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Citations de Karla Suárez (109)


On nous apprend à marcher, à réfléchir, puis on ne veut plus que nous réfléchissions, les autres veulent continuer à réfléchir, mais comme ils ne savent pas s'y prendre, c'est nous qui devons agir. Je ne voulais rien changer, je m'en fichais, chacun est maître de son sort, et pour les rendre heureux, j'aurais été capable d'acheter une collection de tangos à maman, trois tonnes de lames de rasoir à la tante, un masque à papa, des teintures de toutes les couleurs à l'oncle et un matelas d'eau à la grand-mère pour qu'elle s'y noie, oui je me voyais bien acheter tout ça et décamper, enfin maîtresse de mon sort, car rien n'existait en moi.
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Cette nuit-là fut une véritable découverte. Nous passâmes des heures à parler, à ouvrir des livres, à lire des poèmes tandis que Dieu buvait, selon ses propres mots, "quelque chose de déconseillé aux mineurs" et que je fumais ses cigarettes, les éteignant à la moitié pour les rallumer ensuite.
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Ma mère était une Argentine qui avait voulu, dans les années 60, venir à La havane pour y faire des études de théâtre, elle était devenue amie avec ma tante qui avait commencé par le théâtre, puis était passée par la danse et de là à la littérature, et ainsi de suite, toujours à se chercher, comme elle disait, ou à se perdre, comme disait la grand-mère.
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Dans la grande maison, j'inventais mon propre monde. Je m'enfermais dans ma petite chambre pour écouter de la musique et écrire tout en jouant avec Frida*, un peu perturbée à ce moment-là, qui réclamait sans cesse de l'amour. Papa, qui avait tout de l'officier à la retraite, passait ses journées en pyjama et savates à lire le journal ou autre chose dans sa chambre. Maman avait retrouvé un peu de joie car la correspondance avec sa sœur de Buenos Aires était devenue quotidienne, elle allait voir sa tante dans sa chambre pour lui montrer les photos et lui parler, je ne sais trop comment car la tante n'était plus qu'une ombre.
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Sous le regard de Quatre, je sentis mon regard se nouer, je pensais à tant de choses, je pensais que demain il ne serait plus là et que ce serait très triste car cela allait durer cinq ans, et comme l'a dit Whichy :
Le temps ne s'arrête pas, ne regarde pas en arrière, ne revient pas.
Le temps allait nous rendre différents, je le savais parfaitement.
- Quatre, je voudrais te prendre dans mes bras.
Mon ami se leva brusquement et me serra très fort. Je voulus lui dire plein de choses, mais je me retins. Il est des espaces que les mots ne remplissent pas.
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Tout était bon pour ne pas perdre de temps, pour ne pas sentir les minutes s’échapper et nous rendre plus vieux sans les avoir vécues.
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– Ceux qui partent à la guerre n’en reviennent jamais, Ernesto.
– Ceux qui font leurs adieux à ceux qui partent non plus.
(p. 234, Chapitre 24, “Les intermittences de la mort”).
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Renata ne voulait pas comprendre. Peut-être parce qu’elle était péruvienne, je ne sais pas, mais elle a toujours eu du mal à comprendre que dans mon pays on petit-déjeune, on déjeune et on dîne avec l’Histoire, que l’Histoire est entrée dans nos lits, dans nos familles, dans nos jeux d’enfants, et qu’elle s’est collée à notre peau. (p. 20, Chapitre 2, “Première mémoire”).
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Quatre racontait une Europe en mutation, citait des articles de journaux, évoquait les différences d'opinions même parmi les étudiants de la résidence universitaire. Et brusquement ses lettres se transformèrent en un discours ou se mêlaient l'étonnement, le doute et la menace d'un changement en Europe de l'Est qui risquait d'arriver jusqu'à nous. Mais nous, nous vivions dans une île heureuse où abondaient les jus de fruit bulgares, la vodka soviétique, les vins Hongrois, les conserves et plein de bonnes petites choses, mais en fait j'avais trop de problèmes pour réfléchir aux digressions politiques et philosophiques de mon ami d'enfance.
