Knut Faldbakken

Il y a des livres qui traînent parfois longtemps chez nous, sur un dessus d'étagère ou sous le bord du lit et qu'on attrape un soir en se disant "c'est ton tour, mon gars" !



On le commence et on se rend compte que ça nous dit vaguement quelque chose, que l'enquête ne nous est pas totalement inconnue, que des détails nous reviennent ...on continue quand même la lecture parce qu'il est vachement bien ce polar et soudain, page 223, on trouve un morceau de papier plié avec dessus une belle critique du livre toute bien rédigée, et bizarrement ça ressemble sacrément à notre écriture, dis donc !



On en conclut donc au choix : qu'on fait un alzheimer précoce, qu'on a des lutins farceurs chez soi, qu'on est rudement fatiguée ces temps-ci ou que finalement, ce polar vachement bien, bah, il était en fait peut-être pas si bien vu qu'en quelques semaines, on l'a carrément oublié.

Pour info, j'ai du relire la fin, car qui avait tué qui, bah, je ne m'en souvenais plus ...mais c'était bien quand même !

Jacob Lind, fringant septuagénaire, est retrouvé mort dans le local où il a fêté, avec d'autres retraités de son quartier, la fête nationale norvégienne. Lind étant diabétique depuis de nombreuses années, la police tend à privilégier la thèse de l'accident.

Mais l'inspecteur principal Valmann n'y croit pas. Plusieurs questions sont soulevées par ce cas et perturbent l'inspecteur. Pourquoi Edith Sommer et Elise Valmoe, deux quinquagénaires de l'Amicale dont faisait partie Jacob Lind affirment-elles toutes deux avoir été fiancées à Jacob ? Pourquoi Jacob Lind possède-t-il autant de tableaux dans son grenier alors que son appartement, meublé chichement, prouve qu'il vivait de façon très simple ?

Un choc supplémentaire attend Valmann : le défunt n'est inscrit dans aucune archive officielle. Nulle part, on ne trouve la trace d'un dénommé Jacob Lind...





Quel beau polar que cet Athlète ! Etonnant et assez inhabituel, mais très agréable.

Un mot sur l'ambiance, tout d'abord. Contrairement à ses "collègues" scandinaves (je pense à Erlendur et à Wallander), l'inspecteur principal Valmann mène l'enquête dans une Norvège qui accueille le printemps avec beaucoup d'enthousiasme : séances de bronzage au bord des lacs, soirées douces et sereines. La nature norvégienne n'est pas aussi hostile que l'Islande d'Erlendur et tout est réuni pour que l'on se sente bien dans ce polar.



Valmann lui-même est également très différent. Comme tous les héros scandinaves, il a vécu un drame. Sa femme est morte et son veuvage commence à lui peser. Mais l'inspecteur n'en oublie pas pour autant le bonheur et le plaisir de se sentir attiré par le sexe opposé, puisqu'il est très intéressé par sa jeune collègue, Anita Hegg. Ces deux enquêteurs forment une bonne équipe : ensemble, ils atteignent un bon niveau de déduction et parviennent à comprendre ce qu'on tente de leur cacher.



En ce qui concerne l'intrigue, c'est assez... étonnant. Il est assez rare de lire un roman centré sur la sexualité des septuagénaires, non ? Eh bien, c'est surtout de cela qu'il est question, puisque l'une des héroïnes est plutôt très portée sur le sexe. Le titre d'Athlète vient d'ailleurs d'un tableau sur lequel fantasme cette femme : une représentation de la descente de la Croix. Cette gentille dame très élégante et sans histoire passe ses soirées à observer ce tableau tout en se baladant nue ! Très spécial donc, mais pas désagréable.



Car il n'y a pas que les pulsions sexuelles du troisième âge dans ce roman. Les énigmes affluent et les enquêteurs bataillent pour comprendre ce qu'il s'est réellement passé lors de la mort de Jacob Lind, l'homme retrouvé mort. On suit l'enquête pas à pas, à tel point qu'il n'est pas vraiment difficile de deviner l'identité du coupable. Le motif du meurtre se dessinent également petit à petit, au fil des investigations de Valmann et de Hegg.



Knut Faldbakken a écrit plusieurs romans mettant en scène l'inspecteur principal Valmann. Je les découvrirai avec beaucoup de plaisir.

