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Critiques de Kinga Wyrzykowska (75)
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Patte blanche

Les Simart-Duteil sont le stéréotype de la famille bourgeoise parfaite. Le père a laissé un gros héritage. La mère, une belle italienne, vit le grand amour avec son jeune mari. Paul l'aîné, parti du nid après un difficile coming- out, revient après des années, plein de projets qui feront peut-être décoller sa vie, Samuel, le beau chirurgien esthétique, convole en deuxième noce avec une très jeune femme, Clotilde est la femme du riche Aurélien et la mère de trois enfants.

Paul découvre que son père avait une double vie en Syrie, avec femme et enfant.

C'est à ce moment là que le fils inconnu va demander de l'aide pour sortir de Syrie.

La peur d'être spoliés par cet étranger,va conduire les Simart - Duteil à suivre Paul dans son délire, dans ses interprétations des moindres indices glanés sur internet, dans son obsession de se protéger.

Un bon livre qui met en lumière la peur de l'autre décuplée par les réseaux sociaux.

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Patte blanche

J’ai toujours été fascinée par les sorties de route impromptues de ceux qui choisissent de vivre dans un univers parallèle. Je ne parle pas des lecteurs d’horoscope ni même des porteurs de bracelets censés réduire leur cholestérol -après tout, j’ai moi-même longtemps cru au Père Noël-, non, je parle des grand barrés, qui croient la terre plate et Trump véritable président des États-Unis.

« Patte blanche » raconte comment une famille française bourgeoise peut , malgré un capital social et culturel appréciable, basculer du côté obscur. En réalité l’éducation n’en peut mais, et, tout bourgeois ou prolo qu’on soit, ce sont les mêmes causes qui produisent les mêmes effets : et en tout premier lieu la peur du déclassement. Que nos compétences ne soient plus reconnues, que l’âge nous rattrape et nous prive de la certitude de rester toujours jeune, que la France éternelle glorieuse et civilisatrice soit devenue un objet de haine, et nous voilà bousculés dans nos certitudes, et, sommés de reconnaître les faits têtus, obligés de maintenir le monde extérieur à distance pour ne pas transiger avec nos certitudes.

Il est d’ailleurs intéressant de voir que c’est celle qui avait le moins d’illusions sur sa capacité à endosser son rôle social qui cède la dernière aux sirènes complotistes.

Les liens du sang (qui ne sauraient, par définition, mentir) deviennent les seules relations sociales encore possibles. Mais la famille aussi n’est qu’un fantasme, Mauriac rejoint Qanon, et les haines familiales cuisent et recuisent dans le grand chaudron des réseaux asociaux.

La famille Simart-Duteil resserre ses rangs autour de la mère et de ses trois enfants, et semble incarner les quatre cavaliers de l’apocalypse, chacun chevauchant un des grands maux de notre époque: Internet, le refus de la vieillesse, le vide existentiel à la recherche d’une cause susceptible de le combler, la science. Oui, la science réduite à un déterminisme qui justifie les pires raccourcis : « comme par hasard! »

Bref, un livre malin mais globalement opportuniste, qui m’a intéressée sans remettre en cause mes convictions. Sur un sujet pareil, c’est ballot.
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Patte blanche

Une famille bourgeoise.

Des membres liés par le sang, tolérant de loin les autres.

Des gens qui se débattent chacun parmi leurs faiblesses, leurs regrets, leurs désirs.



Ils s’épient, se contredisent, s’aiment…

Faiblesses des uns, insatisfactions, peurs des autres.



Un aîné, Paul, trouble, hagard, dévorant ceux qui l’entourent.

Une main mise qui se construit, liée aux événements personnels, aux relations vécues destructrices, aux attentats meurtriers.



Des paroles xénophobes, des replis sur eux-mêmes, un étouffement qui s’immisce et les amène, sous influence brute sans regard dépassant leur monde, à un isolement malsain.

Les tentatives des deux adolescents pour y échapper sont révélatrices du poids sectaire qui pèse sur eux et montre à quel point l’influence enlève tout libre arbitre.



Le livre, dans un style soigné et vif, nous emmène dans une tension progressive.

Nous devenons voyeurs de la vie de chacun.e, de leur descente dans le non-retour jusqu’aux tréfonds de leur paranoïa.



Premier livre d’une écrivaine et on reste ébahi devant tant de nuances, de détails sur une société manipulée par les plus « forts », les réseaux sociaux, la dépendance, la perte de pensée personnelle, l’influence nocive, l’égoïsme poussé à l’extrême et la perte de repères personnels.



