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Critiques de Laura Alcoba (145)
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Manèges : Petite histoire argentine

Une petite fille de 7 ans va vivre dans la clandestinité avec sa mère pendant que son père est en prison, pendant les années de dictature en Argentine. On lui raconte un peu, mais pas tout, elle comprend beaucoup mais pas tout.

Plus tard, elle se souvient. Pour pouvoir peut-être oublier.

c'est très bien écrit. il est généralement difficile de se mettre de façon juste dans le regard d'un enfant quand il est le narrateur. Ici, c'est juste et sobre. La tension, l'angoisse, l'exaltation, tout est là. Et l'on partage ces jours sombres avec elle, mais qui possèdent encore leur lumière.

Ce livre m'a donné envie de me plonger dans "Le bleu des abeilles".
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Manèges : Petite histoire argentine

Une histoire autobiographique qui plonge dans l'Argentine des années 1970 en plein cauchemar de guerre civile. L'auteure, nous fais vivre cette période sombre à travers les yeux d'une enfant de 8 ans en nous relatant un témoignage bouleversant et d'une sincérité effroyable.

Comment ne pas s'attacher à cette fillette de 8 ans tout en priant pour qu'elle échappe à la folie des hommes et à l'horreur de la guerre.

Un récit poignant et émouvant qui ne vous laissera pas indifférent. Une lecture à découvrir.
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Manèges : Petite histoire argentine

Ce livre, court mais efficace, conte la vie d'une fillette de 8 ans dont les parents luttent contre le pouvoir en Argentine.

Son père emprisonnée, elle doit suivre sa mère dans la clandestinité.



Un livre poignant. Je regrette qu'il n'y ait pas plus d'éléments de contexte historique nous aidant à appréhender la lutte de ses parents
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Manèges : Petite histoire argentine

"Tu dois te demander, Diana, pourquoi j’ai tant tardé à raconter cette histoire. ..

...M’y voici.

Je vais évoquer cette folie argentine et toutes ces personnes emportées par la violence. je me suis enfin décidée parce que je pense bien souvent aux morts, mais aussi parce que je sais qu’il ne faut pas oublier les survivants. Je suis à présent convaincue qu’il est très important de penser à eux. de s’efforcer de leur faire aussi une place. C’est cela que j’ai tant tardé à comprendre, Diana. Voilà sans doute pourquoi j’ai tant attendu.

Mais avant de commencer cette petite histoire, j’aimerais te dire une chose encore: si je fais aujourd’hui cet effort de mémoire  pour parler de l’Argentine des Montoneros, de la dictature et de la terreur à hauteur d’enfant, ce n’est pas tant pour me souvenir que pour voir, après, si j’arrive à oublier un peu."



Le livre est dédié à Diana E. Teruggi.



En exergue:

Un souvenir, mon ami.

Nous ne vivons qu’en avant ou en arrière.

Gérard de Nerval.



L’épisode de son enfance que Laura Alcoba raconte commence en 1975 . Les montoneros doivent impérativement se cacher pour ne pas être arrêtés, et torturés, et très vite, d’ailleurs, Laura va aller voir son père en prison. Sa mère est recherchée , et toutes les deux vont aller habiter dans une maison, qui est en fait une imprimerie clandestine. Sa mère travaillera cachée derrière tout un camouflage de casiers de lapins. Et celle que Laura va le plus côtoyer, c’est cette Diana.

Cette histoire est vue , de façon parfaite, par petites annotations, souvenirs , et si elle raconte des évènements très particuliers, elle parle également très bien de l’enfance. A cet âge là, 8 ans, l’enfant qu’elle était ressent beaucoup de choses, en comprend d’autres, mais pas tout bien sûr. Pas les véritables enjeux, pas le pourquoi de cette existence bizarre qu’elle est amenée à mener. On rejoint là tout à fait le film de Benjamin Avila, Enfances clandestines. Et, de même on constate , devant ce combat contre une dictature, l’existence de trois générations : ces jeunes hommes et femmes, donc, les Montoneros, qui prennent, ils le savent, le risque d’être tués à tout moment, leurs enfants qu’ils entrainent dans ce risque , et leurs parents qui sont le plus souvent ambivalents: "Ce qui fait peur à mon grand-père, ce sont les gens qui veulent que tout change. "Qui les aident comme ils peuvent mais ont tellement peur de les perdre.

