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Citations de Louis Bromfield (90)


Mais cette Lionne qui se terrait dans une petite chambre de la maison de Josélie Drélincourt n’était plus la même femme que Josélie avait connue lorsqu’elle avait mené pour la première fois sa fille dans la chambre rouge et or au-dessus du Café Impérial. Elle conservait son port altier, cette allure sauvage et fière, à la fois souple et provocante ; elle se promenait de long en large dans le petit jardin de Josélie comme une lionne dans sa cage. Mais son éclat avait disparu. Elle n’avait plus la féroce vitalité qui lui conférait une sorte de lumineux rayonnement et la faisait paraître plus jeune que son âge. Jamais plus on n’entendrait résonner son rire un peu vulgaire, mais si extraordinairement humain.
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Il y avait des moments, songeait le Père Desmoulins, où l’on pourrait penser que Dieu plaçait en chacun, dès la naissance, son propre enfer. Il en avait été ainsi d’Eliane de Laiche, fille d’une catin élevée dans l’atmosphère dépravée de Paris ; car Dieu avait voulu qu’elle fût amoureuse du seul homme qu’elle ne pourrait jamais atteindre. A ce cœur corrompu, Il avait imposé cet amour pour un homme vertueux, fort et honorable. Dieu lui avait accordé beaucoup de dons, mais Il lui avait aussi octroyé une noirceur de cœur qui avait révolté un homme aussi pur que Mac Tavish. Et sa défaite, au lieu de calmer sa perversité, ne faisait que la pousser davantage à des actions de plus en plus noires et folles, jusqu’au jour où elle trouverait une fin horrible et sordide et qu’elle mourrait sans jamais avoir vécu, parce qu’Hector Mac Tavish ne l’aurait jamais aimée.
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La perspective de séjourner auprès de Louisa lui répugnait un peu plus chaque jour. Elle n’avait jamais éprouvé la moindre sympathie pour la générale, mais jusqu’ici elle en avait toujours ignoré les raisons. Cette nuit, cheminant sous la lune au fin fond de la Louisiane, elle comprenait. Louisa n’avait aucune largesse d’esprit, aucune envergure ; tout en elle était comprimé à éclater, comme une grosse femme trop serrée dans son corset. Louisa ne voyait que le côté mesquin des choses et tournait en dérision les hautes envolées d’hommes comme Mr Emerson ou Bronson Alcott. A présent, loin de Boston et de la Nouvelle-Angleterre, tante Tam avait l’impression que ce pays nordique sombre et glacé ne produisait que deux sortes d’individus ou des matérialistes, étroits d’esprit et « malins » comme Ethan Wicks et Louisa, ou de purs esprits comme Mr Emerson, et des réformateurs comme William Lloyd Garrison et Margaret Fuller. Personne en Nouvelle-Angleterre ne se laissait simplement aller, personne ne savait vivre dans la joie sans s’occuper du voisin.
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La famille de Laiche non plus n’avait pas été épargnée, comme si vraiment il y avait une Justice divine. Depuis trois générations, tous les mâles de la branche aînée mouraient avant d’avoir atteint leur vingt-cinquième année, et Bel Manoir et toute la fortune étaient tombés entre les mains des femmes. Et maintenant, pour achever leur chute, il y avait la mauvaise Eliane de Laiche, une femme de leur propre sang. Non seulement son mariage avec son cousin frisait l’inceste, mais depuis son arrivée de Paris à l’âge de quatorze ans elle n’avait causé que du scandale. On eût dit que la malédiction qui pesait sur toute la lignée des de Laiche s’était cristallisée dans sa nature impérieuse. Elle et la vieille baronne ressemblaient à des hommes et les hommes de la famille qui vivaient encore étaient pareils à des femmes, rancuniers, vindicatifs, faibles et vacillants.
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Alors, deux heures durant, ces deux esprits stériles et étroits cancanèrent et jurèrent de détruire ce qui restait de gaieté, de couleur et de vie dans la cité vaincue. Malgré l’opposition, malgré les cruelles ordonnances du général, la ville faisait preuve encore de trop de fierté.
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De toutes les personnes réunies autour de cette table, le Maharadjah était bien le seul à se rendre compte exactement de tout ce qui se tramait. Il avait vu s’éclairer le visage de Mrs Trollope lorsque Carol était apparue sur le seuil de la pièce.

Il suivait les regards chargés de haine que la Baronne lançait à la Marquise. Il observait le manège de celle-ci qui, tout en ayant l’air de se pâmer devant Botlivala, ne cessait de faire du genou à Bill Wainwright.

Il avait remarqué la façon dont Bill s’était penché vers Carol lorsque la jeune femme était venue s’asseoir à côté de lui. Rien ne lui échappait, ni la sottise de Botlivala qui se prenait déjà pour un don Juan irrésistible, ni l’expression de Buck chaque fois que ses yeux se posaient sur Carol.

