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Citations de Katharina Winkler (38)


Katharina Winkler
M. Barzan assumerait toute la responsabilité de mes études, ainsi que tous les coûts, explique mon père,et il dit qu'il a refusé.
Sa famille n'a besoin du soutien de personne.
Il n'a pas besoin de cette aide, dit mon père en mangeant sa soupe.
C'est une question d'honneur.
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Katharina Winkler
Filiz !
M. Barzan pose sa main sur mon épaule.
Tu es intelligente, ma petite. Il faut que tu ailles à l'école de la ville. Pour apprendre un métier. J'en parlerai à ton père.
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Katharina Winkler
Cet été j'aurai onze ans je crois.
Je demande à Yildiz et Aylin de faire avec moi un pèlerinage jusqu'à l'arbre sacré pour voir en rêve nos futurs maris.
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Katharina Winkler
M. Barzan marche vers nous, la baguette à la main.
Un coup sur le bout des doigts.
Un coup sur les phalanges.
Un coup sur le dos des mains.
Un coup sur le poignet.
Nos mains enflent, nous ne laissons rien voir. Les sanglots d'Esma sont notre seul signe de vie.
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Katharina Winkler
Je ne connais pas ma petite vierge. Mais elle habite en moi, et je n'ai pas le droit de la perdre. Je dois la protéger et donner ma vie pour elle si nécessaire, dit mon père. Je sais que je n'ai pas le droit de mâcher du chewing-gum. Aylin, en acceptant un chewing-gum que son oncle avait rapporté de la ville, est tombée enceinte. Le citron, dit Yildiz, je n'ai pas le droit d'en manger non plus, il colore en blanc la petite vierge rouge. La nuit, ça m'est déjà arrivé de rester éveillée par peur qu'il y eût du citron dans la potée des voisins.
Je crains la pénombre car elle met enceinte.
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Katharina Winkler
Seule Songül est dépourvue de ciel et sans aucun bleu. Là où elle passe, les bouches se ferment.
Qu'est-ce que vous voulez raconter à une femme sans ciel.
Elle se promène, la peau immaculée, à travers le village. Les femmes se détournent, pas une parole, pas un bonjour à la femme sans ciel. Regarde-la !, dit ma mère en caressant ses cheveux de sa main bleu-noir, rien dans la tête, rien dans les bras. Et malgré tout : pas un seul bleu !
Des femmes comme ça, il y en a aussi, dit-elle, malheureusement.
Quand je serai grande, je serai une femme bleue.
J'espère que j'aurai un bleu qui sera clair comme un ciel d'hiver.
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Katharina Winkler
Dans notre vallée vivent cent femmes bleues. Il y a des femmes bleu clair comme la mère de Necla et des femmes bleu foncé comme la mère de Fidan ; il y a des femmes bleu-rouge et d'autres bleu-noir. Il y a des femmes qui portent leur bleu autour du cou comme un collier ou bien dans le creux juste en dessous comme un médaillon, certaines le portent en bracelet autour du poignet, d'autres autour de leurs chevilles.
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Katharina Winkler
Nous partageons le ruisseau avec les voisins. Pour nous, il coule neuf jours par mois. Les autres jours, les voisins le dirigent vers leurs champs et leurs jardins. Alors, nous sommes en attente du ruisseau.
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Katharina Winkler
L'honneur est au-dessus de tout, dit mon père.
L'honneur descend du soleil.
L'honneur nous donne un sommeil tranquille.
Nous l'avons dans notre souffle. Inspiration, expiration.
La nuit et pendant le jour.
L'honneur doit pousser dans nos champs.
Nous le mangeons, et les enfants le boivent au sein de leur mère.
L'honneur est pour mon père ce qu'il y a de plus important.
Plus important que nous, enfants. Ou que ma mère.
L'honneur est au-dessus de tout, dit mon père.
L'honneur me passe par-dessus la tête.
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Nous, les enfants, sommes un troupeau.
Le foin est notre lit. Odeur d'été des blés fauchés. Nous sommes allongés en travers, les uns par-dessus les autres. Qui peut savoir à qui appartient ce pied, à qui cette main.
Notre mère ?
Nous respirons à fond. Nos corps sentent la journée d'hier. La sueur, le soleil. Nous nous pétons à la figure.