Ce polar un peu atypique se distingue par son sens de la dérision et l'humour bien présent.

Victimes et coupables apparaissent de plus dans le camp de septuagénaires qui nous réservent bien des surprises.

Tout commence par la mort d'un homme âgé et diabétique, victime d'un viol à la fin d'une soirée pour retraités.

Rien de glauque cependant, mais l'annonce faite au lecteur d'une sexualité bien présente dans le rang des seniors.

Le fait qu'elle soit fantasmée en lien avec la religion, c'est le cas du tableau de la descente du Christ rebaptisé l'athlète, n'enlève rien à cette part d'érotisme sous-jacent.



Même si l'enquête est menée sur un ton léger, avec en toile de fond l'éclosion du printemps en Norvège, les révélations sur le passé nazi des norvégiens ancrent le roman dans l'Histoire.

L'auteur révèle les spoliations de biens envers les populations juives, et surtout le vol de tableaux. On devine rapidement, sans que cela nuise au récit, que l'enjeu est celui d'une vengeance et de la récupération des œuvres volées.

Parallèlement, les remarques de l'auteur sur le racisme et la montée de l'extrême droite signalent son inquiétude face à la résurgence des néo-nazis.

Bien construit et d'une lecture plaisante.

Frontière

Vacances

Vacances entre la Suède et la Norvège

Vacances le long d'une route qui quitte Stockholm pour arriver à Oslo

Passer par Karlstad, destination pour un week end presque exotique pour un policier norvégien

Être à deux pas des lieux de l'intrigue de ce livre

Parcourir, une route boisée, interminable mêlant les forêts de sapins et les lacs tous plus ensorcelants les uns que les autres

Visiter des villes improbables, avec leurs foyers logements, Arboga en est un exemple après la tuerie dans un magasin Ikea à Västerås, dans le centre de la Suède

Faire la différence entre la Suède et la Norvège, frontière mouvante, il n'y a presque que l'alphabet qui change le "ö" étant remplacé par le "ø"

Se rappeler que "Il avait toujours l'air de faire plus mauvais temps dès qu'on laissait la frontière suédoise derrière soi"

Alors ce livre qui nous racontent une histoire avec

Des hommes et des femmes simples individus essayant de vivre et d'être heureux au milieu de sombres trafics,

Des hommes pourris, paumés, abusés,

Des femmes victimes de la famille, du pas de chance, du pas nées où il aurait fallu.

Constat d'une société qui peut partir à la dérive si on n'y prend garde,

Knut Faldbakken semble être un homme "juste" qui explique les dérives des délinquants, sans les excuser pour autant, qui garde toujours un œil ouvert pour ne pas faire que condamner, qui dénonce les accidents de la vie qui peuvent, provoquer une glissade du mauvais côté, faire basculer presque inéluctablement dans le mal absolu... Ne nous trompons pas, il ne leur trouve pas d'excuses, il les condamne mais nous monte aussi la responsabilité de la société dans leur chute vers le non droit.

Je vous assure que si la vie vous emmène dans ce coin de Norvège-Suéde vous ne tremblerez pas, vous serez vous aussi émerveillés par ces paysages rassurants, protecteurs qui sont aussi beaux en réalité que ceux qui sont décrits dans ce récit,

Et peut être aurez vous la chance de rencontrer un dénommé Henning Menkel, après savoir si c'est le vrai ou le faux, ça, l'histoire ne vous le dira pas !

En voilà un bon polar.



Au lendemain d'une sauterie au club du troisième âge, on découvre le cadavre de l'un des convives sur les lieux de la fête.

De naturel ce décès apparaitra rapidement douteux et la victime

progressivement mystérieuse.



La machine à suspens est lancée et tient le lecteur jusqu'au bout sans excès d'horreurs et d'hémoglobine.



Les ressorts psychologiques, si souvent utilisés pour justifier l'invraisemblance de nombreux thrillers, restent ici plausibles.



On pourrait déplorer une intrigue à la mode d'Indriðason, trouvant une énième fois son origine dans la seconde guerre mondiale , mais je chipote.



Bon travail.

Le printemps norvégien.



Polar norvégien, écrit il y a plus de 10ans et qui n’a pas pris trop de rides.



