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Critiques de Laird Hunt (154)
Les Bonnes Gens

Voilà un roman oppressant et ambitieux qui s'étend de 1830 à 1930, traversant ainsi la Guerre de Sécession, aux Etats-Unis. L'action principale du roman se situe dans une ferme du Kentucky où Ginny, vieille dame à présent, se raconte. Elle est partie à l'aube de ses quatorze ans pour suivre un lointain parent, Linus Lancaster qui a fait miroiter à sa famille la vie de riches propriétaires terriens. Le couple part ensemble pour occuper une bâtisse qui est en fait loin d'être un palace. Mais ils ont à leur service des esclaves dont deux filles aux noms de fleurs, Cleome et Zinnia, âgées de dix et douze ans. C'est un avantage certain d'être servis alors, même si les jours ne sont pas toujours roses et que Linus s'occupe plus de ses porcs que de sa femme, celle-ci a l'avantage de la compagnie permanente de ces filles. Mais le climat vire aigre lorsque le maître des lieux abuse des filles et que Ginny en cultive une certaine rancœur. Alors que Cleome et Zinnia sont livrées à elles-mêmes, soumises à l'entretien de la maison et rudoyées, Ginny adopte la même attitude que son mari, froide et distante.



Le ton des confidences se fait plus lointain et le couple devient ensemble capable des pires rudesses.



Mais un jour les esclaves se rebellent et Linus est assassiné. Livrée à deux filles déchaînées de violence, Ginny doit maintenant lutter pour sa survie. Et c'est incroyable comme le quotidien peut se révéler rude quand on est seule et sans espoir !





Le livre est très sombre mais j'ai quelque part été très intéressée par le retournement de situation : les esclaves qui prennent le dessus sur leurs maîtres. Cette période de tension est très bien transcrite et on sent toute la nervosité entre Blancs et Noirs. Par peur de l'autre, les puissants asservissent et les esclaves se soumettent. Mais comme rien n'est figé et que justice a voix au chapitre, Cleome et Zinnia, en couple infernal, font à leur tour subir brimades et sévices à celle qui reste, Ginny la lâche, solidaire de son mari. On comprend ainsi pourquoi, des dizaines d'années après, Ginny est rebaptisée par ses voisins Scary Sue.



Avant et après ces épisodes, on fait connaissance de personnages annexes, d'une histoire familiale plus complexe et toutes les ramifications se révèlent au grand jour, laissant place à une certaine compassion là où la pitié n'a plus de place.
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Zorrie

Il y a peu, j’ai écouté une interview de Laird Hunt sur France Culture lors de la sortie de ce livre. Je ne le connaissais pas et ai été aussitôt enthousiasmée par l’homme et ma curiosité a été piquée. J’ai donc acheté Zorrie qui me laisse subjuguée, et m’a émue comme il y a longtemps que cela ne m’était plus arrivé. La délicatesse, la finesse, la pudeur de l’écriture ainsi que l’analyse psychologique de Zorrie en font un enchantement. J’ai fini en larmes totalement bouleversée…
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Dans la maison au coeur de la forêt profonde

Étant une fan de Carole Martinez et Hubert Haddad, les textes oniriques, mystiques, magiques et flous ne me dérangent absolument pas . Mais je peux concevoir que ce genre ne plaise pas à tout le monde !



Dans la maison au cœur de la forêt profonde, est un conte (revisité), avec tous les codes que l’on connaît, où des zones d’ombre demeurent. En effet, en refermant ce roman, je n’ai pas eu les réponses à toutes mes questions, mais ce n’est pas très grave finalement, car la fin a su me surprendre, et Laird Hunt, auteur que je découvre, m’a totalement plongée dans son univers ! Un récit féministe, qui prend son temps, où il ne fait pas bon d’être un homme 🙃, et où rêve et réalité se côtoient.



Nous sommes en Nouvelle-Angleterre, dans une époque lointaine et indéfinie. Goody, une jeune femme, part cueillir des baies dans les bois, laissant son mari et son fils à la maison. En voulant rentrer chez elle, elle se perd. Elle tombe alors sur Capitaine Jane, une femme qui guide les âmes perdues de la forêt. Elle l’emmène alors chez Eliza, où elle pourra se reposer, panser ses plaies et se restaurer. Mais Goody n’a qu’une idée en tête, retrouver son mari, « son homme » (la répétition de « mon homme » m’a d’ailleurs un peu agacée 😆), et son fils. Mais ce retour sera semé d’embûches. Seraient-ce les bois qui l’empêchent de rentrer, les loups,ou bien Mamie Machin et Red Boy ? 



