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Critiques de Lance Weller (197)
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Wilderness

Un homme, un chien, la montagne, l'océan, la vie.

Attention ! Exercice de haute-littérature, ça va tailler court mais juste, sortez mètres-rubans, ciseaux et épingles, Lance Weller va procéder aux ajustements de dernière minute et découper sous nos regards ébahis un formidable récit, d'aucuns diraient ciselé.

Voilà pour les intentions, attention maintenant à la réalisation car évidemment c'est là que ça pèche, et pas uniquement pour se nourrir. Le roman s'éparpille dés l'ouverture où une vieille aveugle se souvient. Ok pour le procédé : rentrer dans un récit par la mémoire est une façon d'appréhender le souvenir et de laisser lecteurs et personnages livrer chacun leurs vérités. Lance Weller va se coltiner au temps, à celui d'avant l'Union, celui de la grande boucherie sécessionniste, de l'esclavage, des abominations. Il va donner à lire les horreurs, mélangeant aussi tous les tems en un seul grand temps Américain.

Pourquoi pas ? L'idée est bonne.

Malgré tout, si j'ai pu lire ici et là des montagnes de compliments relativement à l'écriture de Weller, mon avis tranche fortement sur ceux-là : quel ennui ! Un écriture qui manque de charme, de pèche, qui se détourne, attend longuement avant de se confronter à l'action, pffffff... L'incompréhension vient pour moi de ce mélange des "temps" de l'action que ne vient en aucun cas servir une écriture volontaire et percusive. Au contraire, celle-ci lambine et s'attarde, elle ennuie à bailler.

Autre chose, si l'union d'un homme et d'un chien a déjà prouvé son intérêt à moultes reprises, avouons aussi qu'elle a tendance à rapidement faire verser le roman dans le marasme "walt Disneyen"...

Bref, Wilderness s'enlise selon moi par sa trop grande ambition que ne vient pas récompenser une écriture hésitante et davantage orientée vers le National Geographic que vers ce qu'exige de finesse une narration qui ne s'éparpille pas et tient son action.

De même, si les bons sentiments sont parfois le passage obligé d'un roman ou d'un film, l'écueil de voir un récit sombrer dans la "culculterie" n'est selon moi pas évité dans Wilderness. La rivière des indiens de Jeffrey Lent (dont le commentaire sur le roman demeure pour moi une énigme : "un roman magnifique, une réussite éclatante") avait le mérite selon moi d'aller au plus juste vers l'essentiel d'une condition pionnière très précaire, Jeffrey Lent ne s'écartait pas de sa route. Ici, il semble que Lance Weller ait hésité à réécrire sur trois-cent pages cent-cinquante ans d'histoire de l'Amérique : il y a des ambitions mieux assumées.
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Les marches de l'Amérique

LES MARCHES DE L’ AMÉRIQUE de LANCE WELLER

Il naquit le 10 avril 1815 à Plymouth, ses parents le nommèrent Thomas, tout le monde l’appellera Tom. Celle qui aida à l’accoucher mourut dans la semaine, un présage. Peu après la famille migra vers l’Ouest, en Illinois, sa mère pleurait beaucoup, son père lui fredonnait des chansons, Tom se taisait. Autour de leur baraque ils débroussaillent le Bois de la Haine, brûlent des branches et derrière la fumée découvrent quatre indiens qui, interloqués par l’attitude de Tom diront qu’il n’est pas humain, un fantôme. Leurs plus proches voisins sont Zack Spence et son fils Pigsmeat qui deviendra ami avec Tom. En 1846, tous les deux sont partis plus à l’Ouest ensemble, ils sont devenus ce qu’ils portaient dans leur cœur et les cadavres s’amoncellent dans leur sillage, pas toujours de leur faute mais quand Tom est submergé par ses maux de tête il est incontrôlable. Ils sont dans une errance sans fin hérissée occasionnellement de taudis abandonnés. En retournant vers le Missouri, ils découvrent un camp indien brûlé et Tom prend une flèche dans la cuisse qui le mènera au seuil de la mort. Dépenaillés, démoralisés, il ne savent plus où aller, Texas, Mexique, quand ils découvrent à bout de ressources, un camp de pionniers avec des tentes et au milieu des prostituées, une particulièrement, Flora, qui est une superbe esclave appartenant à Gouverneur. Quand ce dernier tombera gravement malade, Flora entraînera Tom et Pigsmeat dans une incroyable épopée dans une Amérique encore incertaine spécialement cette région frontalière du Mexique dont personne n’a le contrôle.