Renversé sur le dossier de sa chaise, tapotant son verre glacé de ses doigts longs et cruels, Jelly ne s’ennuyait plus. Son esprit pervers et compliqué était enfin dans son élément. Il pouvait s’adonner sans frein à cette passion, qui chez lui, était encore plus forte que les femmes ou le jeu, la passion de l’intrigue. Il avait le génie du mal et ce fut avec une véritable délectation qu’il se mit à arranger à sa manière la vie des personnes qui l’entouraient.
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M. Snodgrass n’était pourtant pas méchant au sens où l’on entend généralement ce mot. Il était même assez aimable, malgré son air pincé et ses manières de clergyman un peu trop accentuées. Mais c’était justement de cet air pincé, de ses lèvres rentrées et de son manque d’expression que Moti lui en voulait le plus. Il appartenait à cette espèce d’hommes sans chaleur qui, ne sachant rien de l’amour ni même de la simple charité, se croient permis de juger leurs semblables et de les considérer du haut de leur grandeur.
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La pauvre duchesse, avec son visage blême et ses yeux pitoyables de tristesse, semblait demander l’aumône d’un peu de sympathie, mais dans l’instant qu’on lui accordait, elle la refusait contre toute attente et se cachait derrière l’écran de sa dignité blessé. Elle était triste comme seuls peuvent l’être ceux qui sont parfaitement égoïstes, ceux qui sont condamnés à souffrir toujours et partout, parce qu’ils ne veulent pas voir plus loin que les murs de la prison dans laquelle les tient enfermés le souci de leurs propres peines.
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Toujours ponctuel, le juge Everett arriva à onze heures trente. L’exactitude est le propre des gens qui travaillent beaucoup. Seuls les oisifs peuvent se permettre de gaspiller le peu de temps qui nous est accordé pour vivre.
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Ned avait peu d’expérience, mais il avait déjà rencontré assez d’individus de la trempe d’Amaury pour pouvoir les juger au premier coup d’œil. Ces gens-là croyaient être protégés par des privilèges spéciaux du fait de leur naissance et échapper ainsi aux lois qui régissent les actes de l’ensemble du peuple américain. Ils étaient nés dans cette période où le sentiment des valeurs avait été faussé, où l’on ne croyait qu’à la puissance de l’argent et où l’on négligeait complètement les qualités du cœur et de l’esprit.
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Susie ne manquait jamais de voir le soleil se lever, car sa mère et elle étaient toujours debout avant l’aube afin de préparer les provisions des hommes qui allaient travailler dans les mines. Il fallait emballer des sandwichs et verser le café dans des bouteilles. Active et précise dans ses gestes, la mère de Susie était jolie, avec ses petits yeux bleus et ses joues à se joue à fossettes. C’était une de ces femmes qui ont besoin de travailler sans relâche, de par leur nature même. Elle n’aurait pu se priver de fournir de grand effort physique. Susie connaissait aussi ce besoin dévorant d’activité, cette inquiétude qui ne l’eût jamais laissé en repos si son énergie n’avait été heureusement tempérée par une forte propension à la rêverie et à la contemplation.
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Quelque part, il ne se rappelait plus où, il avait lu :
Dans la damnation, le feu est la moindre chose ; le supplice propre au damné est le progrès infini dans le vice est dans le crime, l'âme s'endurcissant, se dépravant toujours, s'enfonçant nécessairement dans le mal, de minute en minute , en progression géométrique vers l'éternité.
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Brûler les corps n'était pas en nier l'importance. Ce qui est mort est « mort », semblait-ils dire, et , emportant le cadavre, ils le rendaient à la terre, aussi vite que possible, avant le coucher du soleil, simplement, sans pompe, sans longs discours.
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Parfois la musique (spécialement quand il s'agissait des oeuvres de ces détestables compositeurs modernes) devenait si violente qu'elle arrivait à submerger le flot des potins des commères de Mme Gigon. A ce moment, la vieille aveugle levait vers le plafond ses yeux sans vie et faisait remarquer aux autres :
- c'est la cousine de Mme Shane, Ellen, c'est une femme violente, "une femme sauvage"... Elle souffre d'un excès de vitalité.
Ce à quoi Mme de Cyon, hochant la tête, répondait :
- Tiens, tiens ! peut-être irait-elle mieux si elle avait un amant ! Une jeune veuve comme elle...
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Olivia constatait un fait qui jamais encore ne l'avait frappée : tante Cassie n'était pas simplement neurasthénique, incapable de raisonner, un pauvre être inoffensif, mais une force impitoyable et dépourvue de scrupules. Elle se rendait compte que cette débauche d'émotions cachait quelque plan ténébreux...
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Atteindre son but, c’est le seul plaisir qui ne trompe pas.
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Me voilà donc tout prêt à prendre des leçons, à condition évidemment qu’il soit
encore possible d’apprendre à un vieux singe à faire des grimaces.
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Lorsqu’elle était ainsi, sa beauté semblait prendre encore plus d’éclat. L’alcool lui faisait toujours perdre quelque chose de son charme, car son charme essentiel tenait surtout à sa santé et à son dynamisme qui lui permettaient de passer des nuits blanches et d’être, le lendemain, après deux ou trois heures de sommeil, aussi fraîche qu’une fille de ferme.
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La vie se charge de nous dresser. Je pense que, tôt ou tard, il faut devenir raisonnable, sans quoi on court au-devant des pires ennuis.
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Quand on était aussi raisonnable, aussi pompeux, on n’avait pas idée de ne jamais se tromper !
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