Reportage de Laure Marchand, Guillaume Perrier et Thomas Azuélos, Le fantôme arménien est un roman graphique dont l'histoire débute en 2014.
Christian Varoujan Artin, la cinquantaine, et sa femme Brigitte viennent de Marseille, c'est la première fois qu'ils se rendent en Turquie. La raison de ce voyage : Christian réalise une exposition à Diyarbakir à l'occasion du 99ème anniversaire du génocide arménien. L'exposition, intitulée "99 portraits de l'exil, 99 photos de survivants du génocide des Arméniens", met en scène des photographies d'identité de survivants, prises après leur exode lorsqu'ils sont arrivés à Marseille.
C'est un sujet qui lui tient à cœur. Son père avait fondé le centre Aram pour la préservation de la mémoire et de la culture arméniennes à Marseille en 1997. C'est Christian qui a pris la relève. On y conserve des milliers de documents et de récits.
Avec son épouse, ils partent à la rencontre des descendants des arméniens, à Diyarbakir et dans la région du Dersim. Ceux qui sont restés en Turquie ont souvent été contraints de se convertir. Ils rencontrent des kurdes, des alévis, des musulmans... Chacun rapporte son histoire personnelle, son témoignage empreints des questions d'identité de mémoire et d'assimilation. Le voyage se poursuit à Bogazdere, une ville nationaliste. Puis, ils empruntent une route de la déportation jusqu'à arriver au village de son grand-père.
Les dessins et les couleurs de Thomas Azuélos ne sont pas désagréables, mais ne m'ont pas transportée plus que cela. L'histoire et la construction du reportage est vraiment intéressante et émouvante. Au fil des rencontres des habitants de ces régions turques, se révèlent les traces encore présentes du terrible génocide, perpétré de 1915 à 1923. Christian Varoujan Artin est décédé en 2015, peu de temps après la publication de ce livre.
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Août 2014, 99 ans avant le centenaire du génocide arménien, Varoujan, un Arménien de la diaspora installé à Marseille, se rend avec sa femme pour la première fois en Turquie, sur la terre des ancêtres. Au cours de son voyage, il se rend à Diyarbakir, dans la région du Dersim, à Sivas... Là, il rencontre des Kurdes, des Alévis, qui ne sont rien d'autre que des Arméniens islamisés, assimilés, car c'était le seul salut possible pour rester en Turquie.
La plupart des églises ont été détruites ou transformées en mosquées. De nombreuses pierres gravées, ornées, ont été réemployées dans les maisons, les caves, et portent la trace de cette culture qui a été éradiquée en Turquie.
Comme dans de nombreux romans graphiques, le dessin n'est malheureusement pas à la hauteur du propos. Mais c'est un témoignage puissant et éclairant sur la mémoire du génocide arménien.
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Que vous dire sinon qu'il faut absolument lire l'enquête de Guillaume Perrier et Laure Marchand car il révèle le marasme dans lequel patauge de nouveau la Turquie depuis que son Président de la République, Recep Tayyip Erdogan, s'est allié au MHP, parti ultranationaliste connu pour sa violence, ses liens avec le grand banditisme, sa xénophobie et son hostilité envers toutes les “minorités” ethniques, confessionnelles et politique (kurdes, arméniens, juifs, alévis, LGBT, militants de gauche etc) . Il révèle les méthodes employées par le régime autoritaire pour “chasser” ses opposants partout dans le monde, en Europe en particulier. Menaces, passages à tabac, enlèvements, assassinats... les sales mains d'Erdogan s'étendent hors de “son” territoire pour briser le cou à toutes celles et ceux qui refusent de lui prêter allégeance. Ils sont Kurdes, Arméniens, Turcs. Ils sont militants, journalistes ou simples citoyens soupçonnés d'être liés au mouvement de Fethullah Gülen (prédicateur religieux réfugié aux Etats-Unis, autrefois lié à Erdogan mais devenu paria depuis 2016). Ils sont déchus de leurs droits et se trouvent menacés de mort par des énergumènes à la solde des tortionnaires au pouvoir. Erdogan et ses sbires n'ont peur de rien ... ils avancent “masqué” sur le territoire européen et personne pour les arrêter alors que tous sont au courant de leurs agissements. La France, comme d'autres, laisse faire ou presque pour ne pas contrarier celui qui se pense comme le nouveau Sultan. C'est inquiétant, affligeant, lamentable et d'une gravité telle qu'il faut en être averti et informé. Le terrorisme n'est pas qu'islamiste. Il est aussi ultranationaliste. Et quand il est les deux, porté par un acteur étatique, il est particulièrement dangereux. Lisez absolument !