Il y a du Cormac McCarthy chez Lance WELLER, on retrouve cet univers sombre et désespérant aux confins du Mexique et du Texas, ni indépendant ni rattaché où le règne du plus fort est la loi. Je vous conseille vivement ce livre magnifique qui conjugue poésie et réalisme, nature Writing et aventure avec des héros inoubliables.
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Le cercueil de Job

Deux personnages se succèdent au fil des pages de ce roman, en plein Tennessee, entre 1862 et 1864. Bell Hood est une jeune esclave en fuite, obligée de se terrer toute la journée pour échapper aux chasseurs d’esclaves, et de marcher la nuit, en se repérant grâce aux étoiles. Le cercueil de Job est une constellation qui lui indique la direction à suivre. Quant à Jeremiah Hoke, il combat aux côtés du Sud sécessionniste, tout en réprouvant plus ou moins leurs convictions. Il se trouve pris dans l’épouvantable bataille de Shiloh, d’où il ressort estropié et en errance, plus perdu dans son esprit que jamais.



Ce qui frappe dans ce roman, c’est tout d’abord la guerre, celle du dix-neuvième siècle, comme on ne l’a jamais lue ailleurs, avec des bruits, des odeurs, un sol visqueux, des couleurs et des cris. Cela rappelle ces musées de batailles qui restituent les sons de l’artillerie et l’odeur de la poudre, en bien plus complexe et réaliste. Mais bien sûr, le point fort de Lance Weller, ce sont ses personnages, les principaux tellement humains, au coté desquels on a forcément envie de cheminer, même si leur chemin est loin d’être semé de roses. Sans oublier des personnages secondaires incarnés et vrais, pas seulement des faire-valoir. J’ai déjà lu quelques romans qui ont pour cadre la guerre de Sécession, souvent forts et prenants, mais rien de tout à fait comparable à celui-ci. Lance Weller est vraiment un maître, car après Wilderness et Les Marches de l’Amérique, il fait encore une fois très fort !
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Les marches de l'Amérique

Tout d’abord, lire la quatrième de couverture peut, dans le cas de ce roman, s’avérer déconcertant, puisqu’elle associe les personnages qui mettent les trois quarts du livre avant de se rencontrer.

Essayons donc de ne pas tomber dans ce travers, ce qui n’est pas évident, d’autant que la construction faite d’allers et retours propose de découvrir des événements bien avant qu’ils ne soient réellement racontés. Je commencerai donc par les personnages : Tom, petit garçon muet, devenu adolescent raisonneur, puis tueur hors-la-loi et Pigsmeat, gamin élevé sans amour par son père, viennent de fermes de la même région, mais leur rencontre ne va pas de soi, tant ils sont différents. Les routes de l’Ouest les accueillent tous les deux, de même que Flora, belle esclave abusée et exploitée par son maître, et que seule la haine fait tenir debout.



Après avoir découvert Lance Weller avec le formidable Wilderness, je m’étais promis de le relire, et voilà qui est fait.

Après un petit temps d’adaptation, j’ai été emportée par ce roman comme par le précédent. Malgré quelques scènes violentes, comme l’était cette époque, et difficiles à lire, les personnages fascinants, les liens qui les unissent, et leur épopée si bien racontée m’ont fait vagabonder en plein XIXème siècle, vers des horizons démesurés.

L’errance sans but de Tom et Pigsmeat m’a fait parfois douter du contexte politique et géographique et je le précise donc : les Marches de l’Amérique, c’est une zone correspondant peu ou prou au Texas et au Nouveau-Mexique, qui, à cette époque d’avant la Guerre de Sécession, n’appartient ni aux États-Unis, ni au Mexique, qui la convoitent, tout en essayant d’en chasser les Indiens. C’est donc tout sauf un endroit calme.

Comme dans Wilderness, c’est le style qui fait la différence avec d’autres romans du Grand Ouest : l’auteur dépeint avec autant de maestria les trognes des personnages que les intérieurs sordides, autant la rudesse des paysages que les ciels sans fin. Sa manière originale d’annoncer les événements ne leur fait rien perdre de leur force, bien au contraire, et de même, les retours en arrière s’avèrent toujours judicieux.

