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Critiques de Laure Marchand (22)
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Le fantôme arménien

Je rencontre beaucoup d'Arméniens dans mon travail et tous ces noms se terminant par -ian me sont familiers. Quand je suis tombée sur cette bande dessinée, je me doutais bien, avant même de lire son résumé, qu'il parlait du génocide arménien et je voulais en savoir un peu plus.



En forme de reportage, cette BD décrit le voyage en Turquie de Varoujan, en compagnie de sa femme, où il organise une exposition sur les rescapés du massacre. Diyarbakir, la capitale kurde de Turquie, est le point de départ de ce pèlerinage. C'est cette ville qui abritait la plus grande cathédrale du Moyen Orient avant que les Turcs la dévastent. Des 70 000 Arméniens qui peuplaient la ville et ses environs, il n'en restait que 3000 après 1915. La région de Dersim où Varoujan et Brigitte se rendent ensuite, majoritairement kurde et alévie, a connu aussi un autre génocide, celui de 1937, qui a décimé la population arménienne. Puis, ils empruntent la route de la déportation pour atteindre Bogazdere, le village natal du grand-père de Varoujan qui a trouvé refuge en France. Lors de ce voyage, le couple fait de belles rencontres avec les descendants des rescapés, qui, pour survivre et ne pas trahir leur origine, n'ont pas d'autre choix que de se fondre dans la population turque et de pratiquer la religion musulmane.



C'est un beau témoignage aux couleurs kaki d'un retour aux origines sur les traces d'un peuple meurtri. A la fois instructive et émouvante, cette bande dessinée est une réussite.


Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Le fantôme arménien

Reportage de Laure Marchand, Guillaume Perrier et Thomas Azuélos, Le fantôme arménien est un roman graphique dont l'histoire débute en 2014.



Christian Varoujan Artin, la cinquantaine, et sa femme Brigitte viennent de Marseille, c'est la première fois qu'ils se rendent en Turquie. La raison de ce voyage : Christian réalise une exposition à Diyarbakir à l'occasion du 99ème anniversaire du génocide arménien. L'exposition, intitulée "99 portraits de l'exil, 99 photos de survivants du génocide des Arméniens", met en scène des photographies d'identité de survivants, prises après leur exode lorsqu'ils sont arrivés à Marseille.



C'est un sujet qui lui tient à cœur. Son père avait fondé le centre Aram pour la préservation de la mémoire et de la culture arméniennes à Marseille en 1997. C'est Christian qui a pris la relève. On y conserve des milliers de documents et de récits.



Avec son épouse, ils partent à la rencontre des descendants des arméniens, à Diyarbakir et dans la région du Dersim. Ceux qui sont restés en Turquie ont souvent été contraints de se convertir. Ils rencontrent des kurdes, des alévis, des musulmans... Chacun rapporte son histoire personnelle, son témoignage empreints des questions d'identité de mémoire et d'assimilation. Le voyage se poursuit à Bogazdere, une ville nationaliste. Puis, ils empruntent une route de la déportation jusqu'à arriver au village de son grand-père.



Les dessins et les couleurs de Thomas Azuélos ne sont pas désagréables, mais ne m'ont pas transportée plus que cela. L'histoire et la construction du reportage est vraiment intéressante et émouvante. Au fil des rencontres des habitants de ces régions turques, se révèlent les traces encore présentes du terrible génocide, perpétré de 1915 à 1923. Christian Varoujan Artin est décédé en 2015, peu de temps après la publication de ce livre.
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Le fantôme arménien

Août 2014, 99 ans avant le centenaire du génocide arménien, Varoujan, un Arménien de la diaspora installé à Marseille, se rend avec sa femme pour la première fois en Turquie, sur la terre des ancêtres. Au cours de son voyage, il se rend à Diyarbakir, dans la région du Dersim, à Sivas... Là, il rencontre des Kurdes, des Alévis, qui ne sont rien d'autre que des Arméniens islamisés, assimilés, car c'était le seul salut possible pour rester en Turquie.

La plupart des églises ont été détruites ou transformées en mosquées. De nombreuses pierres gravées, ornées, ont été réemployées dans les maisons, les caves, et portent la trace de cette culture qui a été éradiquée en Turquie.

Comme dans de nombreux romans graphiques, le dessin n'est malheureusement pas à la hauteur du propos. Mais c'est un témoignage puissant et éclairant sur la mémoire du génocide arménien.
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Les loups aiment la brume: Enquête sur les op..

