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Critiques de Lluis Llach (114)
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Le théâtre des merveilles

Il y a du souffle, de la magie et de l’humour chez Lluís LLach. C’est bien simple : dès les premières pages, j’ai été totalement embarquée dans la vie de ce théâtre. On a très vite le sentiment de faire partie de la famille du Maravillas, et découvrir toutes les coulisses de la vie d’un grand cabaret s’avère passionnant.

Après deux premiers tiers éblouissants, le charme a moins opéré, je dois bien le reconnaître. Il aurait fallu faire plus court dans la dernière partie, et moins sentimental à mon avis.

J’ai malgré tout beaucoup aimé ce roman qui nous faire suivre la carrière et le travail d’un chanteur lyrique (imaginaire), et la vie de tout un pays sous le joug de la dictature.
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Les femmes de La Principal

Un corps affreusement massacré déposé sur un banc, devant la porte de La Principal, en novembre 1940.

Histoire policière donnant lieu à la fois à une saga familiale sur quatre générations, à l’évocation du climat politique et social juste après la guerre civile, à l’évolution des mentalités constatée dans les années 2000.



La Principal était une grosse exploitation vinicole, près de Reus, en Catalogne. Deux femmes en ont pris la direction successivement, la mère puis la fille, à partir du début du 20ème siècle. Deux caractères trempés, et il fallait ça pour s’imposer dans l’époque et ses circonstances qui n’aidaient pas le sexe faible à s’affirmer et s’émanciper. Il fallait ça également pour affronter les conséquences du phylloxéra qui avait dévasté les vignes.

Deux femmes aussi qui sont tombées amoureuses hors de leur milieu, et qui l’ont assumé magnifiquement, avec bonheur et avec panache.

Autour d’elles, une belle galerie de personnages entiers (quand ils ne sont pas mutilés...), mais avec leurs questionnements et leur propre morale.



Le livre n’est pas un manifeste politique : s’il prend acte, par petites touches, de l’ambiance qui s’est installée avec l’instauration du régime autoritaire franquiste, c’est comme d’un fait acquis et inéluctable, faisant partie du paysage du roman. Même si acquis ne veut pas dire apprécié...

Le roman reste une histoire qui se déroule dans un tout petit milieu, celui de La Principal et de ses occupants, pendant un siècle, mais il offre une belle reconstitution des contextes successifs qu’elle traverse.

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Échec au destin

C'est au Moyen-âge que nous entraîne cette fois, Lluis Llach. Il s'agit cependant davantage d'un roman sur le Pouvoir, qu'un roman purement historique.

La reine de Magens est retrouvée morte au pied du château, sous la fenêtre de sa chambre. Suicide ou meurtre ? Bien au delà de l'émotion que suscite cette mort,cette question est hautement politique. L'église à un pouvoir énorme, et en cas de suicide ce qu'elle devra mettre en œuvre entraînera l'effondrement du royaume pour la plus grande satisfaction de ses ennemis. Le roi a deux fils légitimes, mais aussi Orenç " le bâtard" qu'il a eu avec sa première femme qu'il a dû répudier. Après avoir passé ses jeunes années auprès de ses frères Orenç à été envoyé à Rome pour devenir ecclésiastique. Il est rappelé par le roi qui le missione pour élucider cette mort et prouver qu'il s'agit d'un assassinat.

L'intrigue est bien menée et nous infiltre dans un véritable nid de scorpions! La confession est presque l'axe principal du roman car elle constitue une véritable arme pour connaître et utiliser les vices et manigances qui se jouent dans le royaume. J'ai d'ailleurs découvert comment et pourquoi l'Eglise à transformé la confession publique en confession privée, sujet très intéressant et significatif de l'alliance du clergé et du politique.

L'auteur sait mêler la violence des enjeux de pouvoir à la sensualité de ce qui se jouent entre les personnages, tout ceci dans un contexte qui change de ce que je lis habituellement. Il nous plonge dans des conspirations à tiroirs qui m'ont tenue en haleine jusqu'à la fin.
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Les femmes de La Principal

Une saga familiale qui court sur plus d'un siècle portée par trois femmes fortes : trois Maria de mère en fille.

Nous sommes dans une propriété viticole en Espagne et le récit fait des va-et-vient dans les époques.

L'ambivalence de ces trois femmes et les difficultés qu'elles affrontent nous les rendent distantes, peu attachantes.

Le récit est intéressant mais le rythme est un peu lent et la psychologie des personnages insuffisamment fouillée à mon goût ; une enquête pour meurtre va prendre le pas sur le combat de ces femmes pour sauver leur domaine.