Bref, un auteur que je recommande, avec ce titre ou un autre.
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Le cercueil de Job

Lance Weller, né en 1965 dans l'Etat de Washington, est l’auteur de plusieurs nouvelles qui lui ont valu diverses récompenses littéraires. Après deux excellents romans, Wilderness (2012) et Les Marches de l’Amérique (2017), Le Cercueil de Job est son dernier ouvrage.

Durant la guerre de Sécession (1861-1865). Bell Hood, une très jeune esclave est en fuite, elle tente de rejoindre le Nord - « l’Union » - d’Abraham Lincoln qui souhaite l’abolition de l’esclavage. De son côté, Jeremiah Hoke, soldat de l’armée Sudiste a réchappé, mais dans un sale état, de la bataille de Shiloh. Leurs deux chemins avancent en fausses parallèles qui finiront par se rejoindre dans une apothéose dramatique…

Pourquoi ai-je différé la lecture de ce roman ? Je ne sais pas, une lubie saugrenue, d’autant que j’avais aimé les précédents bouquins de l’écrivain. Une erreur n’en est plus une quand elle est réparée, et sacrebleu il y avait intérêt à ce qu’elle le soit !

Ecartons d’emblée les préjugés malvenus qui pourraient en bloquer certains : oui le roman est dense, oui la chronologie nous joue des tours, oui des faits ne trouveront leur explication que plus tard dans le récit, oui j’ai eu le sentiment parfois, surtout dans les débuts, de suivre une histoire contée sur un ton monocorde, défaut ou qualité (?) créant un effet hypnotique. Au final, vous avez-là un roman sensationnel, de bruits et de fureur, d’une grande beauté littéraire où l’horreur et l’émotion vous emportent dans un souffle irrésistible vers une apothéose sublime.

L’idéal serait que je m’arrête là, que vous découvriez par vous-même tous les évènements du livre, donc je vais tenter d’être succinct. Ce n’est que le livre refermé qu’on peut en remettre la chronologie dans le bon ordre avec les explications qui vont avec : Toute l’histoire part d’un drame insoutenable affectant Bell Hood qui la poussera à l’évasion ; Hoke, quant à lui, soldat Sudiste, est rongé par le remord et le doute, il a commis un geste terrible qui le damne pour l’éternité et au fond de sa conscience une petite voix indistincte lui dit que l’esclavage et le sort réservé aux Noirs sont répréhensibles. La bataille de Shiloh l’a privé de la majorité de ses doigts, une punition corporelle qui n’est rien en regard de sa souffrance morale. Lors du carnage final durant la prise de Fort Pillow, devenu camp d’esclaves réfugiés, tenu par les Nordistes, Hoke et Bell vont s’y retrouver, et le sens profond du livre nous être révélé.

Le bouquin regorge de scènes et d’images d’une force inouïe, l’horreur de cette guerre rarement autant épouvantable, que ce soit par les cadavres qui jonchent le sol des combats que par les souffrances endurées par les esclaves Noirs où les Sudistes ségrégationnistes n’y voyaient que normalité.

Bell Hood est animée d’une volonté farouche, elle avance quelles que soient les embûches (euphémisme !), Joe Hoke traine son fardeau moral, cherchant en vain (?) une éventuelle rédemption…

Une lecture indispensable.

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Le cercueil de Job

Après Wilderness et Les marches de l’Amérique, Lance Weller nous réentraîne vers ce XIXème siècle, cette fois-ci en plein cœur de la guerre de Sécession.

Dans une magnifique fresque, il nous présente Bell Hood, jeune esclave qui a fui ses maîtres après que son père a été pendu et qu’elle a été marquée au fer rouge sur le visage en guise de représailles. Bien que son nom soit celui d’un général sudiste, elle le porte fièrement en souvenir de son père a qui il avait été donné. Sa route croisera un temps celle d’un autre esclave en cavale puis d’un autre, rencontré dans les ruines d’un campement nordiste.

Lance Weller nous raconte en parallèle l’histoire de Jeremiah Hoke, soldat dans l’armée confédérée qui survit à la fameuse bataille de Shiloh mais en ressortira mutilé des deux mains.