Que vous dire sinon qu'il faut absolument lire l'enquête de Guillaume Perrier et Laure Marchand car il révèle le marasme dans lequel patauge de nouveau la Turquie depuis que son Président de la République, Recep Tayyip Erdogan, s'est allié au MHP, parti ultranationaliste connu pour sa violence, ses liens avec le grand banditisme, sa xénophobie et son hostilité envers toutes les “minorités” ethniques, confessionnelles et politique (kurdes, arméniens, juifs, alévis, LGBT, militants de gauche etc) . Il révèle les méthodes employées par le régime autoritaire pour “chasser” ses opposants partout dans le monde, en Europe en particulier. Menaces, passages à tabac, enlèvements,  assassinats... les sales mains d'Erdogan s'étendent hors de “son” territoire pour briser le cou à toutes celles et ceux qui refusent de lui prêter allégeance. Ils sont Kurdes, Arméniens, Turcs. Ils sont militants, journalistes ou simples citoyens soupçonnés d'être liés au mouvement de Fethullah Gülen (prédicateur religieux réfugié aux Etats-Unis, autrefois lié à Erdogan mais devenu paria depuis 2016). Ils sont déchus de leurs droits et se trouvent menacés de mort par des énergumènes à la solde des tortionnaires au pouvoir. Erdogan et ses sbires n'ont peur de rien ... ils avancent “masqué” sur le territoire européen et personne pour les arrêter alors que tous sont au courant de leurs agissements. La France, comme d'autres, laisse faire ou presque pour ne pas contrarier celui qui se pense comme le nouveau Sultan. C'est inquiétant, affligeant, lamentable et d'une gravité telle qu'il faut en être averti et informé. Le terrorisme n'est pas qu'islamiste. Il est aussi ultranationaliste. Et quand il est les deux, porté par un acteur étatique, il est particulièrement dangereux. Lisez absolument !
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Le fantôme arménien

J'ai rarement vu une BD aussi émouvante.



A la veille du centenaire du génocide arménien, Varoujan, un Arménien dont les grands-parents ont pu échapper au génocide, et se sont réfugiés en France, retourne pour la première fois en Turquie, pour présenter une exposition de portraits d'Arméniens réfugiés. Pour lui, c'est se confronter à un "Auschwitz à ciel ouvert"



C'est l'occasion de rappeler ce qu'a été le génocide, mais surtout ce que sont devenus les rares Arméniens qui en ont réchappé, au prix de la misère,du renoncement à leur foi et de la persécution. Certains commencent à oser sortir de l' anonymat. La BD confronte les descendants des survivants en Turquie et dans la diaspora, ils se découvrent, c'est déchirant.

En outre le dessin est magnifique, inventif, non dépourvu d'humour, en un mot, génial!

Autant de faits, d'émotion et de beauté tant graphique qu'humaine dans un seul livre, c'est rare!
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Le fantôme arménien

Cela ne sera pas une œuvre qu’on retiendra pour sa partie graphique assez sommaire. Le dessin n’est pas très élégant mais il reste tout à fait correct au niveau de l’illustration. Il est vrai que c’est un peu une constante dans les bd documentaires qui axent plutôt sur le fond.



Le fantôme arménien nous entraine dans le périple qu’effectue un couple de descendants en Turquie à l’occasion du 99ème anniversaire de ce tristement génocide qui divise. La Turquie nie farouchement et n’arrive pas à retrouver la paix intérieure. L’ennemi vient toujours de l’intérieur et il faut le chasser et l’éradiquer surtout s’il s’agit d’une autre culture ou d’une autre religion. Ce qui est vrai pour cet Etat est également vrai pour d’autres. C’est un retour assez douloureux pour ce couple marseillais qui va dresser simplement un état des lieux sans jugement hâtif.



On apprendra que l’économie s’est effondrée suite à ce génocide car les arméniens étaient assez réputés pour leur négoce et leur savoir-faire en matière artisanale. Y avait-il une certaine forme de jalousie ? On a pu observer également le même phénomène avec les Juifs lorsque les nazis les ont exterminés en s’appropriant également leurs avoirs. Bref, ces conséquences économiques sont encore palpables de nos jours dans ces régions reculés et pauvres de la Turquie et autrefois prospères.



La bd évoque également des aspects qui j’ignorais notamment sur le rôle un peu fourbe des kurdes dans l’exécution de ces populations. Malheureusement pour eux, le fait d’avoir collaboré ne les pas vraiment aider par la suite car ils sont également devenus des victimes d’un régime hégémonique voulant gommer toute différence au nom d’une préférence nationale ou d’une religion d’état.



La laïcité prônée par Atatürk n’a été qu’un leurre. Aujourd’hui encore, nous avons un président qi déclare à la presse que l’égalité homme-femme est un concept contre nature. Mais bon, il prône un islam dit modéré. Je ne parlerais pas de son soutien indirect avec l’obscurantisme en descendant par exemple un chasseur allié qui ne semblait pas menacé l’intégrité de leur territoire. Alexandre le Grand se retournerait dans sa tombe s’il savait.