Un texte surprenant, clivant, mais qui

reste à découvrir!
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La Route de nuit

A partir de l'histoire vraie d'un lynchage perpétré en 1930 en Indiana, Laird Hunt observe les réactions à l'annonce de cet événement. Et en particulier l'allégresse ressentie par la foule. Il met en scène des personnages confrontés à cette exubérance ou à la colère face à ces actes, qui vont profondément changer leur vie, les renvoyant à leurs secrets, mais aussi à leurs rêves. Un roman puissant et dérangeant, qui possède une vraie dimension onirique, comme souvent dans les livres de Laird Hunt...
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Neverhome

Un roman quasi contemplatif et perturbant



Certes, le roman se déroule à l’époque de la Guerre de Sécession mais ne vous attendez pas à un roman d’actions car d’actions, il y en a peu. Laird Hunt choisit plutôt de faire déambuler son héroïne, Constance, à travers cette Amérique à feu et à sang et de parcourir un épisode de cette période historique au regard de ses propres pensées, prises au piège avec son passé et son angoisse de l’avenir.



Constance est une femme qui ne ressemble à aucune autre ou presque. Son mari, Bartholomew, ayant une santé fragile, elle décide de s’engager à sa place dans l’armée de l’Union et se retrouve plongée au cœur des combats. Quasi tireuse d’élite, elle joue son rôle mais semble comme ailleurs, en proie à des souvenirs liés à sa mère (qui ne cesse de la hanter) et à ses échanges épistolaires avec son mari qui accepte de moins en moins cette situation. On assiste ainsi à une sorte de roman de l’errance tant géographique que psychologique.



On ne peut rester insensible face à ce roman qui perturbe. L’héroïne semble perdue entre la violence de cette expérience de guerre (l’épisode de l’asile de fous notamment) et l’amour qu’elle éprouve pour son époux, amour tantôt intense, tantôt fragile tant ils sont différents l’un de l’autre. Elle, une force de la nature déterminée et prête à tout pour le protéger, Lui, la faiblesse voire la lâcheté incarnée.



Une héroïne forte et fragile à la fois



Appeler Constance son héroïne s’avère ici presque comique tant le personnage est en proie à des sentiments contradictoires. Seul son prénom, qu’elle n’assume finalement que très tard dans le roman, finit par lui donner une certaine stabilité car, pour le reste, elle est tout sauf un personnage paisible.



Son esprit est tellement troublé par ce qu’elle vit qu’il est parfois difficile de la suivre voire de compatir avec elle. En gros, je n’ai pas vraiment adhéré au personnage, trop complexe à mon goût. Je crois même que le roman, pour être bien compris, nécessite une connaissance plus approfondie tant de la littérature de l’époque que de son histoire, chose que je n’ai pas.
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La Route de nuit

« Y a des fleurs de maïs qui ont descendu un soie de maïs et foutu le feu à une centaine de barques puis ils sont partis tout saccager dans la campagne. On les a coffrés mais ils vont pas moisir longtemps en taule. Y a des gars qui sont prêts à les faire sortir de là à coups de masse si le shérif refuse d’ouvrir la porte. »

Bud Lancer annonce ainsi à son employée, la plantureuse et rousse Ottie Lee, le lynchage prévu à Marvel et dans la foulée il part avec elle vers le lieu des réjouissances annoncées, en embarquant au passage son mari, Dale.

C’est Ottie qui raconte leur parcours chaotique pour se rendre dans cette petite ville de l’Indiana proche de chez eux vers laquelle tous convergent, mais qu’ils semblent ne jamais devoir atteindre, Ottie portée par la certitude qu’il va lui arriver quelque chose, une amie à elle qui dialogue avec les anges le lui a annoncé.

Calla Destry, de son côté, fleur de maïs au teint clair âgée de seulement seize ans, décide elle aussi de partir pour le tribunal de Marvel, inconsciente des risques courus et animée seulement par la révolte qui l’habite.