Ce roman porte une universalité qui parle à chacun.e.
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Patte blanche

Très grosse (et très bonne) surprise pour ce roman !



La famille Simart-Duteil, est une famille plutôt bourgeoise, conservatrice, bien sous tous rapports et qui cultive une réputation sans histoires.

Dans la famille Simart-Duteil, je demande le père, Claude. Mort il y a plusieurs années d'un cancer. Il a fait fortune en construisant des autoroutes en Syrie.

Dans la famille Simart-Duteil, je demande la mère, Isabella. Une femme plutôt exubérante à tendance cougar.

Dans la famille Simart-Duteil, je demande les enfants : Paul, un journaliste raté qui veut se reconvertir en youtubeur politique, Clotilde, la mère au foyer, qui instagrame toute sa vie et Samuel, le plus brillant, qui dirige une clinique de chirurgie esthétique.

Quand un frère caché de Syrie leur écrit pour réclamer sa part d'héritage, le vernis de la famille se craquelle, les failles intimes se révèlent.

Toute la famille va s'enfermer dans un huis clos dans leur maison en Normandie et sombrer dans un espèce de délire paranoïaque mené par Paul, qui choisit de prendre en main la survie du clan. Une lutte pour la survie de la cellule familiale se met en branle. Et "l'étranger" a beau montrer patte blanche... il est loin d'être le bienvenu.



Voilà un des livres les plus intelligents que j'ai pu lire depuis cette rentrée littéraire !



Il aborde différent thèmes : les liens familiaux, bien évidemment, mais également la peur de l'autre, l'importance des apparences, les réseaux sociaux, etc... Attention, le ton du récit est très corrosif. Le portrait de cette famille a un goût de vitriol qui en rendrait presque jouissive sa chute. Ses membres sont une caricature de notre époque. Ils sont tellement poussés au ridicule qu'ils en deviennent attachants.

L'ambiance générale du roman est très pesante, on ressent comme une espèce de malaise tout au long de la lecture. On parcourt le livre avec le souffle court et on arrive quasiment essoufflé à la fin de l'histoire. Et d'ailleurs...ce twist final... une merveille !

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Patte blanche

Une histoire assez banale au fond, l'histoire d'une famille aisée apparemment heureuse. Et comme dans toute les familles, la réalité n'est pas toujours aussi simple.

Une histoire qui parle d'amour, d'amitié, de remords, de mensonges. Le malaise s'installe peu à peu, les nouvelles technologies accentuent d'autant plus l'angoisse. Et cette famille va se retrouver sous emprise.

Un premier roman étonnant et bien mené.
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Patte blanche

Un roman grinçant sur la manipulation. Inspiré du fait divers des "reclus de Monflanquin", ce roman nous raconte le repli sur soi progressif de la famille Simart-Duteil, la paranoïa les poussant à se réfugier et à se cloîtrer dans la demeure familiale, sans internet ni téléphone. Ca brasse pas mal de thèmes à la mode (l'immigration, la menace terroriste, les questions d'image, de réputation à l'époque des réseaux sociaux, les rapports familiaux/rivalités familiales). Je n'ai pas été complètement conquise par l'écriture, que j'ai trouvée très facile, orale... et j'ai trouvé que la manipulation était longue à se mettre en place et les membres de la famille un peu caricaturaux. La révélation finale est tout de même assez réussie.
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Patte blanche

L’histoire d’une paranoïa qui se généralise à toute une famille. Le peur de l’autre, celui qui en veut peut être à leurs biens, déstabilise complètement ces bourgeois parisiens, au point de les amener à se cloitrer dans leur maison de campagne de Normandie.

Avec un humour acéré, des analyses très fines de la société contemporaine, Kinga fait monter le suspens « se cacher, c’est la seule solution pour que le monde ne nous abime pas »

Ils ont tous des choses à cacher, plus ou moins graves qui, à l’occasion de l’affaire du demi frère supposé, se manifestent, mettant à jour leurs pires travers.

L’autrice utilise un style complètement indirect .Les échanges entre les personnages se font, au fil de la ligne, « Il faut que tu me crois. Bien sûr, nous sommes une famille acquiesce Paul qui ne comprend pas pourquoi Samuel pleure, des hoquets, des pardons, qu’il sanglote. Tu jures que tu ne me lâcheras pas, Paul…Même s’il ne mérite pas son amour, parce qu’il l’a trahi. Je t’ai trahi. »

Ce style est d’une grande efficacité er révèle une maitrise étonnante pour un premier roman.

Un roman drôle et fin qui se laisse lire avec beaucoup de plaisir.