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J'ai rarement vu une BD aussi émouvante.
A la veille du centenaire du génocide arménien, Varoujan, un Arménien dont les grands-parents ont pu échapper au génocide, et se sont réfugiés en France, retourne pour la première fois en Turquie, pour présenter une exposition de portraits d'Arméniens réfugiés. Pour lui, c'est se confronter à un "Auschwitz à ciel ouvert"
C'est l'occasion de rappeler ce qu'a été le génocide, mais surtout ce que sont devenus les rares Arméniens qui en ont réchappé, au prix de la misère,du renoncement à leur foi et de la persécution. Certains commencent à oser sortir de l' anonymat. La BD confronte les descendants des survivants en Turquie et dans la diaspora, ils se découvrent, c'est déchirant.
En outre le dessin est magnifique, inventif, non dépourvu d'humour, en un mot, génial!
Autant de faits, d'émotion et de beauté tant graphique qu'humaine dans un seul livre, c'est rare!
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Cela ne sera pas une œuvre qu’on retiendra pour sa partie graphique assez sommaire. Le dessin n’est pas très élégant mais il reste tout à fait correct au niveau de l’illustration. Il est vrai que c’est un peu une constante dans les bd documentaires qui axent plutôt sur le fond.
Le fantôme arménien nous entraine dans le périple qu’effectue un couple de descendants en Turquie à l’occasion du 99ème anniversaire de ce tristement génocide qui divise. La Turquie nie farouchement et n’arrive pas à retrouver la paix intérieure. L’ennemi vient toujours de l’intérieur et il faut le chasser et l’éradiquer surtout s’il s’agit d’une autre culture ou d’une autre religion. Ce qui est vrai pour cet Etat est également vrai pour d’autres. C’est un retour assez douloureux pour ce couple marseillais qui va dresser simplement un état des lieux sans jugement hâtif.
On apprendra que l’économie s’est effondrée suite à ce génocide car les arméniens étaient assez réputés pour leur négoce et leur savoir-faire en matière artisanale. Y avait-il une certaine forme de jalousie ? On a pu observer également le même phénomène avec les Juifs lorsque les nazis les ont exterminés en s’appropriant également leurs avoirs. Bref, ces conséquences économiques sont encore palpables de nos jours dans ces régions reculés et pauvres de la Turquie et autrefois prospères.
La bd évoque également des aspects qui j’ignorais notamment sur le rôle un peu fourbe des kurdes dans l’exécution de ces populations. Malheureusement pour eux, le fait d’avoir collaboré ne les pas vraiment aider par la suite car ils sont également devenus des victimes d’un régime hégémonique voulant gommer toute différence au nom d’une préférence nationale ou d’une religion d’état.
La laïcité prônée par Atatürk n’a été qu’un leurre. Aujourd’hui encore, nous avons un président qi déclare à la presse que l’égalité homme-femme est un concept contre nature. Mais bon, il prône un islam dit modéré. Je ne parlerais pas de son soutien indirect avec l’obscurantisme en descendant par exemple un chasseur allié qui ne semblait pas menacé l’intégrité de leur territoire. Alexandre le Grand se retournerait dans sa tombe s’il savait.
Cette œuvre n’oppose pas un peuple contre un autre car il reconnait la place des Justes à savoir par exemple ces fonctionnaires turques qui se sont opposés à la déportation et qui l’ont payé de leur vie. Cela relate de faits mais sans entrer trop dans le détail ce que d’autres œuvres sur le sujets nous ont déjà apporté comme Medz Yeghern : Le grand mal ou encore Le Cahier à fleurs.
Elle insiste également sur le fait que les descendants sur place ont du se fondre dans des mariages forcés ou l’islamisme. Je dirai que ceux qui ont pu fuir se sont également fondus aux Etats qui les ont accueillis comme la France ou les USA. On apprendra grâce à cette bd que 10% des marseillais ont une origine arménienne. Se fondre de force ou volontairement au point de perdre sa culture originelle et son identité. J’arrive parfaitement à ressentir tout cela au travers de ces témoignages poignants.