Polar scandinave mais pas forcément « glacé » puisque l’histoire se déroule au printemps au moment où la nature s’égaie et révèle ses atours les plus somptueux.



L’histoire n’est pas urbaine : elle a pour cadre la campagne norvégienne où l’on découvre un couple âgé, bien sous tout rapport, assassiné chez lui et, dans une zone peu éloignée, un cadavre inconnu abandonné depuis plusieurs mois. Deux affaires. Deux équipes. Oui mais voilà, notre héros Valmann chargé de la seconde affaire se sent personnellement lié à la première…



Homme bourru, entêté, secret, le voilà en quête d’indices pour les trois meurtres et en guerre contre sa hiérarchie et son collègue incompétents.



L’intrigue est embrouillée à souhait, les pistes et fausses pistes se succèdent, les hypothèses s’enchaînent jusqu’aux étonnantes révélations finales.



En bref, un polar nordique classique et plaisant qui nous promène dans de magnifiques paysages, à la découverte d’une société toujours surprenante pour la latine que je suis. Une société peuplée d’introverties/introvertis.

Knut Faldbakken - Trilogie Inspecteur Valmann

- L’ATHLETE

- Frontiere Mouvante

- Gel Nocturne



POKER ?

Trilogie inconnue de moi jusqu'à présent, méconnue sans nul doute. L'auteur, un Norvégien enième des croix sur la bannière à succomber aux appâts du polar, la commença, la soixantaine entamée. Il est dans l'octantaine à présent, sans avoir fait beaucoup de romans avant. Autant dire que les bans sont clos et qu'il n'y aura plus guère à traduire.



Le premier livre de 2004 pourrait faire partie de la collection du Masque aux côté d'Exbrayat Charles et de Charles Wallace, pour club du troisième age. Pas de grandes originalités. On retrouve presque les codes qui ont fait Hercule Poirot, sans l'intelligence pernicieuse du Belge, quoique le gout un peu porté sur la gueuze. C'est lent, ça se déroule presque linéaire. de temps en temps on passe de l'un à l'autre dans le récit, mais on se garde de le faire avec les principaux protagonistes. J'en dis presque trop. Et le dénouement est un peu téléphoné. Je vous rassure. On est encore aux appareils à touches ou cadran.



Long passé psycho-socio-socialo derriére l'auteur. Cela se sent, à être presque pesant. le style est absent mais lourd également. Etrange. Si c'est son premier polar ce n'est pas le premier essai qu'il commit. Et lui qui s'est dit critique littéraire.



Cela reste Honnête. Vous pouvez en avoir pour votre argent. Au fait quelle couleur lui donnerez-vous ? Pour moi Couleur de la Suite. "Pour Voir".

.Thomas Glahn ex militaire , tireur d’élite , est dans la débine . Mack , un camarade de régiment , lui vient en aide , le présente à Edvarda , sa fille et à sa femme Eva. Il y a un côté de « Bel-ami » dans ce début . Mais si Glahn est effectivement un séducteur , il est loin d’être aussi cynique de Duroy et ,lui , il tombe amoureux de ses conquêtes. Et il y a chez Edvarda un côté allumeuse à la Lolita . Et l’ami Mack n’est pas clair du tout dans le genre beauf . Tout cela va mal finir. Un roman norvégien un peu trop alambiqué dans la psychologie à mon goût , où la nature est aussi très présente .

Ce livre aurait pu s'appeler conte de la folie ordinaire? Le titre était déjà pris...alors?

L'homme qui murmurait à l'oreille des feuilles? Trop facile?

Roman.....étude psy-quelque chose.....compte rendu d'un homme qui essaie de nous faire comprendre sa folie...réflexion à propos d'une oeuvre d'art et des surprenantes révélations qu'elle pourrait entrainer......lecture, bien loin du roman noir!

Ce n'est que le témoignage d'un homme seul, non confronté à la réalité que nous ne pouvons qu'imaginer. Nous serons impuissants face aux bruits des forêts imaginaires qui peuplent l'univers de Glahn, et nous l'accompagnerons tout au bout de son chemin.

Sensualité, sexualité, perversité, obsession?

Où est la vérité? Ce qui nous est raconté?

Où est l'amour? Charnel ou intellectuel?