Ce seront ces fameuses grands-mères qui ont commencé à défiler toutes les semaines depuis le 30 avril 1977 sur la place de Mai, certaines d’entre elles ont d’ailleurs été assassinées aussi.

Les enfants.. Laura Elcoba le décrit très bien. Elle est prévenue, elle sait qu’il faut se taire : "J’ai compris et j’obéirai. Je ne dirai rien. Même si on venait à me faire mal. Même si on me tordait le bras et qu’on me brûlait avec un fer à repasser. Même si on me plantait de tout petits clous dans les genoux. Moi j’ai compris à quel point il est important de se taire."

A cet âge-là, les enfants veulent faire plaisir, s’adaptent à tout, et ce qui la heurte la plus, la petite Laura, ce qu’elle a le plus retenu, ce sont les erreurs qu’elle fait , et souvent bien malgré elle. La peur de mal faire, la honte d’avoir mal fait. Le reste, se cacher sous des couvertures pour circuler, cesser d’aller à l’école parce que c’est trop dangereux,tout ce qui lui est imposé, lui semble presque normal. Laura Elcoba sait très bien traduire la tension à hauteur d’enfant, le reste, la fin, c’est l’adulte qui l’écrit.

En lien, un peu plus sur Diana Esmeralda Teruggi de Mariani, Daniel Enrique Mariani et leur fille Clara Anahi.



C’est..bouleversant. Merci MaiteBsAs de m'avoir fait découvrir Laura Alcoba.


Lien : http://www.desaparecidos.org..
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Manèges : Petite histoire argentine

Je ne crois pas qu'on puisse faire une lecture objective d'un roman. En tout cas, je ne crois pas qu'on soit sur Babelio pour être objectif. Je crois qu'on y est par passion, parce qu'on ne peut pas se passer de lire et qu'on est avide de découvrir d'autres romans. Ceci posé, je ne suis vraiment vraiment pas objective sur "Manèges". Il se trouve que je n'ai que quelques années de différence avec l'auteur, et qu'à peu près au moment où elle quittait l'Argentine pour la France, je quittais la France pour l'Argentine. Elle y raconte un épisode de son enfance, quand elle avait sept ans, avant l'arrivée de Videla au pouvoir. Son père, opposant politique au régime de la seconde femme de Peron, était en prison, et sa mère vivait en clandestinité. Laura Alcoba a donc dû changer de prénom, de nom, d'école, de quartier, et vivre dans une maison isolée avec sa mère et d'autres montoneros, un des deux groupes majeurs d'opposition. Il se trouve aussi que j'ai moi-même écrit un roman ("Et toujours en été") qui parle justement de ses enfants de "révolutionnaires" devenus grands, de la façon dont ils ont essayé de se construire sur l'exil, les disparitions et les silences. Je tiens à préciser que je ne parle jamais de mes romans quand je poste des chroniques sur Babelio, mais qu'après deux jours de réflexion, j'ai décidé d'arrêter de me demander comment parler de ce livre de façon objective. J'ai terriblement envie de donner envie de le lire, et j'ai pensé à des accroches genre "Si vous avez aimé La Garçonnière, d'Hélène Grémillon, lisez ce livre!", "Si vous avez aimé les romans d'Elsa Osorio, lisez ce livre!", mais je crois que c'est une erreur. Vous voyez, une des phrases qui m'a le plus émue dans "Manèges" est presque anodine. "Des années plus tard, bien après le retour à la démocratie, mon père, qui était libre depuis longtemps déjà -il a été libéré quelques mois avant la guerre des malouines, comme beaucoup de prisonniers politiques relâchés au moment où la dictature commençait à s'effondrer-, m'a tendu un livre, en me disant "Tiens, là-dedans on parle de la maison où tu as vécu avec ta mère". Il n'a rien dit d'autre. C'est que nous avons beaucoup de mal à parler de tout ça". Voilà pourquoi j'ai eu brusquement les larmes aux yeux, à cause de ce bout de phrase "C'est que nous avons beaucoup de mal à parler de tout ça". J'ai moi-même beaucoup de mal à parler de tout ça. J'ai caché pendant des années que j'avais vécu en Argentine tant je redoutais les questions, et je me souviens, quand j'ai fini "Et toujours en été", qui a été, de tous mes livres, celui que j'ai eu le plus de mal à écrire, je me suis dit que je n'avais fait qu'effleurer ce que je voulais vraiment dire, que je ne l'avais peut-être même pas approché. Je pense parfois que je n'y arriverai jamais, ou en tout cas que je n'y arriverai jamais seule, que ce que j'essaie de dire est disséminé dans tout un tas de romans, et que "Kamchatka" de Marcelo Figueras, et "Manèges", sont une partie de ce puzzle. 130 pages, une dernière phrase magnifique, je ne saurais que trop recommander, sans aucune objectivité donc, la lecture de ce livre.
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Manèges : Petite histoire argentine