Le lecteur comprendra très vite que ces deux destins sont étroitement liés mais l’écriture nous emporte comme ont pu le faire d’autres auteurs comme Margaret Mitchell ou Harriet Beecher-Stowe. Cette écriture est magnifique et colle parfaitement à l’époque qu’elle s’attache à dépeindre, à son contexte politique, à cette guerre contre l’esclavage qui a opposé deux clans. Et c’est dans ce contexte-là qu’il faut aborder ce texte.

Trouver à notre époque un auteur qui parle de cette période de l’Histoire de son pays, en se replaçant dans ces temps anciens, est plus que rare tant les choses ont tendance à devenir tabou. On en arrive à réécrire certaines œuvres pour ne pas risquer de froisser les unes ou les autres comme on détruit des statues ou comme on a par le passé brulé des drapeaux. Cette hypocrisie des extrêmes devient pire que ce qu’on est sensé combattre et ce n’est pas en gommant des chapitres de l’Histoire que ça changera quoi que ce soit. Alors, je salue non seulement le talent mais aussi, quelque part, l’audace.

Ce roman est magnifique et doit être considéré pour ce qu’il est : un beau roman historique. J’ai adoré, j’en redemande !


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Les marches de l'Amérique

Ils sont trois, ils sont beaux physiquement ou intérieurement, ils ont créer entre eux des liens indestructibles et pourtant ils sont tous trois abandonnés de Dieu, perdus dans la Prairie, dans l'Ouest en construction.

Je viens de tourner la dernière page et je reste KO...et émerveillée.

L'horreur dont sont capable certains êtres humains se mêle à la noblesse d'âme donnant à penser que la rédemption de notre race est peut être envisageable...malgré tout.



Dans ce roman, la fiction se mêle à la réalité...malheureusement les faits réels sont tous reliés à des épisodes abjects de la "conquête de l'Ouest"...des faits d'arme de Kirker au massacre de Bad Axe. L'Amérique s'est construite sur des ignominies et elle n'en a guère tirée de leçon. Cependant l'Amérique s' est aussi construite sur des âmes fortes, brutales mais belles telles celles de Flora, Pigsmeat et Tom et cela vous réconcilie avec le genre humain
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Wilderness

J’ai été un peu perdue tout le long de l’histoire avec tous ces personnages et ces deux époques différentes. La bataille de Wilderness est une bataille de la guerre de Sécession qui se déroula du 5 au 6 mai 1864. Comment vivre avec après les horreurs ? Abel Truman en est l’un de ses rescapés. Il vit dans une cabane au bord du pacific blue dans l’Orégon, n’ayant pour seul ami et compagnon un chien qui est venu à lui.
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Wilderness

La beauté tragique des guerres ne doit pas l’emporter sur la bestialité sauvage des conflits qui ont jalonné l’histoire de l’homme. Mais comme des fleurs vénéneuses, il y a parfois des œuvres poignantes qui jaillissent de ces champs de bataille pour évoquer l’atrocité des combats comme c’est le cas avec Wilderness, premier roman de Lance Weller qui retrace l’un des chapitres majeurs et pourtant méconnu de la guerre de sécession.



Qualifier ce premier roman de chef-d’œuvre n’aurait pas vraiment de sens tant le qualificatif a été galvaudé pour perdre finalement toute sa valeur substantielle mais il est indéniable que Wilderness possède une force littéraire peu commune qui tend vers la perfection.



Le récit oscille entre trois années. Il débute en 1965 avec les souvenirs d’une vieille femme aveugle qui tente de rassembler quelques images de Abe Truman au travers du toucher d’un crucifix en os et d’une balle. Puis l’on découvre ce même Abe Truman en 1899 qui entame son dernier périple et qui, au gré de ses pérégrinations nous entraine dans les méandres de ses souvenirs en 1864, en plein cœur de la bataille de la Wilderness.



Une richesse de la langue, c’est tout d’abord ce qui frappe dans ce roman pour décrire aussi bien la puissante beauté de la nature que l’indicible horreur d’une guerre sans merci. On se laisse porter par la fluidité de longues phrases qui nous décrit la sauvagerie des combats impitoyables où les hommes semblent absorbés par une terre gorgée de chair et de sang qui ne restituera finalement qu’une masse organique composée de corps broyés par la bataille. Mais que l’on ne s’y trompe pas, il n’y a aucune magnificence de la guerre tant l’auteur parvient avec talent à nous restituer l’horreur révoltante et pourtant quotidienne auxquels sont soumis ces combattants.