Néanmoins, l'écriture est élégante ; nous ressentons la chaleur de l'été, la sécheresse de la terre et la dureté des relations sociales.

Par sa plume, l'auteur dénonce le patriarcat, le poids de clergé, l'intolérance, et le fascisme.

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Les Yeux fardés

Reconstitution très vivante d'une période qui continue d'exercer une influence magique sur les lecteurs, les yeux fardés est avant tout une histoire d'amour hors du commun.

Il s’agit donc d’une chronique sur une période très spécifique de l’Espagne (les années 30 puis la guerre et l’après-guerre) et d’une belle histoire d'amour entre deux jeunes de la Barceloneta, un modeste quartier de travailleurs et sa communauté solidaire. La manière dont Llach entremêle un sujet très dur et violent avec la délicatesse d'un amour en principe prohibé est tout simplement magistrale. En plus de décrire des aspects essentiels de la Catalogne de la première moitié du XXe siècle, le roman devient un hommage à tous ceux qui ont souffert de la guerre civile et de l'exil.

La structure narrative du roman est basée sur la conversation du Germinal maintenant très âgé avec un réalisateur qui voudrait réaliser un film sur cette époque. De cette manière, chaque enregistrement forme un chapitre construit comme une courte histoire de l’histoire linéaire que raconte le protagoniste au fil de sa narration.

Dans un premier temps l’auteur s’attache à la description du quartier de la "Barceloneta" de cette époque, un humble quartier de pêcheurs (ou j’ai moi-même passé les années 70) où les quatre amis et leurs familles étaient unis par des liens d'affection qui nous paraissent parfois peu crédibles en ces temps de nouvelles technologies où tout est si individualisé et où l’on prête bien peu d'attention au voisin d'à côté.

Dans la deuxième partie se concentre sur les événements historiques comme le soulèvement militaire, les divergences politiques et fatales de la gauche, les bombardements de Barcelone, le recrutement de très jeunes garçons pour remplacer les derniers soldats comme chaire à canon lors de l’épouvantable bataille de l'Èbre. C’est très dur. Cependant, LLach nous parle de cette guerre sans prendre parti pour un des camps, il y a des hommes bons et des méchants de deux côtés.

S’ensuit l'entrée des nationaux dans la ville, la fuite vers la France, la répression cruelle et violente, racontés avec une rigueur impartiale et présentés comme une terrible et sanglante erreur fratricide ou la droite franquiste montre son côté monstrueux.

Mais c’est surtout comment ces dramatiques évènements vont broyer les personnages dont on a fait connaissance dans la première partie, en particulier le couple de garçons amoureux qui bouleverse comme rarement les romans le font. C’est cru et très cruel mais malgré tout empli d’émotion et très beau. Car ce qui compte vraiment dans ce roman ce sont personnages et leur sentiment.

Le récit dégage un réalisme impressionnant, avec l’utilisation d’une prose simple et directe et des descriptions d’une grande force. Mais il contient aussi des passages d'une beauté extraordinaire, notamment ceux consacrés à parler de ce microcosme qu'était la Barceloneta (que Llách connaît et recrée si bien) et des sentiments des personnages. Les adieux de l'amie qui émigre en Argentine avec ses parents, la vision du père comme être supérieur, les gens qui arrivent désorientés à la gare de Barcelone, les attentats à la bombe, la mort de l'autre amie, les rencontres sexuelles, les soldats en la bataille de l'Èbre, le sort de David…. Des images qui restent enregistrées dans notre rétine même si ce ne sont que des mots. La vengeance finale est peut-être la scène la plus « romancé » aus sens Dumasien du terme, mais cela n’enlève rien à l'intrigue dans son ensemble, et sert même à amplifier le drame et contribue au goût doux-amer que nous laisse finalement cette magnifique histoire. Elle est aussi une petite rédemption pour le protagoniste tourmenté.

De nombreux romans ont été écrits sur la guerre civile espagnole et la période qui la précédée et suivie. Celui-ci fait mouche car au-delà de la description des années de la Seconde République, de la lutte, des idéaux, dépassés par le déclenchement de la guerre, les batailles et le ridicule, reste l'amour inconditionnel des deux amis.

Un amour qui peut tout et qui n'est pas tronqué même par la mort. L'homosexualité n'a pas d'importance, la distance ou la douleur n'ont pas d'importance.

Un très bon livre, intelligent, duret tendre à la fois.

