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Critiques de Kathryn Stockett (1011)
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La couleur des sentiments

En ce mois d’août 1962, Miss Skeeter vient de terminer ses études et elle rentre chez ses parents à Jackson dans le Mississipi. Sa famille appartient à la bourgeoisie locale et bientôt elle retrouve ses anciennes amies. Mais la douce Constantine, la bonne de la famille est partie sans lui laisser un mot. Cette femme l’a élevée, elles s’aimaient profondément, Skeeter veut connaître les raisons de son départ soudain mais elle se heurte au silence de son entourage.

Miss Skeeter va alors se lier d’amitié avec Minnie et Aibileen, deux bonnes noires aux caractères bien différents et ensemble elle vont faire le projet un peu fou et dangereux de publier un recueil de témoignages de bonnes au sein des familles blanches…

On rentre alors dans l’intimité des familles, la tension est palpable à chaque page, il faut beaucoup de courage pour affronter chaque jour un dur labeur dans des conditions effroyables et dans le climat de haine et de racisme complètement banalisé. Les humiliations quotidiennes sont autant de morsures à la dignité humaine pour toutes ces femmes, malgré une ambivalence des sentiments dans l’attachement très forts aux enfants qu’elles élèvent. Certains blancs n’hésitent pas en effet à déléguer complètement l’éducation de leurs enfants à des domestiques noirs tandis qu’ils installent des toilettes dehors pour eux afin de ne pas attraper de maladies !!!

Durant toute la lecture de ce livre j’ai beaucoup pensé à Rosa Parks qui un jour a refusé de céder sa place dans le bus parce qu’elle était noire en 1955. A sa mort en 2005, la société de bus RTA rendit hommage « à la femme qui s'est tenue debout en restant assise. »

Kathryn Stockett à travers ces portraits de femmes tout en nuances les tient elles aussi debout.



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La couleur des sentiments

Une claque! J'ai adoré ce livre, je pense que c'est un de mes préférés. J'ai tout aimé, l'ambiance, les personnages du plus sympathique au plus antipathique. Le personnage de Minny m'a particulièrement touché, je l'ai terminé cet après-midi, et je suis encore en plein dedans, et la fin m'a beaucoup troublée. Je ne relis pas mes livres d'habitude mais celui-ci sera l'exception qui confirme la règle!
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La couleur des sentiments

Magnifiquement écrit, ce roman nous plonge littéralement dans l'univers des personnages. La lecture est fluide, distrayante et pourtant instructive.

Il y a à peine 50 ans ou les lois raciales faisaient encore autorité dans le Mississippi et bien d'autres états ; Skeeter, l'héroïne, de retour dans le domaine familial après ses études, n'entend pas cautionner cette politique de ségrégation. Pour faire bouger les choses elle va devoir s’isoler de ses "amies" et donner le courage aux bonnes noires de raconter leur vie. Trois femmes attachantes vont oser transgresser ces règles et témoigner, simplement et courageusement, de la condition des bonnes noires employées par des blancs et les humiliations qu'elles subissaient... Ce livre est un constat indéniable de la place que s’étaient attribué les blancs à cette époque en décidant que la couleur pouvait différencier deux êtres humains identiques même dans leur plus profonde intimité.

Le roman est encore meilleur que son adaptation cinématographique, on remonte le temps et on peut comprendre l'aveuglement de certaines personnes de cette période qui étaient plus inconscientes que délibérément mauvaises. Sur un sujet grave, l'auteure parvient à nous toucher au cœur avec beaucoup de justesse teintée de drôlerie. Un livre qui ne s'oublie pas.

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La couleur des sentiments

Voir ce roman s’afficher longtemps sur Babelio m’a donné envie de le lire et puis quand j’en ai parlé à ma fille , elle m’a répondu :  Magali a lu ce livre et m’a dit « ça plaira beaucoup à ta maman » alors du coup j’ai pas hésité et grand bien m’en a pris. Quels formidables portraits de femmes! Ces bonnes noires qui subissent la ségrégation raciale des Etats-Unis dans le Mississipi des années 60 sont magnifiques, fières, courageuses , irrésistibles.

