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Critiques de Laurence Biberfeld (71)
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Les auteurs du noir face à la différence

15 auteurs de polars avec des styles propres et une approche du thème de base bien différente, ont pour mission de nous faire réflechir sur le regard que l'on accorde à l'autre..
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Les auteurs du noir face à la différence

A l’origine, ce n’était qu’une idée en l’air. Le fruit d’une discussion entre quelques auteurs autour d’un verre lors des Quais du Polar en mars 2011 …



C’est à travers un projet imaginé par Fabien Hérisson, proprio de Livresque du noir, qu’est né ce recueil de nouvelles. Avec LES AUTEURS DU NOIR FACE A LA DIFFERENCE Fabien Hérisson a voulu garder la ligne directrice de son site et ainsi offrir la possibilité à des auteurs peu ou pas connus, de faire découvrir leurs écrits en côtoyant des auteurs confirmés. 15 auteurs ont répondu positivement. A l’unanimité, ils ont accepté que les droits d’auteurs aillent au bénéfice d’une association ou d’une œuvre caritative. C’est vers l’association dunkerquoise « Ecoute ton Cœur » qui œuvre en faveur des enfants autistes que le choix s’est porté.





La différence. Un mot qui fait peur. L’homme a peur de ce qu’il ne comprend pas ou ne connaît pas. Etre différent, c’est risquer la marginalisation voire l’exclusion dans notre société. Les regards que l’on porte sur des personnes victimes de discrimination, sous une forme ou une autre, amplifie leur souffrance et viennent sans cesse leur rappeler cette dissemblance. Accepter la différence demande une ouverture d’esprit et signifie le respect.





« J’entendrai des regards que vous croirez muets » Jean Racine



15 auteurs, 15 talents, 15 histoires très noires pour illustrer la différence. Saisissantes, originales, imprévisibles, touchantes ou insoutenables, la diversité de ces nouvelles crée au final un livre marquant. Une belle façon de découvrir de nouvelles plumes. L’occasion pour moi d’approfondir les coups de cœur que j’ai eu à la lecture de ces nouvelles !



Avec la participation de :



Laurence Biberfeld, Valéry Le Bonnec, Thierry Brun, Paul Colize, Patrick De Friberg, Bob Garcia, Sébastien Gendron, Maxime Gillio, Fabien Hérisson, Sophie Loubière, Gaëlle Perrin, Elena Piacentini,

Hervé Sard, Nicolas Sker et Michel Vigneron.



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Malencontre

IL COURT, IL COURT, LE FURET



Il y a souvent un paradoxe, dans les romans de Laurence Biberfeld, c’est qu’ils décrivent la misère, la galère, les soucis qui s’accumulent, la débrouille, et non seulement ce n’est jamais déprimant ni pitoyable (parfois, un peu, quand même), mais c’est même réjouissant, ça remonte le moral. C’est parce que les gens qu’elle décrit sont tellement vivants, on les voit, on les connaît, on vit et souffre avec eux, ils témoignent si bien de la résilience de la nature humaine, de la solidarité et de l’empathie que les humains les plus démunis éprouvent les uns pour les autres. Ce qui n’empêche qu’on rencontre tout de même une belle brochette de salopards, mais sans que cela soit manichéen : les salauds auraient pu être différents si la vie ne les avait pas tabassés. Sous la plume de Laurence Biberfeld, ce monde déchu est magnifique, héroïque, ses valeurs forcent le respect, la dureté du mode de vie est tempérée par la douceur des sentiments.



Dans ce roman polyphonique, il est question de quatre personnages : Luiza, 27 ans, réfugiée Cap-verdienne à Paris, sans papiers, son fils Marco, 12 ans, sujet à des crises d’épilepsie, Zazou, furète hyperactive quand elle ne dort pas, armée d’un puissant canon à boules puantes dont elle n’hésite pas à se servir quand elle est contrariée. Le quatrième personnage est une assistante sociale qui ne comprend pas grand-chose, il faut dire à sa décharge qu’elle a elle-même son propre lot de problèmes, et puis à force de se colleter au réel elle devient étonnamment lucide.