Une destination, deux femmes, dont les chemins finiront par se croiser …



Dans « La route de nuit », il fait chaud, très chaud. Ce qu’on ressent à la lecture et par la force du thème qui renvoie aux heures les plus atroces de l’histoire des afro-américains (l’auteur s’est inspiré des événements survenus le 7 août 1930 dans le comté de Grant (Indiana) et d’une photo montrant la liesse des participants aux lynchages, juste sous les corps des deux Noirs qu’ils ont pendus … ), c’est cette moiteur malsaine qui englue tout, les corps et les esprits, des esprits qui, pourtant, restent conscients de ce qui se passe et de ce qu’ils font.

La première partie du roman, celle où Ottie Lee parle, la met en scène avec les personnages qui l’entourent. Dans ce petit théâtre en plein air, c’est un condensé d’humanité qui s’agite, avec ses failles et ses lâchetés, ses éclats d’honnêteté, des gens ordinaires traînant avec eux tout ce qu’ils ont été (Ottie Lee et son enfance désastreuse qui remonte par bribes), en route vers quelque chose d’extraordinaire mais toujours focalisés sur eux-mêmes. Il y a pourtant des moments où leur route pourrait bifurquer, où l’occasion leur est donnée de prendre du recul comme lorsqu’ils croisent la veillée de prière organisée contre le lynchage, mais soit ils se contentent de suivre passivement le mouvement, soit ils font directement des choix (je pense à l’épisode du chariot) dans la ligne de ce qu’ils ont enclenché.



L’écriture, sinueuse, colle à la peau d’Ottie et, toute littéraire qu’elle soit, avec son foisonnement d’images mais aussi ses passages plus parlés car l’auteur mêle les registres, fonctionne parfaitement : elle nous offre les réflexions et les songes traversant l’esprit de la jeune femme et le personnage se dresse là, entier, dans toute sa complexité, agité sous sa superficialité de surface (une belle plante qui laisse son patron la tripoter pour arrondir les fins de mois) d’envies d’autre chose, rêvant parfois d’un avenir un peu meilleur où, entre autres, on pourrait « oublier les lynchages », comme s’ils faisaient partie du monde dans lequel elle vit et qu’elle ne sait pas (ou qu’elle ne veut pas ?) remettre en question.



Comme Ottie, Calla Destry a connu l’orphelinat, avant de vivre avec ceux qu’elle appelle oncle D et tante V. Avec Hortensia, ils ont préféré partir en ce jour funeste mais Calla ne les a pas suivis, elle avait un pique-nique prévu au bord de la rivière. Parce qu’elle s’est retrouvée seule à son rendez-vous, elle emprunte la grosse berline jaune de ses parents adoptifs, et prend la route de Marvel, où elle et ses actions ne passent pas inaperçues …

Dans cette seconde partie du roman, l’atmosphère se fait encore un peu plus oppressante car le lecteur s’inquiète pour Calla, jeune fille résolue et téméraire que sa bravoure met en danger. L’hostilité entre les fleurs et les soies de maïs est abordée de manière frontale (y compris telle qu’elle se manifeste chez les enfants), elle peut même surgir quand il n’y aurait pas lieu (Calla rejetant l’attitude apaisante d’un soie de maïs comme s’il était trop tard, trop de limites franchies).



Le récit, habilement construit, agrippe ses deux pans initialement distincts pour les réunir. Certain personnage, déjà rencontré avec Ottie, s’avère de manière surprenante lié à Calla, comme s’il incarnait toutes les facettes ambigües des comportements, l’intime parfois en totale contradiction avec les prises de position publiques.



Chez Laird Hunt, il n’y a pas de Noirs et de Blancs mais des fleurs et des soies de maïs, une ville peut s’appeler Marvel et une carte l’entourer de chemins d’argent, des chiens porter cravate, une présence s’avérer absence, une voiture se couvrir d’yeux scrutateurs et une jeune femme décider de danser dans un champ de maïs. En la teintant d’étrangeté, « La Route de nuit », brûlante, habille la réalité d’une mystérieuse beauté, où la cruauté des faits évoqués brille d’un insoutenable éclat.
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Neverhome

💣 Neverhome - Laird Hunt 💣

Traduction : Anne-Laure Tissut @actessud



Constance s'engage en tant que soldat de l'union à la place de son mari à la santé fragile, sous le nom de Ash Thompson. Dans sa tenue de soldat, avec son bandeau pour cacher ses formes, elle va prendre part aux entraînements, aux batailles, montant à la charge, obéissant aux ordres sans jamais reculer là où certains prennent leurs jambes à leur cou pour fuir. Elle va se lier d'une amitié singulière avec son colonel, repérée grâce à ses talents au tir et à son courage. Elle sera blessée et affrontera bien des épreuves avant de pouvoir rentrer chez elle. Constance raconte la guerre, les hommes, la violence, la mort, ses pensées, ses fantômes, son mari restait à la ferme, sa défunte mère toujours très présente, ses peines et ses espoirs.