Il ne faut pas rester figer sur la mémoire mais vivre sa vie et tourner enfin la page. Il serait temps près de 100 après. Je peux cependant comprendre la volonté de ce couple de collecter des preuves d’un peuple condamné à l’oubli et à l’exil. En tout cas, un très beau regard que propose cette œuvre sur l’identité arménienne pour peu qu’on soit réceptif aux drames et aux espérances de peuples lointains. Un beau moment d’humanisme en tous les cas.
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Cette BD donne une idée des séquelles qu'a laissées le génocide arménien sur les descendants des rescapés, qu'ils soient de la diaspora ou intégrés et plus ou moins assimilés par la Turquie moderne. Texte minimaliste un peu décousu mais émouvant et bien servi par un dessin magnifiquement sobre .
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Habitant en Alsace où réside une importante communauté Turque, j’ai parfois été surpris des largesses de certains maires à l’égard d’associations culturelles et religieuses de cette diaspora majoritairement pro Erdogan, qui peut se montrer parfois très virulente.
J’ai en mémoire le meeting électoral d’ Erdogan qui s’est tenu au Zénith de Strasbourg en 2015 devant 12 000 de ses partisans [1], le financement à hauteur de 10% de la mosquée turcophone Eyyub Sultan de Strasbourg [2], les menaces contre l’intégrité physique de l’adjointe au maire Franco-Turque Mine Günbay [3] ou la construction, à proximité du Conseil de l’Europe à Strasbourg, du plus grand bâtiment diplomatique turc dans le monde inauguré en 2019 [4].
Je me souviens également du triple assassinat des militantes kurdes Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez en plein cœur de Paris en 2013,
Je me croyais informé, j’étais bien loin d’appréhender à quel point le pouvoir autoritaire de Recep Tayyip Erdoğan, très implanté en Europe, est méprisant et dangereux pour nos démocraties.
Après une courte et intéressante synthèse de l’histoire récente de la Turquie, le livre « LES LOUPS AIMENT LA BRUME » démarre son enquête sur l’interview de Feyyaz Öztürk, un repenti des services secrets turcs du MIT, qui s’était rendu aux services autrichiens du renseignement, en 2020, pour les avertir de l’assassinat imminent de l’élue viennoise d’origine Kurde Berivan Aslan.
On découvre énormément d’informations dans cette enquête, mais il est parfois peu aisé de s’y retrouver dans leur chronologie et de relier les différentes affaires détaillées par les repentis du MIT, les différents témoins ou dans les comptes rendus de justice.
Si l’on peut saluer la détermination des juges français concernant l’instruction du dossier relatif à l’assassinat des trois militantes kurdes à Paris en 2013, on est écœuré par l’obstruction systématique de cette enquête par les pouvoirs politiques français successifs.
Quand la raison d’État renie nos « valeurs » pour bloquer toutes les investigations à l’encontre des assassins turcs du MIT, c’est pour mieux déléguer la gestion rémunérée des flux migratoires aux portes de l’Europe.
Quand Emmanuel Vals lorsqu’il était Premier ministre de François Hollande, puis le Président Emmanuel Macron lorsqu’il accueille le Reïs à Paris en 2018, expriment successivement la volonté de la France de combattre « les terroristes du PKK », cela laisse les mains libres à Recep Tayyip Erdoğan, pour financer des milices islamistes pro turques en Syrie, négocier avec Daech et entreprendre avec sa compagnie privée de mercenaires SADAT ainsi que son armée régulière des opérations militaires contre les kurdes en Syrie.
On se rappelle pourtant l’engament des forces armées française aux côtés des Peshmergas kurdes à cette même période [5].
La persécution à travers le monde des partisans du mouvement güleniste est elle aussi abordée dans ce livre. Enlèvements ou extraditions dans le mépris absolu du droit international, de membres du mouvement Gülen avec, souvent, la complicité des autorités locales au Gabon, au Kenya, au Kosovo, aux Émirats arabes unis, en Arabie Saoudite, en Malaisie, au Pakistan, au Cambodge, en Algérie, au Soudan, en Albanie, au Kirghizstan, en Bulgarie …….