Outre Abe Truman, les personnages qui jalonnent le roman sont d’une belle profondeur, enracinés dans la simplicité du bon sens et l’imprescriptibilité des souvenirs douloureux ils apportent par le biais des dialogues toute leur humanité qui résonne au travers d’une nature majestueuse. Mais pourtant, dans cet univers d’homme, ce sont les femmes qui offrent toute leur majesté dans ce roman avec Jane Dao Ming Poole, vieille femme aveugle qui se souvient comme pour faire revivre Abe Truman une dernière fois. Il y a également Hypatia, jeune esclave en fuite qui a perdu son bébé et qui rôde dans la périphérie du champ de bataille ; Ellen Makers jeune femme désespérée au ventre stérile, vouée aux récrimination des siens pour avoir marié Glenn, un homme de couleur. Toutes croiseront la route du vieux soldat pour lui offrir, à chaque fois qu’il trébuche, une lueur de rédemption au détour de ce chemin aussi noir que flamboyant.



Vous ne trouverez pas de belle morale ou de saine camaraderie dans ce récit. Il n’y a que l'histoire d’hommes et de femmes entraînés par leur destin respectif qu’ils ne peuvent pas vraiment maîtriser. Dépassés par la tragédie ou l’horreur de leur quotidien ils pourront révéler leur humanité au travers de la générosité qu’ils sauront offrir aux autres.



Wilderness, c’est un grand premier roman d’un écrivain qui n’a plus qu’à confirmer son statut d’immense auteur.
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Wilderness

La Wilderness est cette sombre forêt où eut lieu une des plus sanglantes batailles de la Guerre de Sécession. Et l'auteur ne nous épargne rien des horreurs de combats. Abel Truman y a perdu ses meilleurs amis et gagné des cicatrices.

Le récit est bien construit en commençant par la voix d'une vieille dame aveugle, Jane Dao-Ming. C'est elle qui raconte l'histoire de ses pères Abel puis Glenn et Ellen. S'entrecroisent les récits de guerre en 1864, puis ceux de la vie désormais solitaire d'Abel, trente ans plus tard. Il erre avec son seul ami fidèle, le vieux chien Buster.

En proie à ses souvenirs cauchemardesques, il tente de survivre pour son chien aussi, qu'il doit défendre contre l'affreux bandit Willis accompagné d'un indien de la tribu des Haïdas.

Trente ans après cette guerre, les actes de racisme sont encore présents et Ellen, une blanche mariée à Glenn, homme noir ou le jeune indien Silas en savent quelque chose.

Abel s'est retrouvé dans cette guerre par hasard, mais pour fuir aussi sa culpabilité. Il n'avait pas vraiment choisi son camp.

" Mes parents sont enterrés dans l'Etat de New York, dit Abel. La Caroline du Nord est juste l'endroit où je me trouvais par hasard quand tout ce gâchis a commencé."

Je suis entrée dans ce livre tout doucement car le style très descriptif est au départ assez lourd et lent. Puis, en découvrant les personnages, en comprenant le lourd passé et la gentillesse d'Abel, notamment pour son chien et pour les plus faibles, je me suis accordée avec ce récit qui contient à la fois de la force et de la tendresse.

C'est parfois dur à lire à cause de la barbarie de la guerre et de l'injustice mais en contrepartie il y a tant d'humanité chez certains personnages ( Abel, Hypathia, le shérif, Glenn, Ellen) que l'on bascule vite dans l'émotion.

Le roman a toute sa place dans cette collection Nature Writing, car la nature y est très présente avec sa force, sa sauvagerie et sa beauté.

Pour un premier roman, Lance Weller réussit parfaitement grâce à la force et la construction du récit, et surtout l'humanité et la profondeur du personnage principal.

Encore un auteur à suivre...
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Le cercueil de Job

Quel régal que ce roman qui nous plonge dans les affres de la guerre de Sécession. Cette dernière a donné lieu à quelques chefs d'oeuvre, notamment The red badge of courage de Stephen Crane. Le Cercueil de Job, c'est une constellation que Bell Hood, jeune esclave en fuite, suit tant bien que mal dans sa cavale. Jeremiah Hoke, lui, dans les rangs confédérés, presque par hasard, est gravement blessé à la bataille de Shiloh, il erre, fantomatique survivant en quête de rédemption d'un passé obscur. June, un affranchi, mais que vaut au juste la vie d'un affranchi, traverse le conflit sans bien comprendre comme beaucoup.



