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Citations de Liliane Wouters (74)


[Un instituteur débutant, déçu par sa première année d’enseignement, annonce à ses collègues qu’il veut quitter l’enseignement.]
BAILLY.- J'ai bien écouté. J'ai bien regardé. Je vous ai regardés. Je vous ai écoutés. Je ne veux pas vivre comme un rat. Je ne veux pas être pris au piège. (Pause.) Trois mois de vacances. On les paie trop cher. Une bonne pension. On l'attend trop longtemps. Le temps d'être gâteux. Le temps d'être mort. De végéter. De ruminer. De s'énerver. D'avaler des couleuvres. De tourner sa langue dans sa bouche. Sept fois. Septante-sept fois. De retenir le geste commencé. De ne pas lever la main. De baisser la tête. De ne pas dire merde. D'avoir un infarctus. De faire toujours les mêmes gammes. De les faire faire à qui ne veut pas les faire. De corriger toujours les mêmes erreurs. De donner chaque fois les mêmes explications. De savoir qu'un tiers des élèves ne peut pas comprendre. De faire semblant de croire qu'ils pourraient comprendre. De ne pas cogner quand on dit que c'est votre faute s'ils n'ont pas compris. De niveler toujours un peu plus bas. De faire cours toujours un peu plus haut. Avec un rhume, avec une laryngite, avec une extinction de voix. D'entendre les ministres édicter, les conseillers proposer, les pédagogues proclamer, les psychologues interpréter, les sociologues constater, les inspecteurs souhaiter, les directeurs exiger, les parents contester, les enfants revendiquer. D'être tout seul et pas tellement malin en face des décrets, des théories, des essais, des contre-essais, des remises en question, des questions remises, des recyclages. des cyclothymes, des réunions, des associations, des tests, des toasts, des trusts. (Pause.) J’en ai assez d’être un homme-orchestre. D’être un chef d’orchestre. Un maestro dont la plupart des musiciens jouent faux, il n’en peut mais. (Pause.) Mais c’est toujours à cause de lui. (Pause.) Dit-on. (Pause.) Je veux faire un travail dont le résultat ne dépende que de moi. Je veux aimer mon travail.
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Une fois, une seule fois,
l'eau dans mes paumes, l'ombre du figuier
sur ma maison.

Une fois, une seule fois,
l'eau sur ma langue, l'éclat du soleil
entre mes doigts.

J'aurai vécu, quoi qu'il advienne,
ce moment d'air et de lumière,
cette plénitude de soif.
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Le piano


Ne croyez pas
Que les dents du piano
Si blanches, si lisses
Ne mordent jamais.
La nuit, quand la salle est vide
Elles se vengent.
Elles dévorent en rêve
Le pianiste qui les a frappées trop fort.


(Frédéric Kiesel)
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Mer

La mer écrit un poisson bleu,
efface un poisson gris.
La mer écrit un croiseur qui prend feu,
efface un croiseur mal écrit.
Poète plus que les poètes,
musicienne plus que les musiciennes,
elle est mon interprète,
la mer ancienne,
la mer future,
porteuse de pétales,
porteuse de fourrure.
Elle s’installe
au fond de moi : la mer écrit un soleil vert,
efface un soleil mauve.
La mer écrit un soleil entrouvert
sur mille requins qui se sauvent.

(Alain Bosquet)
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Même si tout s’arrêtait là,
Au dernier souffle, à la fosse, à la cendre,
Même s’il me fallait descendre
Ces escaliers qui ne conduisent nulle part,
Cela valait la peine d’être né,
D’avoir connu des joies et des douleurs intenses,
D’avoir aimé, d’avoir lutté, d’avoir pleuré.
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Diamant de l'âme, feu
solitaire, taille lente
du carbone qui se veut
soleil, l'étoile filante
jalouse ton bloc…

nul ne trouvera son signe
inscrit dans ton eau. Jamais
terrestre objet ne fut digne
de te frôler. Or, je sens
ta présence, me traverse
ton éclat. Oui, je pressens
l'alluvial trésor, l'inverse
paysage qu'un cristal
multiplie. Ah ! je devine
l'indomptable, l'œil frontal
ouvert aux clartés divines.
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Que reste-t-il…


Que reste-t-il de ton passage, Ulysse ?
Un vieux chant grec auquel nous avons bu.
Ulysse ! J’aurais tout aussi bien pu
Dire César, Hannibal. Le temps glisse
Lentement sur les rails de leurs exploits,
Tramway nommé non pas Désir mais Nebel.
Nebel und Nacht. Quid du renom ? J’ai froid
Jusque dedans ma charpente. Mon bel
Oranger s’est déjà flétri. Tout passe.
Tout est passé. Nous sommes encor là
Comme y furent César, Ulysse et la
Reine, laquelle était-ce ? Tout s’efface,
(S’écoule, disait l’autre avec raison.)
Et moi je dis : de ton passage, Ulysse
(Ou bien Dupont), que reste-t-il ? Saisons
D’antan, avec ou sans leurs neiges, lisses
Les traits d’Ulysse (ou de Durand). Sappho
Ne nous a laissé qu’un peu d’herbe et Jeanne
Qui fut pucelle rien que cendre. Il faut
Clore ici, ne plus trop penser, Liliane.