#henrimesquida #cinemaetlitteraturegay
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Le théâtre des merveilles

J'ai commencé ce livre dans l'enthousiasme, je le termine dans la déception... Je trouve que les deux premiers tiers du livre sont intéressants car ils dépeignent une époque, le franquisme, les réfugiés espagnols en France et la forme de résistance passive d'une troupe de funambules plutôt ringards mais qui se battent pour échapper à la censure ... La vie du baryton Roger Ventos n'est, au fond, pas vraiment approfondie et ce personnage talentueux, qu'on abandonne vite sur le plan musical après son succès dans Carmen, n'a pas beaucoup de contenu ni humain ni artistique. La fin du livre tourne au grand guignol et perd toute saveur, sinon un ennui profond qu'accentue la narration pleine de clichés de ce couple homosexuel. Décevant au final, après un début réussi et intéressant.
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Les Yeux fardés

Tout, d'abord, je veux remercier l'amie fidèle et très chère (pas besoin de la citer, elle se reconnaîtra), qui m'a permis de découvrir ce merveilleux ouvrage, et de rencontrer ce grand auteur catalan qu'est Lluis Llach, avec son écriture, son engagement, ses rêves et utopies, sa poésie.



Avant que les villes ne deviennent des lieux de passage, des dortoirs saturés, vides de toute essence, on trouvait dans chacune d'entre elles, quelle que soit la partie du monde, un quartier populaire qui possédait l'Âme de la population, ses traditions, ses vies faites de misère et de bonheur, de richesse humaine et de rêves!

A Barcelone, c'était le quartier de la Barceloneta. Et c'est là que nous allons suivre la vie de notre personnage principal : Germinal Massagué

Germinal!!! Vous réalisez? rien qu'avec ce patronyme, on a compris que le personnage aura un destin hors du commun, un axe de vie très singulier.

Donc, c'est à travers vingt six enregistrements que nous allons dérouler la vie de Germinal, son enfance, sa famille, son histoire ...

L'histoire de ce quartier situé près de la mer, prés de la plage, lieu de rendez-vous des pêcheurs en journée, des amis et amoureux, le soir.

Nous allons vivre avec les habitants de ce quartier avec leurs bonheurs et leurs misères mais surtout la solidarité qui règne entre eux, ce ciment formidable qui fait la force de ce quartier

Mais c'est aussi une formidable histoire d'amitié que Germinal va nous conter à propos de Mireia, David et Joana, que nous allons voir grandir, vieillir, aimer et parfois mourir.

Mais c'est surtout une formidable histoire d'amour dont je ne vous dirai rien car je préfère vous la laisser découvrir. C'est elle le fil conducteur de ce récit qui nous amènera à la toute fin de ce récit.



LLuis Llach est un formidable conteur mais aussi, un personnage engagé qui installe sa narration chargée d'émotions dans un contexte historique qui est ici celui de l'Espagne des années 1920 jusqu'à la deuxième guerre mondiale. Ce pays meurtri qui va lutter de toutes ses forces pour rechercher à faire vaincre ses utopies (ne ratez surtout pas cette formidable aventure de 'l'Ecole de la Mer", mise en pratique d'une fantastique utopie éducative) face à un monde issu de la vieille noblesse, grande bourgeoisie et de la religion la plus conservatrice. Ce monde qui n'hésitera pas à mener un coup d'état pour écraser dans le sang et la brutalité la plus inouïe, le véritable humanité, la seule, qui habitait dans cette ville!

Je vous recommande notamment, ce fameux épisode historique du passage de l'Ebre qui nous est conté avec détails par l'auteur et dont nous connaissons ce formidable chant révolutionnaire : El paso del Ebro.

El Paso Del Ebro

(Le passage de l'Èbre)



El Ejército del Ebro

L'armée de l'Èbre

Rum bala rum bala rum ba la !

Rum bala rum bala rum ba la !

Una noche el río pasó,

Une nuit passa le fleuve

Ay Carmela, ay Carmela.

Ay Carmela, ay Carmela.



Y a las tropas invasoras

Et aux troupes d'envahisseurs

Rum bala rum bala rum ba la !

Rum bala rum bala rum ba la !

Buena paliza les dió,

Elle donna une bonne raclée

Ay Carmela, ay Carmela.

Ay Carmela, ay Carmela.



El furor de los traidores

La fureur des traîtres

Rum bala rum bala rum ba la !

Rum bala rum bala rum ba la !

Lo descarga su aviación,

Lui a envoyé l'aviation

Ay Carmela, ay Carmela.

Ay Carmela, ay Carmela.



Les Yeux fardés est un formidable coup de coeur que je vous recommande si vous voulez découvrir un roman fort, intense qui va vous prendre aux tripes!







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Les femmes de La Principal

Deuxième livre de cet auteur

Un magnifique essai transformé :

Deux lectures passionnantes !

Un clin d’oeil fardé à l’ami Babelio

Qui m’a permis De découvrir cet auteur

Hasta la littérature siempre !