En premier, Abileen, qui a perdu son fils Treelore, un bon fils, intelligent, lecteur acharné, et qui pour vivre devait charger les grosses poutres de la scierie, jusqu’à ce qu’il tombe sous leurs poids et se fasse écraser par un camion, son corps lâchement jeté dans le quartier noir. Abileen , qui malgré son chagrin, continue son métier, sa survie, en cuisinant, nettoyant , repassant pour les blancs et surtout en s’occupant avec tout son amour de leurs enfants , « ses bébés » comme elle aime les appeler, qu’elle berce contre son cou, caline, console, réconforte face à des parents peu présents. Et elle leur dit, « tu es beau », « tu es intelligent », jusqu’au jour ou dans leur yeux elle devient une noire et non plus leur douce nounou adorée.

En second, Minny, toute ronde, cuisinière hors pair, acharnée au travail , méfiante des blancs, elle se remémore les sept règles dictées par sa mère le jour de ces quatorze ans :« Règle numéro deux » Cette patronne blanche doit jamais te trouver assise sur ces toilettes. Ca m’est égal si t’as tellement envie que ça te sort par les tresses. Si elle en a pas pour les bonnes, tu trouves un moment où elle est pas là. » , sauf que Minny elle a du mal avec la règle numéro sept et peut pas s’empêcher de tenir tête aux gens, du coup elle se fait renvoyer à cause de son caractère trempé.

Ces deux là sont amies, vont à l’église ensemble, se soutiennent quand le cœur de l‘une est lourd de la perte de son fils et le corps de l‘autre perclus des coups de son mari. ,



Elles vivent au milieu de cette société américaine, qui a fait de la discrimination raciale un art de vivre, pour qui un noir c’est sale, voleur, et qui domine de leur puissance ceux qui ne pensent pas pareil. Sauf qu’Eugénia, ou Skeeter, pour ses amies, qui veut devenir journaliste , vivre à New York, loin de cette société ampoulée, est scandalisée par les propos radicales de ses propres amies d’enfance et décide de raconter l’histoire de ces bonnes, ou plutôt leur vision des blancs et la façon dont on les traitent. Entre peur et clandestinité elle arrive à convaincre Aibileen, qui entraine Minny et d’autres à raconter leurs vies. Et courageusement, conscientes des risques encourues, elles s’allient pour faire entendre leurs voix au peuple américain. Avec beaucoup d’humour, de tendresse, de colère aussi, l’auteur nous fait plonger au cœur de ces existences, avec un réalisme poignant sans happy end heureux mais qui ouvre une note d’espoir , de changement pour chacune de ces trois femmes.

Je ne voulais pas voir le film avant d’avoir fini , ce soir je m’y replonge par l’image…

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La couleur des sentiments

Il existe des romans qui dès les premières lignes parviennent à vous transporter dans leur univers, où vous savez que les mots que vous allez découvrir dans les pages suivantes vont vous ébranler, provoquer au cœur de votre être une passion inouïe pour l'histoire et ses personnages, telle est la prouesse de "La couleur des sentiments".



Un récit à trois voix au cœur de l'époque ségrégationniste au Mississippi.

Aibileen, la bonne au grand cœur, Minny l'impertinente et Miss Skeeter, la blanche à contre courant.

Leurs destins vont s'unir dans l'espoir fou de changer les mentalités.



Je referme le roman et déjà, l'affection d'Aibileen pour la petite Mae Mobley me manque, je souris en repensant à "la chose épouvantable et abominable" qu'a fait Minny à Miss Hilly, je me réjouis pour Miss Skeeter.

J'ai le cœur léger d'avoir découvert cette histoire et je suis mélancolique de l'avoir déjà terminée.



609 pages de délectation, j'aurais pu, voulu en lire 609 de plus.



S'il y a bien un livre qu'il faut avoir lu dans sa vie, c'est celui-ci.

