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Citations de Laurent Testot (29)


Qui se souvient qu'il y a deux mille ans, on trouvait encore des lions en Grèce, des éléphants en Syrie et des aurochs en France ?
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L'humain est en fait l'espèce invasive ultime et n'a plus de prédateur, notamment depuis qu'il a terrassé les épidémies. Son expansion est sans autre limite que celles de la planète. De tous ces animaux disparus, de cette sixième extinction amorcée il y a au moins 50 000 ans, démultipliée au XIXème siècle et toujours plus destructrice, nous sommes les coupables héritiers.
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Les Amérindiens n'ont peut-être pas inventé la roue (sauf pour les jouets d'enfants, sous forme par exemple de petits chiens en bois ou en terre cuite montés sur roulettes), mais en avaient-ils besoin ?
Quelle que soit la culture concernée, une constante émerge : répartir les charges, attacher les chiens était affaire de femme, l'autre bête de somme !
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Dès que les Européens nous ont aperçus, ils ont eu en tête de nous exterminer. Rappelons que l’Australie a été dépeuplée à l’arrivée des Blancs. Comme les Amérindiens avant eux, les Aborigènes ont été emportés par des vagues de maladies, et les survivants ont subi des politiques génocidaires : travail forcé, expulsion des meilleures terres, sédentarisation, exécution sommaire des protestataires, et au XXe siècle vol des enfants afin de les « civiliser » ….. Rien ne leur a été épargné. Nous autres dingos avons, dans l’ensemble, mieux résisté. Alors que le milieu se transformait. Imaginez l’Australie voici trois siècles, quelques centaines de milliers d’Aborigènes, répartis en myriades de groupes, brûlant périodiquement le couvert végétal pour entretenir le milieu : faire pousser des jeunes plantes, amener le petit gibier à se multiplier….

Puis ces jardiniers du feu, décimés suite à l’arrivée des Européens, cessent toute activité. D’innombrables vaches et moutons les remplacent. Les Européens forent des puits, créent des points d’eau dans la steppe pour abreuver le bétail. Des animaux inconnus prospèrent. Les chats, amenés par les navires, prolifèrent et détruisent nombre de petits mammifères. Les lapins s’échappent des clapiers et se multiplient faute de prédateurs. Les renards, introduits pour les détruire et aussi, en bonus, permettre la chasse à courre trouvent plus facile de boulotter les petits mammifères indigènes que le rongeur à longues oreilles. Si chats et renards font facilement bombance, c’est que leurs proies n’identifient pas ces nouveaux venus comme prédateurs. Ils opèrent encore aujourd’hui des dégâts immenses dans l’écosystème australien.

Nous autres dingos pourrions vous aider à lutter contre leur prolifération. Comme tout carnivore, nous pratiquons la surprédation : quand l’occasion se présente nous massacrons chats et renards, y compris les jeunes, pour limiter la concurrence. Mais vous avez choisi de nous combattre à outrance. Un des premiers naturalistes à nous étudier, Walter Beilby l’avait sèchement résumé en parlant de nous : « Ce sera une bénédiction quand ces brutes seront toutes mortes ». En conséquence de quoi nous avons été traqués, piégés, emprisonnés, fusillés. Vous avez même construit le Mur, le Dingo fence, la plus longue clôture continue du monde, 5300 km de grillage électrifié haut de près de deux mètres, isolant la partie sud-est de l’Australie. L’ouvrage a commencé dans les années 1880, en barrage à l’expansion des lapins. Mais il n’était pas achevé quand maitre Jeannot l’a dépassé. Alors les éleveurs de moutons l’ont terminé son édification entre les années 1920 et 1960, parce que certains d’entre nous manifestent une propension forte à massacrer leur bétail quand il n’est pas défendu. Tout ça n’a servi à rien. Même si nous sommes beaucoup moins nombreux du côté sud-est du Mur que dans le reste de l’Australie, nous avons survécu. Et les chasseurs qui avaient pour tâche de nous exterminer ont même coutume de dire que nous sommes de toute la Création l’animal le plus retors à poursuivre. Ironie du sort : lapins et kangourous ont proliféré là où nous raréfions, détruisant les pâturages des ovins. Manipuler l’environnement mène souvent à des conséquences imprévisibles.
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A quoi ressemblaient ces chiens accompagnant les Paléo-Amérindiens ? On en a une vague idée pour le Nord. En zone inuit, Nord du Canada et Groenland, à des simili-loups évoquant peut-être les actuels malamutes d'Alaska ou groenlandais, des chiens de traineau puissants à la fourrure épaisse. Un peu plus ou sud, dans les forêts des nations iroquoises ou huronnes, à de grands mâtins qui ont peut-être contribué au terre-neuve. Encore plus au sud, vers les Grandes Plaines et les prairies, des tribus partiellement nomades chassent le bison. Elles sont accompagnées d'importantes meutes de chiens de taille moyenne, tractant des charges sur des travois, comme le décrit l'explorateur Francisco Coronado en 1541 : attachez deux bâtons parallèles de part et d'autre de l'animal, ligotez dans l'intervalle vos biens enveloppés de couvertures, de tentes et de peaux, et faites tirer alors que seules les extrémités des bâtons traînent sur le sol.
