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EAN : 9782754811514
128 pages
Futuropolis (02/04/2015)
3.72/5   48 notes
Résumé :
C'est l'histoire d'un réveil ou, selon les mots de Varoujan, d'un véritable «saut dans le réel». Jusqu'en 2013, Varoujan n'avait jamais envisagé d'aller en Turquie, au risque de «piétiner les ossements de ses ancêtres». Le voyage jusqu'à cet «Auschwitz à ciel ouvert» n'est pas seulement un pèlerinage. Varoujan et sa femme Brigitte partent à la rencontre des descendants des Arméniens qui sont restés en Turquie en 1915 et qui ont réchappé au massacre. Car aujourd'hui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Je rencontre beaucoup d'Arméniens dans mon travail et tous ces noms se terminant par -ian me sont familiers. Quand je suis tombée sur cette bande dessinée, je me doutais bien, avant même de lire son résumé, qu'il parlait du génocide arménien et je voulais en savoir un peu plus.

En forme de reportage, cette BD décrit le voyage en Turquie de Varoujan, en compagnie de sa femme, où il organise une exposition sur les rescapés du massacre. Diyarbakir, la capitale kurde de Turquie, est le point de départ de ce pèlerinage. C'est cette ville qui abritait la plus grande cathédrale du Moyen Orient avant que les Turcs la dévastent. Des 70 000 Arméniens qui peuplaient la ville et ses environs, il n'en restait que 3000 après 1915. La région de Dersim où Varoujan et Brigitte se rendent ensuite, majoritairement kurde et alévie, a connu aussi un autre génocide, celui de 1937, qui a décimé la population arménienne. Puis, ils empruntent la route de la déportation pour atteindre Bogazdere, le village natal du grand-père de Varoujan qui a trouvé refuge en France. Lors de ce voyage, le couple fait de belles rencontres avec les descendants des rescapés, qui, pour survivre et ne pas trahir leur origine, n'ont pas d'autre choix que de se fondre dans la population turque et de pratiquer la religion musulmane.

C'est un beau témoignage aux couleurs kaki d'un retour aux origines sur les traces d'un peuple meurtri. A la fois instructive et émouvante, cette bande dessinée est une réussite.

Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Reportage de Laure Marchand, Guillaume Perrier et Thomas Azuélos, le fantôme arménien est un roman graphique dont l'histoire débute en 2014.

Christian Varoujan Artin, la cinquantaine, et sa femme Brigitte viennent de Marseille, c'est la première fois qu'ils se rendent en Turquie. La raison de ce voyage : Christian réalise une exposition à Diyarbakir à l'occasion du 99ème anniversaire du génocide arménien. L'exposition, intitulée "99 portraits de l'exil, 99 photos de survivants du génocide des Arméniens", met en scène des photographies d'identité de survivants, prises après leur exode lorsqu'ils sont arrivés à Marseille.

C'est un sujet qui lui tient à coeur. Son père avait fondé le centre Aram pour la préservation de la mémoire et de la culture arméniennes à Marseille en 1997. C'est Christian qui a pris la relève. On y conserve des milliers de documents et de récits.

Avec son épouse, ils partent à la rencontre des descendants des arméniens, à Diyarbakir et dans la région du Dersim. Ceux qui sont restés en Turquie ont souvent été contraints de se convertir. Ils rencontrent des kurdes, des alévis, des musulmans... Chacun rapporte son histoire personnelle, son témoignage empreints des questions d'identité de mémoire et d'assimilation. le voyage se poursuit à Bogazdere, une ville nationaliste. Puis, ils empruntent une route de la déportation jusqu'à arriver au village de son grand-père.

Les dessins et les couleurs de Thomas Azuélos ne sont pas désagréables, mais ne m'ont pas transportée plus que cela. L'histoire et la construction du reportage est vraiment intéressante et émouvante. Au fil des rencontres des habitants de ces régions turques, se révèlent les traces encore présentes du terrible génocide, perpétré de 1915 à 1923. Christian Varoujan Artin est décédé en 2015, peu de temps après la publication de ce livre.
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Cela ne sera pas une oeuvre qu'on retiendra pour sa partie graphique assez sommaire. le dessin n'est pas très élégant mais il reste tout à fait correct au niveau de l'illustration. Il est vrai que c'est un peu une constante dans les bd documentaires qui axent plutôt sur le fond.