À la sinistre époque de la dictature militaire, en Argentine (1976-1983), il existait un groupe politique appelé "Montoneros", issu de la gauche péroniste et prônant la lutte armée, dont la plupart des dirigeants et militants furent exécutés par la junte au pouvoir lorsqu'ils ne réussirent pas à s'exiler. L'auteure, à cette époque, était une fillette de sept ans et ne voyait la réalité politique qu'à travers les déménagements et changements d'identité successifs imposés par la clandestinité et le séjour en prison de son père. Laura Alcoba revit pour nous ses souvenirs, dans une langue simple et vivante, et nous fait partager ses peurs, de la police, de la dénonciation, mais aussi son émerveillement devant une réalité sans cesse en mouvement. Un témoignage émouvant...
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Manèges : Petite histoire argentine



Argentine, années 70. Laura Alcoba vivait sur la terre d'Evita au moment où la dictature militaire s'est mise en place. Ses parents étaient militants Monteneros en 1975, alors qu'elle était une petite fille de 7 ans. Parce qu'elle a décidé de ne pas attendre d'être vieille pour raconter, et parce qu'elle espère oublier un peu ces heures noires, l'autrice a décidé de raconter des bribes de son passé à travers trois romans. Manèges est le premier d'entre eux.



A travers ses yeux d'enfants, mais avec son langage d'adulte, Laura Alcoba se souvient des visites à son père emprisonné, des voyages en voiture cachée sous une couverture, de sa mère planquée dans une cave et faisant tourner une imprimerie clandestine, du sourire de Diana qui attendait un enfant, des magnifiques chaussures de la jolie voisine, d'une cour d'école où le silence était de mise.... A travers une tranche de vie argentine d'environ un an, nous vivons de l'intérieur, à hauteur d'enfant, le début de cette période noire. Sans analyse, sans précision politique, sans explication historique, sans perspective neutre.... Manèges nous touche à l'âme, doucement mais douloureusement.
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Manèges : Petite histoire argentine

C'est le regard d'un petite fille de sept ans (l'auteure) sur sa vie. Nous sommes en Argentine en 1976. Les parents sont des militants Montoneros et luttent contre la sanglante dictature des généraux au pouvoir. Le père de la petite est en prison. Elle et sa mère, prises en charge par la Résistance, sont obligées de se cacher et de changer de nom. La petite, parfaitement au courant de la situation, a la consigne de se taire dans cette nouvelle maison, qui par ailleurs abrite une imprimerie clandestine.

Cette prime jeunesse hors norme et douloureuse est racontée avec sensibilité et simplicité.
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Par la forêt

L'autrice retrace, trente ans après les faits, un double infanticide. Elle va interviewer les parents, l'aînée des enfants et un autre couple. Laura Alcoba leur donne la parole pour savoir comment Griselda, la mère, en est arrivée là.