Ce court roman raconte une fuite sur la ligne 13 du métro parisien, de la banlieue sud à la banlieue nord, une trajectoire de repli malencontreusement interceptée par… (je vous laisse découvrir par qui). Si c’était du cinéma, on pourrait parler de metro movie, avec une tension qui se fait de plus en plus forte à mesure qu’on traverse les beaux quartiers et que le terminus des quartiers nord se rapproche. On espère et on prie en tournant les pages de plus en plus nerveusement.



Tout cela est très réussi, mais l’intérêt est encore ailleurs à mon avis. Il est dans l’écriture remarquablement rageuse de Laurence Biberfeld, dans la sensibilité dont elle fait preuve pour faire parler et bouger ses personnages, dans la surprenante inventivité de sa langue, les associations de mots improbables, les images fulgurantes, tellement évocatrices, tellement poétiques, et puis il y a ce mélange d’argot et de cap-verdien, cette façon de recycler les parlers populaires que je trouve vraiment fantastique.

Malencontre est un roman à lire, évidemment.



François Muratet


Lien : https://doublemarge.com/male..
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Malencontre

Ce texte court m'a bouleversée tant il est fort en émotions.

C'est l'histoire d'une famille monoparentale : la mère, Luiza, d'origine cap-verdienne élève seule son fils Marco dans un studio d'une pauvreté absolue. Une assistante sociale a bien essayé de les aider mais a vite perdu leur trace. Et pour cause : Marco, est épileptique et asthmatique et le seul compagnon de la famille c'est un furet malodorant en totale symbiose avec lui et donc à éloigner de la maison... Un matin, la famille décide de quitter les lieux et s'engouffre dans le métro avec Zazou, le furet. Et rapidement le rythme de l'histoire va s'accélérer quand Joachim qui cherche Luiza depuis si longtemps va les retrouver... Dès lors, le lecteur est happé par un suspense grandissant : Luiza et Marco arriveront-ils à échapper aux griffes de cette brute ?

Plus qu'une belle surprise c'est une pépite dans cette nouvelle collection : "Faction" destinée aux adolescents de la maison d'édition In8 qui propose d'autres histoires très fortes : "L'enfer" de Marin Ledun, "Comme ton père" de Gilles Abier" ou encore "Les Romanichels" de Sébastien Gendron (qui font partie d'un projet "Entrez en faction..." proposé à des collégiens du département des Pyrénées-Atlantiques) et bien d'autres titres encore.
Lien : https://www.babelio.com/monp..
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Apprendre à désobéir

En ces temps ou il est demandé à chacun de se ranger bien docilement derrière le discours "politico-médical" dominant, comme il bon de voir que la désobéissance est aussi un devoir honorable, quelle traduit non pas une forme d'égoïsme, mais se soucie de l'autre et de la bonne santé d'une société que le besoin de contrôle et de sécurité rend aveugle .
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Le Poulpe : On ne badine pas avec les morts

Cet opus de la série « le Poulpe » débute de façon bien nostalgique pour Pedro perdu dans les lointains souvenirs d'une jeune Palestinienne rencontrée près de Bethléem.



Au « Pied de Porc à la Sainte Scolasse », Gérard commente les faits divers à son ami Gabriel, alias Le Poulpe, attirant comme souvent son attention sur l'un d'eux : le meurtre d'une femme par son fils de quatorze ans.



Chéryl, la coiffeuse préférée de Gabriel, roucoule gentiment avec un bellâtre dont l'idée de faire un gosse à la belle tourne quelque peu à l'obsession, ce qui, même si la coiffeuse et le Poulpe forme un couple libre et conciliant, risque de poser problème.