Je sais. Mais je vois que mes jours s’en vont
Et que j’irai bientôt dans le cortège
Des Césars, des Ulysses, des Dupont
Préposés à d’antan chercher les neiges.
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Plus de mots. Plus de sons. Le silence est ouvert
Comme une bouche morte au milieu du désert.
Si l'on entend encore une ombre se mouvoir
C'est celle du néant prise entre deux miroirs.

Plus de voix. Plus d'échos. L'aurore dissimule
Une dernière étoile ancrée au crépuscule.
Longue éphémérité des astres sans surface,
Votre rotation défigure l'espace.
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Je vous apprendrai à mourir.
Voici longtemps que je m'exerce.
Enfant déjà, retenant mon haleine
entre les draps,
étirant mes membres, tendu
comme la peau sur le tambour,
la corde au mât,
l'arc sous la flèche.

Je vous apprendrai à mourir.
– Vivre est pourtant plus difficile. Je ferai
le premier pas.
Je vous précéderai
la tête haute
en partant du pied droit.
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FIRQUET : - J'ai l'impression d'entendre un adjudant...

VANDAM : - Madame Firquet, mon père était adjudant, je ne l'ai jamais surpris à élever le ton.

DINI : - Il n'avait peut-être plus de voix en rentrant de la caserne.
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Notez qu’il y aurait moyen de l’influencer. Son cerveau n’est pas plus gros qu’un petit pois. C’est sa langue qui a pris toute la place.
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Ainsi lorsque je vis tes yeux, tes yeux.
Sois près de moi lorsque je m'en irai.
Tu seras la dernière image
que je verrai. J'emporterai
ton visage sous mes paupières
et dans le noir brillera mieux
l'éclat de sa lumière.
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Comme
un trésor...

Comme
un espoir...

Comme
un homme
qui...

et c'est à jamais...

Terminez
vous-même
ce jeu du poème.

Ce n'est peut-être pas
du temps perdu.

Georges Linze
(Poèmes de la grande invention)
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Dans le vent j’écoute ces voix,
de jour, de nuit, rumeur qui monte,
et des visages devant moi
soudain se lèvent pour ma honte.

Carmen, Ali, Rachel, Kolia.
Ô liberté, qu’on te défende.
Pour ceux qui t’aiment il y a
toujours des prisons qui attendent.
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[Le directeur à un instituteur débutant.]
Avez-vous déjà songé aux parents ? Ils comptent sur vous pour que leurs gosses apprennent à obéir. Ils y comptent d’autant plus qu’ils ne parviennent plus à se faire obéir eux-mêmes.
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[Bailly est un instituteur débutant. Il rédige ses préparations.]
Dini. - Et vous écrivez ça dans un cahier ? Des fiches, mon vieux, des fiches. Elles serviront pendant quarante ans.
Bailly. - Mais les élèves n’en seront pas toujours au même point.
Dini. - Vous les y mettrez ! C’est d’ailleurs le but de l’enseignement. On coupe, on rabote, on lime. Pas de têtes qui dépassent, tout le monde en rang. Les champions, c’est bon pour le sport. Là, oui, on sélectionne. On pousse les plus doués.
Bailly. - Vous êtes d’accord avec ça ?
Dini. - On ne vous demande ps d’être d’accord, on vous demande de marcher au pas.
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[Dialogue entre une institutrice et un instituteur.]
Jaumain. - Qu’est-ce que je fais de si particulier ?
Vandam. - Vous vous amusez, Mademoiselle, vous vous amusez. Et vos élèves aussi s’amusent. (Pause.) J’entends souvent rire, de l’autre côté du mur.
Jaumain. - C’est défendu ?
Vandam. - C’est indécent.
Jaumain. - Indécent ?
Vandam. - Indécent, oui. Indécent de prendre plaisir à ce qui doit donner du mal. Indécent de travailler avec plaisir. Dans le plaisir. Avec plaisir.
Jaumain. - Vous êtes contre le plaisir ?
Vandam. - Je suis pour le devoir ! Pour la fatigue ! La difficulté !
Jaumain. - Mais, moi aussi, Monsieur. Quand il faut.
[...]
Vandam. - Parce que, Mademoiselle, quand je fais les choses avec peine, il m’est désagréable de voir certains les faire en jouant.
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J’étais plus pauvre que la nuit,
plus taciturne qu’un monarque à la fenêtre,
plus solitaire qu’un stylite.

Je n’avais plus au creux des mains
que la poussière de ma vie.

Tu es venue, les pierres ont crié,
les ruines ont levé la tête,
la braise dans mon sang s’est rallumée,
la vie a repris cours,
l’ombre a donné naissance.

Tous les chemins conduisent jusqu’à toi.
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Au bout de l’amour il y a l’amour.
Au bout du désir il n’y a rien.
L’amour n’a ni commencement ni fin.
Il ne naît pas, il ressuscite.
Il ne rencontre pas, il reconnaît.
Il se réveille comme après un songe
dont la mémoire aurait perdu les clefs.
Il se réveille les yeux clairs
et prêts à vivre sa journée.
Mais le désir insomniaque meurt à l’aube
Après avoir lutté toute la nuit.

Parfois l’amour et le désir dorment ensemble.
En ces nuits-là on voit la lune et le soleil.
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Vocabulaire

Les mots couraient en tous sens.
Une cloche sonna.
Ils se mirent en rang,
formèrent une phrase.
La récréation avait pris fin.

(Jean Dypréau)
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