Larry McMurtry

L'homme qui va le plus loin est celui qui perd le moins de temps et le moins d’énergie possible.

-Est-ce que votre chapeau s'envole parfois, capitaine? demanda Brookshire.
-C'est assez rare, répondit Call. Il s'est fait au climat, ajouta-t-il, en regardant l'homme venu de Brooklyn.

Au cours des discussions, il exprimait rarement le fond de ses pensées. Il aimait les garder en lui et ne pas les mêler de trop près à celles des autres guerriers, ni à celles des femmes, ni à celles de personne. Ses pensées lui appartenaient; il ne voulait pas les laisser s'échapper dans l'air.

Mettant à profit la brève accalmie, Augustus fit le point et conclut que le plus pénible dans sa situation, c'était de n'avoir personne à qui parler.

- Comment est-ce qu'on peut avoir l'idée de conduire du bétail dans le Montana ? demanda Dixon.
Il avait un regard insolent.
- On pensait que ce serait un bon endroit pour s'asseoir et le regarder chier, répondit Augustus.

- Tu lui as brisé le cœur, lui avait dit Gus, bien souvent.
- De quoi tu parles ? avait demandé Call. C'était une putain.
- Les putains ont un coeur, avait répondu Augustus.
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De son point de vue, rien de ce que l'on racontait au sujet des indiens n'était jamais exact.

La plupart des discussions humaines étaient idiotes, des discussions plus légères que le souffle d'un homme.

Il s'était souvent senti responsable de leur bien-être et, maintenant, ce vieux sentiment de responsabilité l'avait si bien abandonné qu'il lui arrivait souvent de se demander comment il avait même pu l'éprouver.

Cette passion l'avait tout à la fois fait souffrir et rendu heureux.

Je soupçonne que c'est ce que vous êtes dans la vie de toute façon - un observateur silencieux.

- Quel bien cela me ferait, de parler autant du passé ? demanda-t-il. Peu importe que j'en parle beaucoup, on ne pourra pas le faire revenir. Ma vie a été ce qu'elle a été.
- Oui mais elle n'a pas été ce qu'elle aurait put être, dit Honor. Vous avez encore deux décennies à vivre, peut-être trois.

Que les choses soient mystérieuses ne les rendait pas moins valable. Le mystère des oies volant vers le Nord l'avait toujours habité ; elle volait peut-être jusqu'au bout du monde, aussi avait-il composé un chant pour elles, car il n'y avait pas plus grand mystère aux yeux de Famous Shoes que celui des oiseaux. Tous les animaux à sa connaissance laissaient des empreintes derrière eux, mais les oies qui déployaient leurs ailes et s'envolaient vers le Nord n'en laissaient aucune. Les oies devaient savoir où vivaient les dieux, pensait Famous Shoes, et du fait de cette connaissance, les dieux les avaient exemptés d'empreintes. Les dieux ne voudraient pas qu'on vienne les voir en suivant simplement une piste, mais leurs messagers, les grands oiseaux, étaient autorisé à leur rendre visite. C'était une chose merveilleuse à laquelle Famous Shoes ne se lassait jamais de penser.
A la fin de son chant, Famous Shoes vit que le jeune Blanc s'était endormi. Au cours de la journée, il n'avait pas été assez confiant, il s'était épuisé dans d'inutiles courses. Le chant qu'il venait de terminer avait peut-être eu un effet sur les rêves du jeune homme ; peut-être qu'en vieillissant, il apprendrait à faire confiance aux mystères plutôt qu'à les redouter. La plupart des Blancs ne pouvaient pas faire confiance aux choses autour d'eux tant qu'ils n'arrivaient pas à les expliquer ; mais les plus belles, comme le vol des oiseaux sans trace, demeurait à jamais inexplicables.

"Manger du poisson, c'est comme avaler de l'air, fit remarquer Jimmy Tweed. Ça entre, mais ça vous remplit pas."

"Je crois qu'il nous faudrait un troupeau d'ours, dit Call."

Kicking Wolf savait pourtant qu'avoir toutes les raisons d'être contente ne signifiait pas qu'une personne était contente, surtout si la personne en question était une femme.

-On sera hors de leur portée bientôt, dit-il. On va entrer en terres apaches. On y est peut-être déjà. Ils sont pas franchement mieux mais ils ont pas autant de chevaux, alors ils sont plus lents. La plupart des Apaches, c'est des indiens marcheurs.
-Oh, tant mieux alors, je pense que je courrai plus vite qu'eux, dit Gus. Enfin, je pourrais si je les vois avant qu'ils me poignardent ou je sais pas quoi. J'ai toujours été rapide.
-Mais tu les verras pas avant qu'ils te poignardent, dit Bigfoot. Les Apaches se cachent encore mieux que les Comanches, et c'est peu dire. Un Apache réussirait à se cacher sous une bouse de vache, si y avait que ça à portée de main.

Bigfoot se posta à la limite du campement, s'allongea à plat ventre et posa l'oreille au sol.
-Il écoute les vers de terre? Il compte partir à la pêche? Demanda Gus à Call, dérouté par un tel comportement.

La survie, c'est plus joyeux que la torture, rétorqua Call. Prenez soin de vos armes et de vos chevaux, vous éloignez pas du groupe. Si vous respectez les consignes, la pire chose que vous aurez à subir, c'est d'écouter Gus McCrae parler de putains sept jours sur sept.

Gus McCrae n'avait pas plus d'égards pour la vérité qu'il n'en n'avait pour le règlement interne des rangers.

En plus, sans une femme à portée de main, tu risques pas d'avoir d'enfants, et les enfants, c'est une source formidable de main-d’œuvre gratuite. Ils coûtent sacrément moins cher que les esclaves.