Dans tous les cas, pour contredire la quatrième de couverture, "je ne glisserais pas ce livre dans le cartable d'une jeune fille en fleurs pour la prévenir de ce qu'est l'amour" car je ne crois pas que ce livre soit une démonstration ou une explication de l'Amour. Peut être juste un fantasme ou un délire !

Knut Faldbakken - Trilogie Inspecteur Valmann

- L’Athlete

- Frontiere Mouvante

- GEL NOCTURNE



SYNTHESE ?

Troisième opus. Cinq ans seulement pour la trilogie. On est dans le progrès même s’il y a toujours trop de pages.



Le premier, on tourne vite en rond, de la densité qui est touffue dans la banalité.



Le deuxième, il a corrigé mais dans la facilité au lieu de la simplicité, une sorte de rakfish pas salé. Toutefois l’intrigue, c’est un peu plus arrangé.



Et ce troisième, me direz-vous ? Il est au rendez vous. Il n’est pas retombé dans les lacunes des deux premiers. Plus de chair aux personnages, plus de cinema dans les paysages. Une intrigue valable, dans les standards du polar. Un dénouement qui se tient.



Certes on peut mieux faire. Une ultime réécriture pour condenser cela aurait été pas mal. Mais c’est tout de même une synthèse, après de pauvres thèse et antithèse.

Knut Faldbakken - Trilogie Inspecteur Valmann

- L’Athlete

- FRONTIERE MOUVANTE

- Gel Nocturne



PFFHH ! ou PSCHIT !

Je vais vous donner un exemple. Vous avez le même coin paumé dans une forêt, sur une route déserte et plein de neige. Et vous avez qui arrivent successivement par hasard inopinément, qui se connaissent tous,plus ou moins, la pute russe, le client, le flic, puis re le client, puis re le flic, puis le truant, puis l’autre flic. Et ce sont les principaux acteurs du livre. Et c’est tout comme cela.



Ah il a bien assimilé les leçons notre Knut. Ça a cravaché. Belle unité d’action, de lieu, de temps. Sauf qu’il s’est peut étre gouré de manuel. C’est bon au théâtre, qu’il affectionne, mais dans un polar, c’est un peu crevard.



Et les personnages qui manquent de substance, et la gueuze qui ne fait pas de mousse. Et l’intrigue c’est du rabaché. Et le dénouement est parachuté. Et, Et, Et...Tout est à l’avenant. Sauf peut être le cours de géo-politique Norvégio-Suedois. Mais bon, avec trois pages ça va.



Vous avez compris. J’ai fait un gros PFFHH ! à lire cette trilogie qui pour moi est en train de faire PSCHITT.

Lydia et Georg Hammerseng sont retrouvés morts dans leur maison à Hamar. Non loin de là, dans la forêt, un cadavre est découvert. Valmann, inspecteur de police, enquête sur ce cadavre, qui est là depuis un certain temps. Sa compagne Anita, également dans la police, fait, elle, partie de l’équipe qui enquête sur le décès des Hammerseng. L’intrigue policière est passionnante, mais ce qui frappe le plus le lecteur, c’est l’accent mis sur la psychologie des protagonistes. Knut Faldbakken crée des tensions au sein de groupes de personnages, puis décrit avec soin les différentes réactions consécutives à ces tensions et les comportements qui en découlent.





Ainsi Moene, la commissaire de police, a décidé que l’affaire Hammerseng était simple: le mari s’est suicidé et sa femme, en fauteuil roulant à l’étage est morte des suites d’une chute dans l’escalier. Quiconque sous ses ordres remet en cause cette hypothèse est mis sur la touche ou empêcher d’enquêter. On va suivre les différentes réactions face à ce diktat. Certains s’exécutent, d’autres plus curieux ou moins soumis, passent outre et font des recherches discrètement. Bien sûr l’efficacité de l’enquête s’en ressent. Et l’ambiance est à couper au couteau.





Des tensions existaient aussi au sein de la famille Hammerseng, elles vont être progressivement révélées. Des relations difficiles entre le mari et la femme, et surtout entre eux et leurs enfants, Hanne et Klaus. Ce qui explique sans doute la disparition des deux enfants, qu’il faut prévenir du décès de leurs parents. Pourquoi ont ils coupé les ponts avec leurs parents? Où sont-ils? S’ils sont encore vivants, pourquoi ne se manifestent-ils pas? Ont-ils joué un rôle dans la mort de leurs parents?