Merci Madame Stockett d'avoir à jamais marqué la mémoire collective avec une si belle œuvre.
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La couleur des sentiments

Au vue du nombre d'avis sur ce livre, je vais passer mon tour pour en faire le résumé... Je dirais simplement que ce fut une lecture toute en émotions : rire, pleurs, rage... Une lecture qui ne laisse pas indifférente... Un livre qui foisonne, un livre qui procure un véritable plaisir de lecture... Le genre de livre qu'on referme en se disant qu'on vient de lire une grande oeuvre, une oeuvre importante et nécessaire... Et que dire des personnages... Des personnages auxquels on s'attache, avec lesquels un lien se tisse, qu'on voudrait pour ami... Bref, une excellente lecture.
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La couleur des sentiments

Jackson, Etat du Mississippi, 1962. Aibileen travaille chez Miss Leefolt, une grande maigre qui n'a aucune affection pour sa fille, Mae Mobley, qu'Aibileen élève avec amour. Minny, sa meilleure amie, travaille chez la vieille Miss Walters. Quand Miss Hilly, la meilleure amie de Miss Leefolt et fille de Miss Walters, décide d'envoyer sa mère en maison de retraite et de renvoyer Minny, tout commence à s'effondrer. L'insolence et l'assurance de Minny, la réputée "grande gueule". La tranquillité et les certitudes d'Aibileen, à qui Skeeter, jeune dame blanche pas comme les autres, lui demande un jour, alors qu'elles sont seules "Vous n'avez jamais voulu changer tout ça ?"...



Ce livre fut pour moi un véritable coup de coeur ! Merveilleusement bien écrit, intéressant, des personnages plus qu'attachants (ou plus qu'horripilant pour d'autres), révoltant, instructif, ce livre a tout pour plaire... on plonge dans les États Unis du Sud des années 1960 et on y reste en apnée le temps d'une lecture... l'auteure a aussi su garder une pointe de suspense jusqu'au bout, je ne pouvais pas m'arrêter de lire, c'était impossible ! J'ai absolument adoré, l'ambiance était extrêmement réaliste et j'avais l'impression d'y être, avec Aibileen, Minny ou encore Skeeter... elles me manquent déjà. J'ai hâte de le relire dans quelques années...
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La couleur des sentiments

Dans les années 62-63, le Mississippi a toujours la couleur de l’apartheid. Personne n’ose s’opposer aux lois raciales qui imposent la séparation des blancs et des noirs dans tous les domaines. Deux bonnes noires et une jeune fille blanche vont oser se lier d’amitié et essayer de changer les choses en écrivant leur histoire.



Kathryn Stockett montre à travers ces trois personnages féminins les relations difficiles entre les familles blanches et leurs domestiques noires, mais aussi la bonne société blanche et son hypocrisie. Elle nous plonge dans une époque, une ambiance, au milieu de personnages poignants.Tantôt drôle, tantôt émouvant, ce roman polyphonique est foisonnant, passionnant, et difficile à lâcher… Un premier roman remarquable dont l’âme est le caractère incroyable de trois femmes. C'est une vrai réussite ! Alors lisez vite La couleur des sentiments, vous ne le regretterez pas. Et, vous aurez envie de lire ou relire "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" d' Harper Lee...



A noter que ce roman bouleversant qui mêle habilement les petites histoires de vie avec l'Histoire américaine est déjà en cours de tournage avec Spielberg aux commandes !

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La couleur des sentiments

Critique de Chloé Brendlé pour le Magazine Littéraire



À Jackson, petite ville étriquée du sud des États-Unis, rien n'arrive. Surtout pas l'Histoire. Près d'un siècle après la guerre de Sécession, l'apartheid, ses lois scélérates et ses règles tacites y sévissent toujours. La Couleur des sentiments, avec son titre et son image de couverture compassée (deux bonnes noires aux côtés d'un bébé blanc), fleure bon le mélodrame et le best-seller de la rentrée, prochainement sur nos écrans. Et pourtant, ce premier roman n'aura pas volé son succès. Sans complaisance ni pathos mal placé, Kathryn Stockett concocte un subtil mélange à partir de la voix de trois personnages féminins : Aibileen et Minny, noires, et Miss Skeeter, blanche. La première, 53 ans, s'occupe du bébé d'une jeune femme de 23 ans. La deuxième, pour avoir eu la langue trop bien pendue, se fait renvoyer et cherche désespérément à retrouver un emploi. La troisième aimerait devenir écrivain et s'efforce d'apprivoiser les deux premières pour composer un récit inédit et explosif : le témoignage de plusieurs bonnes. Tout serait dit si Kathryn Stockett ne maîtrisait l'art de tenir son lecteur en haleine, par les caractères qu'elle campe et les situations, souvent burlesques, à mi-chemin entre le fou rire et les larmes, qu'elle crée. S'enchaînent ainsi les scènes absurdement comiques : Miss Skeeter tient dans la feuille de chou locale la chronique des conseils pour faire le ménage, ménage qu'elle ne fait pas ; Miss Hilly, pasionaria de l'apartheid (elle propose même une loi pour installer des sanitaires réservés aux domestiques), organise un bal de charité pour les « enfants d'Afrique menacés par la famine »... La Couleur des sentiments ne sert pas à « laver le linge sale en famille » en accumulant les avanies subies et les ressentiments, bien au contraire. Plus encore que la mécanique bien huilée de la construction, c'est le grain de voix de chaque femme, dont la vie se trouve bouleversée par la rencontre avec les deux autres, qui constitue l'intérêt de ce roman tout sauf manichéen. Ou comment le quotidien le plus trivial et routinier se trouve transcendé par l'urgence et la nécessité de témoigner. Comment trouver le ton juste ? À partir de quand parler non pas à la place des autres, ni en leur nom, mais pour eux ? Comment respecter la vérité tout en la travestissant, pour éviter les sanctions, physiques et morales ? Comment rester fidèle à soi en sortant de son rôle ? Même si elle sait bien, comme Paul Celan, que personne ne témoigne pour les témoins, Kathryn Stockett offre avec ce récit captivant une leçon de pudeur en même temps que d'écriture.
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La couleur des sentiments