Lien : https://poirson.marie-helene..
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Patte blanche

Premier roman de Kinga Wyrzykowska très réussi.



Inspiré d'un fait divers, l'autrice nous brosse la lente dérive sociale et psychologique d'une famille bourgeoise qui semble parfaite.



Cette famille - Les Simart Duteil - a réussi et aux yeux de tous, leur destinée est très enviable.

La mère, Isabella, d'origine italienne, lumineuse, un brin extravagante, qui s'apprête à fêter ses 70 ans. Veuve de son premier mari, toujours dynamique, elle a pour compagnon un homme bien plus jeune qu'elle s'efforce de toujours séduire et elle est prête pour ça à faire de la chirrugie esthétique.

Le premier mari, homme d'affaires décédé quelques années plus tôt dont le passé va resurgir, qui sillonnait le monde et en particulier le Moyen Orient pour y construire des autoroutes.

La fratrie composée de 3 enfants : 2 frères et 1 soeur. Paul, journalise et influenceur (ou aimerait l'être) en manque de succès et de reconnaissance, Samuel, chirurgien esthétique et fondateur de la clinique qui porte son nom, fondée avec l'argent du père, et Clothilde, mère de famille, qui donne à voir une vie parfaite sur les réseaux sociaux.



L'autrice sème dès les premières lignes les failles par lesquelles cet équilibre fragile peut basculer.

Car si chacun s'evertue à laisser croire aux membres de sa famille qu'il a réussi et est très heureux, la réalité est tout autre.



Le grain de sable qui fera tout basculer, est l'annonce d'un dénommé Feras qui vit en Syrie et qui se présente par mail auprès des 3 frères et soeurs comme étant leur demi frère puisque leur père aurait épousé en Syrie une femme qui aurait eu un enfant.



Ce Feras demande de l'aide pour quitter la Syrie et fait appel à la solidarité des liens de sang.



Paul, effrayé par cette annonce, fait des recherches dont les résultats le convaincront que cet homme en veut à leur héritage et qu'ils sont potentiellement en danger.



Kinga Wyrzykowska avec un talent indéniable a créé un mécanisme infernal mêlant les failles de l'enfance, les jalousies, la peur, la suspicion et aboutissant à des décisions de plus en plus folles.

Le ton est incisif, ironique, les personnages bien campés. L'écriture est fluide et expressive, tout va vite et notamment la succession de (mauvaises) décisions, et on ressent bien l'urgence des personnages à vouloir se protéger,



L'autrice a placé cette histoire dans le contexte des attentats de 2015 exacerbant la peur, peur de l'autre, de ce qui est inconnu et étranger à soi.

Elle y dénonce les dérives des réseaux sociaux et des outils numériques.



Un twist surprenant et parfaitement amené à la fin de ce récit, qui m'a amené d'ailleurs à relire plusieurs fois les 3 - 4 dernières pages.



Une autrice à suivre !









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Patte blanche

Les Simart-Duteil sont une famille qui vie reclus dans sa maison familiale. Mais comment en sont-ils venu à une telle décision. Le narrateur va nous défiler les événements qui les ont conduit à se couper de tout et de tous qui ne sont pas dans leur cercle très rapproché.



Une lecture intéressante même si parfois on s'emmêle dans les protagonistes. Après un rebondissement inattendu dans l'avant dernier chapitre, on reste sur notre faim en ne sachant pas comment cela se termine pour chacun des Simart-Duteil. C'est vraiment dommage. Cela test quand même un bon premier roman qui met en toile de fond la peur de l'étranger et l'influence de nos proches.

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Patte blanche

°°° Rentrée littéraire 2022 # 31 °°°



Kinga Wyrzykowska s'est très librement inspirée du fait divers des reclus de Monflanquin, une affaire d'emprise mentale dont a été victime une famille de notables bordelais qui pendant dix ans s'était enfermée en son château. Plutôt que de s'approprier les lignes exactes de cette tragédie, elle a choisi de s'intéresser à la trajectoire folle qui peut conduire une famille ordinaire, privilégiée, maitrisant les codes culturels et intellectuels de la société française, a pu basculer dans un huis-clos total proche de la folie paranoïaque.



Lorsqu'elle nous présente les membres de la famille Simart-Duteil en 2015, ils sont l'incarnation de la splendeur bourgeoise triomphante. Il y a la flamboyante matriarche Isabella qui fête ses 70 ans au bras de son jeune mari, le patriarche étant décédé en lui laissant une fortune confortable acquise dans la construction d'autoroutes au Moyen-Orient.