J'entends dire que nous sommes dix. J'entends dire que je suis la septième.
Comme une vache, ma mère met bas ses enfants, l'un après l'autre, entre semailles, moissons et semailles. Lourde et grosse, elle est debout dans la chaleur de midi et retourne le foin. Entre deux bottes, un enfant lui tombe du ventre. Une fois une fille, l'autre un garçon, puis une fille, puis un garçon, encore une fille, encore un garçon, comme des perles sur un fil.
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Il était question qu’elle devienne institutrice pour enseigner la lecture et l’écriture. Pour avoir un métier et gagner de l’argent. Elle le voulait. Et lui aussi.
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Les avalanches sont suspendues au-dessus de nos têtes. La moitié du village est chez nous. Aux hommes je sers du thé à la menthe et du café. Ils sont assis dans le fauteuil de papa, le fauteuil à oreilles aux larges rayures. Brouhaha de voix, rires sonores et profonds. Peu importe si on s’aime ou pas, on est reconnaissant pour la chaleur qui émane des corps. En hiver on se pelotonne les uns contre les autres. Comme les bêtes qui hibernent, on se recroqueville sous l’assaut du froid et de la neige et devant la puissance des montagnes
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Ma sœur Yıldız aime monter à cheval. Elle se tient en selle comme un homme, le vent dans les cheveux et dans les vêtements. Les regards des hommes s’envolent à sa poursuite. Bientôt elle sera trop femme pour galoper, mon père se mettra sur son chemin, il lui prendra les rênes des mains, la fera descendre de cheval et l’enverra dans la cuisine. Là, elle aidera ma mère et le vent tombera de ses habits.
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Les bijoux bleus des femmes portent la signature des hommes. L’outil, bois ou fer, et le nombre de coups, déterminent la nuance de bleu.
Les femmes bleues portent la couleur du ciel. Ciel d’été traversé de nuages, ciel glacé d’hiver, ciel erratique de printemps, ciel grisâtre d’automne, crépuscule, arc-en-ciel.
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Il y a des femmes bleu clair comme la mère de Necla et des femmes bleu foncé comme la mère de Fidan ; il y a des femmes bleu-rouge et d’autres bleu-noir. Il y a des femmes qui portent leur bleu autour du cou comme un collier ou bien dans le creux juste en dessous comme un médaillon, certaines le portent en bracelet autour du poignet, d’autres autour de leurs chevilles.
Beaucoup de femmes changent de bijoux bleus d’une semaine sur l’autre, d’autres d’un jour à l’autre. Certaines continuent de sourire malgré leurs bijoux, comme Leyla, d’autres se taisent en bleu, comme Zehra.
Les femmes bleu clair deviennent bleu foncé, les bleu-rouge deviennent bleu-noir. Des bleu foncé deviennent aussi des bleu clair, mais c’est rare et les femmes qui portent le bleu-noir, comme Ayşe, ne se défont jamais plus de la lourde teinte.
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L’honneur est au-dessus de tout, dit mon père.
L’honneur descend du soleil.
L’honneur nous donne un sommeil tranquille.
Nous l’avons dans notre souffle. Inspiration, expiration.
La nuit et pendant le jour.
L’honneur doit pousser dans nos champs.
Nous le mangeons, et les enfants le boivent au sein de leur mère.
L’honneur est pour mon père ce qu’il y a de plus important.
Plus important que nous, enfants. Ou que ma mère.
L’honneur est au-dessus de tout, dit mon père.
L’honneur me passe par-dessus la tête.
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Comme une vache, ma mère met bas ses enfants, l’un après l’autre, entre semailles, moissons et semailles. Lourde et grosse, elle est debout dans la chaleur de midi et retourne le foin. Entre deux bottes, un enfant lui tombe du ventre. Une fois une fille, l’autre un garçon, puis une fille, puis un garçon, encore une fille, encore un garçon, comme des perles sur un fil.
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Le foin est notre lit. Odeur d’été des blés fauchés. Nous sommes allongés en travers, les uns par-dessus les autres. Qui peut savoir à qui appartient ce pied, à qui cette main.
Notre mère ?
Nous respirons à fond. Nos corps sentent la journée d’hier. La sueur, le soleil. Nous nous pétons à la figure
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