La Couleur des Sentiments est avant tout le portrait de trois femmes. Aibileen est une bonne spécialisée dans l'éducation des enfants. Elle compense la mort de son fils en reportant son amour sur les enfants des autres. Minny est une excellente cuisinière, peut-être la meilleure de la ville, mais elle ne mâche pas ses mots. Or, la franchise est le pire des défauts quand on est noire et qu'on s'adresse à des blancs. Quant à Eugenia, que tout le monde appelle Skeeter, c'est une jeune femme issue de la bourgeoisie. Elle est de retour après quatre années de fac et ne comprend pas pourquoi Constantine, la bonne qui l'a élevée et qu'elle considère presque comme une seconde mère, a quitté la ville. Et personne ne semble disposé à lui expliquer pourquoi.



Pour son premier roman, Kathryn Stockett a choisi un sujet qu'elle connait bien, elle qui est originaire du Mississippi et a été élevée par une bonne noire. Aux États-Unis, au début des années 60, les lois sur la ségrégation raciale ont encore cours dans les états sudistes. À Jackson, les femmes noires nettoient les maisons, cuisinent et s'occupent des enfants des familles bourgeoises blanches. Blancs et noirs se côtoient tous les jours, mais ne se mélangent pas. Chacun vit dans son quartier, fréquentent ses églises, ses écoles, ses magasins.



J'ai beaucoup aimé ce roman. Il traite d'un sujet difficile sans tomber dans le misérabilisme. Le ton est très humain et les personnages bien construits. On ressent de l'empathie pour ces femmes, on s'y attache, leur histoire est très touchante. Bien qu'étant une fiction, le texte décrit un contexte qui a réellement existé, ce qui le rend encore plus troublant.



Vraiment, un très beau roman.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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La couleur des sentiments

Que dire de plus à propos de ce titre qui comptabilise à ce jour plus de 1200 lecteurs effectifs et 228 critiques unanimement enthousiastes rien que sur Babelio ? Rien , sinon que j' ai également vécu un grand moment de lecture : un sujet grave traité admirablement dans un récit fort alliant didactisme, justesse de ton, humanité , humour et suspense.
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La couleur des sentiments

Une fois n'est pas coutume, j'ai presque autant apprécié le film que le roman. Comme je l'ai lu il y a fort fort longtemps, et qu'il a suscité nombre de belles critiques, je ne vais pas en remettre une couche. Juste dire que j'ai adoré détester certaines de ces "maîtresses" blanches qui, incapables qu'elles sont de faire quoi que ce soit de leurs dix doigts, sont bien heureuses de se reposer sur leurs bonnes noires, y compris pour élever leurs enfants. Lesquels enfants s'attachent parfois plus à leurs nounous qu'à leurs mères, par exemple la petite Mae Mobley (?) élevée avec amour par Aibileen, alors qu'elle ne suscite qu'agacement et insatisfaction chez sa mère. Et que j'ai éprouvé de l'admiration pour Miss Skeeter, qui contre vents et marées cherche à dénoncer la situation de ces femmes admirables à qui on interdit même de se servir des toilettes, par peur d'attraper leurs soi-disant maladies. J'ai eu pitié de Miss Celia, pas assez conformiste, trop voyante, et exclue de la "bonne société" parce qu'elle ne rentre pas dans le moule de ces bourgeoises hypocrites qui participent aux bonnes oeuvres destinées à améliorer la condition noire, mais qui dans leur quotidien pratiquent tout l'inverse de ce qu'elles prônent. Enfin, j'ai éclaté de rire à la fin avec la "surprise" de Minny à son ex-patronne qui l'avait virée comme une malpropre sous une accusation mensongère de vol. Bien fait pour ta g...le !

