Citations de Louise Tremblay D`Essiambre (527)
On avait beaucoup de choses à se raconter, à comparer, tellement nos vies sont différentes. C’est aussi durant notre séjour au bord de l’eau que j’ai arrêté de dire « monsieur James », parce qu’Agnès ne voulait pas faire comme moi et qu’elle trouvait ridicule que j’agisse différemment. Depuis, James et moi, on garde le « monsieur » et le « mademoiselle » juste devant les adultes.
Je n’ai jamais rien vu de plus beau ! Ça ressemble à certains des livres de la bibliothèque du manoir et j’ai l’impression d’être quelqu’un d’important quand je trempe ma plume dans l’encrier.
Pour la première fois, la jeune fille avait eu l’impression que sa mère était vraiment heureuse. Confusément, elle avait compris qu’elle aussi un jour vivrait probablement ce genre d’émotion particulière, et l’attachement ressenti pour sa petite sœur avait été immédiat et spontané. Voilà pourquoi, au moment où elle s’apprêtait à quitter la maison familiale, Marion avait envie de l’embrasser.
Quand on a un grief contre quelqu’un, il vaut toujours mieux en discuter à deux, dans l’intimité.
(...) pour lui, c'est ce que le mot "respect" voulait dire : être libre. Libre de penser sans être rappelé à l'ordre, libre d'agir sans être surveillé, libre d'aller et venir dans la rue, de jour comme de nuit, sans connaître la peur.
J'haïs ça quand est soupe au lait de même ! Voir que je pouvais deviner que c'était une bonne nouvelle qu'a' l'avait à m'annoncer, pis voir que je peux me revirer sur un dix cennes pour me mettre à être de bonne humeur sur commande !
(...) la vie serait bien moins difficile maintenant qu'elle avait une télévision. Fini les longues soirées solitaires.
Le cœur d’Évangéline cogna un grand coup de contentement et elle se mit à battre la mesure du bout du pied. Dieu qu’elle aimait la musique !
Les arbres étaient fouettés par le vent et la pluie tombait à grosses gouttes, en diagonale, comme des larmes de colère zébrant le paysage…
Il y a aussi tous les mots qu'on s'est pas donné la peine de dire quand il était encore temps. Eux autres avec, on les regrette. C'est triste de se rendre compte que, finalement, il est trop tard, pis que ces mots-là, on les dira jamais.
Ca y est, c'est ce matin que cela se passe ...
J'écris ces quelques mots du bouts des doigts, le cœur battant.
Le compte à rebours est commencé : Dans quelques semaines, les Lacaille feront partis des souvenirs.
On ne peut pas tout contrôler dans la vie. A commencer par certains impondérables qui nous échapperons toujours, aussi banals soient-ils que la température ... ou l'envie irrépressible de manger un gros morceau de gâteau au chocolat à minuit le soir ! Non, on ne peut pas tout contrôler et c'est très bien qu'il en soit ainsi. Ca laisse de la place aux surprises, au hasard, aux imprévus, au coup de chance.
Voilà que j'écris ces mots et je sens un sourire bien involontaire se dessiner sur mes lèvres.
Dans le fond, pourquoi pas ? Pourquoi est ce que la peinture ne serait pas magique ? Quand il peint, Antoine oublie vraiment tout le reste, comme moi, quand j'écris.
Pourtant, à certains égards, Laura a encore l'impression, parfois, d'être cette petite fille craintive qui ne sait comment dire les choses pour se faire comprendre.
Il était fini, le temps des politesses, Jaquelin en ferait l’expérience assez rapidement. À partir de ce jour et du fait qu’il avait signé son engagement, le tutoiement s’imposerait entre les hommes. Cette familiarité un peu déroutante pour celui qui s’était toujours fait un devoir de traiter sa clientèle avec beaucoup de respect ferait désormais partie du quotidien. Sauf quand lui-même aurait à s’adresser à ses supérieurs, cela va de soi, Jaquelin comprit rapidement qu’il n’aurait pas le choix de s’y habituer. Le foreman avait droit à tous les égards, puisqu’il représentait le patron, mais le respect de la hiérarchie n’allait pas jusqu’à imposer le vouvoiement entre les hommes, même si certains d’entre eux étaient de vieux habitués.
Après tout, je n’ai ni patron ni horaire, n’est-ce pas? C’est la beauté de mon travail, cette liberté totale devant les obligations! Mais n’ayez crainte, je vais résister à cette envie de paresse prolongée, car le désir de connaître enfin tous ces nouveaux personnages est aussi très vif et très réel. Toutefois, ce faisant, je me piège moi-même! En effet, je sais pertinemment que dès l’instant où nous aurons échangé un premier regard entre nous, ces mêmes personnages deviendront un patron intransigeant. Ce seront eux qui planifieront mes horaires, qui présideront à mes réveils de plus en plus matinaux, qui dicteront mes heures prolongées devant l’écran ou la feuille, et ils peuvent être impitoyables, croyez-moi!
Une vie bien simple, je l’admets, mais combien riche en amour. Une vie comme on souhaiterait tous en avoir une. Une vie truffée d’espoir, comme chacun d’entre nous serait en droit de l’exiger.
Plus question de tergiverser, d’avancer puis de reculer, de minauder et de se raisonner, depuis le temps qu’il en rêvait, Émile décida qu’il était temps de passer à l’action.
Toutes ces heures de réflexion qui s’accumulaient depuis maintenant quelques années ne resteraient pas inutiles.
L’exercice sera une bonne leçon de français et vous découvrirez peut-être, à travers les mots, la solution à votre problème qui aurait été la meilleure…
— Non, c’est pas pour tes notes que j’ai demandé à te voir, répéta-t-il, c’est pour ton attitude.
Cyrille eut alors l’impression de tomber des nues.
Son attitude?
Mais qu’est-ce qu’elle avait, son attitude?
Le pauvre garçon ne comprenait pas. Il étudiait comme un forcené, car ça occupait le temps; il assistait rigoureusement à tous les offices, car il n’avait pas le choix; il se contentait de parler à ses confrères à l’occasion, uniquement par nécessité; et il ne se mêlait surtout pas aux élèves turbulents, car ils l’intimidaient.