LIuis LIach souffle dans ses livres le vent puissant de l’histoire, de sa plume libérée ses convictions humanistes et nous emporte ainsi dans sa création littéraire.

Un hommages aux femmes de sa lignée !

Dans un paysage humain, social et politique, il raconte l’histoire de ces femmes dans le monde rural, comment elles devaient gérer la vie, les rapports sociaux même les rapports sexuels… survivre au machisme, à la morale catholique et civique et se défendre de tous les dangers de cette époque sous le franquisme !



Au coeur de la Catalogne, la Principal immense domaine viticole qui fait vivre la région et enrichit ses propriétaires. Elle appartient à la famille Roderich.

Les femmes de la Principal

Elles s’appellent toutes Maria, trois générations de femmes qui vont s’imposer dans ce milieu masculin de la vigne.

En 1893 la première Maria a vingt ans lorsque le phylloxéra s’abat sur les vignes catalanes.

Son père visionnaire, a établi ses quatre frères à Barcelone afin qu’ils terminent leurs études et démarrent des carrières de notables.

Maria qui n’est que la fille de cette fratrie restera au village, condamnée à dépérir auprès des ceps infectés, enterrée vivante sous les pierres de cette maison, simplement parce qu’elle est une femme !

Sauf si son père ne lui dit pas tout …

Elle n’a que vingt ans et elle est surnommée « la vieille ». Elle va se battre et redonner au domaine ses lettres de noblesse.

Une Maria courageuse, fière, intelligente dotée d’un caractère bien trempé.

Si je ne devais retenir qu’un passage de ce livre, ce serait cette inoubliable scène chez le notaire, au moment de l’héritage.

Une revanche sublimée pour cette fille face à ses frères.

Jubilatoire : je l’ai lu deux fois !!

Elle épouse Narcis Magi un esthète cultivé, romantique, différent des autres avec ses valeurs singulières pour l’époque. S’il n’a pas comblé son attente « la volupté des corps », il lui a ouvert un espace abstrait de liberté et à sa mort les fenêtres se sont refermées : elle a terminé sa vie seule franquiste et bigote.



Ils auront une fille Maria « la senyora » libérale, émancipée, elle reprend le flambeau, méprise toutes les règles mais continue de s’en servir et en profiter.

Elle est amoureuse d’un « indéfini », un bisexuel LIorenç - personnage émouvant - et pour satisfaire son désir et son amour tumultueux, elle va se rebeller, tourner le dos à toutes les règles établies et prendre le risque d'écouter ses sentiments.



La troisième Maria contemporaine recueillera l’héritage et les écrits de son père.



Et puis il y a la force tranquille de cette maison Ursula, la nourrice, engagée à l’âge de quatorze ans comme « bonne à tout faire » et amenée « à tout faire » avec Mr Andreu !!!

Elle sera là pour les deux premières Maria « ses gamines » leur offrira un dévouement sans faille .

Un personnage attachant, perspicace : la sagesse contenue.



Cet univers bourgeois, ces femmes fortes, intelligentes, fières, excentriques, indépendantes et belles :

c’est déjà beaucoup !

Mais en plus très riches, ça aide !

J’ai craint un instant la caricature mais l’habileté de l’auteur est d’entretenir une certaine ambiguïté, l’ambivalence de ses personnages.

Il mène de front cette saga et l’enquête policière : une intrigue qui tient et captive le lecteur de bout en bout.

C’est le second souffle à ce récit !

L’inspecteur Recader à qui il donne le mauvais rôle car du mauvais côté : celui du pouvoir franquiste et répressif. Mais il se révèle intelligent et sensible !

LIuis LIach est dans la nuance et le suspens !



J'ai aimé traverser ce siècle guidée par cette voix, ce visage qui incarne la lutte, la résistance contre le fascisme, contre le franquisme, imprégnée des quelques notes égrenées par son piano .....



















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Les Yeux fardés

Années 30, en Catalogne. Dans le quartier ouvrier de la Barceloneta, au bord de la mer, règne la dureté de l’existence qu'adoucie la joie de l'enfance, les espoirs d'avenir, et une solidarité infaillible.



Une solidarité qui fait détourner les yeux quand la mère de Mireia transporte avec grâce de la contrebande qu'elle a glissé dans ses tenues, ou qui amène Mari à prêter sa machine à coudre aux autres femmes du quartier. Les défaites, les victoires politiques et le quotidien se vivent ensemble.



