C'était très désireuse de découvrir la suite des aventures tragiques de Nikolaï que j'ai plongé dans ce tome 2, mais les débuts furent longtemps difficile, j'avais du mal à me rappeler de tout. Heureusement la suite a payé et je ressors globalement satisfaire de ce tome qui tente de faire la somme entre tous les pans de la saga.
Rule of Wolves est le dernier titre en date de l'univers de Grisha, désormais adapté à la télé et ça se sent. L'autrice a vraiment voulu développer une intrigue dense, brassant l'ensemble des personnages et thématiques déjà vues. Cela s'est fait avec plus ou moins de réussite.
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La première chose qui a un peu coincé chez moi, ce fut ma mémoire. Ayant lu le précédent tome lors de sa sortie en vo, cela datait un peu pour moi et j'avais du mal à tout resituer. En général, les auteurs nous aident pour cela, ici pas vraiment. L'autrice a pris le parti de poursuivre son histoire là où elle l'avait laissé après un très léger bond dans le temps, à nos risques et périls.
Ensuite, elle a également fait le choix de mixer dans ce tome différentes intrigues impliquant l'ensemble des personnages de son univers, des Crows de Kaz, en passant par l'espionne Nina, la générale Zoya, l'ancienne sainte Alina et bien sûr le Roi bâtard Nikolaï. Cela part donc un peu dans tous les sens même si tout est au service d'une seule intrigue globale : le sauvetage de Ravka et de ses Grisha face à la tentative d'invasion de Fjerda, de putsch d'un membre de la famille de Nikolaï et de sabotage des Shu Han. Le tout avec l'idée de sauver les Grisha qui sont persécutés un peu partout, mais aussi de réécrire la religion de ces pays et de trouver le bonheur tant qu'on y est. Ouf !
Pour autant, malgré un récit aussi dense, avec tant de fils d'intrigue, j'ai trouvé la narration assez molle. Elle n'accélère qu'à de rares occasions, surtout sur la fin, et le reste du temps, elle est trop lente, trop bavarde, avec pas mal de scènes et discussions que l'on pourrait élaguer pour dynamiser tout ça. Cela rend la lecture assez atone.
De la même façon, j'ai trouvé que beaucoup de personnages manquaient de reliefs. L'autrice tente de leur donner une dimension tragique mais ça tombe un peu à côté, car clairement, ce n'est pas l'écriture des personnages qui a primé ici, mais plutôt les nombreux développement de l'intrigue et ceux-ci sont assez réussis, je l'avoue.
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En effet, malgré cette narration en dents de scie, j'ai beaucoup aimé suivre ce que racontait l'histoire. Chaque pan de celle-ci était intéressant et apportait une richesse supplémentaire au récit.
J'ai beaucoup aimé suivre Nikolaï et ses manoeuvres politiques pour garder son trône, vaincre ses ennemis et triompher en amour et contre lui-même. C'était le pan de l'intrigue et le personnage que j'attendais le plus et ils ne m'ont pas déçue. Bien sûr, il y a énormément de grosses ficelles ici. La romance manque d'impact et est l'une de mes déceptions dans la façon dont elle a été écrite, plus que dans ceux qu'elle implique qui vont assez bien ensemble. Mais revenons à la politique, c'était amusant et fascinant de le voir manoeuvrer les gens autour de lui pour se débarrasser des Shu et lutter contre Fjerda. On le voit avec l'ensemble de ses casquettes : prince, roi, courtisan charmeur, pirate des airs et toutes lui vont bien. Il est l'auteur des rares répliques qui ont su m'amuser et/ou me marquer.
Dans ses manoeuvres, il va même convoquer les Crows et nous allons nous rendre à Ketterdam. La fangirl en moi était ravie, même si j'ai trouvé la manoeuvre un peu superflue et peut-être juste là justement pour faire plaisir aux fans. Cependant cela a offert de belles scènes d'action et vu comme elles sont peu nombreuses, il faut en être content.
L'autre morceau, autre que politique, qui m'a plu ce fut tout l'aspect religieux du titre. L'autrice s'est amusée à repartir des premiers mythes de la série. Elle remet en perspective les différents Saints, l'Apparat, le Darkling et chacun trouve sa place dans ce vaste tableau. Si j'ai aimé la redéfinition qu'elle fait du bien et du mal, j'ai trouvé un peu léger le traitement du Darkling et de l'Apparat, cela a fait perdre en crédibilité... En revanche, j'ai aimé sa réécriture des Saints. C'était chouette de revoir Alina, d'assister à la transformation de Zoya et de voir Nikolaï apprendre à vivre avec son démon. Sa phrase "I am the monster and the monster is me" marque un tournant et j'ai aimé le nouveau rôle que ça lui donne. De la même façon, c'est fascinant de voir une nouvelle mythologie s'écrire dans les dernières pages avec Zoya.
Les scènes d'action quand elles ont lieu furent écrites de façon vraiment immersives et intenses, ça je le reconnais à l'autrice. Je me suis souvent ennuyée dans les phases plus lentes mais dans celles plus vives, là, j'ai été totalement entraînée, que ce soit lors des coups de théâtre orchestrés par Nikolaï, des scènes de batailles, des moments où les pouvoirs de chacun entrent en scène, de ceux où des créatures nous plongent dans les ténèbres, mais également quand des luttes de pouvoirs se font sentir en coulisses ou lorsque des tensions inaudibles ont lieu. Ça c'est très bien écrit également.
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Je n'en dirai pas autant pour l'ensemble du texte. Il y a trop de scènes inutiles, de développements juste là pour faire plaisir aux fans et de ramifications qui ne servent pas à grand-chose au final.
Ainsi, j'ai trouvé le rôle de Nina assez inutile dans l'ensemble. Elle joue les espionnes auprès des Fjerda en étant avec la fille du Général Brum, mais ça s'arrête là. Cette partie de l'intrigue est ultra caricaturale, de son rôle auprès de Hanne, à celui du Prince, et en plus, pendant longtemps, il ne s'y passe pas grand-chose.
Cela m'amène à une des grandes faiblesses du titre : l'écriture des relations. Il m'a manqué quelque chose à chaque fois. Il y a plein de belles promesses mais dans les faits cela manque de souffle, de passion, parce que la guerre est partout et prend le dessus. La romance Nikolaï - Zoya ne décolle pas et la seule scène qu'elle a ne m'a pas suffit, elle m'a laissée sur ma faim. La romance Nina - Hanna m'a semblée totalement pas crédible. Pour moi, le grand amour de Nina, c'est Matthias, point, et elle a plutôt un rôle de grande soeur avec Hanne. Même quand Kaz parle d'Inej, il manque quelque chose, c'est triste. Le seul moment où vraiment j'ai ressenti quelque chose, c'est avec David et Genya. Ça fait peu.
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Après un très bon premier tome, je ressors plus mitigée de ce tome. Oui, j'ai eu l'intrigue politique et religieuse que je voulais avec une belle réécriture de la mythologie de l'histoire, mais l'écriture elle-même du tome pêche pas mal. Il y a énormément de défauts dans son écriture notamment parce que l'autrice a voulu trop en faire pour plaire aux fans. Du coup, cela manque de souffle et de consistance alors que le tome est assez épais et bavard. Elle n'a pas du trouver le bon équilibre et procurer les bons sentiments. C'est fade.
Désolée pour cette chronique décousue, elle est à l'image de mes espérances plus ou moins satisfaites et de mes petites déceptions.
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