Laird Hunt dresse le portrait d'une femme courageuse pour rendre hommage à toutes ces femmes qui durant la guerre ont troqué leurs jupes pour des pantalons. Avec écriture claire et poétique, qui nous décrit aussi bien la sauvagerie et la barbarie de la guerre que les songes et les fantasmes de Constance, ce roman nous raconte cette guerre fratricide d'un point de vue atypique et original.
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Neverhome

L'extraordinaire épopée d'une femme travestie en homme pendant la guerre de sécession. La première partie du roman est haletante. On observe avec angoisse et curiosité cette tireuse d'élite dont la mort semble avoir peur. La deuxième partie est un peu plus poussive. On a du mal à suivre - et à croire - ses ultimes péripéties.
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Neverhome

Très beau roman de cet auteur américain narrant à la première personne les années de guerre de cette femme "soldat" travestie en homme (partie à la place de son compagnon trop faible) pendant

le conflit fratricide entre le Nord et le Sud du côté de l'armée de l'Union .Blessée et ayant perdu son régiment elle va tout faire pour retrouver sa ferme et celui qu'elle aime qui mourra de sa propre main à la suite d'une horrible méprise.
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Neverhome

J'ai réussi à lire ce roman dans sa version originale et je suis bien contente.

J'ai apprécié en même temps que l'histoire la façon de raconter de Constance/Ash, cette poésie tranquille qui se dégage de ses mots, cette façon simple de raconter des événements effroyables. Il y a une pureté de la langue et une sobriété qui donnent encore plus de force à son récit. Un récit qui alterne entre scènes d'un réalisme incroyable et d'autres qui ont la texture d'un songe éveillé.



Son récit, quel est-il ?

Constance est partie à la guerre à la place de son mari, trop fragile pour faire un bon soldat alors qu'elle, comme elle le dit, n'a jamais été malade de sa vie. On ne comprend que peu à peu les raisons de ce départ car le soldat Ash Thompson n'est pas du genre à faire de l'introspection mais plutôt à raconter ce que lui et ses camarades de régiment vivent, le bruit et la fureur de la guerre de Sécession, l'horreur de la souffrance et de la destruction ; il témoigne car selon lui, contrairement aux livres d'histoire écrits après, la guerre, telle qu'il l'a vécue et subie, ne donne pas envie d'y participer.



Le roman comporte trois parties bien distinctes : la première relate l'épopée de « Gallant Ash », la deuxième l'enfer carcéral de Constance la folle et la dernière pourrait s'intituler « retour au pays et ce que notre héroïne y trouva ».

Au delà de l'aspect de témoignage du récit de Constance, on a le portrait d'une femme extra-ordinaire, une battante déterminée mais fragile (le récit de la vraie visite du Colonel dans sa lettre finale, ses divagations), un de ses personnages de littérature plus vrai que nature qu'on n'oublie pas de sitôt.



Un roman magnifique et superbement écrit.
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Neverhome

Parce que la est cause juste et que son mari est trop faible, parce que les travaux de la ferme l'ont habituée à être dure à la tâche, Constance s'engage dans les rangs de l'Union contre les Confédérés. Le quotidien tient du cauchemar, les assauts frisent la folie, les cadavres jonchent la terre... Constance, en qui se mêlent sensibilité et bravoure,y adjoint ses souvenirs, son doux amour pour Bartholomew, les fantômes de sa mère et de son enfance, ses visions et croyances dans un monde de solitude. La réalité s'entremêle d'un onirisme poétique qui donne un étrange ton à cet étrange roman de guerre.
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Neverhome

Indiana, 1861. Constance mène une vie paisible dans sa ferme, en compagnie de son mari. Mais la guerre de Sécession éclate, et Constance décide de partir rejoindre les confédérés à la place de son mari qu’elle juge trop faible. Déguisée et renommée Ash Thomson, elle prend la route et se mêle à la foule des combattants hétéroclites qui vont vers le sud pour combattre les sécessionistes. Les marches forcées, la vie au camp, les combats barbares ne seront que le début d’un long voyage pour Constance, avant de tenter le long et pénible retour vers la vie normale, vers son mari.