Il y a leurs enfants : l'aîné Paul, journaliste politique, a eu son heure de gloire dans les années 80 et bouillonne de projets foutraques comme la création d'une chaîne Youtube de potins politiques ; Samuel, célèbre chirurgien esthétique, dirige une prestigieuse clinique et s'apprête à épouser une mannequin polonaise ; et Clothilde, archétype de l'épouse parfaite qui instagramme sa vie parfaite de mère de trois enfants. La bombe qui s'apprête à tout faire péter est l'irruption d'un fils caché syrien du père, qui pousse Paul a mobilisé ses troupes pour défendre la famille de cet intrus.



Dans cette tragi-comédie déjantée, c'est avec une jubilation savoureuse que le lecteur assiste à leur chute, à leur réclusion ( annoncée dès les premières pages ) dans leur villa normande. On se régale à voir les personnages se débattre en vain, les apparences se lézarder, la cohésion familiale affichée se déliter, les secrets nauséabonds éclater.



Kinga Wyrzykowska trouve d'emblée le ton juste et la bonne perspective pour faire exploser cette famille bourgeoise et lui faire mettre son intelligence en jachère. Son ironie corrosive, son talent à placer les personnages dans un flux incontrôlable d'événements, sa capacité à les placer dos au mur face à leurs paradoxes, tout cela rappelle furieusement la maestria d'un Jonathan Franzen. Les dialogues, sans filtre, insérés directement dans le récit, approchent au plus près la vérité de chacun et les ambiguïtés.



La famille apparait comme le théâtre de la société. Dans le contexte 2015 des attentats terroristes et du questionnement autour de l’immigration, Patte blanche dresse un portrait saisissant d'acuité d'une France névrosée, rongée par la peur de l'autre, par le complotisme, par la pensée décliniste, accro à la superficialité, avec les réseaux sociaux en éléments grossissants ou catalyseurs. Et sans jamais se goberger dans un discours théorique lourdaud, ce qui est certes salutaire mais rare. La critique de la somme des folies de notre époque est cinglante et d'une précision glaçante.



Le jeu de massacre est excellemment bien monté et découpé, la tension monte jusqu'à un dénouement astucieux et renversant qui remet les haines familiales au coeur du sujet, de façon très chabrolienne. Vraiment remarquable, intelligent et drolatique.



Lu dans le cadre de la Masse critique littérature de septembre 2022
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Patte blanche



Au départ, c'est un portrait de famille de grands bourgeois, plutôt drôle et grinçant, qui m'a fortement fait penser au Serge de Yasmina Reza. Tous ont des petisses, bien plus que de la grandeur : il y a la mère au foyer qui se noie dans une frénésie de cuisine ultra sophistiquée, la mère obsédée par la jeunesse éternelle, un frère aîné peu aimé qui cherche la reconnaissance à tout prix, ou encore un cadet cariériste et sans empathie.

Au fil des pages, ces personnages, bien qu'en conflit les uns avec les autres, se coupent peu à peu du monde, dans un paranoïa généralisée, et c'est la peur de l'autre qui devient le réel sujet du livre.

Extrêmement facile à lire, une plume limpide, un récit sans temps mort.
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Patte blanche

« Apprendre à toujours se méfier » Prosper Mérimée

Le piédestal de la littérature !

Un premier roman qui dépasse largement ses grands frères.

Attention, une fois en main, impossible de poser cette pépite avant le point final tant il est fascinant.

L'écriture vive, précise, surdouée est une délectation. La justesse de ton : patiente et merveilleuse. L'olympien retient notre regard. Ici, c'est déjà la somme d'un grand livre à plusieurs degrés.

Sociétal, engagé, résolument moderne, un chef-d'oeuvre qui dévoile notre contemporanéité. « Patte blanche » lève le voile sur les diktats sociologiques. Chacun (e) est une caricature, un fragment de nos questionnements idéologiques. Il faut dire que les Simart-Duteil représentent le bien-pensant, tout le conventionnel en lumière, la poussière sous le tapis. Les Bourgeois, à l'instar de Jacques Brel. Une maison avec une tourelle, la pelouse verte. Tout irait bien, si, si, « on ne se coupe pas la parole. On s'écoute. On marche sur des oeufs. Noël, c'est touchy, comme chacun sait. L'ennui assoupit les émotions ». Dans cette famille trop lisse pour être honnête, l'hypocrisie est le garde-fou. Le père, énigmatique, sommité des autoroutes, régulièrement en périple au Moyen-Orient. La Syrie est son double toit et pour cause. Les enfants grandissants au fil des pages, ah… les enfants , Samuel, chirurgien-plasticien , Paul influenceur, petit bourgeois, faux, de droite dure voire extrême. Clotilde sans histoire aucune, nantie de par son mari. L'histoire monte en puissance. Le père décède. Et là, la vérité va éclater au grand jour comme un ballon de baudruche en pleine figure. Il a un fils caché en Syrie. Les frères et la soeur vont imaginer des conséquences dramatiques. Et la mère dans tout ça ? Elle est effacée, au courant de cette femme mariée avec son propre mari, et ce depuis le début. Elle cache ses rides par de la chirurgie. Elle se blottie dans sa carapace et les faux-semblants .