Gabriel décide d'en savoir plus sur cette affaire d'ado tueur que son flair légendaire l'incite à trouver nauséabonde. Une intrigue complexe se dévoile impliquant de nombreux intervenants liés à Israël, dont l'élément central semble être un mystérieux journal ayant parcouru les années depuis la fondation de l'Etat Juif, document pas étranger semble-t-il à quelques morts violentes.



Pour assouvir son insatiable soif de vérité et de justice, le Poulpe s'engage dans un périple international sur la piste du manuscrit, découvrant à l'occasion que le remède contre les hématomes et les contusions a planétairement l'odeur du camphre pour qui, comme lui, se fait « casser la gueule » tous les deux jours.



J'ai eu un peu de mal avec cet épisode du célèbre céphalopode. Je l'ai trouvé compliqué - limite confus -, sombre, détonnant quelque peu avec la veine habituelle des aventures poulpesques, plus portées dans l'ensemble sur l'humour et l'affrontement avec des extrémistes bas du front.
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Les enfants de Lilith

Un très beau livre.
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La meute des honnêtes gens

L'histoire se passe en terre cévenole, sur deux époques, le XXIème siècle et maintenant,

Deux hommes sont égorgés, aux deux époques, et ils sont de la même famille.



Magnifiquement écrit, ça dépeint l'éternel combat des pauvres écrasés par les puissants. C'est le genre de romans qui met en évidence la dureté, voire la cruauté de la vie et de l'humanité, dans des époques antérieures à la notre mais pas si lointaines.

J'ai énormément aimé cette histoire !
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Écoute les cloches

RÉSUMÉ:

"Les services très secrets de L’État fomentent des émeutes dans le but d'organiser l'occasion en or de les réprimer et de faire régner l'ordre, le vrai. Celui qui permettra au peuple d'aller voter calmement aux présidentielles toutes proches. Deux clodos qui s'aiment, cachés à l'arrière d'une Rolls vont gripper la machine répressive jusqu'au soulèvement populaire. Et on sentira l'esprit de Frédéric Dard planer sur cette fable de politique fiction débridée."



Avec ce livre nous entrons dans des mondes qui nous sont, pour la plupart d'entre nous, étrangers.Celui des dessous secrets de l'état, qui manipule les foules, et celui des SDF, les sans abris, les clochards quoi ! Deux mondes qui tout oppose et qui pourtant à la faveur de la plume mordante de Laurence Biberfeld, vont se rencontrer, se percuter même. Et ça va faire très mal!



Nous sommes emplis d'empathie pour ces clodos aux noms fleuris tel que Bois pourri, la Salpêtrière, Viandox, Léon-la-science,Cucu-paillettes, qui vont semer la pagaille dans Paris, suivi par les sans papiers, les chômeurs, tous les laisser pour compte d'un système qui les rejette ou les exploite sans état d'âme. Et nous haïssons ces hommes tapis dans l'ombre, dirigés par un GVS ( initiales d'un homme au passé parsemé de sang et de morts) obsédé par le pouvoir, sans scrupule et à la folie meurtrière dévastatrice.



On assiste à une véritable tentative déterminée, solidaire et finalement désespérée,de tous les va nu pieds de Paris et d'ailleurs de faire entendre leurs voix. C'est réjouissant et on y croirait presque. Le peuple français sera-t-il à l'écoute? L'état pliera-t-il fasse à la populace déchaînée?

Quel sera le prix à payer de part et d'autre?



Laurence Birberfeld, comme à son habitude, ne mâche pas ses mots et nous les recrache tel quel, bruts et puissants, pour encore une fois titiller nos consciences endormies. Cette auteure engagée a un don certain pour nous ouvrir les yeux, toujours avec beaucoup d'humour, mais aussi d'amour. Et on apprécie.



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Sous la neige, nos pas

1985, Esther, jeune institutrice, quitte Paris avec sa fille pour s’installer dans un village de la Margeride, au nord de la Lozère. Un changement de vie, un autre regard, un autre souffle. Ici, le climat est froid et sec. L’hiver, on se réchauffe autour d’un feu de cheminée en écoutant le vent souffler sur les landes de bruyère. Les bêtes peuplent le plateau, les hommes se font rares.