Un texte salutaire, mais qui en même temps nous fait mesurer qu'en dépit des progrès accomplis ces 60 dernières années (l'histoire se déroule en 1962, à peine un an avant ma naissance !), y a encore du boulot pour faire évoluer les mentalités...
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La couleur des sentiments

Même si j'ai souvent été gênée en lisant ce roman (Comment croire qu'il a été écrit au XXI°siècle ?), même si la violence du récit est sans cesse édulcorée et que ses héroïnes résolvent des siècles d'humiliation par la grâce de comptines bien-pensantes, même si Kathryn Stockett suggère parfois qu'être une fille blanche de 1,80 m. est à peine moins compliqué que de garder des enfants d'une autre couleur que la sienne dans le Mississippi, je suis loin d'avoir détesté ce livre. On a peine à concevoir que l'Afrique du Sud ait été mise au banc des nations pour son apartheid alors que les États-Unis, à la même période, faisaient croire qu'ils avaient inventé le melting-pot.

« La Couleur des sentiments » parle de la vie quotidienne, de tous ces faits sidérants destinés à permettre la séparation dans l'égalité (!), depuis l'uniforme obligatoire que les bonnes devaient se payer, jusqu'aux toilettes séparées destinées à éviter de transmettre des maladies.

« Mesdames, savez-vous que :

— 99 % des maladies des Noirs sont transmises par l'urine.

— Nous pouvons être handicapés à vie par la plupart de ces maladies, faute d'être protégés par les facteurs d'immunité que les Noirs possèdent en raison de leur pigmentation plus foncée.

— Les Blancs sont porteurs de certains germes qui peuvent également être nocifs pour les Noirs. Protégez-vous. Protégez vos enfants. Protégez votre bonne. »

Malheureusement, quelle que soit la valeur de tous ces faits vrais qui nous sont présentés, le plus intéressant n'est pas traité. Les antisémites n'ont jamais engagé des Juifs pour élever leurs enfants. Pourquoi les Blancs ont-ils systématiquement confié leurs petits à des Noires dans les pays d'apartheid? Ou plus exactement, comment peut-on grandir en découvrant un beau jour que celle qui vous a élevé est méprisable et même répugnante ? le livre multiplie les mystères : qu'est devenue la nanny de Skeeter? Pourquoi Célia s'enferme-t-elle dans des chambres vides? Quel abominable tour Minny a-t-elle pu jouer à Hilly? Chacun de ces secrets sera résolu pour mieux dissimuler la véritable énigme qui, elle, n'est pas même posée: jamais aucun personnage n'affronte cette révélation qui transforme la scène primitive de papa Freud en conte pour s'endormir. Comment toute une nation a-t-elle pu affronter le sacrifice de son premier objet d'amour, comment a-t-elle pu apprendre la répulsion pour la peau et l'odeur qui l'a enveloppée, sinon en développant la haine de soi?

Ce n'est pas dans « La Couleur des sentiments » qu'on trouvera réponse à ces questions. Tout au plus apprend-on que les taches de transpiration sur les cols de chemise disparaissent si on les frotte avec de la mayonnaise. Quelqu'un pour essayer ?





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La couleur des sentiments

Un récit partiellement autobiographique, un ouvrage sociologique, une fiction douce-amère sur la réalité de la ségrégation raciale aux Etats-Unis dans les années 60. Ce livre c'est un peu tout ça. Et bien plus encore.

A travers la vision de trois femmes, deux noires et une blanche, l'auteur nous montre non seulement la condition noire dans les Etats du Sud des USA à cette époque mais aussi la condition féminine dans son ensemble. Le quotidien plus ou moins difficile, ce qu'une petite ville peut receler de bonté comme de médisance et de cruauté, d'ignorance, de dangers, de non-dits et parfois de courage.