Il y a même des tensions au sein du couple Valmann - Anita. Le meurtre des Hammerseng amène Valmann à se remémorer un épisode douloureux de sa relation avec Klaus Hammerseng dont il était l’ami. Épisode qu’il veut taire à Anita qui s’en offusque. Pire, Valmann enquête de son côté sur le décès des Hammerseng, mettant franchement en colère Anita. Mais Anita en se faisant passer pour son compagnon, essaye de contacter Klaus, et le cache à Valmann. Le couple traverse une crise comme jamais il n’a traversé. Les secrets, les non-dits entre eux deux iront jusqu’à les mettre en danger. Leur couple résistera-t-il à la recherche de la vérité?





On assiste donc à la fois à l’avancement - assez entravé il faut le dire - des enquêtes sur les Hammerseng et sur le cadavre dans la forêt, et à l’évolution psychologique des protagonistes, jusqu’au dénouement final rempli de suspense et de rebondissements. Très différent de Frontière mouvante, Gel nocturne est également un grand roman.

C'est un très bon roman policier, même s'il n'est pas écrit par Henning Mankel (dont l'auteur sourit d'ailleurs). Ambiance de forêt et de neige et puis le plaisir suivre à la fois le coupable et le policier et les ressorts qui les font agir, un policier qui risquera sa peau et un coupable qui ira vers la rédemption grâce à l'amour qu'il porte à sa fille.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org

Un polar norvégien attendait son tour tranquillement dans mon mouton à lire .... gel nocturne. Un auteur dont les deux précédents romans traduits en France "l'athlète" et "frontière mouvante" m'avaient bien plu même si un norvégien chez lequel j'avais atterri dans sa belle maison dans le petit Berlin en face d'Oslo, m'avait fait cette remarque : c'est un vieil auteur. Par contre "la séduction", autre roman m'avait laissé sur la rive de l'incompréhension !

Ce n'est effectivement pas un petit jeunot qui nous a concocté ce polar venu du froid mais qu'importe.

Commençons par le plaisir de découvrir la vie dans une province norvégienne, Hamar, petite ville entre Oslo et Lillehammer, à la hauteur de Bergen mais bien dans les terres, pas très loin de la frontière suédoise. Me Wikipedia nous donne un bref résumé de cette ville :

Hamar est une ville et municipalité dans le comté du Hedmark, en Norvège, située au cœur d'une région de 85 000 habitants, qui fut un centre de pouvoir important à l'époque Viking et le siège d'un évêché et un lieu d'échanges commerciaux au Moyen Âge, et qui compte parmi les plus importantes zones agricoles du pays.

Une autre vision de cette région dans les premières pages du livre nous en donne un aperçu : "la forêt s'étendait, dense et menaçante, dans toutes les directions, aspirait à elle le peu de lumière du jour qu'il y avait, le lac n'était qu'une surface morte."

Ça donne déjà moins envie !

Une belle histoire sur fond de guerre, des équipes policières, les intuitions des uns, les certitudes des autres, le besoin de se faire mousser dans la presse à scandales, etc

Il y a de tout ça au milieu d'une histoire familiale compliquée qui permet de mettre en difficulté la réputation d'une famille honorable.

La morale de l'histoire .... ne pas se précipiter, réfléchir, ne pas se fier aux réputations des uns et des autres, ne pas se laisser éblouir par ses souvenirs, par la bienséance ... et ne pas oublier .... l'illusion que donne parfois la bonne bourgeoisie.

D'une rare beauté..........

Un polar norvégien, qui tord le cou à quelques clichés: non, il ne fait pas toujours froid en Norvège,au club du 3ème âge , les adhérents ne se contentent pas de faire tapisserie, la lingerie sexy n'est pas réservée aux moins de vingt ans...Une enquête pas désagréable à suivre, avec la seconde guerre mondiale en arrière-plan, des tableaux de prix cachés, un inspecteur sympathique et une vieille dame mêlée à des morts suspectes: plaisant , mais la solution de l'énigme est un peu trop annoncée... L'Argentine est une retraite trop connue pour des criminels de guerre nazis, l'insistance à mettre le tableau d'Elise au coeur de l'intrigue, le choix du nom Lindorff permettant une transformation transparente en Lind et Dorff, la découverte des marques au dos des tableaux... trop d'indices bien appuyés pour laisser un semblant de surprise!