2015, Esther se souvient. Esther se rappelle comment le village s’est assemblé autour d’elle, l’accueillant comme une fille, une nièce, un cadeau à préserver dans ce lieu désertifié, comment tout a changé quand Vanessa, sa colocataire parisienne fragilisée et camée, débarque sur le plateau aride traînant derrière elle des trafiquants de drogue insatisfaits.



Deux mondes s’entrechoquent, une rencontre improbable entre deux univers antagonistes.

Que la drogue et la désolation qui y est liée viennent jusque sur ces hauteurs virginales semble invraisemblable, et l’auteure va gérer ce désordre avec une violence aigue, jusque là cachée au creux des mains cornées des hommes de la terre. L’austérité des paysages pénètre les hommes taiseux, avive les colères émergeantes et les vengeances, il en va de la sauvegarde des siens. La nature possède l’homme, l’homme possède la nature, il est comme une symbiose des énergies. Un tout.

Et alors que les âmes s’écorchent, et alors que des vies se salissent, il reste la chaleur du café de Lionnel, il reste l’œil couvant de Lucien, son ombre protectrice, il y a le rire d’Alice que l’on entend encore comme empreint d’éternité malgré les gris, malgré les noirs. Il reste la roche solide et immuable. Inaltérable. Comme ces hommes au cœur généreux contre lesquels Esther peut se laisser aller.

L’écriture de Laurence Biberfeld est faite de chaud et de froid, elle est belle et pourtant si dure, elle est sans concession. Elle est comme la Margeride, brutale et caressante.



La tourmente s’empara du plateau, sifflant dans les serrures, miaulant sa rage incessante dans les fentes des portes, sous les fenêtres bousculées, déployant sa clameur d’océan démonté sur l’étendue giflée des champs.
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Ce que vit le rouge-gorge

« Ce que vit le rouge-gorge » de Laurence Biberfeld a réussi l’exploit de plonger l’ignoble "viandard" que je suis dans une profonde réflexion. Ce roman, huis clos hors-sol est en effet un véritable pamphlet dirigé contre l’agriculture productiviste et ses excès.

Lors de la grand-messe hypocrite du salon de l’agriculture qui, avec la complicité des médias, tente de faire croire au quidam que l’agriculture française est vierge de toute dérive, il est jouissif de rappeler que notre pays et son industrie agroalimentaire sont clairement impliqués dans la « révolution verte ». Il y a, sans doute, dans cette foire, des agriculteurs respectueux des animaux qu’ils élèvent en liberté. N’est-il pas beau de voir certains éleveurs peigner et masser l’échine des bestiaux avant de les présenter dans des concours pour abattage où ils sont vendus aux enchères à des bouchers-charcutiers accompagnés de leur rombière endimanchée, cette viande de qualité finissant généralement en barbecue dans un quartier pavillonnaire.

Mais cette agriculture bucolique et raisonnée ne représente qu’une faible partie de la production…

Bien plus efficace que les militants extrémistes écologistes protestant nus et badigeonnés de ketchup devant la boucherie chevaline d’un hypermarché de grande banlieue, ce roman décrit le quotidien d’un élevage de porcs avec un naturalisme impressionnant.

Les animaux dévoilent plus d’humanité que le couple propriétaire de l’exploitation, symbolisant la petite bourgeoisie campagnarde arriviste, et leurs employés agricoles tantôt sadiques, tantôt idiots. L’espèce humaine est tout de même sauvée par Sophie et Garance qui, pour des raisons différentes mains intimement liées, débarqueront dans l’élevage.

Huis clos, viol, sabotages, meurtres, porcs, musaraignes ou remises en question rythment cette histoire complexe, captivante, passionnante.