Raconté à la première personne, ce livre nous entraine immédiatement dans le périple de Constance : « J’étais forte, lui pas, ce fut donc moi qui partis au combat pour défendre la République ». Femme au milieu des soldats, elle devra se travestir et mentir à tous, jusqu’au bout.

Le récit ne cherche pas du tout à documenter la guerre de façon historique. On n’y évoquera jamais (ou presque) les raisons de la guerre, les stratégies des dirigeants, la géographie des combats. On ne connait que le point de vue de simple soldat de Constance, son ressenti. On vit ce voyage avec elle, ses pensées, ses souvenirs, ses regrets, ses interrogations. On croise avec elle une galerie de personnages, du général au soldat mutilé, en passant par l’infirmière improvisée ou le bandit de grands chemins, qui dressent un portrait d’une nation dans le conflit. Et on observe ainsi, de l’intérieur, l’absurdité d’une guerre qui voit des compatriotes s’entre-tuer et des adolescents partir au combat sans rien connaître de la vie : on se dit que finalement, ce pourrait être n’importe quelle guerre, à n’importe quelle époque.



C’est un livre qui touche et horrifie, tout en offrant des moments de poésie et même quelques éclats de rire. Une très belle lecture.
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Neverhome

Constance vit dans la ferme qu'elle a héritée de sa mère, en compagnie de son mari bien-aimé Bartholomew. Quand la guerre de secession éclate, elle décide d'aller combattre à sa place, elle est plus forte que lui et se débrouille mieux avec un fusil. Elle dissimule donc son état de femme, met des pantalons et prend la route.



Un chapeau bien enfoncé sur les oreilles, elle se fait appeler Ash Thompson et rejoint les troupes de l'Union. Marches forcées, batailles meurtrières, blessure, capture, rien ne lui sera épargné. Alors comment vous dire .. d'abord c'est très bien écrit, il y a une certaine poésie dans l'attitude de Constance, malgré ce qu'elle fait et ce qu'elle endure. Il y a surtout l'amour de Bartholomew, le doux Bartholomew qui l'attend là-bas dans l'Indiana et avec qui elle va pouvoir former une famille. Les lettres qu'ils échangent l'aident à tenir dans le bourbier ambiant.


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Neverhome

Constance, femme soldat, elle vient humblement prendre place parmi les plus beaux personnages de femmes de la littérature américaine.
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Neverhome

Neverhome se lit comme une nuit peuplée de cauchemars, de souvenirs et de fantasmagories. Constance est forte comme un homme, elle veut se battre pour son pays et ses convictions, sans doute aussi en souvenir de sa mère au caractère bien trempé, mais le parcours qu'elle nous livre, de son entraînement à son retour à la ferme, est bien loin des récits de bataille que l'on trouve dans les livres d'histoire.



Difficile de capter la mesure de ce personnage hors du commun, à la fois tendre et dur, qui nous livre un récit forcément très subjectif et sujet à caution. Les dialogues qu'elle instaure avec sa défunte mère, sa correspondance avec son mari, ses conversations avec les autres soldats ou son supérieur sont autant de facettes subtiles de sa personnalité, que l'auteur nous livre par petites touches successives.



Neverhome est un objet littéraire non identifié : poétique, violent, désespéré, incroyablement humain, il nous fait vibrer d'émotions en émotions, pour finalement nous laisser ko.



Un grand moment de lecture.
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Les Bonnes Gens

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Laird Hunt, ses métaphores, sa façon de personnifier les sentiments ou la passé. Elle est puissante, prend aux tripes alors même que Laird Hunt évite tous pathos.



Ce rire dansait si fort sur la table que je craignais que les tasse ne tombent et ne se brisent.