Cette œuvre n’oppose pas un peuple contre un autre car il reconnait la place des Justes à savoir par exemple ces fonctionnaires turques qui se sont opposés à la déportation et qui l’ont payé de leur vie. Cela relate de faits mais sans entrer trop dans le détail ce que d’autres œuvres sur le sujets nous ont déjà apporté comme Medz Yeghern : Le grand mal ou encore Le Cahier à fleurs.



Elle insiste également sur le fait que les descendants sur place ont du se fondre dans des mariages forcés ou l’islamisme. Je dirai que ceux qui ont pu fuir se sont également fondus aux Etats qui les ont accueillis comme la France ou les USA. On apprendra grâce à cette bd que 10% des marseillais ont une origine arménienne. Se fondre de force ou volontairement au point de perdre sa culture originelle et son identité. J’arrive parfaitement à ressentir tout cela au travers de ces témoignages poignants.



Il ne faut pas rester figer sur la mémoire mais vivre sa vie et tourner enfin la page. Il serait temps près de 100 après. Je peux cependant comprendre la volonté de ce couple de collecter des preuves d’un peuple condamné à l’oubli et à l’exil. En tout cas, un très beau regard que propose cette œuvre sur l’identité arménienne pour peu qu’on soit réceptif aux drames et aux espérances de peuples lointains. Un beau moment d’humanisme en tous les cas.
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Le fantôme arménien

Cette BD donne une idée des séquelles qu'a laissées le génocide arménien sur les descendants des rescapés, qu'ils soient de la diaspora ou intégrés et plus ou moins assimilés par la Turquie moderne. Texte minimaliste un peu décousu mais émouvant et bien servi par un dessin magnifiquement sobre .
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Les loups aiment la brume: Enquête sur les op..

Habitant en Alsace où réside une importante communauté Turque, j’ai parfois été surpris des largesses de certains maires à l’égard d’associations culturelles et religieuses de cette diaspora majoritairement pro Erdogan, qui peut se montrer parfois très virulente.

J’ai en mémoire le meeting électoral d’ Erdogan qui s’est tenu au Zénith de Strasbourg en 2015 devant 12 000 de ses partisans [1], le financement à hauteur de 10% de la mosquée turcophone Eyyub Sultan de Strasbourg [2], les menaces contre l’intégrité physique de l’adjointe au maire Franco-Turque Mine Günbay [3] ou la construction, à proximité du Conseil de l’Europe à Strasbourg, du plus grand bâtiment diplomatique turc dans le monde inauguré en 2019 [4].



Je me souviens également du triple assassinat des militantes kurdes Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez en plein cœur de Paris en 2013,

Je me croyais informé, j’étais bien loin d’appréhender à quel point le pouvoir autoritaire de Recep Tayyip Erdoğan, très implanté en Europe, est méprisant et dangereux pour nos démocraties.



Après une courte et intéressante synthèse de l’histoire récente de la Turquie, le livre « LES LOUPS AIMENT LA BRUME » démarre son enquête sur l’interview de Feyyaz Öztürk, un repenti des services secrets turcs du MIT, qui s’était rendu aux services autrichiens du renseignement, en 2020, pour les avertir de l’assassinat imminent de l’élue viennoise d’origine Kurde Berivan Aslan.



On découvre énormément d’informations dans cette enquête, mais il est parfois peu aisé de s’y retrouver dans leur chronologie et de relier les différentes affaires détaillées par les repentis du MIT, les différents témoins ou dans les comptes rendus de justice.



Si l’on peut saluer la détermination des juges français concernant l’instruction du dossier relatif à l’assassinat des trois militantes kurdes à Paris en 2013, on est écœuré par l’obstruction systématique de cette enquête par les pouvoirs politiques français successifs.

Quand la raison d’État renie nos « valeurs » pour bloquer toutes les investigations à l’encontre des assassins turcs du MIT, c’est pour mieux déléguer la gestion rémunérée des flux migratoires aux portes de l’Europe.

Quand Emmanuel Vals lorsqu’il était Premier ministre de François Hollande, puis le Président Emmanuel Macron lorsqu’il accueille le Reïs à Paris en 2018, expriment successivement la volonté de la France de combattre « les terroristes du PKK », cela laisse les mains libres à Recep Tayyip Erdoğan, pour financer des milices islamistes pro turques en Syrie, négocier avec Daech et entreprendre avec sa compagnie privée de mercenaires SADAT ainsi que son armée régulière des opérations militaires contre les kurdes en Syrie.