Le fantôme arménien nous entraine dans le périple qu'effectue un couple de descendants en Turquie à l'occasion du 99ème anniversaire de ce tristement génocide qui divise. La Turquie nie farouchement et n'arrive pas à retrouver la paix intérieure. L'ennemi vient toujours de l'intérieur et il faut le chasser et l'éradiquer surtout s'il s'agit d'une autre culture ou d'une autre religion. Ce qui est vrai pour cet Etat est également vrai pour d'autres. C'est un retour assez douloureux pour ce couple marseillais qui va dresser simplement un état des lieux sans jugement hâtif.

On apprendra que l'économie s'est effondrée suite à ce génocide car les arméniens étaient assez réputés pour leur négoce et leur savoir-faire en matière artisanale. Y avait-il une certaine forme de jalousie ? On a pu observer également le même phénomène avec les Juifs lorsque les nazis les ont exterminés en s'appropriant également leurs avoirs. Bref, ces conséquences économiques sont encore palpables de nos jours dans ces régions reculés et pauvres de la Turquie et autrefois prospères.

La bd évoque également des aspects qui j'ignorais notamment sur le rôle un peu fourbe des kurdes dans l'exécution de ces populations. Malheureusement pour eux, le fait d'avoir collaboré ne les pas vraiment aider par la suite car ils sont également devenus des victimes d'un régime hégémonique voulant gommer toute différence au nom d'une préférence nationale ou d'une religion d'état.

La laïcité prônée par Atatürk n'a été qu'un leurre. Aujourd'hui encore, nous avons un président qi déclare à la presse que l'égalité homme-femme est un concept contre nature. Mais bon, il prône un islam dit modéré. Je ne parlerais pas de son soutien indirect avec l'obscurantisme en descendant par exemple un chasseur allié qui ne semblait pas menacé l'intégrité de leur territoire. Alexandre le Grand se retournerait dans sa tombe s'il savait.

Cette oeuvre n'oppose pas un peuple contre un autre car il reconnait la place des Justes à savoir par exemple ces fonctionnaires turques qui se sont opposés à la déportation et qui l'ont payé de leur vie. Cela relate de faits mais sans entrer trop dans le détail ce que d'autres oeuvres sur le sujets nous ont déjà apporté comme Medz Yeghern : le grand mal ou encore le Cahier à fleurs.

Elle insiste également sur le fait que les descendants sur place ont du se fondre dans des mariages forcés ou l'islamisme. Je dirai que ceux qui ont pu fuir se sont également fondus aux Etats qui les ont accueillis comme la France ou les USA. On apprendra grâce à cette bd que 10% des marseillais ont une origine arménienne. Se fondre de force ou volontairement au point de perdre sa culture originelle et son identité. J'arrive parfaitement à ressentir tout cela au travers de ces témoignages poignants.

Il ne faut pas rester figer sur la mémoire mais vivre sa vie et tourner enfin la page. Il serait temps près de 100 après. Je peux cependant comprendre la volonté de ce couple de collecter des preuves d'un peuple condamné à l'oubli et à l'exil. En tout cas, un très beau regard que propose cette oeuvre sur l'identité arménienne pour peu qu'on soit réceptif aux drames et aux espérances de peuples lointains. Un beau moment d'humanisme en tous les cas.
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20 avril 2014. Pour la première fois, Christian Varoujan Artin se rend avec sa femme Brigitte en Turquie sur les traces de son grand-père paternel. Figure marseillaise emblématique de la communauté arménienne en France, l'administrateur de l'Association pour la Recherche et l'Archivage de la Mémoire Arménienne (Aram) veut rendre un hommage à la mémoire des victimes du génocide arménien en organisant en 2015 dans la ville de Diyarbakir (capitale des kurdes de Turquie) une exposition intitulée "99 portraits de l'exil, 99 photos de survivants du génocide des arméniens". Malgré sa peur d'"entendre craquer les os en foulant sa terre" (citation du réalisateur Henri Verneuil), Christian Varoujan Artin se décide à "faire le grand saut dans le réel" (p.16). Suivi de Laure Marchand, Guillaume Perrier et Thomas Azuelos pour les besoins de cette bande-dessinée documentaire, le couple quitte les quartiers nord de Marseille à la découverte de la terre de leurs ancêtres. Répondant à son désir de « bâtir un édifice d'humanité" (p.54), Christian Varoujan Artin réalise avec tristesse que "la diaspora avait psychologiquement effacé la Turquie" (p.65) et que des descendants d'arméniens rescapés du génocide eux aussi traumatisés par leur islamisation forcée par exemple, continuent de vivre en Turquie...