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Je lisais la nausée et leur disais que je m'en battais l'œil de savoir si l'homme descendait du singe, ce que je voulais savoir c'était comment l'homme pouvait être capable de redevenir un singe sans que rien dans son apparence ne le laisse deviner.
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Je buvais des bières et je tentais de danser. Cela dura un moment. Je ne sais plus combien de temps. Parfois quand le musique envahit tout, c'est comme si le monde disparaissait, ou plutôt non, pas exactement, il ne disparaît pas, mais le monde qu'on touche s'ouvre une faille où vous pouvez d'abord glisser une main, puis la tête et enfin le corps entier, alors on peut s'échapper, courir, pénétrer dans une autre dimension où la musique continue, les gens dansent et sourient, et vous êtes là, parmi eux, tous vos problèmes sont restés derrière parce que dès que la musique vous a fait franchir la faille, elle se referme pour vous empêcher de revenir en arrière, pour vous faire rester dans cette autre dimension.
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... quand les adultes se mettaient à la bière et aux dominos, je prenais une couverture et je m'allongeais sur le sable avec mes cousins pour regarder les étoiles. Parfois, papa venait nous voir. Il était tellement mauvais aux dominos qu'il quittait rapidement la table et nous rejoignait, une bière à la main, et nous parlait du cosmos et de mystères. De civilisations anciennes et d'extraterrestres. Des Aztèques et de la légende de Quetzalcóatl, du désert de Nazca, des pyramides d’ Égypte et des statues de l'île de Pâques. Il savait une foule de choses, parlait de calculs mathématiques, de théories et de questions sans réponses. Mes cousins en restaient bouche bée et moi je souriais, tout heureux, absolument convaincu que mon père était l'homme le plus intelligent de tout l'univers et du monde mondial
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Comment serait la vie si on pouvait avoir conscience qu'on fait quelque chose pour la dernière fois ?
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Le monde, me dit-il un jour, est comme une roulette qui tourne, vire et s'arrête subitement sur un numéro, puis la roulette recommence à tourner.
- Ou donne un autre tour d’écrou, j'affirmai.
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Le problème n'est pas que les gens oublient les choses, mais qu'ils n'oublient jamais les mêmes. - Paul Auster
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C’est l’histoire de ma vie, chaque fois que les gens voient un grand nez, ça leur évoque un nez célèbre. J’ai souri en disant que je ne connaissais même pas ce chanteur et que je n’étais pas espagnol, et à peine eus-je dit d’où je venais, il affirma qu’il avait un ami cubain, un type sympathique qui vivait à Porto et passait souvent par ici, et qu’à l’occasion il me le présenterait.
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La guerre est un étrange animal mutant qui se répand en tâtonnant dans de nouveaux territoires pour y trouver l’oxygène nécessaire à sa survie. L’Afrique avait de l’oxygène, c’est pour cela que s’y est installé, froidement, lentement, ce monstre qui allait l’explorer en salissant tout, jusqu’à arriver à nos portes, jusqu’à la porte de ma maison.
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Quand j’ai perdu l’âge de l’innocence, je suis devenu un don Juan. Tu ne peux pas savoir le tourbillon que j’ai vécu, sexus, plexus, nexus, je ne me sentais plus dans le royaume de ce monde, jusqu’à ce que je te rencontre. Maintenant je suis à la recherche du temps perdu, je veux vivre avec toi les mille et une nuits.
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Renata ne voulait pas comprendre. Peut-être parce qu'elle était péruvienne, je ne sais pas, mail elle a toujours eu du mal à comprendre que dans mon pays on petit-déjeune, on déjeune et on dîne avec l'Histoire, que l'Histoire est entrée dans nos lits, dans nos familles, dans nos jeux d'enfants, et qu'elle s'est collée à notre peau. Et qu'elle m'avait fait grandir orphelin. C'est pour cela que j'avais besoin de comprendre. Au moins un peu.
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C’est curieux comme parfois, quand les choses semblent très compliquées, un petit détail vient tout changer. Cela tient probablement à l’absence d’objectifs. Ne pas avoir d’objectifs dans la vie peut conduire à la destruction de l’âme et il n’y a pas de corps qui résiste à une âme détruite.
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