques, les brigades rouges, la bande à Baader… Tous les terroristes vous diront qu’ils sont des résistants. Ça légitime leur action.
— Moi, je pense que le terrorisme ne se justifie jamais dans une démocratie…
— Le terrorisme, ce n’est pas qu’une méthode, c’est l’amour de la mort. Les terroristes ne rêvent que de ça : celle qu’ils donnent aux autres et celle qu’ils se donnent. Ils remplacent le combat des idées par la peine de mort.
J’étais fatiguée, mais Ali semblait intéressé par mon métier.
— Est-ce qu’aujourd’hui vous comprenez ce qui conduit à la radicalisation ?
— Je n’aime pas employer ce terme de radicalisation ; en tant que juge, je préfère celui d’embrigadement jihadiste.
— Qu’est-ce qui pousse un individu à passer à l’acte ?
— Certains vous diront qu’il s’agit d’un point de bascule, moi je pense que c’est le résultat d’un processus…
Il y a eu un silence, puis Ali a dit :
— Je ne comprends décidément pas pourquoi il est plus glorieux de bombarder de projectiles une ville assiégée que d’assassiner quelqu’un à coups de hache.
J’étais sonnée par sa remarque, je ne parvenais pas à cacher mon trouble. Il a souri.
— Est-ce que vous savez qui a dit ça ?
— Un aspirant au jihad, j’imagine.
— Non, c’est Dostoïevski, dans Crime et châtiment, 1866. Raskolnikov, voilà un exemple de saccage total, je vais écrire ma plaidoirie sur lui.
Il a saisi le livre dans la bibliothèque :
— J’adore ce texte, tout y est.
Il a ouvert une page au hasard, en a lu un extrait :
— J’ai voulu tuer, Sonia, sans casuistique, tuer pour moi-même, pour moi seul.
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J’avais apporté le livre de Roberto Scarpinato, le juge italien qui avait travaillé avec les célèbres juges Falcone et Borsellino, mes modèles absolus. Il avait instruit les plus grands dossiers mettant en cause la mafia. Il vivait depuis plus de vingt ans sous protection policière permanente. Et il évoquait, pour l’homme, un droit à la fragilité : « Les institutions devraient garantir le droit à la fragilité des individus […]. Le droit, en somme, de ne pas renoncer à sa propre humanité. »
À quel point les hommes sont vulnérables, quelle que soit leur position sociale, c’était tout ce qu’il fallait retenir de ce métier.
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