Imanol SIBERNA (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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Ce que vit le rouge-gorge

Lorsque Garance se présente chez Marylène et Jean-Michel c’est pour postuler en tant que femme à tout faire, en apparence car en fait nous apprenons très vite qu’elle est à la recherche de sa fille, Sophie, disparue inexplicablement quatre ans auparavant. Sophie aime les cochons, beaucoup et elle travaillait dans l’exploitation d’élevage porcins, consciencieusement, et efficacement comme va l’apprendre Garance en approchant les différents employés de la porcherie : l’idiot, le patron, Bambi l’équarrisseur.



Le couple est arriviste, rien ne semble pouvoir freiner leur appétit d’expansion. Certains employés sont salement immondes.Laurence Biberfeld pénètre cet enfer sans faire de concessions, tout simplement, décrivant les conditions d’enfermement de ces animaux.Les mots sont forts, évocateurs d’autant qu’elle nous fait entrer dans les pensées des cochons, des truies et des petits…forcément ça ne laissera personne indifférent.Ici, nul besoin d’images chocs pour comprendre la peur, la douleur, l’horreur.Les mots suffisent y compris pour sentir toute la puanteur d’un tel endroit. C’est la force l’écriture de l’auteure, son pouvoir.Mais il n’y a pas que les cochons il y a aussi toute cette faune évoluant autour de la porcherie, évidemment cela peut surprendre, des phrases ponctuées de son animal : le chat, le rouge-gorge, le serpent, les rats etc…cette faune, tous ces animaux sont aussi des personnages, de magnifiques personnages s’interrogeant sur l’imbécillité humaine, s’étonnant de l’agitation, des témoins, un peu comme dans les fables et contes de notre enfance. Un tour de force, une idée géniale.



Ce que vit le rouge-gorge c’est aussi des histoires d’amour : amour dévorant et passionnel pour Marylène envers Jean-Mi, amour de Jean-Mi pour Garance, amour de Léo l’idiot envers Sophie et amour sans illusion mais profond entre Garance et Bambi. Ça signifie pas mal de mélo et probablement pas mal d’ennuis pour certaisn-e-s.



La part d’ombre des uns et des autres éclate au grand jour.



Laurence Biberfeld a encore signé là un splendide roman noir atypique comme j’aime. Un roman qui touche au coeur du questionnement social mettant en valeur des marginaux, ou plus précisément ceux que l’on dit être marginaux. J’avoue que c’est important pour moi et que c’est ce qui m’intéresse tant dans les récits de l’auteure. Les éditions Au delà du raisonnable sont à remercier d’avoir le courage de publier ce type d’histoire. Espérons que les lecteurs seront au rendez-vous même si ce récit est éprouvant il respire néanmoins l’amour et l’humanité.



Vous qui lisez cet article, qui aimez l’écriture et les histoires hors les sentiers battus … Lancez-vous !
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Évasion rue Quincampoix

Ce court roman déambule dans le quartier Beaubourg, à la recherche de porches isolés, à la recherche d'une atmosphère de rues, sans projet trop défini semble-t-il. S'y croisent des SDF, des marginaux dans un monde opaque, sourd, qui nous échappe d'ordinaire. L'intérêt ethnographique est peut-être là, dans cette rencontre de l'autre hémisphère de nos villes ? L'écriture est peu innovante, un peu empruntée même, et l'intrigue est flasque. Il faut souligner surtout le projet éditorial de cette collection "Noir urbain" : une courte histoire de ville illustrée, photographiée (par exemple, Stéphanie Léonard nous propose ici les photos de la rue Quincampoix, des macarons, des colonnes, Beaubourg et sa "plomberie"..etc..).
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étrange étranger

Ces nouvelles nous saisissent et nous larguent démunis, au comble d'un questionnement sans fin... oui la vie peut être ainsi aussi ... nous ne voyons qu'une seule face de chaque vie et cette décentration nous éblouit et nous bouscule. C'est fort, c'est abrupt comme une claque.
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La meute des honnêtes gens

La Meute des Honnêtes Gens

Laurence Biberfeld

Éditions au-delà du raisonnable 2014



Laurence Biberfeld joue avec les codes comme avec les mots. Roman après roman, la voici, la voilà, qui construit un univers à elle, quelle veut bien partager avec nous, rien qu’avec ses mots. Un monde de rage et de tendresse, de passion et d’indulgence. Mais son indulgence, elle la réserve aux petits, aux misérables, aux abandonnés, à ceux qui vivent de peu, de rien, les laissés pour compte d’une société qui n’hésite pas à les dévorer pour nourrir son insatiable soif de richesses, de réussite, de croissance.