Germinal, Mireia, David et Joana grandissent en même temps que l'ombre de la guerre, dans les aléas des avancements puis des défaites des luttes politiques pour la proclamation de la République, avant d'être percutés par les événements. La guerre se rapproche et se glisse dans les corps, entre les hommes et les femmes, insinue le malheur et le sentiment de haine qui en découle lorsque l'on a été trop frappé.



Quand le Front Populaire gagne les élections contre la droite, c'est d'abord la surprise puis un seul et même cri de joie poussé à l'unisson qui parcourt le quartier et le reste du pays comme une onde.



Mais la trêve dans cette lutte politique sera de courte durée. Les militants doivent s'organiser, se réunir chaque soir dans le petit appartement du père de Germinal pour empêcher un coup d'état des militaires.



Le père de Germinal est un ouvrier amoureux de l'instruction ; il lutte pour l'avenir de la Catalogne mais aussi pour son fils, qu'il veut loin d'une vie de labeur. N'étant pas autorisé à participer à ses réunions clandestines, le fils observe cette atmosphère de tension et de courage intelligent, tout en se demandant où est sa place.



Et alors que les bombardements découpent dans la nuit la silhouette des bâtiments de Barcelone, des désirs confus et une histoire d'amour et d'amitié mêlée lie deux personnages à jamais.



La guerre défigurera chacun des combattants, dans ce qui les constitue profondément, les obligera à être différent d'eux même, de ce qu'ils ont été et de ce qu'ils auraient pu être. Les liens crées par l'amitié et l'amour seront indestructibles tandis que la force et l'espoir seront rudement éprouvé.



Lire ce livre c'est voir l'influence sur l'intime du fléau de la guerre et de la misère, mais aussi le courage qu'il faut pour lutter.
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Les Yeux fardés

Enorme coup de coeur pour ce roman.



Je l'ai acheté parce que j'avais bien aimé "les Femmes de la Principal" du même auteur. Mais je ne m'attendais pas à un tel souffle épique, à un tel degré de tragédie maîtrisée, à une telle peinture de Barcelone pendant la Guerre Civile.



Par le biais du récit de Germinal, un jeune garçon vivant à la Barceloneta à la fin des années 30, on ressent de l'intérieur tous les moments marquants de la guerre civile, c'est fort, c'est bouleversant. Et on suit en parallèle une histoire d'amour d'une beauté rare.



Ce livre mérite une succès planétaire. Rien que ça ^^
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Les Yeux fardés

Bien écrit, cet ouvrage relate le fil des événements de la guerre civile espagnole (utile pour les lecteurs qui ne les connaissent pas) et parle de la Barceloneta (quartier maritime de Barcelone) au sortir de la guerre de 14-18 à travers les aventures de quatre enfants qui grandissent. A lire à la plage, pour ne pas faire chauffer le cerveau.
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Les femmes de La Principal

Quelques semaines après avoir découvert l'écrivain Llach, « Les femmes de la Principal » confirme le talent de l'artiste catalan. Ce roman propose une intrigue beaucoup plus audacieuse puisqu'il retrace le destin de trois femmes sur plus d'un siècle. Il se déroule principalement dans une hacienda. Sautant d'une période à une autre, puisqu'il s'agit de montrer à la fois les ruptures et les constantes historiques, « Les femmes de la principal » est aussi un roman policier, où un inspecteur franquiste, Lluis Recader, s'attelle à résoudre un « cold case », variation littéraire et catalane du gaspacho andalou que le regretté et gourmet Montalbán aurait probablement apprécié à sa juste valeur. Recader est un étonnant policier qui se révèle sagace et, à sa manière, tolérant. Ce personnage permet de balayer l'argument de l'envahissant militantisme supposé de Llach. Bien sûr, « Les femmes de la Principal » décrit une Espagne franquiste obscurantiste et violente mais l'auteur ne verse pas pour autant dans le manichéisme, n'en déplaise aux grincheux qui ne manqueront pas de juger le livre sans avoir fait l'effort de le découvrir.

Si la troisième Maria, la petite-fille, est moins mise en valeur que sa mère et sa grand-mère, peut-être faut-il y voir la conséquence de cet apaisement que connut l'Espagne à la mort du Caudillo ? Ce déséquilibre entre les trois femmes ne m'a en rien gêné.

Comme dans « Les yeux Fardés », la sexualité est un axe majeur de l'intrigue et, notamment, son articulation avec la religion. Question articulation, les prélats ibériques n'ont d'ailleurs visiblement rien à envier à leurs homologues irlandais.