Ce mélo-drame, gâteau renversé sur la table des dimanches chez les bobos. L'écueil des migrations, la peur de l'autre, le transfert sur les attentats de Paris, l'étrange (er), ce frère des ignorances achevées. Il est ici. Dans les fibres familiales d'une famille qui va se heurter de plein fouet au racisme, au non désir et au refoulement. L'étau se resserre. Le méconnu prend place. Feras est rejeté. Comme une pierre lancée dans la rivière. Ils font bloc contre sa venue. Malgré ses messages où il dit tout connaître d'eux. Là, la subtilité de Kinga Wyrzykowska est époustouflante. Les signaux vifs de notre monde chahuté par un trop plein d'informations. Le récit devient une satire. Les chaises sont renversées. Les barreaux sur les fenêtres glissent. Seule Clotilde cherche son frère dans un silence gorgé de compassion pour cet inconnu, Feras.

« Que risquent-ils eux, à côté des dangers qu'il encourt, lui ? Rien. Fraternité. »

Repliés dans la résidence secondaire, un manoir normand, porte blindée, l'autarcie. Paul est machiavélique, se venge. Ne rien dire de plus.

Un fait divers accroché au fronton des indifférences jusqu'à la folie.

L'antre principale devient la risée du monde. Abandonnée dans l'abondance de la végétation qui reprend son territoire. Ici, tout est symbole !

Un éclat des questionnements politiques et conjugaux. Une fratrie conditionnée et formatée.

Ce livre est à haut potentiel cinématographique. « Patte blanche », la tragédie humaine, le paroxysme des peurs de l'autre.

Triomphant de par sa trame, il en devient universel. Il définie l'oeuvre du mal.

Une seule voix résiste en apothéose, celle de Kinga. Bienveillante et généreuse, d'une sincérité intègre.

Haut les coeurs !

Une urgence de lecture. « Patte blanche » est dans la sélection du premier roman des Inrockuptibles & le prix Wepler.

Publié par les majeures Éditions le Seuil.
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Patte blanche

La famille Simart-Duteil est respectable. Après une carrière professionnelle accomplie, le père leur a laissé un patrimoine et l’espérance d’un futur héritage conséquent. Samuel est chirurgien plasticien, Clothilde s’’est mariée avec un homme riche, et Paul semble être sur la bonne voie pour parvenir à se faire connaître dans le monde à risque des influenceurs.Tout bascule quand un demi-frère auto-proclamé, qui vit en Syrie, vient réclamer sa part du gâteau…



On sait dès le départ que la famille finira cloitrée dans une résidence secondaire normande. Mais ce qui a conduit à cette réclusion sera révélé petit à petit au cours des pages trépidantes de ce roman social qui, à travers le destin d’une famille bon chic bon genre explore les méandres d’une époque où les moyens de communications sont des armes à double-tranchant, au maniement risqué. C’est aussi une analyse au vitriol des limites du raisonnement, lorsque l’on est confronté à l’étranger, à la différence.



L’absurdité des réactions de protection défie la raison, il suffit d’une manipulation adroite pour en arriver à des conduites de survie aberrantes.



Les personnages sont accrocheurs, leur petit grain de folie les rend à la fois ridicules et attendrissants, lorsqu’ils ne sont pas machiavéliques



Le rythme ne faiblit pas tout au long du récit et entraîne le lecteur dans ce tourbillon.



Le dénouement est surprenant à plus d’un titre



A découvrir sans délai, ce premier roman est réjouissant.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Patte blanche

Une fratrie, une mère, un père parti trop tôt en emportant peut être des secrets. Voilà le terreau sur lequel va pousser, croitre et embellir la paranoïa d'une famille à priori sans histoire.

Un cercle vicieux qui emporte toute réflexion raisonnable, une tempête qui ne s'arrête plus.

