Réunies le même soir au pied de la cascade, nous comprîmes que nous étions les fragments d’une seule âme tourmentée. Ce soir-là, nos cœurs entrèrent en résonance. Nous hurlâmes, nous pleurâmes, nous fûmes plongées dans la folie, la douleur, et nous nous consolâmes. Chacune de nous était l’écho d’un amour trahi, chacune de nous en était un reflet particulier. Chacune exprimait la même douleur de manière différente.

Relevant la tête des papiers pour regarder la grisaille dehors, il ne vit d’abord que son propre reflet. Il lui renvoyait l’image d’un faciès taillé dans la pierre la plus dure et la plus terne. Un roc doté d’émeraudes rectilignes et étroites en guise d’yeux, d’un nez aussi droit que long et de lèvres fines. Tout dans ce visage fermé montrait la confiance d’un être impitoyable. Ses lèvres ne souriaient pas, mais esquissaient toujours un léger pli déçu. Son regard ne brillait pas, il restait morne. Au final, ses sourcils noirs épais ne faisaient qu’assombrir encore ce tableau de méchant ogre, de personnage inquiétant. Heureusement, ce visage savait se modifier en conséquence pour devenir un peu plus aimable.
Face à cet homme peu engageant, on pourrait douter qu’il s’agisse-là d’un docteur. On pourrait croire que ce village de Brocéliande méritait mieux qu’un croque-mitaine. « On », enfin, pourrait aussi réfléchir un instant au calme et supposer que l’homme en question avait sans doute vu ou fait, avant d’échouer ici, des choses qu’il n’aurait jamais dû voir ou faire s’il avait désiré garder le sourire.
... tu porteras le prénom de Lia Fail. C'est toi qui...
- Tu apporteras le malheur sur nos têtes ! gronda la femme avant de cracher par terre en ma direction.
Tout cela était trop dingue. J'étais en train de me dire qu'à choisir j'aurais préféré crever lors de l'accident. La Mort est poli, lui. Il arrive à l'heure, tout ça...
– Conclusion : il est plus grand que la cage de douche … Trop fort !
– Et je crois que t’as pas vu le plus impressionnant, souffla ma canette avec un petit ricanement.
- Comme je te le disais, chacun de nous est animé par un esprit maléfique issu de notre ressentiment. Oh, l'éducation et la culture de notre terre natale nous apprennent vite, et elles ont raison, que ces sentiments négatifs sont avilissants. Mais voilà, un jour ou l'autre, une expérience rend ce sentiment prédominant. Nous passons parfois le reste de notre vie à tenter de l'étouffer pour retourner à un "avant". Ou tout était parfait. N'est-ce pas ?
L’honnêteté n’est valable que si elle reste bienveillante. Sinon c’est de l’hypocrisie, paradoxalement. Parce que le véritable but n’est pas de présenter son opinion et d’en débattre, mais de blesser la personne à qui on la formule. Ce comportement était un vrai cheval de Troie.
Un conseil : méfiez-vous des personnes qui se vantent d’être honnêtes en toutes circonstances. Elles ont en réalité des motivations bien plus fausses que le pire des menteurs. Et elles sont aussi les dernières à assumer leurs propos.