Citations de Larry Watson (73)
« Pourrais-tu te regarder pendant une heure ? Deux heures ? Trois ? Bien sûr que non. Tu te fatiguerais vite de la forme de ta mâchoire. Ton tout petit nez finirait par te donner la nausée. Tu voudrais te détourner de toi parce que tu ne ferais que trouver des raisons pour estimer que tu n'es pas digne d'une telle attention. Toi qui es une belle femme. Maintenant, imagine qu'il y ait quelqu'un dans ce monde qui soit désireux de te regarder pendant des heures et des jours. Quelqu'un qui contemple chaque centimètre de ton corps et qui reprenne tout le temps son inspection. Parce qu'il te trouve belle ? Peut-être. Mais quelle que soit la raison, c'est parce qu'il estime que tu vaux la peine d'être regardée. Le monde entier le mérite et tu n'es qu'une petite partie de ce monde. Sais-tu quel cadeau cela représente de faire partie de ce monde vivant qui devrait être examiné avec soin ? Nous quitterons presque tous cette vie sans avoir jamais fait l'objet d'une telle attention, sans l'avoir jamais obtenue. »
Bill Weboy fait les présentations. On échange des poignées de main, et pendant quelques instants les nouvelles connaissances battent la semelle, lèvent la tête vers le ciel bas et font des commentaires sur le temps – le comportement humain équivalent à celui des chiens qui tournent les uns autour des autres en se reniflant le derrière.
Il est de ces hommes qui préfèrent se faire des promesses à eux-mêmes plutôt qu'aux autres.
Len McAuley n'avait que douze ans quand il but sa première goutte d'alcool. Elle lui fut proposée par le Dr Wright, qui espérait qu'elle aiderait le jeune garçon à supporter son deuxième jour dans le Montana.
- Je n'ai pas de médicament adapté à ton mal, fiston, mais il y en a que cela aide ! avait-il déclaré en lui versant trois doigts de whisky qu'il compléta avec de l'eau et un morceau de sucre.
Len avait vidé le verre en trois gorgées. Il ne sut pas si cela l'avait aidé, mais à dater de ce jour, le whisky à l'eau devint sa boisson de prédilection. De temps à autre, il l'adoucissait avec du sucre, renouant alors avec son enfance dès la première gorgée. La plupart du temps, Len faisait un usage du whisky conforme à la première prescrition du docteur : pour surmonter sa souffrace quotidienne dans le Montana.
1948 marquait une ère nouvelle , bénie, paisible .L 'exaltation de la fin de la guerre s'était évanouie mais en subsistait un sentiment de soulagement. La vie de tous les jours restait un don du ciel dont l'éclat n'était pas encore terni.
Troublant ...ce livre évoque les peintures d'Andrew WYETH qui ont pour sujet sa voisine Helga....
Merci Ericpour ce beau livre offert pour mon anniversaire et lu aussitôt.
"Je l’aimais parce qu’elle me parlait, parce qu’elle me prêtait attention. Parce qu’elle était plus vieille que moi, mais pas trop. Parce qu’elle n’était pas insipide et conformiste comme tous les adultes que je connaissais. Parce qu’elle m’attirait, même si mon amour pour elle restait chaste, comme c’est souvent le cas à cet âge-là."
Ça fait justement partie des choses que je n'ai jamais pu apprendre, dit-elle de sa voix tremblante. Ce n'est pas ce que tu m'as sans cesse répété, George ? Que je ne sais jamais quand il faut renoncer ?
Mon Dieu, et t'en serais capable en plus. Et quand tu finiras par te rendre compte que ce que tu veux ne peut pas se faire ? Qu'est-ce qui va se passer à ce moment-là ?
Ça fait justement partie des choses que je n'ai jamais pu apprendre, dit-elle de sa voix tremblante. Ce n'est pas ce que tu m'as sans cesse répété, George ? Que je ne sais jamais quand il faut renoncer ?
On dit que les jeunes sont impatients, mais la plupart du temps ils pourraient en remontrer à leurs aînés, ils ont plus l'habitude d'attendre; le temps s'écoule pus lentement pour eux et ils passent tant d'heures, de jours, de mois et d'années dans l'attente - de leur anniversaire, de Noël, du retour de leur père, de la venue de l'été, des examens, que la pluie tombe, que le pasteur en ait fini e parler, que les filles arrêtent de dire "Pas maintenant, as encore, attends !".. Oui, pour ce qui est de la patience, et sous toutes ses formes, les jeunes en ont la vraie maîtrise. p138
De l'été de mes douze ans, je garde les images les plus saisissantes et les plus tenaces de toute mon enfance, que le temps passant n'a pu ni chasser ni même estomper.
Nous savions tous ce qui était arrivé — il était là présent ce passé que nous partagions tous, que nous ne reniions pas mais dont nous ne parlions pas, comme si ce silence était une question de bonnes manières.
C'est l'opération la plus difficile. Une fois les cartouches enfoncées, n'importe quel imbécile est capable de tirer. C'est bien ce qu'elle compte faire.
Il m'arrivait de pouvoir rester assis pendant une heure sur un rocher, au bord de la rivière, sans souhaiter d'autre conversation que le murmure régulier de l'eau.
De l'été de mes douze ans, je garde les images les plus saisissantes et les plus tenaces des toute mon enfance, que le temps passant n'a pu chasser ni même estomper.
Montana 1948
Larry WATSON
David était un jeune garçon de 12 ans quand une terrible affaire familiale s’est produite.
A l’époque son père Wesley était le shérif du village succédant à son grand-père.
Son oncle Frank était lui le médecin de ce village partagé entre américains blancs et indiens.
Et Marie était une jeune indienne employée par les parents de David.
Cet été là Frank a commis un crime que la conscience de Wesley ne pouvait laisser impuni.
Au risque de voir cette famille détruite...
David s’est alors beaucoup intéressé aux questions de justice et liens du sang.
Devenu adulte il raconte à sa femme ce terrible été.
Un très bon roman !
Je l’ai dévoré en une journée et le récit fait par le jeune David est vraiment prenant.
Des questions se posent évidemment...
Du genre qu’aurais-je fait moi à leur place ?
#gallmeisterforever
Il m'arrivait de pouvoir rester assis pendant une heure sur un rocher, au bord de la rivière, sans souhaiter d'autre conversation que le murmure régulier de l'eau. J'étais sans aucun doute un enfant introverti, mais plus encore, j'éprouvais hors de la société une plénitude qu'il m'était absolument impossible de ressentir en son sein.
Malgré mon jeune âge, je savais que nul ne peut être tenu responsable des circonstances de sa naissance et des fautes de ses ancêtres. p 134
Ce que j'entendis annonçait une telle rupture dans nos existences, un tel abîme séparant désormais ce que nous étions de ce que nous ne serions plus jamais, qu'il faudrait, semble-t-il, mesurer le temps à cette aune.