Ici, la sainte trilogie de l’unité de lieu, de temps et d’action se trouve bousculée pour notre plus grand plaisir. Si l’action, dans sa répétition, trouve ses racines dans les mêmes origines, se déroulant sur le même lieu, elle se joue en deux temps, répétition a coda, avec deux siècles d’écart.

Et le lieu est d’importance. C’est lui qui souffle son âme, sa force, faisant glisser les sentiments des humains vers les extrêmes. La montagne cévenole, dans sa grandeur sauvage, ses espaces inatteignables, ses secrets, peint les destins aux couleurs les plus sombres : celle de l’obscurité impénétrable des châtaigniers couvrant les pentes vertigineuses des vallées encaissées.

Fin XIXème, un maitre filateur est égorgé proprement. Homme que seul intéresse l’argent et les femmes, consommant les ouvrières comme il siffle son vin : sans modération, il laisse peu de regrets. Aujourd’hui : Gérard, son descendant, maire du village qu’il met en coupe réglée avec un duo de copains – coquins, est découvert au bord de la même rivière. Pareillement égorgé. Même goût immodéré pour les femmes et la table. la suite sur le blog de Jeanne Desaubry




Lien : http://jeanne.desaubry.over-..
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Les auteurs du noir face à la différence

C’est le genre d’aventure qui commence en fin de soirée autour d’un verre, entre potes : des échanges, des points de vue et des discussions animées, forcément animées, sur le monde tel qu’il va — plutôt mal. Puis ça mûrit dans les têtes jusqu’à ce que l’un d'eux, plus obstiné que la moyenne, remue ciel et terre pour aboutir à ce que vous tenez aujourd’hui entre les mains : ce recueil de nouvelles intitulé LES AUTEURS DU NOIR FACE À LA DIFFÉRENCE. 15 regards, 15 auteurs, 15 talents ayant accepté le défi de Fabien Hérisson, le « proprio » du site Livresque du Noir. Thème imposé : écrire sur la différence, sur l’acceptation de l’autre, sur les limites, sur les tabous, sur ce terrible regard qui pourrit la vie de toutes les victimes d’une discrimination. Quelques mois plus tard, voici leurs mots, leurs regards et leurs histoires. C’est brutal, noir, intense et engagé ! Alors faites-en bon usage parce que… Noir, c’est décidément très, très noir.
Lien : http://polar.jigal.com/?page..
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La bourse ou la vie

ça ne sent pas bon dans le Sentier : traders qui passent du mauvais côté de comptoir, trafic de prostituées chinoises derrière les ateliers, gros bonnets de l'industrie qui organisent les trafics.

Du coup notre Mona Cabriole a fort à faire depuis son agence de news pour démêler les écheveaux complexes de la haute finance.

Les références musicales persistantes sont un peu lassantes, mais le rythme est assez bon et l'intrigue passable
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Ce que vit le rouge-gorge

Un texte de maître – ou plutôt maîtresse ! – saignant, au propre comme au figuré. Je place Laurence Biberfeld dans le haut du panier, pour la richesse de sa plume : on trouve dans «Ce que vit le rouge-gorge» non seulement une intrigue mais une formidable plongée dans ce que l'âme humaine a de plus secret, de plus noir… et de plus beau aussi.
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Panier de crabes