Les affres de la guerre civile, cette horreur parmi les horreurs, sont décrites par Lance Weller de façon à la fois réaliste et hallucinante. Le long cauchemar n'épargne personne. Et l'on n'est très vite happé par cette apocalypse au point de ne plus bien savoir dans quel camp l'on est tant l'enfer est neutre mais obsédant. Les rives des fleuves, les collines, les bosquets ne sont que poudrières susceptibles d'embrasement à chaque seconde. Les généraux d'un côté comme de de l'autre sont la plupart du temps arrogants et peu comptables des cadavres de la piétaille.



Hoke le soldat sudiste malgré lui et Bell la toute jeune esclave sont reliés, c'est un peu un truc de scénariste mais on le comprend dès le début. Peu d'importance. Ce qui éclate dans Le Cercueil de Job, c'est la gigantesque fracture que fut la Civil War dans un pays tout jeune à l'aube de son extraordinaire ascension. L'Amérique ne s'en remettra jamais tout à fait. Peu de jugements sentencieux, peu de considérations morales dans ce livre foisonnant. Mais des héros broyés, dispersés, niés par l'Histoire, de ceux qui trinquent dans le grand maelstrom du Nouveau Monde contemporain. C'est un roman historique qui fait preuve d'un souffle impressionnant, jouant avec les silhouetttes des hommes, des pantins désarticulés par la haine, ce sentiment pire encore dans les guerres civiles.



Un très beau personnage traverse brièvement le roman. Henry Liddell, pionnier de la photographie, qui entend témoigner avec ses daguerréotypes, et qui, en une scène magnifique, agonisant à cause des produits toxiques des premiers studios photographiques, signe l'acte d'émancipation de June. June auquel il restera néanmoins un long long chemin vers la liberté.



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Wilderness

Pour une fois, le choix de ne pas traduire un titre est parfaitement justifié puisque « Wilderness », désigne une forêt de Virginie où se déroula une bataille de la guerre de Sécession particulièrement meurtrière à laquelle a pris part Abel, le personnage principal.

Devenu vieux, Abel, qui a perdu femme et enfant et tant de compagnons de guerre et d'infortune, reste hanté par des souvenirs qui le déchirent, traumatisé à tout jamais.

Pour le reste, la « région sauvage » dont il est également question ici est l'Etat de Washington où Abel vit en ermite avec son chien au bord d'une plage certainement magnifique mais également très inhospitalière. Ses pérégrinations le mèneront ensuite dans la montagne, dans des paysages tout aussi grandioses et hostiles.

Le livre n'édulcore jamais la terrible réalité sociale vécue par les humbles, les Afro-Américains et les couples mixtes. le destin des protagonistes est souvent tragique, donnant lieu à des scènes d'une cruauté et d'une injustice révoltantes, mais le livre leur rend hommage à travers de très beaux personnages qui forment entre eux une chaîne de solidarité, pouvant aller jusqu'au sacrifice d'eux-mêmes, et ils apportent un peu de lumière et d'humanité dans un univers très sombre .

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Wilderness

Voici l'histoire d'Abel Truman.

Une histoire qui nous est raconté à travers le récit de deux périodes marquantes de sa vie: la bataille de la Wilderness en 1864 et son départ de la cabane où il s’est isolé pendant 35 ans avec son chien en 1899.



Un livre qui a souffert de passer juste après un énorme coup de cœur. J’ai lu la première moitié du roman sans m’investir et avec l’impression que le récit était décousu. Je sais très bien que le problème venait de moi, de mon incapacité à sortir de l’histoire précédente qui occupait encore tout mon cerveau.

Finalement je suis arrivée à me reconnecter et j’ai pu pleinement savourer la seconde moitié de ce très beau roman.



Wilderness est une tragédie majestueuse, l’épopée d’un héros très imparfait mais admirable et inoubliable.

Abel porte dans son histoire une partie de l’ADN de l’histoire de l’Amérique: la guerre de sécession et ses traumatismes, l’esclavage, le racisme.

Entre obscurité et lumière, entre brutalité et tendresse, dans une nature imposante, Wilderness est une ode à la résilience de l'esprit humain, un roman cathartique.



Traduit par François Happe
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Wilderness

"Toi qui entres ici, abandonne tout espoir"

Voilà ce qu'on aurait dû dire aux jeunes gars qui étaient enrôlés ou qui s'engageaient dans cette guerre fratricide et incompréhensible.

