Citations de Lorraine Fouchet (941)
Mikka a précisé que le chien de tête, qui n'est pas forcément le chef de meute, est le plus intelligent parce qu'il reconnaît les ordres. Mais quels ordres ? En quelle langue ?
C'est plus physique que Niels l'imaginait. Son équilibre avec les grosses bottes est précaire sur les skis étroits, le traîneau s'avère léger, les chiens très rapides. Bon cavalier, il sait tenir des rênes, mais cette barre horizontale le décontenance : il n'a aucun moyen de diriger la meute, il peut juste les laisser courir ou les arrêter.
Le frêle esquif mené par Kirsten glisse entre les sapins, c'est poétique et irréel. Les chiens cavalent, heureux. Emmitouflée dans la couverture, Emma savoure la promenade, elle n'entend plus que le battement de leurs pattes et le chuintement du traîneau sur la neige.
- L'essentiel est de toujours garder les pieds sur les skis et les mains sur la barre. Si vous voyez Kirsten lever le bras vers le haut, il faut arrêter le traîneau, en appuyant avec vos pieds sur le frein qui est là, entre les skis. Les deux pieds. Oui ?
Emma acquiesce.
- Pour partir, vous relâchez doucement le frein. Si le traîneau n'avance pas, vous gardez un pied sur un ski, et vous poussez de l'autre pour donner de l'élan, sans lâcher la barre. Oui ?
- Parfois, ajoute Jarno, des loups viennent de Suède, on a l'autorisation de les tuer uniquement si on trouve trois cadavres de rennes. L'été, c'est plus calme, mais je dois rester joignable pour aller récupérer mes rennes qui s'égarent dans les jardins et mangent les fleurs.
- Je dois nourrir les rennes pendant six mois, de novembre à avril, donc je n'ai aucun jour off la moitié de l'année, jusqu'à ce que la neige fonde. Nous avons plus de rennes que d'habitants, mais cinq personnes suffisent à nourrir trois mille rennes.
Jani les emmène d'abord filmer et interviewer Henry et Irène, un couple d'artisans qui fabriquent des objets à partir de cornes de rennes dans un cottage rouge. Irène, en costume traditionnel, leur offre un jus de baies chaud et des biscuits aux épices devant la cheminée, sous une suspension en peau de renne.
- Je vais revenir avec un sujet de deux minutes et deux kilos, s'amuse Emma.
- Dommage collatéral. Ils sont irrésistibles, admet Niels. Il y en a au gingembre, à la cannelle, et..?
- Au clou de girofle.
Ils se rendent ensuite chez Jarno, un éleveur.
- La Laponie s'étend sur plusieurs pays : Norvège, Suède et Finlande, explique-t-il au micro d'Emma. Chez nous, il y a un humain pour trois rennes au kilomètre carré. Nos animaux sont en liberté dans la nature et passent les frontières sans passeports. Pas évident quand il faut rassembler les troupeaux. Chaque renne a une marque sur l'oreille pour identifier son propriétaire. Et chaque mâle a une centaine de femelles.
Au moment où la voiture émerge de la nuit, le ciel se met brusquement à danser pour eux, des volutes blanches s'enroulent à l'infini au-dessus de leurs têtes, des dentelles vertes zèbrent la Voie lactée.
Le sport a conservé ses pages, mais la culture a reculé face à la mode. La beauté et les cosmétiques ont envahi l'espace, supplantant les livres, le cinéma et le théâtre jusqu'à les réduire à peau de chagrin.
Se passionner pour tout et ne tenir à rien.
Jean-Louis Barrault, Souvenirs pour demain.
On ne raisonne pas le chagrin, on le voit déferler et on attend qu'un jour une vague l'emporte au loin.
Dans un avion tous les voyageurs volent vers le même but, dans un hôpital les passagers descendent à des escales différentes.
Ceux que l'on aime possèdent un morceau de notre âme, c'est pour cela qu'on se sent si disloqué quand ils nous jettent.
Quand l'autre vous retire son amour, c'est la honte qui prévaut. Quand la mort vous fauche un client, c'est de la concurrence illégale. Quand le client est jeune, ce pourrait être vous.
- Dans une partition, on peut jouer allegro, allegretto, moderato, sostenuto, crescendo. Il y a l'andante et le finale. J'ai bien joué, je ne regrette rien. J'aborde le finale.
"Un passant, se promenant sur le chantier d'une cathédrale, vit trois ouvriers qui faisaient le même travail. Que fais-tu? leur demanda-t-il. Je taille une pierre, répondit le premier. Je gagne ma vie, ajouta le deuxième. Je construis une cathédrale, dit le troisième. Car c'était un compagnon. "
Elles sont devenus carnivores parce qu' elles vivaient sur des sols carencés. Elles ont eu l'intelligence de s'adapter. Les végétaux sont plus dégourdis que les hommes.
La vérité, c'est qu'on naît, on meurt et entre les deux on se débrouille comme on peut.
- Ce qui est merveilleux dans la vie, fit Bruno avec ferveur, c'est d'ouvrir l'éventail des possibilités, d'avoir tous les choix. L'université est le creuset de la connaissance.
- Je m'en fous, fit Julien, buté. Vous devriez être contents, vous vouliez que j'ai une vocation, eh bien, j'en ai une.
- Une vocation spirituelle, pas une tocade !
- Désolé de te contredire, pour moi c'est spirituel de travailler le bois.