Un très bon premier roman.
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Patte blanche

Quatrième titre lu dans le cadre de la rentrée littéraire et c’est peut-être, pour l’instant, celui qui a fait le plus long chemin dans mon esprit pour que je l’apprécie à sa juste valeur. Je viens de voir qu’il a été sélectionné pour le prix Stanislas (comme le roman de Laura Poggioli Trois sœurs, par d’ailleurs), un prix qui récompense le meilleur premier roman de la rentrée littéraire. Il s’agit donc d’un premier roman, pour Kinga Wyrzykowska, l’histoire de ce qui pourrait être un fait divers totalement fictif parmi d’autres, celui d’une famille bourgeoise de la Seine-Maritime, qui a fini par se cloîtrer et vivre en autarcie dans la demeure familiale. Si cela ne manque pas de nous rappeler quelques cas qui ont été médiatisés, je pense ici aux reclus de Montflanquin, que l’auteure en outre ne manque pas d’évoquer, ce n’est pas d’un simple phénomène sectaire dont il s’agit. Même, si visiblement, cette réclusion s’est opérée selon les mêmes mécanisme d’emprise, de haine, de repli sur soi qui induisent les replis sectaires.



Les deux épigraphes nous mettent, en amont, sur la direction que prendra le récit de Kinga Wyrzykowska. L’auteure a choisi deux citations d’auteurs qui comme elle ont émigré : le premier aux mêmes origines qu’elle, Witold Gombrowicz, la seconde auteure est bulgare d’origine, Julia Kristeva. Davantage que l’emprise d’un individu sur un groupe, c’est la rencontre avec l’étranger, celui qui est différent, de langue, de nationalité, de religion, de peau. À cette fin, l’auteure a choisi une nationalité, du moins une religion, qui est en plein cœur des débats franco-français depuis quelques années et qui ne fait que s’intensifier avec les vagues de réfugiés que la France ne cesse de repousser. Elle a choisi une famille de la bonne bourgeoisie française au nom ronflant, Simart-Duteil, aux apparences qui le sont tout autant, mais qui derrière cette façade de faux-semblants et de bien-pensance laisse place à des non-dits et secrets qui ne demandent qu’à s’éventer. Les primes abords, en particulier les portraits des protagonistes sont, à mon sens, un peu caricaturaux : l’aîné de la fratrie Paul se présente comme un youtubeur très à droite, qui gravite autour d’un homme des médias qui a de drôles de ressemblances avec un Vincent Bolloré. Le cadet, Samuel, est à la tête d’une clinique de chirurgie esthétique, dans la recherche éternelle du nez parfait, et en pleine romance avec sa nouvelle fiancée, Monika, mannequin de son état. Et enfin, Clothilde, la sœur, mère de famille bourgeoise, toujours prête à tenter une recette de pain à l’épeautre bio et sans gluten pour nourrir sa descendance chérie. N’oublions pas Isabella, la mère, et veuve, qui n’est pas en reste : fière de ne pas faire son âge, grâce aux injections hyaluronisées de son médecin de fils, elle rayonne dans les rôles de grand-mère pétillante et de femme amoureuse aux côtés d’un homme plus jeune qu’elle. Tous évoluant dans le cadre de cette belle demeure familiale à Yerville, au Clos, qui ne manque pas d’attirer tous les regards environnants.



Ils auraient tout de la parfaite famille bourgeoise, si, comme souvent, les secrets et les blessures encore à vif du passé ne resurgissaient pas, aidés par un Paul acrimonieux et écumant d’une rage latente, avec visiblement des comptes à régler inscrites sur son échéancier. Paul est cet élément perturbateur, toujours à part dans la famille Simart-Duteil, et ressuscite ces secrets de famille, embaumés dans la poussière des cartons, qui leur tenaient lieu de linceul. Paul a mis le feu aux poudres : à partir de là, on observe avec effroi la spirale infernale qui tissera sa toile sur tous les membres de cette famille, c’est celle du doute, constant, de la peur, de l’angoisse, qui s’accroissent au fur et à mesure du roman.