La quatrième de couverture, ainsi que cette chronique jusque là, pourraient laisser à considérer que seule la bourgeoisie catalane est mise en scène. Il n'en est rien ! On évitera la tarte à la crème anglaise en qualifiant l'ouvrage de Downton Abbey catalan mais précisons que la domesticité n'est pas oubliée : Ursula est un personnage important de cette histoire. le plus important ? Et s'il fallait chercher, non pas une héroïne, mais un héros, Llorenç Costa, drôle de mâle d'un pays à qui l'on doit le mot macho, pourrait postuler…

Livre rythmé et profond, « Les femmes de la Principal » donne envie de découvrir les deux autres romans de Llach.

En attendant, je vais tenter de remettre la main sur un de ses vieux CD n'en déplaise aux grincheux qui ne manqueront pas d'estimer que cette chronique est partisane : hasta la littérature siempre !
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Les Yeux fardés

Trente ans de chansons, trente ans d'engagement contestataire et révolté avant de devenir ce brillant écrivain et nous offrir ce récit "un hymne à la liberté"

Lluis Llach incarne l'âme catalane et la résistance au franquisme "L'ESTACA"

Un chant d'espoir !



Ce premier roman : un choc pour moi !

Un récit de fiction mais sur un contexte bien réel

Et quel contexte !

Barcelone, cette ville si singulière, colorée, engagée !

Car qui n'a jamais rêvé, enfant, d'aller à l'école les pieds dans le sable ! Ce souhait fut réalisé il y a un siècle à la Barceloneta : L'Ecole de la Mer, l'école la plus moderne de l'époque !

Il fera partie de mes plus belles lectures, peut-être la plus forte !

Parce que ce livre respire, transpire l'Amour, la générosité, des émotions puissantes . Ne vous méprenez pas "il ne dégouline pas de bons sentiments" car ces sentiments sont exprimés au péril de leur vie, avec la force du désespoir et la volonté de ne jamais cesser la lutte contre le pouvoir autoritaire.

Cette lecture m'a prise au coeur, aux tripes : je ne pourrai pas l'oublier !

Ce récit est centré sur un personnage : Germinal.

Une enfance heureuse avec ses trois amis dans un quartier ouvrier, pauvre, anarchisant, rêvant de libertés et croyant à la République !

Des parents aimants, une communauté soudée, faite d'entraide, de respect, de charisme.

Un père prêt à tout pour défendre la liberté et sa révolution ! Un père voulant élever son fils dans une conscience politique par la culture, un père capable, à cette époque, de dire "je t'aime" à son fils.

Cette bande des quatre : deux filles, deux garçons soudés depuis l'enfance : l'amitié, la naissance de leurs premiers émois, des corps qui se découvrent ...

Et puis le vrai Amour, celui qui n'ose s'affirmer : c'est entre les deux garçons qu'il va grandir, pur et profond, caché, inavoué.

Germinal fougueux, passionné et son "Ami Aimé" David sa sensibilité, son intelligence, sa timidité :

Une poignante histoire d'Amour entre ces deux hommes, la passion de toute une vie !

Sortir de cette enfance bénie et découvrir les horreurs de la guerre civile, la dictature franquiste et son affreuse réalité qui détruit tout : les vies, l'amour, les consciences, les intelligences, les rêves et instaure un climat de peur, de haine, d'humiliations ...

Qui réduit tant de femmes et d'hommes à n'être plus rien, à être effacés de toute mémoire, même de la leur !

J'ai adoré tourner les pages de ce livre car il convoque un pan de l'histoire, la soif de liberté, les idéaux

Et même vaincus et détruits, quelque chose en eux résiste !



Cela se passait en Catalogne, au siècle dernier.

Cela se passe aujourd'hui, dans l'ombre de ce que les images et les mots ne nous disent pas, ne peuvent nous dire ...



Livre de l'ami et de l'aimé de Raymond Lulle

Verset 4

L'ami pleurait et disait :

« A quand le temps où se dissiperont les ténèbres du monde pour que se ferment les voies de l'enfer ?

Et l'eau qui a coutume d'aller en aval, quand sera-ce pour elle l'heure d'aller en amont ?

Et les innocents, quand seront-ils plus nombreux que les coupables ? »
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Le théâtre des merveilles

L’histoire d’un baryton, Roger Ventos, fils d’une anarchiste exilée en France et fuyant le franquisme.

J’ai aimé ce livre mais je suis partagée pour en parler. Tout d’abord, j’ai dû rentrer dans le livre. Il m’a fallu aller jusqu’à la 75ème page pour accrocher. C’est un livre long à lire et il faut bien lire tout car sinon on perd des informations. Après c’est parti.

C’est un livre très intéressant qui s’appuie sur des faits réels : Barcelone, Sète, l’Italie, Paris, le franquisme, l’homosexualité, les chanteurs. La fin du livre est particulière. Dommage. Mais ce livre est à lire.
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Les femmes de La Principal

Roman assez incroyable, par son histoire, sa trame, son style ; la vie de 3 femmes, toutes les 3 nommées Maria, d’une même grande famille.