La mère est la clé centrale de ce récit. On ne sait pas pourquoi elle a commis cet acte mais nous remontons le fil de sa vie pour tenter de comprendre. Mais "tenter de comprendre" nous laisse en périphérie du drame sans jamais vraiment comprendre pourquoi. C'est frustrant quand on arrive à la fin de notre lecture.
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Par la forêt

Exilés argentins, concierges dans un lycée privé de l'Est parisien, ils ont trois enfants, Flavia six ans et Boris et Sacha, trois et quatre ans. Ils vivent à cinq dans la loge qui leur tient lieu d'appartement.



Un jour d'hiver, le vendredi 14 décembre 1984, la maman, Griselda, noie ses deux garçons dans la baignoire pendant que Flavia est à l'école. Ce jour funeste devient "Ce jour-là" dans le récit de Laura Alcoba.



Plus de trente ans plus tard, la narratrice retrouve les survivants de ce drame.



Ce roman est inspiré d'une histoire vraie, un double infanticide qui a eu lieu en 1984. Laura Alcoba a côtoyé la famille concernée lorsqu'elle était enfant.

A la fin des années 2010, la narratrice, derrière laquelle se cache Laura Alcoba, a rencontré les protagonistes de cette affaire à plusieurs reprises dans le même café parisien. Successivement Griselda, le père, Flavia, un couple d'amis... se confient à elle. L'auteure veut tenter de comprendre sans porter de jugement.

J'ai été impressionnée par la façon dont Griselda raconte à l'auteure ce "jour-là" comme si elle se voyait accomplir ses gestes criminels, comme si elle voyait les scènes d'en haut, j'ai été émue par son histoire personnelle, son enfance sans amour en Argentine, son adolescence marquée par des agressions sexuelles, sa fuite de la dictature avec son amant qui deviendra le père de ses enfants jusqu'à son exil en France.

Le récit est centré en grande partie sur le personnage de Flavia, l'enfant survivante, qui dès le premier rendez-vous avec la narratrice, tient à définir sa mère comme une mère "présente, aimante. Très aimante". Cela fait du bien de découvrir le personnage lumineux que Flavia est devenue, en grande partie grâce à Colette et René, sorte de parents de substitution, des personnages solaires remplis d'humanité.

Un texte d'une remarquable délicatesse qui tente d'approcher la folie, ou du moins un moment de folie, d'une mère. Tout en nuances sans jamais juger ou accabler, ce texte empreint de pudeur et d'empathie n'a pas pour objectif de rechercher le pourquoi de ce double infanticide mais de comprendre comment Flavia a pu devenir la femme qu'elle est devenue. Sur un sujet très sombre Laura Alcoba nous offre un roman d'une surprenante douceur.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Par la forêt

Paris, décembre 1984. « Ce jour-là, Claudio n’a pas écouté Griselda » C’est avec cette phrase laconique que Laura Alcoba ouvre sa longue, minutieuse et patiente enquête sur un fait-divers familial. Mais s’agit-il d’une tragédie, d’un drame ou bien d’un accident ?

Quarante ans après, l’autrice va écouter tour à tour tous les protagonistes de ce drame, elle va le faire avec délicatesse et bienveillance tout en s’interrogeant sur chaque évènement précédent le drame.

Elle arrive à prendre ce recul nécessaire pour raconter les faits alors que son père était un ami proche de la famille qu’elle-même a connue lorsqu’elle était enfant.

Petit à petit, se dévide la parole des parents, celle de Griselda, de Claudio et celle de Flavia leur fille et de Colette l’institutrice avec son mari René, et l’on voit apparaitre chaque personnage. Les souvenirs tout d’abord, ceux de l’autre pays, l’Argentine, qu’il a fallu quitter et puis l’arrivée en France, et le travail dans un lycée privé avec, pour tout logement, une loge étroite de concierge. Puis, peu à peu, transparait la personnalité dérangée, fragilisée de Griselda. Jusqu’à ce jour funeste de décembre 1984 où l’irrémédiable se produit.

Comment se reconstruit une famille après un drame de cette ampleur ?

Laura Alcoba est fascinée par Flavia dont elle dit : « Elle a en elle une force et un courage que je ne croyais pas pouvoir exister.

Je le sais depuis le début : c’est pour elle que j’écris ce livre »

Bien sûr, le mythe de Médée est évoqué par l’autrice, qui cherche à comprendre sans jamais juger.