L’histoire monte progressivement en tension, Je n’arrivais pas à comprendre ou Kinga Wyrzykowska souhaitait nous emmener, au-delà des constations de tendances xénophobes de plus en plus claires pour cette partie du Moyen-Orient. Le bon coup de semonce final, réservé au lecteur, et dont la famille se verra exclue, donne plus de profondeur et de complexité à ce roman et l’élève à un autre niveau que celui du simple constat identitaire, qui n’est d’ailleurs pas l’apanage de la France. Je vous laisse le plaisir de la découverte de ce retournement de situation, qui m’a laissée pantoise : à aucun moment du récit, je n’ai pas eu l’ombre d’un soupçon de ces révélations à venir. Elles laissent un goût doux-amer, celui d’avoir trouvé la bonne voix pour écrire ce roman, celui d’une société hargneuse, prête à tout, et dotée désormais d’outils numériques surpuissants, pour se préserver, ou s’immerger dans le formol – c’est comme on veut- d’un voisin lointain qui a eu la mauvaise idée de ne pas vénérer la même idole, et d’avoir le grain de peau qui a trop pris le soleil.



C’est un premier roman, qui a la qualité de remettre les choses à l’endroit sur notre société qui a cédé les amarres face à une tripotée de millionnaires, de médias, de médiateurs et manipulateurs qui ont la main mise sur les informations que nous voyons, lisons, écoutons. Et qui s’en servent pour faire leur petit travail de sape afin de conserver leurs petits privilèges, dont celui de vivre dans une société ancrée dans une image écornée qu’ils cherchent à conserver à tout prix. Les origines étrangères de l’auteure donnent un retentissement unique à roman, nous apporte un éclairage autre. C’est un roman, classé dans la littérature française, mais de portée universelle, sans aucun doute.
































Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Patte blanche

C’est l’histoire de la dissolution d’une « famille bien ». Les Simart-Duteil sont une famille « sans faute » : le père est ingénieur , il construit des autoroutes dans le monde entier ; la mère est au foyer ; les trois enfants sont beaux et brillants ; la famille est soudée ; on vit dans un pavillon chic de la banlieue parisienne à Créteil, dans la maison qui a la tourelle que tout le monde envie ; la maison de Normandie rassemble tout le monde pour les vacances et les événements familiaux ; tout le monde réussit tout ; on est riche et heureux chez les Simart-Duteil. Et puis voilà que patatras, Claude, le père, meurt, et l’on découvre dans ses affaires personnelles la photo qui fait tout chavirer : Claude est aux côtés d’une femme, Chadia, et dans ses bras un bébé, Feras, avec pour légende «Claude, Chadia, Feras, Damas 1988 ». Chez les Simart-Duteil on savait seulement que Claude avait une activité professionnelle importante dans tous les pays du Moyen Orient, où il allait dont très souvent ….. Pour affaires. Aujourd’hui, Claude, c’est clair, avait deux familles.

A l’heure de la découverte, Feras est adulte et annonce à ses trois demi-frères et sœur son arrivée en France. Laquelle arrivée coïncide exactement avec l’attentat du Bataclan. Panique absolue : cette coïncidence ne peut pas être le fruit du hasard, et d’ailleurs, Feras a des complices dans le cercle professionnel et rapproché des Simart-Duteil.

Le récit décrit avec une précision absolue le dispositif d’auto-défense que les Simart-Duteil

édifient, autour du cercle familial, pour se mettre à l’abri de la puissance destructrice ce cet autre, étranger dangereux. Désormais un seul objectif pour eux : empêcher l’Autre de nuire, car cet Autre ne peut avoir qu’une seule visée, destructrice. Barrières et outils sécuritaires s’accumulent tout au long du récit. Et l’on sent bien que tout va continuer quand onaura fermé le livre !

La narration est donnée dans une langue moderne et sans emphase. Sans mots qui dramatisent le récit fait vivre la montée de la panique et l’absurdité redoutable des moyens que les Simart-Duteil développent et accumulent.

Une histoire hélas peut-être banale, tant il doit y avoir de Simart-Duteil.

Un livre qui parle tout simplement de la société qui est la nôtre, de nous. Et c’est là la grande « leçon » que donne l’auteure. Une leçon terrible tellement elle est lucide.

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Patte blanche

Nous avons la Jonathan Franzen francophone. Elle s’appelle Kinga Wyrzykowska. Retenez bien son nom. Pas facile comme ça a priori mais on va s’habituer. Car on n’a pas fini d’entendre parler d’elle. Enfin je l’espère. Vous avez aimé « Les corrections » ? Vous aimerez « Patte blanche ».

Une famille aisée, « des gens bien », que vous enviez avec leur grosse maison à tourelle, leur allure, leur classe. Le père, Claude, a fait fortune dans la construction d’autoroutes au Moyen-Orient. Quand il se retire, il investit sa fortune dans une clinique de chirurgie esthétique pour son cadet. La mère, Isabella, est toujours une femme sublime, qui vit avec un homme de l’âge de ses enfants depuis le décès du père. Les trois enfants, Paul, ont a priori une vie accomplie. Une véritable success story. A priori. Car lorsque Paul découvre qu’ils ont un demi-frère caché en Syrie, et que ce dernier pour fuir la guerre arrive en France, c’est la panique ! Surtout en cette période d’attentats islamistes… Ainsi dans la famille les secrets se révèlent, les vrais visages se découvrent.