Avec ce titre, Laurence Biberfeld nous prend à contre-pied car il ne s’agit pas du tout d’un roman sur des magouilles politico-financières avec des arrivistes prêts à tout, mais d’un très surprenant roman post-apo qui raconte un monde en décomposition, vu par une femme en rupture qui a rejoint une bande de coupeurs de clôtures, de libérateurs de bétail emprisonné dans des fermes sans agriculteurs. Cette histoire se double du récit de ce qui s’est passé deux ans auparavant, quand la narratrice découvre que son fils de dix-neuf ans, après avoir choisi de vivre avec son père à l’âge de quinze ans, est devenu un prédateur sexuel, sous la houlette de ce père. Elle raconte les visites au parloir pour voir son fils, sa volonté de comprendre ce qui s’est passé. Comment, pourquoi ce petit garçon si mignon est devenu si dangereux, si violent, si abject.

Dans le groupe de libérateurs, elle se lie particulièrement avec l’un des jeunes, celui qui fait les missions les plus dangereuses, habillé d’une combinaison et d’un masque à gaz, pour s’introduire dans les élevages où il reste peut-être des animaux vivants parmi les cadavres en putréfaction. Ce garçon chétif lui parle de sa vie d’avant, sa vie de victime, sans arrêt harcelé par des plus forts qui lui imposaient un esclavage sexuel.

Plus elle en sait et plus s’attache, et plus on se demande si ce monde, qui n’est pas si éloigné du nôtre, mérite de survivre, alors que les maladies qui rongent de plus en plus les uns et les autres annoncent la fin de l’humanité.

Laurence Biberfeld nous fait plonger dans cet univers terrible avec son écriture fluide, précisément évocatrice, ses images fortes, elle montre bien la passion qui anime chacun et construit une tension dont on ne peut se libérer. Il y a toujours chez Laurence Biberfeld cette rage à dénoncer un monde pervers, cette joie à vanter les bienfaits de la solidarité, du groupe soudé pour un dernier combat, on aime ce désespoir alimenté par la certitude que ça ne va s’arranger.

Le roman se termine en coup de tonnerre, les deux récits se rejoignent d’une façon que l’on n’avait pas prévue et on ne peut qu’être ébouriffé par cette virtuosité qui nous arrache un sourire, bien qu’on soit accablé de tristesse.

Panier de crabes est un roman court, percutant, qui fait réfléchir longtemps après sa fermeture, un roman à lire bien sûr.


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Vive la Commune !

Toujours le même principe dans la collection Noires Nouvelles: un thème historique, une palanquée d’autrices et auteurs, chacun·e une nouvelle noire sur ledit thème et plein de belles illustrations au milieu.



En toute partialité, les éditions du Caïman font du vraiment bon boulot avec cette collection et ont même tendance à s’améliorer chaque année.



Je ne manquerai jamais de le rappeler, la littérature noire est une littérature réaliste, et comme en plus cette collection a un caractère historique, cet opus navigue avec tact et élégance entre fiction et textes documentaires, comme en témoignent les sous-titre des nouvelles qui vont de « fiction » (La semaine sanglante d’Antoine Blocier, Le rire de Martin d’Eric Maneval, La dernière dent de Michèle Pedinielli) à des termes excluant justement la notion de fiction (Courbet VS Vendôme de Nadia Khiari aka Willis de Tunis est revendiquée comme « Biographie » ainsi que Camélinat le rouge de Rosa Moussaoui tandis que J’ai photographié la Commune de Paris… Oui madame, oui monsieur ! de Philippe Paternolli est qualifiée de « témoignage post-mortem) en passant par toutes les nuances entre les deux (les “nouvelles documentaires” L’enterrement de Marie Lecointre de Michèle Audin, Les espions de Versailles de Roger Martin et La directrice d’école et le maire de Philippe Pivion, la “romance historique” Les femmes et les enfants d’abord de Laurence Biberfeld, les “faits historiques romancés” de Ni pieux, ni traître d’Odile Bouhier, de Quand il est mort le poète (Gaston Crémieux) de Maurice Gouiran ou encore Les canons de Montmartre de Laurent Mély-Dumortier et Quatorze étoiles pour quatorze morts de Jean-Louis Nogaro, sans oublier La lionne et le géographe de Serge Utgé-Royo) et le directeur de collection Patrick Amand se fend même d’un néologisme aguicheur avec sa “biografiction” Pilotell.