Lance Weller, en quelques scènes, en quelques dialogues parvient à donner ce ton sans espoir, à nous mettre dans la poussière d'un combat auquel plus personne ne croit ni d'un côté, ni de l'autre. On tire parce qu'on a toujours tiré, parce qu'on nous en a donné l'ordre et on meurt parce que c'est presque dans l'ordre des choses dans cette guerre.

Mais au-delà de ça, si cette bataille de la Wilderness a marqué Abel Truman qui y a perdu beaucoup de lui-même et qui n'en semble pas vraiment sorti, le livre parle aussi d'amitié, de solidarité, de la vie après l'effroyable.

Il s'arrête aussi sur l'attachement que l'on peut avoir pour un chien parce qu'on n'a plus rien d'autre. Un chien qui devient tout pour un homme seul.

Il parle de balourdise et de violence gratuite, de la loi du plus fort et de cruauté.

Il parle aussi de pardon et de rédemption.

C'est extraordinaire d'humanité.

Et sans plus parler du contenu, la façon dont ce livre est construit est magistrale. Ce n'est pas juste une facilité, un effet de style que cette construction en deux temps, parfois trois... Le présent, trente ans avant et encore un peu avant. Cela apporte vraiment un plus à l'épaisseur du personnage principal, à sa compréhension et à l'empathie que le lecteur lui porte tout au long de son cheminement.

J'ai adoré, adoré.
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Wilderness

Abel Truman, vétéran de la guerre de sécession, vit sur la côte du Pacifique Nord-Ouest des USA. Il s'est installé face à la mer, dans une vieille cabane rafistolée, avec son fidèle compagnon, un vieux chien pas beaucoup plus en forme que lui. Le vieil homme n'a jamais réussi à oublier ce qu'il a vécu en Virginie pendant la guerre, trente ans auparavant. Les souvenirs de la terrible bataille de la forêt de Wilderness le hantent nuit et jour. La guerre n'est pas la seule plaie ouverte d'Abel. Il ne s'est jamais remis de la mort de sa fille et de sa femme, avant la guerre. Abel est un homme meurtri dans sa chair et dans son âme.



Les chapitres alternent le passé (1864) et le présent (1899). Au début de l'histoire, nous sommes en 1899 et Abel a dans l'idée d'entreprendre un ultime voyage pour revoir une dernière fois les lieux où il a été heureux autrefois, avant de perdre sa femme et sa fille. Mais il se fait voler son chien par des gens sans scrupules et dangereux, qui organisent des combats de chien. Abel se met à leur poursuite...



Je vous ai résumé succinctement l'histoire, il me faut maintenant trouver des arguments pour vous convaincre de lire ce très beau roman. L'ouvrage est référencé dans la collection "nature writing" de Gallmeister mais ce classement ne doit pas effrayer les réfractaires à ce genre littéraire car, si la nature offre un cadre à l'histoire, elle n'est pas le personnage principal. Il est avant tout question de l'histoire d'un homme dans la tourmente de l'histoire. Abel est un personnage très intéressant, d'une grande humanité, avec ses faiblesses, comme tout un chacun. Son histoire est passionnante car liée à un épisode majeur de l'histoire des Etats-Unis, la guerre de sécession. La partie du livre qui évoque la bataille de Wilderness est très dure, je ne vous le cacherai pas, mais vraiment très bien écrite. On s'y croirait. Je ressors du livre bouleversée par la fin de l'histoire, que bien-entendu je ne vous raconterai pas.



Un premier roman vraiment magnifique...


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Wilderness

Dans sa maison de retraite où elle vit paisiblement, Jane Dao-ming Poole évoque les figures de son enfance. En 1899, Ellen et Glenn Makers, le noir et la blanche, ne demandaient qu'à vivre tranquillement dans leur ferme de l'état de Washington, mais leur entourage allait leur faire payer chèrement leur choix de s'aimer. Abel Truman, lui, après des décennies à vivre de rien ou presque au bord du Pacifique, devenu vieux et malade, allait se remettre en route; son chemin va croiser celui de deux types violents qui commettront l'erreur de lui voler son chien.

Abel était soldat durant la guerre de Sécession et se trouva plongé dans la bataille de la Wilderness, les 5 et 6 mai 1864. Une bataille fratricide, 27 000 morts et blessés.