De quoi donner envie néanmoins de découvrir les autres enquêtes de Valmann.

Le premier de cet écrivain que j'ai lu, et absolument renversant au niveau des impressions générées par cette lecture....

A Hamar, petite localité norvégienne au nord d'Oslo, l'Amicale des retraités, dirigée par Loretta Due, donne comme chaque année une petite réception pour la fête nationale du 17 mai. Mais le lendemain, on retrouve sur les lieux des festivités le cadavre du vieux Jacob Lind. Compte tenu de son âge avancé et de son diabète, l'homme pourrait avoir succombé à une mort naturelle mais des détails troublants concernant sa tenue vestimentaire confirment la thèse du meurtre avancée par l'inspecteur Valmann. Avec sa jeune collègue Anita Hegg, il va donc enquêter dans la petite communauté des retraités de la ville. Deux femmes attirent tout de suite leur attention. Edith Sommer, gentille mais un peu simplette et Elise Valmoe, vieille fille romantique et rêveuse. Elles prétendent toutes les deux avoir été la fiancée du défunt. Banale en apparence, l'affaire va se compliquer d'abord parce que Jacob Lind semble être un inconnu pour l'Etat civil et ensuite avec l'assassinat d'Edith dans le jardin d'Elise. Au coeur du mystère, la vie cachée de Jacob Lind qui vivait chichement mais entreposait dans son grenier une collection d'oeuvres d'art assez conséquente.





Cette enquête va trouver sa solution dans l'Histoire récente de la Norvège et son passé nazi que j'ai découvert à cette occasion. Les retraités qui semblent vivre paisiblement cachent de lourds secrets...Je découvre aussi avec ce livre un nouvel inspecteur venu du froid. Comme ses collègues plus connus, Valmann aime prendre son temps, suivre des pistes et fait confiance à son instinct. Quadragénaire, veuf, solitaire malgré lui, il n'est pas très à l'aise avec sa collègue et a toujours peur de commettre un impair. Je l'ai apprécié et je ne rechignerai pas à lire la suite de ses aventures. A lire pour l'originalité des personnages au charme désuet, le contexte historique et le duo Valmann/Hegg.

Avec son premier roman policier - L’athlète - le norvégien Knut Faldbakken nous transporte à Hamar, sa ville d’adoption. Le roman nous présente une galerie de personnages aux multiples facettes qu’ils soient victimes ou suspects. Face à ces personnalités complexes, le lecteur ne sait que penser, mais il admire le travail d’écriture de l’auteur qui arrive à nous les dépeindre avec grand talent. Il y a Jacob Lind, le vieux monsieur gentil - que personne ne connait réellement - qui emprunte des livres de guerre et des livres d’art à la bibliothèque de Parkgarden. Il y a Elise Valmoe et Edith Sommer qui travaillent alternativement dans cette bibliothèque. Toutes deux célibataires, dans la cinquantaine et toutes deux vivant dans un rêve éveillé. L’une, mentalement déséquilibrée, l’autre, femme enfant. Il y a aussi Loretta Due, femme autoritaire, excentrique, qui a aidé ces deux femmes à trouver leur voie, et Madame Falkenberg une habituée de la bibliothèque, mais vraie commère. Et puis il y a Underland le concierge et homme à tout faire des immeubles du quartier d’Ostregate, où un meurtre vient d’être commis. Quelques jours auparavant, c’est un habitant de ce même quartier d’Ostregate qui avait été retrouvé mort, après une soirée de célébration du 17 mai (fête nationale de la Norvège). Les deux affaires sont elles liées? Y a-t-il un tueur en série qui élimine les habitants du quartier?