On se rappelle pourtant l’engament des forces armées française aux côtés des Peshmergas kurdes à cette même période [5].



La persécution à travers le monde des partisans du mouvement güleniste est elle aussi abordée dans ce livre. Enlèvements ou extraditions dans le mépris absolu du droit international, de membres du mouvement Gülen avec, souvent, la complicité des autorités locales au Gabon, au Kenya, au Kosovo, aux Émirats arabes unis, en Arabie Saoudite, en Malaisie, au Pakistan, au Cambodge, en Algérie, au Soudan, en Albanie, au Kirghizstan, en Bulgarie …….

Agressions, tentatives de Kidnapping et menaces de mort à Berlin, à Stockholm, en Écosse, en Suisse …… rien n’arrête le MIT avec le concours, le plus souvent, de personnels des ambassades turques implantées localement.



L’enquête ne s’arrête pas là, bien d’autres sujets y sont abordés, de nombreux témoignages viennent étayer l’implication de l’État Turc dans une chasse à l’homme à travers le monde à l’encontre des militants kurdes et arméniens, des opposants azerbaïdjanais, des opposants et journalistes turcs……

Contrôle de l’Islam en France et en Europe, entrisme dans les partis politiques européens rien n’arrête la démesure autoritaire de Recep Tayyip Erdoğan qui n’hésite pas à s’appuyer sur l’organisation fasciste des Loups Gris, les mercenaires de la milice SADAT (le « Wagner » turc) et sur les organisations mafieuses et criminelles dont l’emprise ne cesse de croître sur la Turquie.



Tout annonce une fin de règne et les loups commencent à s’entredévorer entre eux.

En ce sens l’épilogue de cet ouvrage est pour le moins pessimiste à l’approche de l’élection présidentielle de juin 2023. L’actualité lui donne malheureusement raison puisque Ekrem İmamoğlu, maire d'Istanbul depuis 2019, qui devance le président turc dans les sondages « … est poursuivi pour avoir insulté dans un discours les personnes à l'origine de l'annulation de son élection … » (Agence Reuters 220922). Son procès, où il risque sa destitution de maire d'Istanbul et l’inéligibilité, est reporté au mois de novembre 2022.



Souhaitons au peuple turc et à la Turquie de réussir à lever cet épais voile de brume.

Je vous invite à lire ce livre passionnant, souvent déroutant,parfois un peu touffu.





[1] Article Rue89 STRASBOURG du 05/10/2015 : « Strasbourg : double accueil pour le président turc Erdogan »



[2] Article L’ALSACE du 07/04/2021 : « Strasbourg : pourquoi la subvention accordée à une mosquée fait-elle polémique ? »



[3] Article Rue89 STRASBOURG du 04/11/2015 : « Attaquée par les conservateurs turcs, Mine Günbay réplique »



[4] Article Rue89 STRASBOURG du 18/07/2018: « En grès des Vosges et carreaux d’Iznik, le monumental consulat de Turquie se dévoile »



[5] Discours officiel du Président de la République M. François Hollande à Erbil le 2 janvier 2017 : https://www.vie-publique.fr/discours/201701-francois-hollande-02012017-cooperation-militaire-france-et-peshmergas







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Le fantôme arménien

20 avril 2014. Pour la première fois, Christian Varoujan Artin se rend avec sa femme Brigitte en Turquie sur les traces de son grand-père paternel. Figure marseillaise emblématique de la communauté arménienne en France, l'administrateur de l'Association pour la Recherche et l'Archivage de la Mémoire Arménienne (Aram) veut rendre un hommage à la mémoire des victimes du génocide arménien en organisant en 2015 dans la ville de Diyarbakir (capitale des kurdes de Turquie) une exposition intitulée "99 portraits de l'exil, 99 photos de survivants du génocide des arméniens". Malgré sa peur d'"entendre craquer les os en foulant sa terre" (citation du réalisateur Henri Verneuil), Christian Varoujan Artin se décide à "faire le grand saut dans le réel" (p.16). Suivi de Laure Marchand, Guillaume Perrier et Thomas Azuelos pour les besoins de cette bande-dessinée documentaire, le couple quitte les quartiers nord de Marseille à la découverte de la terre de leurs ancêtres. Répondant à son désir de « bâtir un édifice d'humanité" (p.54), Christian Varoujan Artin réalise avec tristesse que "la diaspora avait psychologiquement effacé la Turquie" (p.65) et que des descendants d'arméniens rescapés du génocide eux aussi traumatisés par leur islamisation forcée par exemple, continuent de vivre en Turquie...