L’écriture d’un tel sujet était pour le moins périlleuse et Laura Alcoba s’en sort avec maestria et sans effets de manche. Elle a su s’effacer pour mettre la lumière sur les mots, les gestes des personnages et l’on vibre avec eux au fur et à mesure que se précise le récit.

Une histoire d’une grande force menée avec douceur et empathie, voilà ce que je retiens de ce très beau récit romancé.

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Par la forêt

Inspiré d'un fait divers glaçant, l'auteure Laura Alcoba délivre une oeuvre sensible, évitant tout effet tapageur.

Dans les années 80, un drame familial secoue une petite ville : une mère a noyé ses deux fils dans la baignoire. Que sont devenus les protagonistes toujours vivants de cette histoire?

Au détour d'une rencontre autour d'un café, sur les lieux du crime, à travers les yeux de la fille survivante, des parents, d'amis perdus de vue, Par la forêt remonte les trames de ce drame. Pour comprendre les gestes de cette femme? Pour comprendre l'origine du mal? Pour comprendre ce qu'ils perçoivent de cette histoire maintenant.

Le début alambiqué n'aide pas à saisir ce qui se trame. Le fait réel ne se dévoile qu'à mi-parcours. On laisse planer un faux suspense, en même temps agaçant & nécessaire pour comprendre les enjeux qui suivent. Laura Alcoba ne donne pas de clefs de cet acte sauvage. Elle pose l'enfance de ce couple, convoque le mythe de Médée, évoque l'après pour délivrer une conclusion des plus bouleversantes. On ressort le coeur brisé, heureux d'avoir lu une oeuvre aussi bien écrite & pensée.
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Par la forêt

« Bientôt, l’envie de fuir, de partir en courant, s’était transformée en urgence. Depuis qu’elle étouffait dans leur appartement, elle avait l’impression d’être devenue ce cheval espagnol capable de parcourir des kilomètres comme si de rien n’était. Elle avait toujours rêvé d’être ce cheval infatigable, débordant d’énergie et prêt à conquérir la terre pour l’offrir à celui qui le chevaucherait.  »



Elle rêvait de liberté dans cette Argentine des années 70, elle est devenue une mère infanticide. En effet, un jour de décembre 1984, Griselda commet l’irréparable. Elle noie ses deux garçons, Boris et Sacha. Seule Flavia, 6 ans, est épargnée. 34 ans plus tard, la narratrice, une proche de la famille, retourne sur les traces de cette histoire. Elle questionne le passé et les protagonistes de cette affaire, sans jamais juger. Pas de pourquoi, juste des faits et la vie qui continue.



« Au plus noir, au bout de la nuit et de l’horreur, le pari de l’amour et de la vie. »

Sur un sujet difficile, Laura Alcoba propose un texte tout en bienveillance et délicatesse.
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Par la forêt

L’écrivaine enquête sur un double infanticide dont elle a bien connu les protagonistes. Un roman remarquable.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Par la forêt

Un livre qui nous plonge au coeur de la folie d'une mère qui commet l'irréparable sur deux de ses enfants. Le geste de la mère infanticide est relaté avec une grande pudeur, le récit de Laura Alcoba ne s'attarde pas sur les faits, pourtant terrifiants. Très vite, c'est Flavia, l'enfant survivante, qui devient le personnage principal du livre. Autour d'elle et du couple qui l'aide à grandir "quand même", Laura Alcoba tisse un récit d'une grande humanité, très lumineux. Le couple que forment Renée et Colette, la maîtresse qui sauve Flavia, est vraiment inoubliable.
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Par la forêt

14 décembre 1984. Alors que le froid règne en maître sur la capitale, dans le petit appartement des concierges d’un lycée privé de Paris, Griselda tue ses deux fils.



C’est plus de trois décennies plus tard que Laura Alcoba cherche à lever le voile sur l’affaire. Tout en évitant toute forme de sensationnalisme et loin du lugubre de ce double infanticide, l’autrice interroge tour à tour Griselda et Flavia (sa fille), ainsi qu’un couple d’amis. Car, pour Laura Alcoba ce drame n’est pas un simple fait divers. Enfant, elle s’est retrouvée, quelque temps, dans cet appartement, à côtoyer cette famille dont les parents sont venus d’Argentine pour fuir la dictature.