La police d’Hamar enquête, mais les habitants d’Ostregate, surtout des personnes âgées, n’ont rien vu, rien entendu. Ce qui n’aide pas notre duo d’enquêteurs: Jonfinn Valmann et Anita Hegg. L’enquête piétine, mais l’intérêt de lecture reste soutenu par l’étrangeté des situations. C’est Anita, qui devant toutes ces choses anormales que révèle l’enquête, dit : «  Tu crois avoir quelque chose et ça t’échappe. Cette enquête, c’est comme ramer avec les mains. » Et c’est plus tard Valmann qui s’exclame, après l’entrée en scène d’un nouveau protagoniste venant de l’étranger: « On ne s’en sort déjà pas avec la galerie de portraits actuelle. Un sacré casse-tête. » Et puis Valmann - qui est veuf - est attirée par Anita beaucoup plus jeune et qui sort avec un autre policier. On va suivre l’évolution chaotique de leurs relations. C’est un roman fouillé, jamais ennuyeux, jamais invraisemblable, avec son lot de rebondissements, et qui nous invite à réfléchir au poids du passé sur les évènements du présent.

Ce qui rend ce roman très intéressant, c'est la découverte du Finnskogen, ce pays de forêts et de lacs qui s'étend de part et d'autre de la frontière entre la Suède et la Norvège. C'est le lieu de tous les trafics par les multiples petites routes sans poste de douanes, entre la Suède dans l'UE et la Norvège en dehors. Trafic de marchandises, mais aussi traite d'êtres humains. En 2011, quand le livre a été écrit, la Suède avait rendu illégale la prostitution, mais pas encore la Norvège. L'intrigue du roman part de cette situation. Arne Vatne, menuisier divorcé, est client des prostituées. Il va rencontrer Vlasta, une prostituée russe qui travaille dans une petite caravane au Fagerfjell Camping en Norvège. Puis après la disparition de Vlasta, il va rencontrer Alka une prostituée qui vient d'Ukraine, et qui cherche à fuir ses souteneurs. Bo Dalen dont le camion s'est renversé non loin de la frontière, fait lui surtout dans le trafic de drogue. Valmann de la police de Hamar (Norvège) enquête. Timonen, policier au statut particulier, cherche lui à arrêter les têtes de ce trafic de drogue transfrontalier, avec ses méthodes…





Knut Faldbakken aime les personnages complexes, ni tout blanc, ni tout noir. Certains présentent des fêlures qui les fragilisent. D'autres au contraire semblent se cacher derrière un masque fait de professionnalisme et de courtoisie. Dans les deux cas, ses personnages nous font douter d'eux à un moment ou à un autre. Est ce qu'Arne, alcoolisé, a vraiment renversé et tué une femme sur la route? glissante il est vrai. Pourquoi Anne la fille d'Arne, étudiante, disparait-elle sans donner de nouvelles avec cet Alban à la grosse BMW? Est ce vraiment son nouvel ami? Pourquoi le patron d'Arne, Didriksen, est-il toujours si prévenant avec Arne? Qu'est ce que ça cache? Pourquoi Valmann a-t-il toujours un mauvais feeling quand il est en présence de Timonen? Enfin Valmann n'est il pas un peu trop ‘tendre' et indépendant pour pouvoir mener efficacement les enquêtes qu'on lui demande de mener?





Ce n'est pas un roman policier classique. D'abord, parce qu'on éprouve toujours un sentiment de malaise et de frustration. Trop d'évènements surviennent en même temps, homicide, meurtres, disparitions, trafics en tout genre et Valmann n'a ni les moyens, ni l'autorisation de mener une enquête sur tous ces faits, d'autant plus qu'il y a les enquêtes côté suédois et celles côté norvégien. Et puis, l'auteur consacre une part importante du récit à la vie compliquée d'Arne, le menuisier, et nous livre au passage un beau portrait d'homme déchiré, qui ferait tout pour sa fille. Mais la vraie héroïne du roman, c'est la forêt, la forêt sous cette neige incessante. ‘L'obscurité et la neige lui ayant fait perdre tout sens de l'orientation, il se borna à suivre ce chemin…. Il crut longer sur sa gauche un grand lac, puis une rivière et de nouveau un lac…..Il chercha un panneau indicateur, mais la plupart étaient recouverts de neige. Quand enfin il put en voir un, il reconnut les couleurs rouge et blanche: il était en Norvège. Il avait donc franchi la frontière sans même s'en apercevoir!' Frontière mouvante!





Du suspense, des rebondissements, des portraits forts d'hommes et de femmes qui essayent de s'en sortir, des beaux paysages. Juste peut être, un petit manque d'émotion, sans doute due à l'ambiguïté des protagonistes.