Agressions, tentatives de Kidnapping et menaces de mort à Berlin, à Stockholm, en Écosse, en Suisse …… rien n’arrête le MIT avec le concours, le plus souvent, de personnels des ambassades turques implantées localement.
L’enquête ne s’arrête pas là, bien d’autres sujets y sont abordés, de nombreux témoignages viennent étayer l’implication de l’État Turc dans une chasse à l’homme à travers le monde à l’encontre des militants kurdes et arméniens, des opposants azerbaïdjanais, des opposants et journalistes turcs……
Contrôle de l’Islam en France et en Europe, entrisme dans les partis politiques européens rien n’arrête la démesure autoritaire de Recep Tayyip Erdoğan qui n’hésite pas à s’appuyer sur l’organisation fasciste des Loups Gris, les mercenaires de la milice SADAT (le « Wagner » turc) et sur les organisations mafieuses et criminelles dont l’emprise ne cesse de croître sur la Turquie.
Tout annonce une fin de règne et les loups commencent à s’entredévorer entre eux.
En ce sens l’épilogue de cet ouvrage est pour le moins pessimiste à l’approche de l’élection présidentielle de juin 2023. L’actualité lui donne malheureusement raison puisque Ekrem İmamoğlu, maire d'Istanbul depuis 2019, qui devance le président turc dans les sondages « … est poursuivi pour avoir insulté dans un discours les personnes à l'origine de l'annulation de son élection … » (Agence Reuters 220922). Son procès, où il risque sa destitution de maire d'Istanbul et l’inéligibilité, est reporté au mois de novembre 2022.
Souhaitons au peuple turc et à la Turquie de réussir à lever cet épais voile de brume.
Je vous invite à lire ce livre passionnant, souvent déroutant,parfois un peu touffu.
[1] Article Rue89 STRASBOURG du 05/10/2015 : « Strasbourg : double accueil pour le président turc Erdogan »
[2] Article L’ALSACE du 07/04/2021 : « Strasbourg : pourquoi la subvention accordée à une mosquée fait-elle polémique ? »
[3] Article Rue89 STRASBOURG du 04/11/2015 : « Attaquée par les conservateurs turcs, Mine Günbay réplique »
[4] Article Rue89 STRASBOURG du 18/07/2018: « En grès des Vosges et carreaux d’Iznik, le monumental consulat de Turquie se dévoile »
[5] Discours officiel du Président de la République M. François Hollande à Erbil le 2 janvier 2017 : https://www.vie-publique.fr/discours/201701-francois-hollande-02012017-cooperation-militaire-france-et-peshmergas
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99 portraits d'Arméniens ayant survécu au génocide affichés pour le 99è anniversaire du drame. C'est le point de départ du voyage de Varoujan et de sa femme Brigitte vers la terre originelle. Ils viennent de France et partent à la rencontre des gens.
Et quels gens !
Des déracinés, assimilés, cachés, se faisant petits, longeant les murs, niant leur propre existence, individuelle ou collective. Ils retrouvent néanmoins un esprit arménien bien vivace. Une rage ou une volonté de rester debout.
Je connaissais le génocide d'assez loin. J'ai découvert que ce génocide se perpétuel. Il est culturel, social, identitaire... ce génocide est continu, permanent. A travers l'assimilation des enfants par des musulmans, alévies, etc. l'identité arménienne se dilue au quotidien. Un peu comme les aborigènes adoptés par des familles bourgeoises en Australie.
Les auteurs font feu de tout bois... ils mélangent des photos, alternant les couleurs (dont le rouge) pour des effets percutants, ils nous livrent quelques épisodes surréalistes faisant dialoguer Kemal Atatürk et Erdogan dans un grand moment burlesque. Ils n'arrivent cependant pas à éviter des lourdeurs, une langueur assez peu emballante, une inégalité dans le récit.
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Embarquement immédiat pour Istanbul sur les traces fantomatiques du passé arménien. Cette bande dessinée aux couleurs sépia des vieilles photos se déroule comme un reportage qui suit un personnage réel Varoujan et sa compagne Béatrice. Ces deux marseillais d'origine arménienne partent retrouver en Turquie des arméniens qui s'ignorent ou presque.