Même si cette fiction est très édulcorée (beaucoup moins que l'adaptation filmée néanmoins), les faits sont là sous une jolie couche de vernis et de bons sentiments. La postface éclaire le lecteur sur le caractère fictif du récit malgré son ancrage dans une réalité beaucoup plus brutale.

On vit avec ces femmes. Emouvant et écrit dans un style très simple, ce roman se lit avec plaisir et donne envie d'aller chercher plus loin, du côté historique du thème pour découvrir les destinées qui ont marqué cette époque.

Un bien joli hommage à travers le prisme de la couleur des sentiments.
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La couleur des sentiments

Ce livre, je l'ai adoré! L'histoire se situe à Jackson, Mississippi, dans les années soixante. Deux mondes s'opposent et se confrontent : les domestiques noires et leurs maîtresses blanches. Pour illustrer la dynamique de l'époque, l'auteure met principalement en scène trois personnages féminins. D'abord Abileen, 53 ans, travaillant chez les Leefolt. Elle prendra soin de la petite Mae Mobley, fera le ménage, cuisinera les repas. Puis Minny, 36 ans et 5 enfants. Elle travaille chez Miss Walters, une femme à ce point détestable qu'on a envie de l'étriper jusqu'à la moëlle. Enfin, Miss Skeeter, 23 ans, femme blanche interpellée par le mépris et les injustices dont sont victimes les bonnes. Elle se liera d'amitié avec elles et recueillera leurs témoignages dans le but d'écrire un livre anonyme illustrant leur vision de cette société méprisante. Rappelons-le, nous sommes à l'époque où il était interdit aux femmes noires d'utiliser les mêmes toilettes que leur maîtresse ou même de partager la même table. Aberrant...



La beauté de ce livre émane de la richesse de ses personnages. Leur personnalité est forte et attachante, affirmée dans leurs différences. La couleur des sentiments, c'est une histoire de vie dans laquelle on s'immerge rapidement et d'où on ne voudrait jamais émerger. Heureusement, le film est une très juste représentation du livre et Minnie, plus vraie que nature, est un délice ! Si le racisme est un sujet délicat, il est ici illustré avec humour, ce qui évite de tomber dans le mélodrame. Cela ne change rien au fait que l'on se sente, par moment, triste, en colère ou révolté. Ceci dit, le style n'est jamais ramené à une simple opposition entre le bien et le mal. L'écriture est simple et sans fioritures poétiques ou métaphoriques.



Détail, me direz-vous, mais je trouve le titre en français La couleur des sentiments plus évocateur que le titre original plutôt minimaliste The Help. L'expression d'un sentiment ne devrait pas être tributaire de la couleur de sa peau. Pourquoi les caractéristiques morphologiques ou culturelles d'un individu devraient-elles influer sur des sentiments universels tels l'amour, l'empathie ... et la haine, justement en raison de la haine, sentiment vil, viscéral et totalement irrationnel.



Je l'ai lu d'une traite, l'auteure ayant le talent de nous captiver à un point tel qu'on ne peut plus lâcher le livre, toujours en attente de la prochaine crise, du prochain dénouement. Un bijou de 500 pages...


Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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La couleur des sentiments

Un manuscrit refusé par 45 agents littéraires avant d'être publié en 2009, voilà ce qui finalement m'a le plus choqué !

L'auteure, originaire elle-même de Jackson, Mississippi, nous propose pour son premier livre les relations très particulières en 1960 entre les « Bonnes » et les femmes blanches.

Un roman bien mené, rythmé par les confessions de quelques bonnes qui malgré leurs peurs, osent parler. Elles racontent alors les conditions de travail qui leurs sont imposées par les règles en vigueur dans un état qui regrette encore l'abolition de l'esclavage et qui considère toujours les personnes de couleur comme des sous-personnes. Sous-personnes qui élèvent néanmoins les bébés de ces femmes blanches et qui créent des relations profondes avec ces enfants. Enfants qui devenus grands gardent souvent beaucoup de tendresse pour leurs nounous de couleur.