Au fil des pages, un lien ténu mais bien présent se noue entre le lecteur et Griselda. Parce que, malgré tout, cette mère est, comme nous tous, un être humain complexe, avec ses aspirations, ses traumatismes et son histoire de vie. Et puis, finalement, peut-être Griselda ne le comprend même pas elle-même, ce geste avec lequel elle doit vivre depuis.



Des décennies plus tard, Griselda arpente chaque jour cette allée du cimetière qui la mène jusqu’à la sépulture de ses deux enfants. Un chemin qui sa fille ne prendra qu’une fois le travail de Laura Alcoba engagé. Un travail salvateur qui aura permis à Flavia de sortir du bois et, d’enfin, laisser filtrer un peu de lumière sur cette tragédie.



Tout en proposant une réécriture sensible et intrigante du mythe de Médée, Laura Alcoba écrit la nuance et la nécessité de s’interroger, avant d’accabler et de museler.



Un récit d’une grande sensibilité, qui murmure l’amour.
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Par la forêt

Lorsqu’on découvre la quatrième de couverture, on ne peut que se rendre compte que la lecture de ce livre ne sera pas facile au vu du principal sujet évoqué : une mère ayant tué deux de ses enfants. Pourtant, l’auteure, Laura Alcoba, en a écrit une histoire solaire, avec beaucoup de poésie, de pudeur mais surtout sans aucun jugement.



À la fois avec douceur et délicatesse, elle nous conte l’histoire terrible de Griselda, mère de trois enfants, qui – un vendredi de décembre 1984 – a tué deux de ses enfants. On y apprend beaucoup de cette journée funeste mais aussi du passé de cette femme argentine, avant son exil d’Argentine en France entremêlé des difficultés depuis son enfance à l’âge adulte.



La narratrice rencontre, trente ans plus tard, les différents protagonistes qu’elle a connus par l’intermédiaire de sa famille quand elle était plus jeune : la mère, le père mais aussi la fille survivante, Flavia ainsi que d’autres témoins du drame. Tous ces témoignages sont rassemblés, sans jamais sentencier les actes, et confrontés aux propres souvenirs enfouis de la narratrice. Elle expose simplement les faits. Ce qui pourrait paraître « froid » ou « détaché », ne l’est finalement pas, mais rempli d’humanité et porté par une plume habile.



Comme je l’avais déjà mentionné dans ma chronique du livre « Les jardins d’hiver » de Michel Moatti, j’éprouve un intérêt certain pour les événements qui se sont déroulés en Argentine durant les années 70-80. Leur évocation apporte une plus-value au fond de l’histoire.



La retenue et l’empathie dont fait preuve Laura Alcoba dans ce livre est à saluer. Exposant l’avant et l’après de ces infanticides, l’auteure n’a pas la prétention d’expliquer le pourquoi de ce terrible geste posé par une mère « aimante », telle que qualifiée par Flavia, qui n’était alors qu’une petite fille de 6 ans à cette époque.



Voilà un livre de cette rentrée littéraire hivernale très riche, que je vous recommande chaudement.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Par la forêt

Comment une mère peut en arriver, sur un coup de folie, à tuer ses enfants ? Dans "Par la forêt", Laura Alcoba tente d'éclairer cette question en sondant l'enfance et le parcours d'une maman aimante mais abîmée, névrosée. Un roman humaniste et délicat né du besoin, pour l'écrivaine, de comprendre un fait divers qui s'est produit dans son entourage.
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Par la forêt

Entre l’enquête, le roman noir, la quête de lumière : c’est un roman inspiré de faits réels, l’histoire d’un couple d’immigrés argentins qui assurent les fonctions de concierge dans un lycée Parisien. Un jour Griselda commet l’indiscible, elle noie ses deux garçons dans la baignoire.

C’est l’histoire terrible d’un double infanticide, celle de l’irrémédiable l’inexplicable, d’une mère qui perd pied.