Tout comme son père Garbis, Christian Varoujan Artin a œuvré à la sauvegarde de la mémoire et de l'identité arménienne. L'histoire du génocide arménien, il en hérité par bribes de son grand-père Sahag. S'improvisant encyclopédiste en collectant et en traitant patiemment des centaines de documents, "Varou" ainsi que le surnommaient ses copains d'école, a au fil du temps reconstitué l'histoire du génocide arménien que son grand-père lui avait tu, certainement pour le préserver. Portant en lui cette identité arménienne marquée par le génocide et par le transfert forcé des populations arméniennes de l'Empire Ottoman, Christian Varoujan Artin fait partie de ces générations issues de l'immigration dont l'héritage familial a questionné et conditionné l'existence. Redoutant le "grand saut dans le réel" qu'il savait pourtant indispensable, "Varou" se décide en 2014, à se rendre en Turquie pour organiser son exposition photo en hommage aux victimes du génocide. Les centaines de documents et photographies qu'il avait soigneusement numérisés allaient enfin pouvoir être exposés au grand jour. Mais loin de se douter des rencontres et des découvertes qu'il allait faire durant son "pèlerinage", Christian Varoujan Artin réalise que son voyage en Turquie en valait la peine. Il avait enfin pu partir sur les traces de « son Fantôme arménien"...



Cette bande-dessinée documentaire est née à l'initiative de Laure Marchand et Guillaume Perrier qui ont publié La Turquie et le génocide arménien : sur les traces du génocide aux éditions Actes Sud en 2013. Pour poursuivre leur travail d'enquête sur la mémoire du génocide arménien, ils ont souhaité suivre Christian Varoujan Artin dans sa quête identitaire. Et c'est Thomas Azuelos qui s'est chargé du scénario et de l'illustration de bande-dessinée. Le voyage qui s'est organisé autour de 4 étapes, a conduit Christian Varoujan Artin et sa femme à Dyrarbakir, dans la région du Dersim (dont la ville de Tunceli), dans celle de Boğazdere (village de Sivas) et enfin à Istanbul. Bouleversé par sa rencontre avec les Arméniens kurdes, turques ou alevis et par les récits des descendants des rescapés du génocide, le couple réalise avec philosophie, tout le sens de son voyage : "Nous ne devons pas restés figés sur la mémoire. Les vivants sont plus importants que des pierres ou des livres" (Brigitte Balian, p.99). Le Fantôme arménien qu'il poursuivait avait enfin un visage ou plutôt 1000 visages. Reste encore à co-construire l’avenir de ce peuple arménien tant meurtri et persécuté...



Comme beaucoup de descendants d’immigrés, Christian Varoujan Artin porte profondément ancré en lui l’histoire de ses origines. La poursuite de son Fantôme arménien à travers son travail de mémoire lui apportera-t-il les réponses qu’il recherche ? Lui permettra-t-elle de réconcilier les souffrances de son peuple et sa volonté de « bâtir un édifice d’humanité » ? Ou au contraire, fustigera-t-elle une vérité trop difficile à accepter ? A travers ce voyage illustré de dessins sobres alternant avec des planches sombres et rougies par le récit terrible des exactions turques sur la population arménienne, Thomas Azuelos convie ses lecteurs à une plongée parfois éprouvante dans l’horreur du génocide. Les images d’archives et les collages qui ponctuent la bande-dessinée offrent de courts répits sur les témoignages accablants des informateurs mais au final, on retiendra que ce travail d’enquête sur l’histoire et la mémoire des arméniens mené par Laure Marchand et Guillaume Perrier, incarne un véritable message d’espoir. Publiée à l’occasion des 100 ans du génocide arménien (1915-2015), cette bande-dessinée sort de l’anonymat, le temps d’une lecture, des témoins de l’oubli. Une lecture éclairante qui interroge et incite à se documenter plus profondément sur la question...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Le fantôme arménien

99 portraits d'Arméniens ayant survécu au génocide affichés pour le 99è anniversaire du drame. C'est le point de départ du voyage de Varoujan et de sa femme Brigitte vers la terre originelle. Ils viennent de France et partent à la rencontre des gens.



Et quels gens !



Des déracinés, assimilés, cachés, se faisant petits, longeant les murs, niant leur propre existence, individuelle ou collective. Ils retrouvent néanmoins un esprit arménien bien vivace. Une rage ou une volonté de rester debout.



Je connaissais le génocide d'assez loin. J'ai découvert que ce génocide se perpétuel. Il est culturel, social, identitaire... ce génocide est continu, permanent. A travers l'assimilation des enfants par des musulmans, alévies, etc. l'identité arménienne se dilue au quotidien. Un peu comme les aborigènes adoptés par des familles bourgeoises en Australie.