En 1915, deux millions et demi d'arméniens vivent dans l'empire ottoman. Entre 1915 et 1917, plus de la moitié sont exterminés pendant que ceux qui le peuvent fuient. Ceux qui sont restés ont vu leur nom changer, leur langue interdite et leur religion aussi. sur les traces de Varoujan on découvre les histoires tragiques de destinées écrasées par le silence. Des enfants arméniens élevés par des familles musulmanes, des jeunes arméniennes mariées à des turcs, des hommes et des femmes avec des faux passés qui découvrent sur le tard d'où ils viennent. On mesure comment le mensonge historique et le silence provoquent des souffrance. ? Le lavage de cerveau des gouvernements turcs ne peut, heureusement, pas bâillonner la pensées. Varoujan va ainsi de village en village recueillir, ressentir les émotions de ces kurdes et turcs qui se sont récemment découverts des racines arméniennes. Une bd en forme de leçon d'histoire, très utile !
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J'ai commencé ma lecture avec une légère dose d'appréhension : un sujet dur, peu connu en France car encore enfoui dans les mémoires ; une mise en images parfois rude, entre photo et croquis.
Et pourtant, on se laisse prendre dans le fil de la narration, en suivant ce groupe de Français, à la recherche d'une vérité niée, d'un passé oublié, mais surtout d'une identité à affirmer. L'ouvrage est très bien documenté, on apprend énormément de faits sur ce génocide, reconnu comme tel par tous sauf les principaux intéressés. Le fait de mettre en écho la situation de l'époque et le contexte actuel pour les Arméniens en Turquie et en Europe apporte une profondeur bienvenue à ce roman graphique.
La preuve que la BD est un art à part entière, et chapeau à la politique éditoriale de Futuropolis, notamment sur les BD documentaires !
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Plongez dans une dissection des réseaux d'influence turcs au sein de l'Europe, dont on découvre sans surprise les ramifications bien solides dans les pays ayant une forte minorité turque : Allemagne, France, Suisse et Belgique, et la quasi totale impunité dans laquelle ils agissent...
Laure Marchand et Guillaume listent les acteurs de ces opérations turques sur le sol européen (le parti d'action nationaliste MHP, les Loups gris, la Diyanet, ou les services de renseignement du MIT) et décortiquent quelques assassinats célèbres, dont notamment celui de janvier 2013, où les militantes kurdes Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez furent abattue à Paris...Qui fait étrangement écho à l'assassinat de trois autres militants kurdes en décembre l'année dernière.
Les auteurs s'attardent aussi sur la gestion de l'Islam "déléguée" à des prédicateurs et imams détachés et payés par la Turquie, notamment en Allemagne, ou sur les tentatives d'intimidation systématique de militants kurdes et arméniens, ou d'opposants azéris ou de journalistes turcs par des factions fascistes.
Un bel exposé sur l'incapacité des gouvernements européens à assurer la sécurité des opposants au régime turc sur leur propre territoire et sur leurs yeux systématiquement clos devant les intimidations répétées dignes de pays autoritaires ou gouvernés par des milices mafieuses...Erdogan a décidément les mains un peu trop libres, et l'on se demande bien pourquoi.
En revanche, certains chapitres sont plus troubles et les argumentations et conclusions un peu tirées par les cheveux et basées sur des témoignages d'anciens exécuteurs des basses manœuvres du MIT un peu trop heureux d'être projeté dans la lumière, à prendre donc avec des pincettes.
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J'ai donné sa chance à la BD pour ce qu'elle pourrait m'apprendre mais certainement pas pour ses dessins. Et malheureusement, cela n'a pas suffit : j'ai dû m'accrocher pour parvenir au bout. Le fait que cela me rappelle un souvenir qui n'est pas positif n'a pas aidé.
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Un arménien issu de la diaspora (dont la famille a réussi à quitter le pays et à échapper au génocide de 1915) affronte ses démons et vient en Turquie pour la première fois.
Il est embauché par une association arménienne pour une expo photo sur les exilés.
Cette BD aborde la vision actuelle de la population sur la reconnaissance du génocide, comment a été vécu l'après, les relations encore tendues entre les communautés.
Une plongée très intéressante dans l'état d'esprit contemporain en Turquie.
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