Et parlons un peu de ces femmes blanches, qui vont toutes à la fac à la pêche au mari, qui sont paresseuses, futiles, intolérantes et qui ont l'intelligence d'un pois chiche. Et elle se prennent pour les reines du monde alors qu'elles mènent une vie superficielle qui les tient occupées, jour après jour. Et gare enfin à celles qui se démarquent du lot, qui voient les choses autrement et qui pensent que la situation doit évoluer vers une société plus tolérante et égalitaire, elles risquent autant que les nounous qui veulent s'exprimer.

Un roman fiction qui est le témoignage d'une société ségrégationniste qui, je l'espère, a évolué en 50 ans mais je n'en suis pas si sûre…

Un récit qui montre une fois de plus que l'inculture est la mère de l'intolérance, que ce soit à propos de la couleur de la peau ou de l'appartenance à une religion et ça, c'est malheureusement toujours bien d'actualité.
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La couleur des sentiments

Ce roman à trois voix, Aibileen, Minny et Miss Skeeter, nous emporte en 1963 – 1964 à Jackson, Mississippi. Aibileen est bonne chez les « Blancs » depuis 40 ans et s’est pliée aux lois raciales comme une fatalité. Minny aussi est bonne, plus jeune, elle a déjà 5 enfants et un mari alcoolique, c’est une rebelle qui se fait renvoyer régulièrement pour son franc- parler. Miss Skeeter a 25 ans, sort de la fac et veut être écrivain (toute ressemblance avec l’auteur Kathryn Stockett n’étant pas fortuite). Fille de propriétaire de plantation de coton, élevée par Constantine sa nounou noire, son physique peu attrayant la sauve d’un mariage conventionnel au sein de la « bonne société sudiste ». Ces trois femmes, avec un courage inouï, vont faire leur propre marche contre la ségrégation, elles initieront les témoignages si poignants des « Noires » et la prise de conscience des « Blanches ». Cela se fera dans la douleur, l’amitié, l’amour, le respect, la haine, l’admiration, la vengeance, la solidarité, la violence, l’espoir. Il n’y a pas plus beau titre pour ce roman à lire et à relire tant il est dense et riche.
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La couleur des sentiments

En ce qui me concerne, j'avais emprunté ce roman à la bibliothèque après avoir entendu de nombreuses critiques positives, et, je n'ai absolument pas regretté ma lecture.



Même si il s'agit d'une oeuvre de fiction, c'est un excellent témoignage sur la ségrégation sévissant dans les états du Sud des Etats Unis, et, cela malgré la Guerre de Sécession, Martin Luther King et les lois anti raciales.



Malgré la gravité du sujet, ce dernier est traité avec humour. On retrouve également une féroce caricature de la petite bourgeoisie blanche engluée dans ses principes, ses idées toutes faites.

C'est aussi une belle leçon (du moins pour les années 60) de tolérance avec l'amitié "improbable" entre une jeune blanche et deux domestiques noires.



Selon moi, c'est un roman à lire de toute urgence.
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La couleur des sentiments

L'évolution des droits des femmes et l'égalité entre noirs et blancs. On y suit le destin de deux bonnes noires à JACKSON, MISSISSIPI, dans les années 6O. Années de courage et de volonté, elles vont oser raconter leur quotidien dans un livre qui va à l'encontre des lois ségrégationnistes et vont ainsi renverser l'ordre établi.



PS- Le film passe sous silence certains détails mais reflète en grande partie le livre.
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La couleur des sentiments

Une sorte d'OVNI

Une autrice inconnue au bataillon (qu'avait-elle écrit avant, qu'a-t-elle produit ensuite ? je l'ignore) et un livre arrivé avec une grosse réputation ce qui souvent peut jouer en sa défaveur. Et pourtant, à l'arrivée, voici un livre vraiment excellent, avec de beaux portraits de femmes, une reconstitution historique parfaitement menée, des scènes parfois incroyablement puissantes et drôles. L'expression de "gâteau au chocolat" s'est colorée d'une nuance proprement terrifiante depuis la lecture de ce livre. En somme, sur un sujet parfaitement connu et souvent dénoncé, un livre très fort, très incarné. On n'a qu'un souhait, celui de lire d'autres oeuvres aussi brillantes de cette inconnue célèbre !

Le film qui en est l'adaptation m'a paru, comme souvent, largement inférieur, tout en étant plaisant.
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La couleur des sentiments

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