J'ai adoré la scène dans laquelle Joseph veut rendre son prénom. J'ai fini la lecture de ce roman avec des mystères non élucidés. Qui sont les personnages de la première scène, qu'est caché dans le cadre de la photo (p. 166)? C'est peut-être ce qui m'a bloquée et a fait que je ne peux pas aller jusqu'au coup de coeur. Néanmoins je ne peux que recommander ce grand roman qui étrangement m'a fait penser à Toni Morrison dans l'écriture alors que l'auteur est un homme blanc. C'est un roman âpre, dont les différentes voix forment un équilibre et un pont qui mène de la vengeance au désir de réconciliation. J'ai vraiment hâte de relire cet auteur qui visiblement écrit à chaque fois des romans très différents
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Zorrie

Une chronique de Mélanie & Yann sur Aire(s) Libre(s)

« Au début de son mariage avec Harold, elle avait renversé un verre de quelque chose. La traînée liquide avait couru sur la table, était descendue rapidement de la toile cirée jusqu’au plancher, et Harold lui avait dit « Tu as fait pleurer la table », à quoi elle avait répondu « Ce sont des larmes de joie », et lui de répliquer « Alors, elles doivent être miennes, madame Underwood ». Il avait souri alors, et quel sourire, un sourire à illuminer la pièce, le jour, le monde entier pour les siècles des siècles, amen. »

Huitième roman de Laird Hunt à paraître en France depuis 2005, Zorrie est placé sous le haut patronage de Flaubert et de son roman Un Cœur simple, roman que je n’ai pas lu, autant le dire tout de suite. Il reste cependant possible de parler de ce petit miracle de 236 pages en oubliant l’ombre du géant normand, c’est du moins ce que je vais tenter de faire.

Après la mort de ses parents alors qu’elle était encore enfant, la jeune Zorrie est élevée par une vieille tante sèche et amère auprès de laquelle elle apprend l’importance du travail dans une vie, mais parvient néanmoins à appréhender la beauté que peuvent nous offrir certains moments. Livrée à elle-même lorsque sa tante meurt à son tour, Zorrie va enchaîner divers travaux ici et là afin de pouvoir survivre avant d’entendre parler de la possibilité d’une embauche sérieuse à Ottawa. Quittant son Indiana natal, elle se retrouve ainsi à peindre au radium les chiffres sur les cadrans d’horloge commercialisés par la société Cadran Radium, aux côtés de celles que l’on appelle alors les « filles fantômes », à cause de la poudre de radium qui brille sur leur peau dans l’obscurité. Mais l’appel du pays est trop fort et Zorrie, malgré la tristesse de quitter les amies très chères qu’elle a connues à l’usine, reprend la route de la maison. Elle y passera le reste de sa vie.

Il n’y a rien de spectaculaire dans ce roman qui parvient pourtant à nous toucher au cœur à chacune de ses pages ou presque. Laird Hunt se fait le narrateur respectueux et discret de cette existence presque entièrement vouée au travail et cependant traversée d’émerveillements fugaces. Si la vie de Zorrie, comme toute existence, connaît son lot de drames et de disparitions, la jeune femme, portée par une force intérieure dont elle a du mal à prendre la mesure, avance tant bien que mal sur le chemin de la vie, inspirant le respect à celles et ceux qui la côtoient.

Émouvante, voire bouleversante, Zorrie est une héroïne du quotidien, une femme simple et digne, courageuse et discrète, qui jamais ne baisse la tête ni les bras. Le grand talent de Laird Hunt est de parvenir à nous toucher en gardant une sobriété exemplaire tout au long de son récit. Même le drame des ouvrières de Cadran Radium contaminées par la poudre magique qu’elles ont manipulée pendant des années, est abordé de façon retenue, sans épanchement excessif d’émotions qui nuirait finalement à la portée du roman.

La suite, sur Aire(s) Libre(s) :
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Zorrie

Une plume virtuose pour découvrir le portrait de Zorrie, une jeune orpheline élevée par une tante sévère et sans amour. À sa mort, livrée à elle-même, elle trouve un emploi dans une usine d’horloges à Ottawa et fait connaissance « Des filles fantômes » illuminées par le radium qu’elles utilisent à l’usine.



Très vite elle va comprendre que si elle veut s’en sortir elle va devoir travailler et c’est une vie de dur labeur qui l’attend après avoir épousé Harold un jeune fermier, une vie entièrement dévouée à la terre.



Laird Hunt s’est inspiré de ses souvenirs d’enfance passé au fin fond de l’Indiana lorsqu’il fut confié à sa grand-mère et de l’histoire des ouvrières irradiées.



À travers ce récit conté avec beaucoup de délicatesse et une certaine retenue on découvre le quotidien de Zorrie assez simple en soi, une vie qui traverse les saisons avec son lot de joie et de tourments mais tout en nous épargnant le superflu qui n’a pas sa place dans cette narration singulière, majestueuse qu’il faut néanmoins apprivoiser pour bien l’apprécier.