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Lorsque les empires se sentent vieillir et que tombe le jour, l'ombre des montagnes avance.
Ibn Khaldun ( 1332-1406)
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Laurent Testot
Dans l'imaginaire de l'ailleurs, il existe une distinction fondamentale entre voyageur et touriste. Le voyageur est valorisé, présenté comme autonome, respectueux des populations locales, désireux de savourer la rencontre et capable de s'imprégner de l'esprit du lieu visité. Le touriste serait pur consommateur. Il aurait payé pour traverser le monde, en une course aux selfies devant les monuments "qu'il faut avoir vu dans sa vie". Il limiterait ses contacts avec les populations locales à la satisfaction de ses besoins primaires, nourriture et sommeil.
(Le monde des religions numero 91)
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Le retour dans les métropoles de la très grande majorité des Européens vivant dans les colonies était prévisible, mais la poussée de l’émigration des ex-colonisés vers les métropoles l’était beaucoup moins. L’exode des populations d’origine européenne tient sa part dans le renversement de tendance du mouvement séculaire qui, depuis le XVIe siècle, pousse les Européens à émigrer vers les contrées d’outre-mer. Après la Seconde Guerre mondiale, les retours l’emportent désormais sur les départs. Parallèlement, le Vieux Continent devient terre d’immigration pour les Antillais, les Africains et les Asiatiques.
Un demi-siècle après sa disparition, le monde colonial créé par et pour l’homme blanc peut ainsi paraître à l’Europe actuelle fort lointain, mais en même temps très proche.
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Le système économique mondial actuel est conçu pour maximiser les profits des firmes et marginaliser les intérêts de l'État, prié de se mettre au service de cette annexion.
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Dans les ex-colonies de peuplement, le poids démographique réduit des communautés indigènes ne leur laisse qu’une faible marge de manœuvre. La logique de réparation ne peut, de toute évidence, y remettre en cause les acquis des populations blanches. Il appartient aux « Nouvelles Europes » de réussir l’exercice délicat qui consiste à promouvoir la pluralité en leur sein, tout en préservant la cohésion nationale.
La réparation pour la traite négrière et l’esclavage est une question plus épineuse. Que peut faire aujourd’hui l’Europe, héritière des Lumières et patrie des droits humains, pour réparer le préjudice causé aux esclaves noirs ? Elle pourrait se contenter de dire que la traite atlantique et l’esclavage n’existent plus depuis longtemps ; ou que la traite orientale à destination du monde musulman commence plus tôt, dure plus longtemps et enlève au continent noir autant si ce n’est plus d’Africains que la traite à destination des Amériques ; ou encore que le « commerce honteux » n’aurait pas été possible sans la participation d’élites et d’intermédiaires locaux. Tout cela, pour être vrai, n’enlève cependant rien au tort causé aux esclaves.
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Avant d'aller plus loin, soulignons une évidence. Comme tout individu du règne animal, un organisme humain a trois obsessions : se nourrir, obsession n°1. Elle conditionne la survie à court terme ; dormir, obsession n°2. Elle conditionne la survie à moyen terme ; se reproduire, obsession n°3. Elle conditionne la survie à long terme.

Je vais vendre la mèche tout de suite et exposer la thèse qui sous-tend cet ouvrage. Comme pour toute espèce animale, notre évolution vise à nous pousser à avoir le plus de descendants possible. Peu importe le confort dont ils disposeront.
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Il manquerait au total environ 200 millions de femmes en Asie. La politique de l'enfant unique, exclusivement chinoise, est loin d'être seule en cause. Car cette histoire s'est répétée au Pakistan, en Afghanistan, en Inde...Dans la culture hindoue, la tradition favorise le garçon, supposé allumer le bûcher de ses parents et, comme en Chine, rester à l'écoute de leurs besoins. En revanche, "élever une fille revient à arroser le jardin du voisin" résume un proverbe indien. Car la fille rejoint sa belle-famille, lui apportant une dot conséquente.
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Dans la réalité, celle de la planète, le christianisme est resté expansif. Il se métisse. Il s’est américanisé, s’asiatise aussi. Le pape a pris accent argentin. Les femmes exigent l’émancipation – ce processus en est toujours au point zéro à Rome, il a commencé depuis longtemps chez les protestants, même si eux aussi ont encore du chemin à parcourir. Dieu n’est pas mort, toujours il se métamorphose.