A travers l’histoire déjantée de cette famille bourgeoise, nous avons un portrait au vitriol de la société actuelle : culte de l’image, pièges et ravages des réseaux sociaux, rapports de chacun à l’immigration et à l’islam. Toutes nos peurs (peur de vieillir, peur de l’autre, peur de ne pas être dans le coup), qui peuvent nous faire perdre le sens des réalités.

J’adore l’écriture de Kinga Wyrzykowska, très directe, cash, dans l’air du temps. Pas de temps à perdre avec les tirets pour les dialogues, ils sont fondus enchainés dans le corps du texte, mélangés aux descriptions (et on arrive bien à savoir qui parle). Ça fuse. Ça claque. Bim Bam. Ça déménage. Et ça part complètement en vrille, et c’est jouissif !

Un excellent moment de lecture que je vous recommande sans réserve.

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De nos propres ailes

Elles sont 6 dans l’équipe de volley, 6 copines « à la vie à la mort ». Alors forcément la nouvelle, Gladys, a dû mal à trouver sa place... Elle se sent un peu comme « la septième roue du carrosse » et elle hésite à quitter l’équipe. Mais quand Tina se blesse et qu’elle est invitée à participer au tournoi Heaven à La Désirade à sa place elle ne peut refuser. Par amitié les filles vont tout faire pour payer malgré tout un billet d’avion à Tina, pour qu’elle puisse au moins assister à la compétition. Elles ont presque réussi à réussir la somme, malgré de nombreuses difficultés, quand la cagnotte est dérobée dans les vestiaires...

Des personnages plus ou moins attachants, aux contextes familiaux contrastés et avec chacune leur caractère propre. Mais l’histoire n’est pas aussi gentillette qu’elle en avait l’air au départ, cela dérape parfois et à plusieurs reprises la violence fait irruption, qu’elle soit physique ou verbale, jusqu’à surprendre les protagonistes eux-mêmes. Du coup c’est un peu les montagnes russes des émotions pour nous et les filles de l’équipe. Le récit est parfois dérangeant, certains personnages m’ont mise un peu mal à l’aise, notamment Gladys (« 2 de tension » et « un regard de veau qu’on mène à l’abattoir », mal dans sa peau elle finira par se rebeller) et Milena (grande gueule, mais en fait sans courage, même si elle est gentille au fond). C’est un récit qui finalement n’est pas innocent, au point que je l’ai trouvé un peu oppressant même par moment.

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De nos propres ailes

Les filles de l’équipe de volley du lycée Saint-Exupéry sont en train de réaliser leur rêve : elles ont gagné la coupe de FranceHeaven ! Elles vont donc partir disputer la finale internationale aux Antilles, à La Désirade ! Dans l’équipe, elles sont sept, mais il n’y a que six places pour La Désirade… C’est Gladys, la dernière arrivée, la remplaçante, qui restera sur le banc de touche, une fois de plus. Découragée, Gladys s’apprête à annoncer qu’elle arrête le volley, quand une de ses co-équipières, Tina, se casse l’épaule, lui laissant sa place pour la finale. Les autres joueuses ont alors l’idée de créer une cagnotte pour payer le billet de Tina, afin qu’elle les accompagne, malgré tout, dans l’aventure…



L’avis de Rachel, 14 ans : On suit sept jeunes filles différentes qui se battent dans un but commun : le volley. Ce livre est bien écrit et agréable à lire. On découvre les vies de ces jeunes filles. Elles ont chacune leur part de problèmes et leur envie de réussir. Elles sont toutes attachantes. Un bel appel à la liberté ! 



L’avis de la rédaction : Il m’a semblé que ce livre était davantage un roman d’apprentissage – violent – qu’une “grande histoire d’amitié” comme l’annonce la couverture.
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De nos propres ailes

Le sujet de ce livre m'a amené à l'acheter. Mais la lecture terminée, j'éprouve un certain malaise et une certaine réticence à le mettre entre les mains de collégiens. L'auteure

décrit plutôt bien les émois, les colères, les envies de ces jeunes volleyeuses. Mais le récit est parfois confus et on peine à comprendre qui parle, qui est qui. Enfin, les relations de ces adolescentes, si elle reflète sans doute une réalité, sont très violentes.
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