Tout comme son père Garbis, Christian Varoujan Artin a oeuvré à la sauvegarde de la mémoire et de l'identité arménienne. L'histoire du génocide arménien, il en hérité par bribes de son grand-père Sahag. S'improvisant encyclopédiste en collectant et en traitant patiemment des centaines de documents, "Varou" ainsi que le surnommaient ses copains d'école, a au fil du temps reconstitué l'histoire du génocide arménien que son grand-père lui avait tu, certainement pour le préserver. Portant en lui cette identité arménienne marquée par le génocide et par le transfert forcé des populations arméniennes de l'Empire Ottoman, Christian Varoujan Artin fait partie de ces générations issues de l'immigration dont l'héritage familial a questionné et conditionné l'existence. Redoutant le "grand saut dans le réel" qu'il savait pourtant indispensable, "Varou" se décide en 2014, à se rendre en Turquie pour organiser son exposition photo en hommage aux victimes du génocide. Les centaines de documents et photographies qu'il avait soigneusement numérisés allaient enfin pouvoir être exposés au grand jour. Mais loin de se douter des rencontres et des découvertes qu'il allait faire durant son "pèlerinage", Christian Varoujan Artin réalise que son voyage en Turquie en valait la peine. Il avait enfin pu partir sur les traces de « son Fantôme arménien"...

Cette bande-dessinée documentaire est née à l'initiative de Laure Marchand et Guillaume Perrier qui ont publié La Turquie et le génocide arménien : sur les traces du génocide aux éditions Actes Sud en 2013. Pour poursuivre leur travail d'enquête sur la mémoire du génocide arménien, ils ont souhaité suivre Christian Varoujan Artin dans sa quête identitaire. Et c'est Thomas Azuelos qui s'est chargé du scénario et de l'illustration de bande-dessinée. le voyage qui s'est organisé autour de 4 étapes, a conduit Christian Varoujan Artin et sa femme à Dyrarbakir, dans la région du Dersim (dont la ville de Tunceli), dans celle de Boğazdere (village de Sivas) et enfin à Istanbul. Bouleversé par sa rencontre avec les Arméniens kurdes, turques ou alevis et par les récits des descendants des rescapés du génocide, le couple réalise avec philosophie, tout le sens de son voyage : "Nous ne devons pas restés figés sur la mémoire. Les vivants sont plus importants que des pierres ou des livres" (Brigitte Balian, p.99). le Fantôme arménien qu'il poursuivait avait enfin un visage ou plutôt 1000 visages. Reste encore à co-construire l'avenir de ce peuple arménien tant meurtri et persécuté...