Cette Histoire est encrée dans un monde plus vaste dans un itinéraire fait de brisures de cassures, abusée dans son enfance, la nécessité de se cacher en raison de la dictature argentine, tout cela perd Griselda mais n’explique pas, ce qui s’est passé reste un gouffre.

C’est aussi un livre sur le silence de la petite fille qui a survécu.

En effet, une enfant survit à l’effroi : c’est Flavia sa fille aînée âgée de 6 ans au moment des faits, elle est aujourd’hui une grande photographe qui cherche la lumière, comment se construire après ce jour là ? Les liens familiaux sont restés, se sont maintenus entre le mère et la fille. Les contes, la littérature et l’amour que Flavia va recevoir, vont lui permettre de se construire.

Cette histoire est comparée au mythe de Médée qui est présenté comme une bouée pour Flávia.

Le réel étant pour elle inracontable, le mythe prend le relais, comment le réel terrifiant est dénoué…

La forêt offre le conte à l’enfant,

le récit métaphorique de ce qui ne peut se dire mais se ressent.

Ce roman nous démontre comment la littérature peut mettre des mots sur ce qui est inexplicable.

Toute la deuxième partie du livre est aussi lumineuse qu’est sombre la première. C’est un roman sur la mort, sur la vie et sur l’amour.

C’est Medee et la conjuration de Medee alors que le lien est brisé, il persiste entre la mère et la fille ce mystère au bout de la nuit comme une immense lumière, comme si sans la nuit on ne pouvait voir la lumière. Un roman très émouvant.

#prixlitterairedubarreaudemarseille @editions_gallimard #lauraalcoba
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Par la forêt

Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans la loge du Lycée T. à Paris, en décembre 1984, pour que la narratrice de cette histoire, bien des années après, décide d’enquêter et d’expliquer un drame familial qui s’est joué en quelques heures et a détruit une famille apparemment très heureuse ?



C’est à un long flash-back que nous convie Laura Alcoba, qui va pendant plus de cent pages raconter la vie de Griselda, une femme argentine ayant émigré en France, et retrouvé Claudio, l’homme de sa vie pour lequel elle éprouvé un coup de foudre dès leurs débuts dans une librairie de Buenos Aires, et lui donner trois enfants dans la loge du lycée où ils sont hébergés.

Il nous faudra attendre la page 106 pour connaître les détails de « l’accident », ou du « drame » ou encore de « la tragédie ». Auparavant, avec la narratrice qui écoute les témoins de cette époque, on aura appris à connaître l’histoire de Griselda et on aura tenté de comprendre ce qui a pu conduire cette belle femme à agir ainsi lors de cette funeste journée de décembre 1984.



On aura au passage tracé le portrait de Flavia, la fille de Griselda et Claudio, qui va se reconstruire grâce notamment à un couple d’instituteurs très aimants, Colette et René.



Il y a beaucoup de délicatesse et de douceur sous la plume de Laura Alcoba, qui réussit le tour de force de ne jamais juger, accabler, ou vilipender la femme qu’est Griselda, quoi qu’elle ait pu faire dans le secret de sa loge un petit matin.



Traversée par le mythe de Médée, « Par la forêt » convoque des souvenirs anciens de femme ogresse, dévorant ses propres enfants. Il faut se souvenir de la tragédie grecque d’Euripide, puis de la pièce de Corneille, ou de tous ces récits d’infanticide insoutenables : une femme n’a pas le droit de tuer ses propres enfants, cet acte est trop infamant.



Avec beaucoup de patience donc, Laura Alcoba nous conduit sur le chemin qui mène à la forêt sombre de l’inconscient, nous rassurant au passage comme l’ont fait Colette et René avec la petite Flavia sur les sentiers près d’une forêt métaphorique où ils sont allés ensemble, pour terminer sur une note magnifique, à l’image de ce que dit Flavia à la narratrice à propos de sa mère Griselda :

« Présente, aimante. Très aimante ».



Une belle leçon de tolérance et d’empathie à laquelle seule la littérature ou la culture en général nous donne accès.

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