Une écriture impeccable, dense, maîtrisée, riche et belle. Pas de recherches d'effet, une totale efficacité.

Une construction assez classique alternant les époques, dévoilant un détail qui sera développé bien plus loin, sans nuire à l'intérêt.

D'excellents personnages secondaires inoubliables.

Une incroyable intensité, particulièrement la description de la bataille vue au niveau d'un soldat, parmi les cris, les tirs, la fumée, les odeurs diverses. On y est, réellement, et l'horreur nous saisit.



A découvrir absolument.
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Wilderness

Un homme erre dans les décombres de la bataille de la Wilderness, haut lieu américain de la guerre opposant les Nordistes de Grant et les Sudistes de Lee. Il porte en lui les stigmates physiques et moraux d'un conflit que très peu d'hommes ont voulu.

Il est abîmé. Non. Il est cassé. Et, c'est la deuxième fois qu'il touche le fond, la première étant la mort accidentelle de son enfant puis de sa femme.

Nous sommes en 1864.



Ce même homme erre près de la Little Sugar Creek, là bas de l'autre côté de l'Amérique près du Pacifique. Il vit, ou plutôt survit, dans ce que les autres appellent "la crique de l'homme brisé".

Il cherche son chien que Willis et l'Indien lui ont dérobé. En cette année 1899, 25 ans après la guerre de Sécession, notre homme dénommé Abel Truman va prendre le peu de force qui lui reste dans la nature hostile et grandiose des Olympics Mountains.





Truman est un homme courageux et peureux à la fois. Le monde sauvage le fait avancer, la nature humaine l'effraie.



Lance Weller nous présente, ici, une œuvre magistrale bien maitrisée qui donne à voir une Amérique qui a accouché dans la douleur.
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Le cercueil de Job

Je ferai partie de ceux et celles qui n'ont pas été emporté(e)s par le dernier roman de Lance Weller malgré son indéniable talent.

J'ai gardé un souvenir impérissable de son premier roman, Willderness, j'ai beaucoup apprécié le second, Les marches de l'Amérique, et peut-être en attendais-je trop du dernier, le Cercueil de Job, ou du moins autre chose qu'un autre roman plus axé sur l'éternel tourment dont doivent s'affliger les Sudistes pour avoir utilisé des hommes et des femmes contre leur gré dans leurs plantations que sur la Guerre de Sécession, ses ravages humains et ses conséquences financières.



Cela remonte au 19ème siècle, depuis l'eau à coulé sous les ponts et les américains ont élu un homme noir à la Présidence, ce qui n'est pas encore arrivé en Europe. Ni ailleurs...

J'ai tourné en rond avec ce livre qui ne m'a rien appris et ne m'a pas vraiment fait passer un bon moment.

Je recommande plus volontiers Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell, le Sucre de Elizabeth Abbott en non fiction et pour tenter d'appréhender l'Amérique en amont les livres de Russell Banks et de Gilles Havard.

Tout un programme.

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Wilderness

Wilderness, c'est le site d'une terrible bataille qui opposa durant la guerre de Sécession les soldats de l'Union et les rebelles confédérés: scènes apocalyptiques d'une guerre sans merci où Abel perd un bras et le peu de foi qu'il avait en la cause. Bien des années plus tard, Abel, devenu très vieil homme, part pour une dernière errance avec son fidèle chien.

Les deux époques se mêlent, juxtaposent les rencontres et font de ce texte superbement écrit un road-movie passionnant. Abel est un personnage inoubliable, tout comme ce premier roman.
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Le cercueil de Job

Bell et Hoke n'ont rien en commun, ou presque. L'une est une esclave en fuite habitée par un rêve de liberté, l'autre est un soldat sudiste mutilé, errant à travers les ruines fumantes d'une Amérique en pleine guerre civile. Ce roman choral, inspiré de faits réels, nous présente le destin tragique de deux âmes meurtris au coeur d'un conflit ayant déchiré toute une nation.



La Guerre de Sécession est ici décrite dans tout ce qu'elle a de plus horrible, de la violence des champs de batailles aux terribles traitements des esclaves C'est un sombre voyage qui prend littéralement aux tripes ! On s'attache aux personnages et à leur tragique destin. Pas à pas, ils poursuivent leur écœurant chemin à travers un pays à feu et à sang... car au bout, il y a l'espoir.
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