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Citations de Lidia Yuknavitch (98)


Être humain, selon ce film, c'est se jeter à corps perdu dans le chaos et le mouvement de l'humanité toute entière. C'est accepter le poids des circonstances sans ciller. C'est s'abandonner au creuset du temps en reconnaissant que l'histoire n'est pas une série d'évènements révolues, mais un processus auquel nous participons tous. Vivre, c'est savoir que l'on peut être tué à tout moment, comme en croisant par mégarde la route d'un train lancé à toute vitesse. C'était la première fois que j'avais une perception messianique du temps, d'une vie qui ne se limitait pas à l'histoire d'un petit être humain flottant dans le cosmos.
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Lâchons cette histoire plus linéaire, avec son début, son milieu et sa fin – avec sa fin transcendante. Lâchons prise. Nous sommes le poème ; nous avons fait une partie du chemin ; nous avons survécu jusque-là pour vous dire : continuons, continuons.
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La seule autre chose que j'entends dire par mon père tard le soir, c'est : « J'ai du travail en retard. »
Et ma mère répond, d'une voix qui, je dois l'avouer, est bellement remplie de clous minuscules : « Tu la savoures, la façon dont ton travail te soustrait du foyer. »
Puis la porte se claque. Puis j'entends le bruit d'une bouteille qu'on ouvre. Vodka ? Whisky ? Courvoisier ? Dans quoi on se noie, ce soir, maman ? Je ne lui jette pas la pierre. Si je me retrouvais piégée dans une espèce d'enfer domestique avec uniquement des objets de gens riches à récurer pendant que mon coureur de jupons de mari est en virée pour ses escapades nocturnes... je me gaverais de médocs. Ou je me saborderais. Pour de bon.
(p. 48-49)
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Personne ne dit rien, surtout pas moi.
Ça fait mal. Le silence.
On roule.
Il me semble voir des vaches passer sur le côté de la route, mais ce sont peut-être simplement ces taches qu'on a dans les yeux lorsqu'on essaie de ne pas pleurer.
(p. 208-209)
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J'essaie de ne pas voir la raclure de bidet en face de moi qui blablate sur sa femme qui veut élever leur enfant d'une façon totalement différente de la sienne. Femme dont il est séparé. Putain ce qu'elle a eu raison.
« C'est une question de valeurs », sort de son sifflet, « faut pas se tromper, d'entrée de jeu. »
Ce mec veut envoyer son gosse dans un camp de Khmers rouges chrétiens. Je le jure devant Dieu - si Dieu existait -, je lui mettrais un coup de pied dans les parties, à cette enflure de chrétien. Mais Dieu n'existe pas. S'il y a quelque chose, c'est un anti-Dieu. Doté d'un sens de l'humour très pervers.
(p. 110-111)
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Vous voulez que je vous dise ? Dix-sept ans, c'est pas top. On a envie de prendre l'air, on a envie de se débarrasser de soi comme d'une vieille peau morte, on a envie de prendre les choses telles quelles et de tout balancer. On se fait des piercings sur le visage, on se fait tatouer... n'importe quoi pour sentir quelque chose d'autre que la torpeur dedans.
(p. 12)
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La famille est un mot qu'on peut faire sien.
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Je déteste ressentir quoi que ce soit sur moi.
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Inventez des histoires jusqu'à en trouver une avec laquelle vivre.
Inventez des histoires comme si la vie en dépendait.
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Écrire, ça peut aussi être ça.
Écrire pour amener le rêve délicat sur le bout des mots, les embrasser, reposer sa joue dessus, ouvrir la bouche et respirer corps à corps pour ressusciter son être.
Inventez des histoires jusqu’à en trouver une avec laquelle vivre.
Inventez des histoires comme si la vie en dépendait.
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Écrire, ça peut aussi être ça.
Écrire pour amener le rêve délicat sur le bout des mots, les embrasser, reposer sa joue dessus, ouvrir la bouche et respirer corps à corps pour ressusciter son être.
Inventez des histoires jusqu’à en trouver une avec laquelle vivre.
Inventez des histoires comme si la vie en dépendait.
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On dit que toute femme qui se marie se marie avec une version de son père. Mon père a fracturé les cœurs de toutes les femmes de notre foyer avec sa rage. Alors quand je reviens en arrière et pense aux hommes que j’ai aimés, ou que j’ai cru aimer, c’est avec le cœur fendu en deux. Si j’ai une quelconque idée de ce que signifie l’amour de la famille, si j’ai une quelconque idée d’où se trouve son cœur, alors je l’ai d’abord appris par l’homme que je n’ai pas épousé.
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Mon ventre poussait.
Mon ventre me portait.