Leurs histoires respectives et si particulières - de même leurs caractères - s’intercalent au fil des pages, d’une Maria à l’autre, des allers retours ; et s’y rajoute une intrigue policière, avec un policier, lui-même bien spécial, qui débute à la première Maria, et dont on ne connaîtra vraiment le dénouement, avec de nombreux rebondissements, qu’à la toute fin.

La vieille Ursula...

Livre que l’on a du mal à lâcher, et même si l’on attendait l’issue avec impatience, on est désolé que ce soit terminé.
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Les Yeux fardés

Certaines reconversions me laissent dubitatif, ce qui, depuis Desproges, est fort gênant : Noah chanteur, Ségolène Royal chroniqueuse chez Hanouna, Marine Le Pen sémitophile…

Lluis Llach romancier, en revanche, je suis admiratif…

J’arrête d’ailleurs de tenter par tous les moyens de convoquer l’humour pour relater les impressions laissées par ce puissant bouquin. D’abord parce que de l’humour, il n’y en a pas ici… L’époque et le lieu s’y prêtent difficilement… Barceloneta, quartier de la capitale catalane, la Guerre civile… Que ceux que l’Histoire rebute, soient rassurés, l’immense intérêt des « Yeux fardés » est de mettre en scène des hommes et des femmes qui s’efforcent de ne pas seulement survivre au milieu du chaos mais de continuer à espérer dans un décor urbain et social rigoureusement et magnifiquement décrit.

Pas d’humour, donc… Pas obligé, comme sur France Inter le matin, de systématiquement tenter de se fendre la poire quand le fond de l’air est sombre. Gaza ou Kiev en 2023…Barcelone en 1936… Sale temps pour les marioles…

Pas d’humour, non ! L’amour, en revanche, déborde, dégueule même… Physique, filial, fraternel, maternel, rarement heureux… La haine n’est pas en reste…

Que de lignes ignées pour souligner la grandeur des uns, la bassesse des autres… Les plus désespérés sont les chants les plus beaux et ces Yeux fardés sont de ceux que l’on oubliera pas de sitôt. La fin du livre est émouvante tout autant qu’éprouvante… Bien longtemps que je n’avais pas ressenti une telle émotion. Et je ne lis pas que de la piquette ! Il reste après cette lecture, un goût âpre, un tanin tenace. Germinal Massagué a acquis au cours des pages une telle épaisseur qu’il n’est nullement exagéré de prétendre que l’on quitte un proche, ou du moins, un attachant témoin. Le lecteur est devenu ce réalisateur qui, dans le livre, recueille la précieuse parole. Ce réalisateur, qui, passé le choc de la première rencontre, voit se délier l’écheveau les souvenirs d’une époque tragique. Lluis Llach n’a pas vécu la Guerre civile. Par contre, la répression franquiste, l’exil, il peut en parler, ils les a déjà chantés… Dès lors, il est à parier que la quête de Lluis Llach n’est pas seulement littéraire, elle vaut aussi par sa dimension personnelle, cette touchante interrogation intime dès lors qu’est abordé ce mouvement politique, laboratoire totalitaire pour le nazisme. Grâce à ce livre, nous accompagnons l’auteur dans sa recherche, nous partageons non seulement son indignation pour les lâchetés des démocraties européennes, en premier lieu celle du Front populaire, mais également sa condamnation des exactions franquistes. L’auteur, pourtant, ne fait pas l’impasse sur les rivalités intestines du camp républicain. Pour les besoins de ce livre, Lluis Llach a su rehausser sa splendide panoplie d’artiste d’une plume d’historien et d’une grande cape de romancier.

Ayant sous le coude « Les femmes de La Principal », la perspective de reprendre bientôt une autre bonne grosse louche de liberté me réjouit…
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Les femmes de La Principal

Je découvre la littérature espagnole et c’est une excellente surprise.

Une saga de femmes fortes, insoumises, autoritaires, indépendantes : j’adore ! Et la couverture de Jacques Henri Lartigue a fait le reste !



🇪🇸 🍇 La Principal riche domaine viticole.

1893 le phylloxéra s’abat sur les vignes catalanes, Maria a vingt ans et quatre frères. L’avenir de la famille se jouera désormais à Barcelone, où le patriarche Andreu Roderich a commencé d’établir ses fils. La décision est irrévocable et Maria le sait : nulle place pour elle dans ce plan…



3 générations de Maria se succèdent de 1893 à 2001- gèrent, font prospérer ce beau domaine en difficulté. J’ai adorée La vieille (elle eut ce surnom à 20 ans ! ) et Senyora Magi ! Maria Costa, la dernière est moins décrite. Il m’a manqué d’ailleurs l’histoire du mariage de sa mère, sa naissance...



