"Olga et le cri de la forêt" - Laure Monloubou (éd. Amaterra)
Olga était sortie de la voiture et contemplait la maison : elle n'en avait jamais vu de pareille, si ce n'est dans quelques livres de contes ou histoires extraordinaires. Celle-ci était des plus étonnantes et des plus singulières : toute biscornue, vieillie par le temps, la pluie et les saisons. Elle avait des fenêtres partout ! Des grandes, des petites, des rondes, des allongées, des aplaties, des ovales, des cintrées, des triangulaires, des ouvertes et des fermées !
Olga adorait les livres, elle n'en possédait que quatre mais les chérissait comme un trésor. Ils étaient remplis de dessins étranges, de gravures, d'images incroyables où des bêtes sauvent des princesses et où des grenouilles parlent aux escargots.
On trouvait dans cette forêt tout ce que pouvait désirer n'importe quel lutin : des baies et des champignons à profusion, de l'eau à la rivière, des amis, rongeurs et oiseaux, avec qui passer d'agréables soirées, de la beauté, et la protection des arbres. Les saisons défilaient gentiment ; les flocons se posaient sur les branches en hiver, le printemps lui redonnait des couleurs, on profitait de l'ombre en été, et l'automne la parait de rouge dès octobre...
Ainsi défilent les semaines de Jacinthe : elle a un emploi du temps digne d'un ministre du gouvernement. "Cela t'apprend, disent les parents (qui tiennent une entreprise de coucous suisses chantants) à ne pas perdre ton temps !"
« Mais est-on vraiment perdus quand on est deux? »
"Le petit Lucas attend sa maman près de la caisse 24 ! Je répète..."
Une maman qui a oublié son fils ! Une tête en l'air ! Comme la maman de Lise ! Qui ne se souviendra jamais de venir chercher sa fille à la sortie de l'école.
Lise avait ressenti une grande envie de pleurer. Sur le chemin du retour, elle s'était agrippée à la main de sa maman.
« Mademoiselle Simone a bien insisté : dans un musée, on ne court pas, on ne mange pas, on ne crie pas, on ne touche pas, on REGARDE ! Et surtout, surtout, on ne lâche pas la main de son copain. »
Olga avait huit ans, et elle avait déménagé six fois.
Manger six fois du gâteau au chocolat dans une vie de huit ans c’est peu, se laver six fois les dents en huit ans c’est très très peu, mais changer six fois de maison c’est beaucoup pour une jeune vie comme celle d’Olga. Ces déménagements fréquents l’obligeaient à n’avoir que le strict nécessaire : la chambre d’Olga tenait dans une petite valise. Ainsi, quand Bernard, son papa, se levait un matin et décrétait, en plein petit déjeuner : « Mes chéries ! Nous partons à l’aventure ! » ...
Ne me dites pas que je vous ai fait peur !
Ah, c'est là tout mon malheur ! Pourquo iest-ce que je sème la terreur alors que mon coeur n'est que douceur ?
Voici Gilbert, il dort pépère.
A cela rien de scandaleux, c'est un paresseux.
Et voici Patrick, son frère cadet.
Lui, rien à faire, il ne dort jamais.