Mon ventre portait notre amour, bombait entre nos visages ivres d’amour qui souriaient. Du sourire de la vie et de la joie qui finissent par venir à vous quand vous n’avez appris qu’à souffrir.
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Ce n’est pas facile d’abandonner un soi et d’en embrasser un autre. Vos libertés vous balafreront. Voire vous tueront. Vous ou l’un de vos vous. Mais ce n’est pas grave, pourtant. Il y a autre chose.
Combien de fois mourons-nous ?
Les mots, comme les pages de soi, en valent la peine.
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Était-il possible que j’aie eu quelque chose à donner ? Hors du rien qu’était ma vie ? Franchement, qu’est-ce que j’avais à donner, bordel ? Une femme avec trop de trous en elle. Et pourtant il y avait quelque chose.
Des mots.
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« Je suis une femme qui se parle à elle-même et ment. »
La nuit après que j’ai sauté du train des choses, mon cœur à l’ordinateur s’est emballé. Mon premier livre sortit de moi dans l’immense et jaillissant retour du refoulé. Comme si un caillot de sang s’était détaché. Mes mains étaient prises de frénésie. Des mots de mon corps tout entier, ma vie tout entière, ou les vies de femmes, de filles dont l’histoire demeurait coincée dans la gorge, sortaient en jaillissant. Rien n’aurait pu arrêter les histoires qui sortaient de moi. Même si mes mains, mes bras et mon visage me faisaient mal – les bleus et les coupures dues à la chute depuis un train – ou à un mariage – ou à un être dans la nuit – j’ai écrit histoire sur histoire. Il n’y avait pas de dedans dehors. Il y avait des mots et il y avait mon corps, et je voyais à travers ma propre peau. J’ai craché mes tripes par l’écriture. Jusqu’à ce que ce soit un livre.
Jusqu’à ce que ma peau même fasse le chantducri.
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En l’an dix tu as dit que tu m’aimerais jusqu’à ce que je meure tu as dit qu’on mourrait ensemble amoureux tu as dit que quand j’aurais soixante-quinze ans on rirait dans nos corps flasques et on boirait à notre amour moisi tu me l’as dit tu le disais chaque année jusqu’à ce que tu arrêtes de le faire où es-tu où est l’homme qui aimerait une femme comme moi il n’y a pas d’homme à part toi il n’y a jamais eu d’homme pour moi pas même de père j’arrête de manger je perds douze kilos tout le monde dit tout le monde dit tu es si belle. Comme une actrice de cinéma. N’est-elle pas belle ?
Suis-je belle ?
L’amour est une viemort.
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On buvait à ne plus rien voir.
À en perdre la tête. À en perdre la vie.
Entre deux cuites il a dit : Je veux être peintre. J’ai dit : Je veux être écrivain. Alors on a bu à ça. Et peint. Et écrit. Et fêté chaque heure à coups de gnôle. (...) On a rêvé en boisson.
(...)
Pendant qu’on buvait le chaos de l’art est sorti de nous. Impossible de maîtriser quoi que ce soit nous concernant.
Toujours on faisait. Faisait l’amour, faisait des conneries, faisait de l’art. On faisait des performances ensemble. Il faisait les peintures et moi je faisais les histoires. Il faisait le dîner et je faisais de l’argent. Apparemment tout ce faire avait plus d’importance que nos vies idiotes. Faire et faire.
L’art. L’expression de l’imagination humaine. Ou des émotions, qui ont été enfermées dans un corps, déversées partout.
Toujours il m’a fait rire. Je n’avais pas ri depuis l’âge de dix ans. C’était dangereux de rire, enfant, et plus tard dans la vie quand j’ai perdu ma fille, le rire faisait trop mal. (...)
J’aurais fait n’importe quoi pour lui. L’amour jusqu’à la mort. Et…
Nom de Dieu.
Je mens déjà. Je rends ça très littéraire.
C’était plus compliqué que ça. Bien plus.
Comme cette image de lui assis, voûté d’avoir bu, contre le mur d’un aéroport, pendant que j’achetais nos billets pour rentrer à Reno, Nevada. Moi qui étais déjà émoussée par l’alcool. Moi qui l’ai regardé une longue minute. Moi qui ai fourré le billet dans sa poche, qui ai laissé tous nos bagages autour de lui et qui ai pris un avion sans lui.
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C’est drôle, la colère.
Elle se tapit et gronde en vous toute votre vie en attendant des moments de parfaite ironie pour émerger.
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Certains livres vous coupent le souffle. Est-ce que c’est les livres ou les écrivains ? Quand j’ai les livres de Kesey en main, quand je les ouvre, j’entends sa voix. Je le vois, le sens, le touche. Mais c’est les mots qui me coupent le souffle. N’est-ce pas suffisant ?
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