Et puis il y a Ursula, la nourrice, soutien indéfectible. Elle a eu une fille ressemblant étrangement à Andreu Roderich… Le récit de son décès est aussi mémorable.



Des allers-retours dans le temps obligent à retracer la chronologie, ce que j'aime bien, être active me plait !

En fil rouge, une enquête policière du meurtre d’un ancien contremaître dont le cadavre fut déposé devant la maison le 18 juillet 1936. L’inspecteur Lluis Recader - pittoresque et complexe - la reprend le jeudi 7 nov 1940, bien décidé cette fois à trouver le coupable… Investigations dont on croit tout deviner...

En transversal, l’auteur évoque guerre civile, franquisme, place de la femme, de la religion, le pouvoir, la société, la famille, la transmission, le désir…

C’est aussi un livre d’amour car ces femmes passionnées savent choisir leur mari...



Ce roman passionnant est une belle réussite. L'écriture est très agréable, l’humour décalé souvent présent, le suspense bien soutenu. Ah ! la scène chez Maître Pagès ! Fameuse, et inoubliable ! Rien que ces pages justifient la lecture du roman.

Si je le conseille ? Ah oui, sans réserve !
Lien : https://www.plkdenoetique.co..
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Les femmes de La Principal

Voilà un roman qui commençait bien. Une saga familiale avec un domaine, une maison, des secrets, des passions. L'histoire de trois générations de femmes, portant toutes le prénom de Maria, indépendantes, excentriques et volontaires. Un crime, une enquête. Et là, tout dérape... Cette enquête tardive est sans intérêt dans le roman. Elle s'introduit dans une histoire qui se débrouillait très bien sans elle. Le personnage de l'inspecteur n'est pas intéressant, celui du commissaire non plus, et on passe avec eux beaucoup trop de temps. C'est caricatural et forcé. La bisexualité de Lorenç employé puis amant de la deuxième Maria, est tellement mise en avant qu'elle en devient grotesque. Les relations entre Llorenç âgé et sa fille, la troisième Maria, sont bavardes et sans consistance, tranchant étrangement avec les silences des générations précédentes. Il est en outre difficile de faire le lien entre le Llorenç jeune, ouvrier et domestique (et bisexuel, on le saura), et le Llorenç vieux, aristocrate retiré dans ses appartements de la maison familiale. Et, grande frustration, le lecteur ne saura rien du couple formé par Llorenç et la deuxième Maria, pas plus que de la vie de la troisième Maria... il ne saura pas non plus pourquoi la seconde Maria fait enlever les vignes du domaine pour les remplacer par des noisetiers alors que la troisième Maria vend néanmoins du vin aux quatre coins de la terre... bref. Le roman part en cacahuète, rien ne se tient, on a l'impression que des pages ont été supprimées et d'autres rajoutées, sans logique, ni relecture.
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Les Yeux fardés

Sans hésitation, 5 étoiles, et un vrai coup de cœur pour ce roman catalan ! Lluís Llach nous plonge dans l'enfer de la guerre civile espagnole à travers le regard de Germinal, un jeune homme ordinaire, partagé entre ses amitiés, ses amours, ses espoirs et son engagement. Une vie parfaitement ordinaire, quand on a vingt ans. Mais quand la situation est exceptionnelle, comme dans l'Espagne des années 30, aucune vie n'est ordinaire, car il faut choisir un camp, et assumer ses choix, puis quand vient la défaite, vivre avec. Lluís Llach nous fait revivre l'histoire espagnole, et celle de Barcelone en particulier, ville à laquelle, on le sent bien, l'auteur est attaché. Le contexte historique est passionnant, l'intrigue romanesque est juste, prenante sans être rocambolesque, alors que la situation aurait permis des développements peut-être excessifs.
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Les femmes de La Principal

Les femmes de la Principal est une saga familiale passionnante, où nous suivons trois générations de femmes fortes et singulières à la tête de La Principal - domaine viticole symbole de puissance dans le village de Pous.



Entre jeux de pouvoir, personnages riches, intrigue policière, relations amoureuses hors normes, on est emporté par l’histoire qui se construit à travers les époques, par la force de ces femmes exceptionnelles qui maintiennent tout le prestige, durement et dignement acquis, de leur patrimoine.



C’est un roman savoureux à lire, avec un certain humour satirique et une écriture éclatante. Une lecture prenante !

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