Tous les efforts sont faits pour ne pas lasser le lectorat en variant les formes littéraires puisque, cachées parmi ses nouvelles, on trouvera un exercice épistolaire (Je vous écris au milieu des ruines fumantes… de Didier Daeninckx) deux poèmes (Ce qu’on perd de Patrick K. Dewdney et Poème pour les chaussures d’un communard de Toulouse de Serge Pey) une pièce de théâtre (L’heure de trop de Michaël Dias), une incursion dans l’uchronie (Babylone de Max Obione), une BD (Victorine de Stéphane Tamaillon et Vincent Sauvion), une chanson (Sur la Commune de Serge Utgé-Royo, issue de son album La Commune n’est pas morte !, 3e volet de ses Contrechants… de ma mémoire, à laquelle il faudrait ajouter les nombreux extraits de chants semés au cours des nouvelles) et quelques curiosités qu’il vous faudra lire pour savoir ce que sont une “déambulation historique” (À la source d’Alice Jack) ou une “anti-nouvelle” (Sans nouvelle de la Commune d’Anouk Langaney).



Un remerciement particulier à Serge Pey et Jean-Louis Nogaro qui viennent nous rappeler que la Commune de Paris fut précédée et suivie de nombreuses autres en abordant réciproquement la Commune de Toulouse et celle de Saint-Étienne, à celles et ceux qui sont sortis du 19e siècle pour aborder l’événement historique de la hauteur de quelques décennies après (j’ai surtout en mémoire la grinçante La semaine sanglante d’Antoine Blocier, Vive le Roy ! de Roger Mazuy et La lionne et le géographe d’un Serge Utgé-Royo toujours aussi pertinent).



Autre chose, un livre c’est un objet, pas seulement un assemblage de mots. Ceux de la collection Noires nouvelles apportent un soin particulier à l’iconographie et celle de Vive la Commune est particulièrement riche et variée. Plein de documents d’époques comme des caricatures récentes faisant entrer la Commune et l’actualité en résonance (en ces jours de sauvage répression, retomber sur le dessin de Michel Cambon représentant Emmanuel Macron se faisant tatouer le portrait d’Adolphe Thiers m’a fait particulièrement bizarre). J’avais particulièrement apprécié tous les documents montrant combien l’impact de la Commune est resté important à travers les époques et les pays (de la commémoration new-yorkaise de 1880 aux affiches anglaises de 2016 et 2017 en passant par la plaque de la Place de la Commune de Paris à Hô Chi Minh-Ville ou l’affiche soviétique de Vladimir Kozlinski revendiquant la filiation de la révolution de 1917 avec la Commune). J’avais aussi apprécié de voir que l’engagement des auteurs était allé au-delà de la fourniture de leur texte, plusieurs illustrations étant issues des collections personnelles de certains d’entre eux.



Tatouage présidentiel, dessin de Michel Cambon



Le verdict : un pavé de plus de 400 pages qu’on peut théoriquement lire en plein de petits bouts, mais qu’en pratique j’avais pour ma part englouti à la suite. Un résultat à la hauteur du casting réuni à la fois très varié et hautement qualitatif. À s’offrir, à offrir à celles et ceux qui aiment la littérature noire, à celles et ceux qui y sont un peu rétifs, à celles et ceux qui aiment l’histoire sociale et à celles et ceux qui feraient bien de s’y mettre, à celles et ceux qui beuglent La semaine sanglante sous la douche et qui en soirée préfèrent la Danse des bombes à la Danse des canards.
Lien : https://romancerougenouvelle..
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