Comme beaucoup de descendants d'immigrés, Christian Varoujan Artin porte profondément ancré en lui l'histoire de ses origines. La poursuite de son Fantôme arménien à travers son travail de mémoire lui apportera-t-il les réponses qu'il recherche ? Lui permettra-t-elle de réconcilier les souffrances de son peuple et sa volonté de « bâtir un édifice d'humanité » ? Ou au contraire, fustigera-t-elle une vérité trop difficile à accepter ? A travers ce voyage illustré de dessins sobres alternant avec des planches sombres et rougies par le récit terrible des exactions turques sur la population arménienne, Thomas Azuelos convie ses lecteurs à une plongée parfois éprouvante dans l'horreur du génocide. Les images d'archives et les collages qui ponctuent la bande-dessinée offrent de courts répits sur les témoignages accablants des informateurs mais au final, on retiendra que ce travail d'enquête sur l'histoire et la mémoire des arméniens mené par Laure Marchand et Guillaume Perrier, incarne un véritable message d'espoir. Publiée à l'occasion des 100 ans du génocide arménien (1915-2015), cette bande-dessinée sort de l'anonymat, le temps d'une lecture, des témoins de l'oubli. Une lecture éclairante qui interroge et incite à se documenter plus profondément sur la question...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Août 2014, 99 ans avant le centenaire du génocide arménien, Varoujan, un Arménien de la diaspora installé à Marseille, se rend avec sa femme pour la première fois en Turquie, sur la terre des ancêtres. Au cours de son voyage, il se rend à Diyarbakir, dans la région du Dersim, à Sivas... Là, il rencontre des Kurdes, des Alévis, qui ne sont rien d'autre que des Arméniens islamisés, assimilés, car c'était le seul salut possible pour rester en Turquie.
La plupart des églises ont été détruites ou transformées en mosquées. de nombreuses pierres gravées, ornées, ont été réemployées dans les maisons, les caves, et portent la trace de cette culture qui a été éradiquée en Turquie.
Comme dans de nombreux romans graphiques, le dessin n'est malheureusement pas à la hauteur du propos. Mais c'est un témoignage puissant et éclairant sur la mémoire du génocide arménien.
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critiques presse (1)
BDGest
17 avril 2015
Plus que des réponses, elle génère foule de questions et incite à creuser autour de cet événement souvent omis du récit de la Première Guerre Mondiale.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Il est essentiel que les nations reconnaissent les fautes qu’elles ont commises, non pour se repentir, on ne se repent que de ce que l’on est personnellement responsable mais parce que cela éclaire le passé et aide à ce que cela ne se renouvelle pas.
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Nous redécouvrons notre histoire. Pour vous raconter la mienne, il faut aller dans la ville de Lice, à quatre-vingt-dix kilomètres de Diyarbakir. Je suis né là en 1961. Dans une famille kurde musulmane. J’étais kurde et musulman comme mes quatre frères. Mais à l’école, je me faisais parfois insulter : Infidèle ! Chien d’Arménien ! J’étais enfant, ça ne me touchait pas vraiment. Jusqu’au jour où des anciens nous ont parlé, à mes frères et à moi. Ils nous ont raconté que notre père n’était pas kurde. J’avais vingt-quatre ans. Mon père ne nous avait jamais rien dit. J’étais bouleversé. Quatre ou cinq familles se sont ainsi découvert des parents arméniens. On se croisait au café, sur le marché, et on se disait : Il aurait mieux valu ne rien savoir !
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Tu celui, 24 avril 2013. Miran organise la première commémoration publique du Genocide. Par son courage Miran a décomplexé de nombreux arméniens cachés. Cependant, son agitation publique ne fait pas l'unanimité dans une communauté pour qui le silence a toujours été la meilleure protection.
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Les gendarmes et les soldats ottomans avaient séparé les villages en plusieurs convois, pour éviter que les caravanes soient trop importantes et puissent résister. Il ne devait pas y avoir de prise de conscience des condamnés. Les victimes devaient passer de l’hébétude à la résignation, sans pouvoir se battre
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Et puis comment mettre le pied en Turquie... Sans a priori ? Les Turcs ont tué un million et demi d'Arméniens. Ce sont nos bourreaux. Non seulement ils ne reconnaissent toujours pas le génocide, mais ils le nient. De façon obsessionnelle, agressive. Alors, comme disait Henri Verneuil... j'aurais trop peur, en foulant ma terre, d'entendre craquer les os.

(p 12)
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Videos de Laure Marchand (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laure Marchand
Vidéo réalisée lors de la rencontre avec Thomas Azuelos autour de la bande dessinée : " le fantôme arménien " éditée par Futuropolis (Avril 2015) et écrite avec Laure Marchand et Guillaume Perrier / Images, montage etc. : Manon Gary
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