Un court roman qui raconte pourtant une grande histoire du monde rural, l’histoire d’une femme ordinaire, courageuse , bouleversante à travers une plume de toute beauté.



C’est juste magnifique.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Globe pour cette magnifique lecture.
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Dans la maison au coeur de la forêt profonde

Laird Hunt est un auteur étatsuniens de plusieurs romans, dont "Neverhome" avec lequel il a gagné le grand prix de littérature américaine en 2015. "Dans la maison au cœur de la forêt profonde" est mon premier livre de cet auteur.

On y suit une femme qui est partie chercher des baies dans la forêt pour son mari, son fils et elle. Malheureusement, elle s'y perd et s'y retrouve bloquée à la tombée de la nuit. Elle y croisera différents personnages, bons ou mauvais, dans l'espoir qu'iels l'aident à sortir de cet endroit. Mais, veut-elle réellement quitter ces bois ? S'est-elle réellement perdue ou fuit-elle simplement son quotidien et sa famille ?

J'ai reçu ce livre à Noël de la part de ma mère sous les conseils d'une libraire qui l'avait adoré. Mais je vois que certaines personnes ont été plus dubitative à la lecture de cette histoire. Et bien moi, j'ai beaucoup aimé. Pourtant, le conte n'est pas mon genre de prédilection, j'en lis très peu. J'ai beaucoup aimé les thèmes abordés : l'émancipation des femmes, le colère des femmes face à une société patriarcale, les violences conjugales, les violences éducatives, etc... J'apprécie aussi beaucoup qu'il y ait un exemple d'homme battu. J'aime que les personnages soient complexes, que celles que l'on croise dans la forêt jonglent entre potentielles bienfaitrices et potentielles ennemies. J'aime que les différentes étapes de la vie soit représentées. J'aime le fait qu'on se questionne pour savoir si les comportements problématiques du personnage principale soient dû à elle-même, à qui elle est ou s'ils sont une réponse, certes mauvaise, des maltraitances subies. On a tous et toutes une part de violence en nous qui ne demande qu'à être nourri et je trouve la mise en lumière de cette part très intéressante, on voit que la violence est utilisée de différentes manières suivant si on est une femme ou un homme, en tout cas dans la majorité des cas. Le seul truc qui me laisse sur ma faim c'est le manque d'explication des métaphores du conte à la fin. Je trouve qu'une petite note de l'auteur (pas besoin que ce soit trop long) aurait pu être intéressante pour être sûr.e d'avoir bien compris le message des métaphores qui jonchent ce livre (histoire aussi d'être sûr.e qu'on s'accorde à ses idées et qu'on ne se soit pas loupé dans l'interprétation). Si jamais quelqu'un connaît un article intéressant sur ce livre, je suis preneuse. Je vais essayer de prendre le temps de faire des recherches de mon côté.

En bref, je trouve ce livre très intéressant, même si j'aurais préféré avoir quelques précisions à la fin, et il me paraît accessible pour les lecteurices peu habitué.e.s à lire des contes.
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Dans la maison au coeur de la forêt profonde

J’aime beaucoup ce que fait Laird Hunt depuis Les bonnes gens, à savoir revenir sur des points marquants de l’histoire des USA au travers de parcours de femmes, en général victimes des carcans de la société raciste et sexiste WASP, fondement de la société américaine. Esclavage, lynchage de noirs, guerre de sécession, et ici, dans l’Amérique puritaine des premières colonies, à l’époque des sorcières de Salem.

C’est assez rare que je résume mon point de vue à une phrase laconique mais, là, je dirais que je n’ai pas accroché au style « conte de fées ». C’est bien écrit et intelligemment construit, certes, mais le thème (des femmes s’émancipant des contraintes) me paraît mériter un traitement plus radical et moins évanescent, c’est en tous cas comme ça que je l’ai ressenti. Goody est parti dans les bois cueillir des baies sauvages, elle se perd en poursuivant un lapin, ah non, pardon, des oiseaux, la nuit tombe et on entend les hurlements des (grands méchants) loups. Au fil des rencontres, elle va chercher des restant d’hommes au fond d’un puits lumineux (en apnée intégrale sans problème), faire un tour dans les nuages à bord d’un bateau magique, etc.

Non, franchement, c’est raté, pas pour moi, je préfère relire Peter Pan 😉
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