Les auteurs font feu de tout bois... ils mélangent des photos, alternant les couleurs (dont le rouge) pour des effets percutants, ils nous livrent quelques épisodes surréalistes faisant dialoguer Kemal Atatürk et Erdogan dans un grand moment burlesque. Ils n'arrivent cependant pas à éviter des lourdeurs, une langueur assez peu emballante, une inégalité dans le récit.
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Triple assassinat au 147, rue La Fayette

Mon mari et moi hésitions à acheter ce livre. Nous pensions ne rien apprendre de lui, ayant suivi l’affaire avec attention. Nous préférions donc l’emprunter auprès de la bibliothèque mais une jeune femme pétillante, militante kurde rencontrée grâce à Instagram, a décidé de nous l’offrir. Nous la remercions pour ce geste adorable qui m’a permis d’en apprendre davantage. Ce sont des détails mais ils ont leur importance et ils me permettent de vous conseiller ce livre qui ne peut qu’éclairer celles et ceux qui ne savent rien sur le sujet. Le sujet, c’est – le titre l’indique – l’assassinat de trois militantes kurdes le 09 janvier 2013 à Paris; triste jour de deuil, un de plus, pour les Kurdes. Laure Marchand écrit tout sur cette affaire: qui sont les jeunes militantes, où et comment elles ont été tuées, qui est soupçonné de leur assassinat, qui sont les probables commanditaires… Elle dit la réticence de la Turquie à collaborer, la lâcheté de la France qui refuse de s’impliquer. Elle dit ce que les Kurdes savent déjà. Et je dois dire que la lassitude, la déception, le désarroi sont encore là.



En lisant ce livre, la douleur est remontée. Les larmes n’ont pas coulées mais mon coeur, lui, a saigné. Comme pour beaucoup de Kurdes, l’assassinat de ces militantes en plein Paris m’a bouleversé, secoué. J’ai pleuré leur mort à chaudes larmes ce 09 janvier 2013. Habituée pourtant à la triste actualité des Kurdes, toujours confrontés à la mort en Iran, en Syrie et encore aujourd’hui en Turquie, j’ai eu du mal à encaisser, à accepter leur assassinat. Sans doute parce qu’il a eu lieu en France? Je ne suis pourtant pas naïve. Je sais que les assassinats politiques peuvent se faire sans impunité en France mais que voulez-vous, savoir est une chose, le vivre et le confirmer, par ricochet, en est une autre. Voir un gouvernement prétendu de gauche courber l’échine devant le régime turc, voir la France nier ses valeurs – composantes apparemment essentielles de son identité – pour quelques intérêts politiques et économiques, c’est, encore une fois, et comme d’habitude, vivre une effroyable déception, tuer le peu d’espoir qu’il peut rester en la Justice. C’est la colère qui remonte, le désespoir qui refait surface. C’est une véritable détestation de la politique telle qu’elle est exercée dans ce monde où la justice et la démocratie sont encore et toujours, pour les plus démunis, un idéal à atteindre par une lutte acharnée permanente. Que l’on soit pour ou contre les activités militantes de ces femmes, peu importe, elles ne méritent pas la mort. Se taire devant l’inconcevable, devant l’inacceptable, par pure lâcheté, ou par intérêt, c’est participer à la mise à mort, c’est la confirmer, c’est l’accepter. C’est avoir une responsabilité. Au gouvernement français de l’assumer.
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Le fantôme arménien

Embarquement immédiat pour Istanbul sur les traces fantomatiques du passé arménien. Cette bande dessinée aux couleurs sépia des vieilles photos se déroule comme un reportage qui suit un personnage réel Varoujan et sa compagne Béatrice. Ces deux marseillais d'origine arménienne partent retrouver en Turquie des arméniens qui s'ignorent ou presque.

En 1915, deux millions et demi d'arméniens vivent dans l'empire ottoman. Entre 1915 et 1917, plus de la moitié sont exterminés pendant que ceux qui le peuvent fuient. Ceux qui sont restés ont vu leur nom changer, leur langue interdite et leur religion aussi. sur les traces de Varoujan on découvre les histoires tragiques de destinées écrasées par le silence. Des enfants arméniens élevés par des familles musulmanes, des jeunes arméniennes mariées à des turcs, des hommes et des femmes avec des faux passés qui découvrent sur le tard d'où ils viennent. On mesure comment le mensonge historique et le silence provoquent des souffrance. ? Le lavage de cerveau des gouvernements turcs ne peut, heureusement, pas bâillonner la pensées. Varoujan va ainsi de village en village recueillir, ressentir les émotions de ces kurdes et turcs qui se sont récemment découverts des racines arméniennes. Une bd en forme de leçon d'histoire, très utile !
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Le fantôme arménien

J'ai commencé ma lecture avec une légère dose d'appréhension : un sujet dur, peu connu en France car encore enfoui dans les mémoires ; une mise en images parfois rude, entre photo et croquis.