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Dès lors, dans un monde où l'on ne naît plus, où l'on ne vit plus, où l'on ne meurt plus sous la lumière du soleil mais sous celle des ampoules électriques, l'être humain finit par n'aimer en priorité que ce qu'il produit lui-même de son cerveau et de ses mains. Dans ce contexte où c'est désormais la technique qui configure le monde, la végétation n'est admise que dans les bornes d'un parc ou d'un jardin. Quant au monde animal, il ne devra son salut qu'à l'élevage, à la domestication et aux zoos (volontiers requalifiés en parcs animaliers pour gommer leur dimension carcérale).
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L’Église est assurément l’institution dominante du féodalisme (entendu au sens le plus large du terme). Dotée d’une puissance matérielle considérable, elle prend en charge tous les moments décisifs de l’existence humaine (naissance, mariage, mort) ; plus nettement encore, elle permet d’assurer le salut individuel dans l’au-delà, valeur suprême au nom de laquelle elle prétend gouverner l’ici-bas. Elle définit également la plupart des cadres de la vie sociale : cadres spatiaux et temporels, structures de parenté, enseignement, etc. Le regroupement de l’habitat au sein des villages s’accomplit le plus souvent autour de l’église et du cimetière consacré, qui jouent ainsi le rôle de pôle majeur de l’espace social.
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l’opération certainement la plus importante de transferts techniques par fait de guerre, et celle-là est avérée, fut la capture d’artisans et artistes chinois par les troupes du califat abbasside, en 751, à la bataille du Talas, dans l’actuel Kazakhstan. Cette bataille, où s’affrontèrent Arabes et Chinois, vit la défaite de ces derniers et marqua un coup d’arrêt, pour les deux puissances, dans leur politique de contrôle de l’Asie centrale. Des milliers de Chinois, soldats et civils (courtisans emmenés par le général chinois), furent faits prisonniers. Parmi eux, des tisserands en soie, des orfèvres, des artistes peintres et des techniciens de la fabrication du papier. Ils furent amenés à Samarkand, d’où les prisonniers des trois premières catégories furent transférés à Koufa, plus tard à Bagdad. D’après l’un d’eux qui put revenir en Chine, ils apprirent aux Arabes à tisser des soies légères, à travailler l’or et l’argent, ainsi que l’art de la peinture.
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LES UTOPIES SONT ÉTERNELLES
QUAND il rédigea UTOPIA en 1516, Thomas More changea le monde pour les siècles à venir : un demi-millenaire s'est écoulé, et son idée nourrit toujours les luttes politiques.
Son livre comportait deux parties : une première pour dresser le constat des injustices et des violences soufferte par l'humanité ; une seconde pour dépeindre un pays libéré de ces souillures, Utopia littéralement non-lieu. Une contrée présentée comme fictive, mais si réaliste qu'elle semblait à portée de main. Se projeter en imagination dans un univers idéal afin de baliser la voie qui permettra d'améliorer demain le monde... L'utopie est un outil d'émancipation...
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Les classes moyennes indiennes, en ascension patrimoniale et sociale, sont celles qui ont le plus recours aux avortements sélectifs...Les conséquences sont multiples : les mafias d'Asie prospèrent sur le trafic de femmes, pour des mariages forcés ou la prostitution, allant chercher leurs proies dans des pays périphériques plus pauvres, Népal, Philippines, Vietnam...Enfin, des sociétés entières continuent à considérer les femmes comme des biens meubles, alors même que celles-ci, de plus en plus éduquées, militent pour voir leurs droits reconnus.
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Quelques heures de marche plus tard, je passe devant une ferme. Le paysan est penché sur un engin monté sur le train d'un tracteur, une semeuse. De sa main, il lisse les graines qu'il s'apprête à mettre en terre. Elle sont grosses, rouges, enrobées d'une capsule supposée favoriser leur croissance. Ses mains sont gantées de noir, recouvertes de cette épaisse matière synthétique que l'on réserve d'ordinaire à la manipulation des hydrocarbures toxiques. Son visage est recouvert d' un masque à gaz. Il fut un temps où les semences symbolisaient la vie et l'espoir. Aujourd'hui, ceux qui les manipulent sont équipés comme des militaires livrant une guerre chimique. Ce qu'ils font, d'ailleurs...L'agriculture est devenue, et les paysans en sont les premières victimes, une machine à mort.
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Le mercure a pourtant été utilisé sans relâche jusqu'à nos jours, pour blanchir le papier comme le dentifrice, dans les peintures ou en électronique, en médicament purgatif, voire pourvoyeur de virilité, en spray répulsif d'insectes, en maquillage, en lotion pour la peau, en amalgame dentaire et en composant des thermomètres...Et les émissions de mercure continuent, liées à 80% à la combustion du charbon, qui reste la première source d'énergie thermique du Monde. L'humanité respire, boit et mange continûment du mercure.
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