Citations de Louise Tremblay D`Essiambre (527)
Trop de choses à prévoir à court et à long termes, à organiser pour le quotidien, à remplacer rapidement… La jeune femme en avait le tournis et elle détestait se sentir bousculée comme elle l’était présentement. Femme pratique et consciencieuse, elle était agacée de ne pouvoir faire ce qu’elle avait prévu.
Bien sûr, elle comprenait ce que sa mère disait et elle était d’accord avec le principe : l’école n’était pas un parc d’amusement. Mais était-ce une raison pour être obligée de revêtir une tenue aussi désagréable ? Elle avait donc tenté une entente à l’amiable.
L'univers de Charlotte gravitait autour de ces deux pôles : sa famille et Gertrude. Avec en prime, comme allant de soi, les médecins qui venaient régulièrement chez elle. Ils étaient, à leur façon, une constance dans sa vie d'enfant, et il arrivait que Charlotte pense à eux comme à une entité de la famille.
« Les souvenirs sont parfois encore plus importants que les moments présents parce que le temps qui passe les rend irremplaçables, uniques. Et c’est pourquoi il ne faut jamais regretter ses choix et toujours avancer droit devant, ne gardant bien précieusement au fond de soi que les belles choses que la vie a mises sur notre route. »
Les gens ont peur du sida. Avec raison, mais aussi avec exagération. Le sida ne saute pas sur les gens. Certains le comprennent. D'autres pas, et c'est la panique. À vous de juger. Et encore là, ce ne sont pas nécessairement ceux à qui on croit pouvoir tout dire qui ont les meilleures attitudes. Ce que je dis toujours à mes patients : prenez votre temps. Et attendez-vous à des reculs, des rejets. C'est triste à dire, mais c'est malheureusement la réalité à laquelle les gens atteints du sida doivent s'attendre. Et parfois ces rejets viennent des gens que l'on croyait les plus proches...
Ce n'est pas de la faiblesse que d'avouer avoir besoin d'aide ni de la lâcheté que d'avoir peur.
Mais je ne suis pas différent des autres. Moi aussi j'ai peur des questions imprévues, de l'inconnu. Pourtant, je sais d'avance les réponses parce que je les ai déjà formulées pour d'autres. Mais quand vient le temps de les appliquer à soi... Cordonnier mal chaussé, n'est-ce pas ?
Dans la vie, mon jeune, y'a des moments pour parler pis d'autres pour se taire. Pis la sagesse, c'est d'être capable de faire la part des choses entre les deux. Ça fait ben des années maintenant que ma vie se résume à regarder les autres vivre autour de moi pis à les écouter.
Ce ne sont que des mots. Des mots à mettre sur une réalité qu'il ne pourra cacher très longtemps. Alors aussi bien plonger tout de suite. Ici, en présence d'un homme qui l'aime, qui l'a toujours soutenu. Comme on se décide à aller chez le dentiste, en se disant que ce n'est qu'un mauvais moment à passer...
— Je suis séropositif, Jérôme. Il y a quelques semaines j'ai appris que j'étais séropositif...
... les hommes n'ont pas cette intuition que l'on ressent quand on est enceinte. Dans un sens, il n'est que le témoin de tout ce qui se passe en toi.
Comment demander pardon quand on n'a droit à aucune indulgence?
Ensemble, l'un contre l'autre, ils avaient admiré le jour qui se levait, sachant que leurs cœurs étaient unis comme jamais, chevauchant passé et présent en une sensation d'abandon total entre eux. Le passage du temps n'existait plus. Ils n'avaient plus d'âge, car les émotions du moment présent étaient les mêmes que celles d'hier. L'été 42 avait tracé le chemin de leur vie sans qu'ils n'aient le droit d'en modifier le moindre détour.
A force de jouer un rôle, d’endosser une image et de porter un masque chaque fois qu’il sortait de sa chambre, il lui arrivait d’y croire vraiment.
Ça pourrait changer plus vite qu’on le pense, parce que t’es un gars pis que pour vous autres, c’est pas mal plus facile de trouver quelqu’un ! Il suffit d’une belle fille à proximité, d’un sourire ou d’un regard… Après tout, c’est aux hommes que ça revient de faire les premiers pas.
il y a rien de plus important que d'aimer. Rien de plus beau que de savoir aimer les siens pis de prendre le temps de leur dire.
Et ce lien de confiance entre femmes, de mère à fille, a, lui aussi, beaucoup d'importance à ses yeux. Mais vingt ans de silence et de crainte ne s'effacent pas du jour au lendemain. Les heures s'écoulent donc, puis les jours, sans que Jeanne se décide à parler. Et, plus fort que tout cela, immense, il y a aussi une intuition, presque une certitude, qui la retient encore. C'est que son mari réagisse vivement, selon ses habitudes. Il n'aime pas à être contredit, Eugène, ni contrarié d'aucune façon.
Un retour à ses origines pour espérer s’en détacher suffisamment afin de regarder sereinement l’avenir. Sans renier sa patrie, Irlandais il était et Irlandais il resterait, il voulait oublier la tristesse qui y était rattachée. S’il avait le cœur plus léger, libéré de toute son amertume et de ses chagrins, il allait peut-être trouver une compagne et fonder une famille.
Il n’aimait pas vraiment se mêler aux autres, les fréquenter. S’il fallait qu’un homme, un voisin, ose poser des yeux concupiscents sur sa femme… Malgré les années qui passaient, Matthieu était toujours aussi possessif. Il se disait que c’était ça, l’amour, le grand amour !
Un bonheur qui se vivra à travers les joies que la vie leur réserve et malgré les difficultés dont chaque destinée est parsemée.
Ce n’est pas comme cela que la vie, la vraie vie, se passe. Malgré les bonnes intentions et la meilleure volonté du monde, malgré les tentatives et les compromis, certains événements, certaines paroles nous échappent. Et c’est là, quand l’erreur est inévitable, quand les émotions nous ont portés au-delà des limites qui sont habituellement les nôtres, quand les routes arrivent à un tournant ou un croisement différent de ce que l’on avait prévu au départ, c’est à ce moment que les bonnes intentions se transforment en erreurs, en maladresses et que la bonne volonté se cache derrière la rancune, la colère, la haine.