Et pourtant, on se laisse prendre dans le fil de la narration, en suivant ce groupe de Français, à la recherche d'une vérité niée, d'un passé oublié, mais surtout d'une identité à affirmer. L'ouvrage est très bien documenté, on apprend énormément de faits sur ce génocide, reconnu comme tel par tous sauf les principaux intéressés. Le fait de mettre en écho la situation de l'époque et le contexte actuel pour les Arméniens en Turquie et en Europe apporte une profondeur bienvenue à ce roman graphique.

La preuve que la BD est un art à part entière, et chapeau à la politique éditoriale de Futuropolis, notamment sur les BD documentaires !
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Le fantôme arménien

Ce reportage sur la diaspora arménienne met en exergue le fait qu’aujourd’hui encore, les survivants du génocide de 1915 sont encore fortement traumatisés par les événements du siècle dernier. Il en est de même pour leurs descendants, qu’ils vivent en exil ou sur les terres familiales. Ils ressentent une peur physique à l’égard de leur bourreau turc qui n’a admis que du bout des lèvres la responsabilité d’un massacre qu’ils peinent à reconnaître.



Entre 1915 et 1917, le berceau historique des arméniens est pratiquement vidé de sa population. Un peuple exterminé avec méthode et la survie de nombre d’entre eux n’a été permise que grâce à l’exil et aux interventions isolées de quelques habitants d’origine turc, ravissant de ci de là quelques enfants lors des grandes rafles opérées par les troupes armées. Cent ans après, les voix s’élèvent timidement, encore éparses, apeurées et émues.



L’émotion ressentie par Varoujan Artin et Brigitte Balian lors de ce voyage est très forte et les auteurs nous permettent réellement de ressentir l’importance que revêt pour eux ce voyage. D’ailleurs le travail au pinceau réalisé par Thomas Azuélos porte parfaitement leurs impressions. Celles-ci balayent un large panel sensations : de l’inquiétude tenace qui tiraille Varou avant le départ à la satisfaction importante de vivre ce voyage, émotion des rencontres, indignation face au mutisme des politiques, affliction lorsqu’il se remémore les massacres… Son investissement au Centre Aram de Marseille l’avait pourtant bien préparé à faire face à la situation. En effet, il connaît les lieux, il connaît l’histoire, il connaît l’importance de l’empreinte que le peuple arménien a laissé dans la culture turque pourtant, rien de tout cela ne lui permet de canaliser le trouble qu’il éprouve sur place.



(Lire l'avis intégral sur le blog)
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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Le fantôme arménien

Plus que des réponses, elle génère foule de questions et incite à creuser autour de cet événement souvent omis du récit de la Première Guerre Mondiale.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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Les loups aiment la brume: Enquête sur les op..

Plongez dans une dissection des réseaux d'influence turcs au sein de l'Europe, dont on découvre sans surprise les ramifications bien solides dans les pays ayant une forte minorité turque : Allemagne, France, Suisse et Belgique, et la quasi totale impunité dans laquelle ils agissent...



Laure Marchand et Guillaume listent les acteurs de ces opérations turques sur le sol européen (le parti d'action nationaliste MHP, les Loups gris, la Diyanet, ou les services de renseignement du MIT) et décortiquent quelques assassinats célèbres, dont notamment celui de janvier 2013, où les militantes kurdes Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez furent abattue à Paris...Qui fait étrangement écho à l'assassinat de trois autres militants kurdes en décembre l'année dernière.



Les auteurs s'attardent aussi sur la gestion de l'Islam "déléguée" à des prédicateurs et imams détachés et payés par la Turquie, notamment en Allemagne, ou sur les tentatives d'intimidation systématique de militants kurdes et arméniens, ou d'opposants azéris ou de journalistes turcs par des factions fascistes.



Un bel exposé sur l'incapacité des gouvernements européens à assurer la sécurité des opposants au régime turc sur leur propre territoire et sur leurs yeux systématiquement clos devant les intimidations répétées dignes de pays autoritaires ou gouvernés par des milices mafieuses...Erdogan a décidément les mains un peu trop libres, et l'on se demande bien pourquoi.



En revanche, certains chapitres sont plus troubles et les argumentations et conclusions un peu tirées par les cheveux et basées sur des témoignages d'anciens exécuteurs des basses manœuvres du MIT un peu trop heureux d'être projeté dans la lumière, à prendre donc avec des pincettes.
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Le fantôme arménien

J'ai donné sa chance à la BD pour ce qu'elle pourrait m'apprendre mais certainement pas pour ses dessins. Et malheureusement, cela n'a pas suffit : j'ai dû m'accrocher pour parvenir au bout. Le fait que cela me rappelle un souvenir qui n'est pas positif n'a pas aidé.
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Le fantôme arménien

Tout d’abord, contrairement à mes habitudes, j’ai rédigé cette chronique quelques semaines après la lecture de l’album. La raison en est simple, j’ai été tellement touchée par les protagonistes qu’il m’a fallut prendre un peu de temps pour pouvoir en parler.



Bien que je connaisse les grandes lignes du drame que fut le génocide arménien, je regrette une certaine méconnaissance du sujet. Ce roman graphique, très bien documenté, m’a permis d’en apprendre un peu plus. Néanmoins, je rassure les personnes hermétiques aux livres d’histoire, Le fantôme arménien n’est pas un manuel scolaire. C’est avant tout un livre émouvant qui vous présente, à travers un couple d’origine arménienne, se rendant pour la première fois en Turquie, les blessures toujours fortement ancrées chez les descendants des arméniens décimés dans une quasi indifférence mondiale. A travers le récit, se pose également la question de l’identité arménienne.



Ma chronique est volontairement courte car je pense sincèrement que pour apprécier la valeur de cette BD documentaire, il est nécessaire de la découvrir par soi-même. Au-delà du récit, vous serez sûrement happés par le talent du dessinateur qui a su saisir, à travers ses dessins, les émotions des protagonistes et traduire en images les différents environnements et ambiances du récit.



En résumé, Le fantôme arménien est un livre riche en émotions qui aborde le génocide arménien mais pose également la question de l’identité arménienne plus de cent ans après ce drame. Aborder ce difficile sujet en BD permet de le rendre un peu moins « lourd » et de le rendre accessible à un plus grand nombre. Quant aux illustrations, en plus de donner corps au récit, elles permettent d’humaniser ce drame.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Le fantôme arménien

Un arménien issu de la diaspora (dont la famille a réussi à quitter le pays et à échapper au génocide de 1915) affronte ses démons et vient en Turquie pour la première fois.

Il est embauché par une association arménienne pour une expo photo sur les exilés.

Cette BD aborde la vision actuelle de la population sur la reconnaissance du génocide, comment a été vécu l'après, les relations encore tendues entre les communautés.

Une plongée très intéressante dans l'état d'esprit contemporain en Turquie.
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Le fantôme arménien

Il s’agit d’une bande dessinée reportage. Les trois auteurs ont suivi Varoujan et sa femme dans leur voyage en Turquie.

Ce voyage se déroule en plusieurs étapes. Il y a l’avant, les préparatifs, l’annonce de Varoujan à ses amis et l’expression de leurs doutes. Puis, c’est l’arrivée en Turquie avec comme première escale Diyarbakir. Là, Varoujan organise une exposition avec des photographies d’identité des Arméniens ayant débarqué à Marseille pendant le génocide. Vient l’étape du Dersim, le contrôle de police, la rencontre avec des descendants de survivants qui doivent jongler entre plusieurs identités. Ensuite, c’est Boğazdere, le village du grand-père de Varoujan. Enfin, Istanbul et le retour et la fête.

Fiction ou documentaire, évoquer le génocide arménien et tout autre massacre est souvent une histoire de tripes. Parce qu’il en faut pour entreprendre un tel périple. Il en faut pour interroger les familles des morts et raviver des souvenirs terribles. Et en même temps, il y a ce devoir de vérité. Il est nécessaire de montrer qu’encore aujourd’hui le génocide est source de conflit. Varoujan et Brigitte ne sont pas toujours à l’aise, et le lecteur non plus. Plus que le génocide, c’est un constat sur ce qui se passe maintenant.

Les auteurs ont donné une grande force au texte en mêlant les récits, les flash-backs et les documents. L’aspect reportage est souligné par l’intégration de vraies photos et de visuels de journaux. La lecture est rythmée grâce à des cases aux dimensions différentes. On alterne entre des scènes qui semblent intimes et de grands paysages cernés de vide.

Un grand soin a été apporté aux dessins et à la couleur. Les tons sont globalement ocres avec des touches de couleur pour un vêtement par exemple. Lorsqu’il s’agit de représenter le passé, le gris et le noir dominent. Et le rouge vient rappeler les massacres. Les dessins mettent l’accent sur certains détails, l’expression des visages, un bâtiment ou un paysage. Cela crée beaucoup de contrastes.
Lien : http://voulezvoustourner.blo..
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